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Accueil du site > Tribune Libre > Les cadavres dans le placard de Charly (8) « terroriser les terroristes », (...)

Les cadavres dans le placard de Charly (8) « terroriser les terroristes », la bonne blague

De tous les épisodes, c'est celui où appararaît le plus, je pense, toute la rouerie du personnage, et son extrême capacité à mentir effrontément devant une caméra. Pasqua est en effet celui qui s'était un jour vanté de "terroriser les terroristes". Et quand il n'en trouve pas.. il en fabrique.

S'il y a eu des hommages appuyés à l'annonce du décès de Charly, ce n'est rien encore avec le texte laudatif d'Éric Branca (qui sévit aussi ici), encensé par le Cercle Aristote, grand fan de De Villiers, article paru dans Valeurs actuelles le 6 juillet dernier : celui-là bas en effet tous les records, car il démontre surtout la superficialité totale du commentateur et sa méconnaissance abyssale de la carrière de celui qu'il loue avec une ferveur inimaginable : "S’il est un homme à avoir vu clair sur le terrorisme auquel nous consacrons notre dossier de couverture, ce fut bien Charles Pasqua. Sur les dangers de l’islam radical qu’il ne séparait jamais d’une conscience géopolitique aiguë, comme sur les moyens d’en protéger les Français, il avait tout vu, tout prévu… et tout tenté, jusqu’à ce que, en 1988, la gauche revenue au pouvoir défasse ce qu’il avait commencé à (re)construire : un instrument policier efficace, certes, mais aussi des procédures pour rendre aux Français la fierté de ce qu’ils sont, notamment par la réforme du code de la nationalité. "À force de le caricaturer en chantre de la répression, certains sont en effet parvenu à faire oublier que ce centurion du gaullisme (lire page 12) se doublait d’un homme de réflexion qui n’a jamais séparé les effets des causes : lutter contre le terrorisme, c’était, bien sûr, s’abstraire de tout sentimentalisme ; c’était aussi oeuvrer intelligemment pour le développement — comme il l’avait fait à la tête des Hauts-de-Seine. Et surtout s’abstenir de détruire les régimes qui, au Moyen-Orient, tenaient encore debout ! « Les droits de l’homme s’arrêtent là où commence la raison d’État », avait-il dit un jour, provoquant l’effroi des politiciens postmodernes adeptes de la fraternité cosmique. Nul doute que si on l’avait écouté, on n’aurait pas ouvert les vannes qui permettent aujourd’hui aux coupeurs de têtes de Dae’ch de semer la terreur chez ceux qui, au nom de ces mêmes “droits de l’homme”, ont transformé Bachar al-Assad en ennemi public numéro un"...

L'opposition Daech-Assad étant un des marronniers de l'extrême droite fan de Poutine, il y a de quoi se poser des questions sur ce journaliste qui effectue ses "conférences" au même endroit que l'un des mentors de l'extrême droite française, Alain de Benoist. Car l'action du fameux "Charly" vis à vis du terrorisme islamique est tout simplement à l'opposé de ce qu'il raconte. Pour mieux l'expliquer ; il faut revenir sur un épisode qui frise le grandiose de la bête médiatique qu'était Charles Pasqua. Retour en France, sur le « chef d’œuvre » de « Charly Pasqua ».... il y a 17 ans maintenant. Car notre gouailleur professionnel était venu raconter et fourguer une histoire bien à lui, sur les écrans du JT national, le soir d'un mois d'octobre 1993. A bien regarder, une de ses plus belles performances télévisées...

Revenons-en aux circonstances. Nous sommes alors en 1993, et Charly vient tout juste d'inventer la fausse prise d'otage, pour faire plaisir à ses amis algériens (on apprendra bien après que c'était eux qui lui avaient soufflé l'idée). Ceux-ci sont confrontés à des activistes, et pour les contrer, ils ont lâché dans la nature... de faux, commettant des horribles exactions imputées aussitôt au GIA, le GSPC, voire à Al-Qaida "L''affaire commence en 2003. Alors que le gouvernement algérien déploie d'intenses efforts diplomatiques pour obtenir de Washington un soutien financier et militaire, M. Abderrezak "El-Para", un ancien officier des forces spéciales de l'armée algérienne officiellement passé à la guérilla du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), va donner un sacré coup de main au régime. Le 4 janvier, à la veille de l'arrivée à Alger d'une importante délégation militaire américaine venue envisager une reprise des ventes d'armes à l'Algérie dans le cadre de la lutte anti-terroriste, son groupe attaque un convoi militaire près de Batna. Bilan : quarante-trois soldats tués et une émotion considérable dans la population". Le coup est plutôt réussi, personne ne sait que Para travaille pour le gouvernement algérien, qui en rajoute aussitôt : "évoquant un enregistrement vidéo qui se révélera plus tard un faux, les services secrets de l'armée algérienne, le tout-puissant département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire), s'efforcent d'en persuader l'opinion internationale : El-Para serait un "lieutenant de Ben Laden" chargé d'"implanter Al-Qaida dans la région du Sahel". Peu après, les Etats-Unis allègent l'embargo sur les armes à destination de l'Algérie et annoncent la vente d'équipements militaires antiterroristes. A Alger, fin 2002, M. William Burns, secrétaire d'Etat adjoint américain au Proche-Orient, avait déjà déclaré que "Washington [devait] beaucoup apprendre de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme". Les américains, qui n'attendaient que ce prétexte en profitent pour établir une base secrète en plein désert. Mais l'Algérie souhaiterait embarquer la France dans le système. "Toujours début 2003, une nouvelle opération d'El-Para va contribuer à accélérer le rapprochement entre Alger et Washington : entre le 22 février et le 23 mars, trente-deux touristes européens (seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Suédois et un Néerlandais) sont enlevés dans la région d'Illizi, en plein Sahara algérien. Ils y seront retenus pendant de longues semaines, avant d'être libérés - après d'obscures tractations dont rien n'a filtré - en deux groupes successifs : les premiers à la mi-mai, les seconds à la mi-août. Une Allemande décédera dans le désert, où elle sera enterrée." C'est le déclencheur : les Algériens en appellent alors à la France, pour expulser non pas les terroristes, mais les opposants au régime de Bouteflika, car toute l'opération n'est qu'un vaste prétexte pour juguler cette opposition tenace réfugiée en France... et qui n'a strictement rien à voir avec le terrorisme. Pasqua va donc échafauder une incroyable histoire et venir la présenter telle quelle au journal de 20 heures, ou sa gouaille est toujours une tranche impayable de télévision...

Il vient posément raconter que trois fonctionnaires français ont été enlevés à Alger, qu'ils ont certes bien été traités et qu'il viennent d'être libérés, mais que la France ne peut accepter ce genre de choses, et en représailles, elle a décider d'expulser des "activistes algériens" qui auraient incité ou même participé de près ou de loin à cette opération, après un vaste coup de filet qu'il a décidé, lui, celui qui "terrorise les terroristes". En fait, tout ce que dit Pasqua ce soir là, avec son aplomb habituel est faux, archi-faux. Le ministre de l'intérieur vient de nous vendre ces salades. "Pour mettre Paris au pas et neutraliser les opposants algériens réfugiés en France, les chefs du DRS (la sécurité algérienne) et M. Jean-Charles Marchiani prennent l’opinion en otage en organisant, fin octobre 1993, le « vrai-faux » enlèvement des époux Thévenot et d’Alain Freissier, fonctionnaires français en poste à Alger. M. Edouard Balladur finit par autoriser M. Pasqua à déclencher l’opération « Chrysanthème », la plus importante rafle d’opposants algériens en France depuis le 17 octobre 1961. Satisfaits, les services algériens montent une opération « bidon » afin d’accréditer l’idée qu’ils sont parvenus à libérer les otages français des griffes de leurs « ravisseurs islamistes  ». Toute l’histoire, assez incroyable a été racontée ici dans cet excellent et effarant document que vous pouvez suivre entièrement tant il éclaire les manœuvres tordues d’un Pasqua et de son sbire Marchiani, devant un Juppé qui se fera rouler dans la farine dans l’histoire... il y a des politiques plus roués que d’autres, et Pasqua joue largement hors catégories ! Le seul à pouvoir après ses manigances se jeter lui-même les fleurs, qui ne sont pas, pour sûr, justement des chrysanthèmes, mais plutôt des roses, dont les épines piquent sérieusement Alain Juppé, le dindon de la farce ! Certains expulsés le seront au Burkina-Faso : certains, vingt ans après y étaient toujours... ce sont "les oubliés de Folembray".

Une farce, qui a vu Pasqua tenter de dissimuler au mieux ses propres erreurs : Quelques semaines après leur libération, sur laquelle on n'a strictement rien su, (ils ont été tous bêtement relâchés par leurs fort prévenant ravisseurs) Michèle Thévenot et son mari étaient mutés dans les Iles Fidji... histoire de ne pas avoir à raconter trop de choses, ou les seules qu'on leur a demandé de répéter ! Une des personnes arrêtées, Moussa Kraouche, porte-parole de la Fraternité algérienne en France (FAF) et chef du Front islamique du salut (FIS) sur le territoire, l'avait été à Taverny (dans Val-d'Oise), et c'était plutôt une bonne prise, selon Pasqua, car dans sa sacoche les policiers avaient trouvé des documents "fort compromettants" : une feuille signée du "Conseil suprême des forces armées islamiques" (CSFAI) sur la libération des otages, une autre qui est communiqué du "Groupe islamique armé" (GIA) et même un avertissement aux étrangers signé "Abou Mériem". Le jour même de l'interrogatoire, la police avait émis elle-même des doutes sur ce qu'elle venait de trouver : tous les textes étaient rédigés en français, et c'étaient des copies carbone et non des originaux... en fait des documents sortis du commissariat, des traductions provenant d'un interrogatoire précédent !!!

  Le juge Leloire ne s'y laissera pas prendre, en donnant une superbe leçon de civisme au gangster de la République devenu ministre, en considérerant que les faux documents avaient été amenés sur place... par les policiers . Là encore, ça sentait la signature du SAC, qui était un habitué de ces méthodes : Charly ne se refaisait pas. Le juge déclarera donc "qu'on a donc délibérément trompé la justice". Mais on avait aussi fait pire, car on avait aussi sanctionné le policier qui avait eu l'outrecuidance de contester la véracité des preuves produites : ça c'était représentatif de la méthode mafieuse d'un Pasqua, qui a défaut de terroriser les terroristes, exerçait donc d'énormes pressions sur ses propres policiers : "En plus, "on a également sanctionné gravement l'inspecteur de police Patrick Robert parce qu'il a mis à jour ces incohérences et a averti le juge d'instruction" : "Le 26 novembre 1993, le commissaire Müller, adjoint de M. Marion, interdisait à l'inspecteur Robert de se rendre au cabinet du juge en lui indiquant "qu'il ne fallait pas se tromper de cible"", rapporte Roger Leloire. L'inspecteur Robert, qui a passé outre l'ordre de ses chefs, a été mis à pied, dessaisi de ses dossiers, muté d'office. Il est décédé depuis." Pasqua, on l'a dit, avait des morts sur la conscience, et l'inspecteur Robert en est un.

On découvrira que c'est Smain Lamari, le N°2 de la sécurité militaire algérienne, qui avait été à l'origine de l'enlèvement, selon le capitaine Hacine Ouguenoune, Ex-officier de la sécurité militaire : Smain a proposé plusieurs scénarios à Marchiani, dont le rapt de l’ambassadeur de France. Mais finalement, on a pris les fonctionnaires. Ils ont été très bien traités. Ils étaient dans des appartements qui appartenaient aux services… Marchiani ayant soigneusement relayé l'info à Charles Pasqua, son mentor. On découvrira aussi que d'autres avaient su ou flairé le montage de l'histoire, tel le gendre des époux Thévenot, Thiery Goursolle, alors de sécurité au consulat de France à Alger : 

Goursolle : 

- Ben… l’affaire aurait été montée par les services, des gens des affaires étrangères le savaient. 

Michèle : 

- ils étaient sympa, ils auraient pu nous prévenir !

Goursolle : 

- Ben, ouais ! surtout que vous auriez du être zigouillés… enfin, pas tous !
Toi, Michèle, tu n’étais pas loin, je peux te le dire

Thiery Goursolle connaissait donc le repère des terroristes. Etonnant. Intrigués par son attitude, nous le retrouvons quelque temps plus tard, sans ses beaux parents. Il va nous faire de nouvelles confidences. A Alger, il travaillait secrètement pour le compte des services français. Son boulot : prendre des photos, le plus discrètement possible. 

Le lendemain de l’enlèvement de Jean-Claude et Michèle, c’est un de ses collègues de la DST, un certain « Lionel », qui lui dit de ne pas s’inquiéter pour ses beaux-parents, car l’opération est montée par les services. 

Goursolle : 

- Il m’a fait comprendre que de toute façon, si l’enlèvement a été fait, c’était un coup monté, cela, c’était sûr. 

-« Ce mec de la DST savait que l’enlèvement avait été commandité par Alger ? »

-Oui. De toute façon, les mecs de la DST, à 6h50, ils étaient là. 

-A la limite, on a l’impression que les mecs de la DST, ils étaient là avant que l’enlèvement soit fait. 

-« La DST française ? »

-Oui…

-Il vaut mieux partir avant, comme un copain à moi, il a préféré demander à être rappellé… en tant que Français, en tant que compatriote, c’était des amis, difficile de mettre quelqu’un à la boucherie, en plus, c’était des amis… mais je ne peux pas leur dire qu’ils ne risquent rien,…

« Que c’est du théâtre ? »

-Le mec se dit, j’aurais du sang sur les mains, Thiery, c’est nous, tous, les services, les mecs qui bouffent avec toi à l’ambassade… 

-on aurait pu dire à Jean-Claude et Alain : on vous a enlevés, pour raison d’état, on vous connaît, vous êtes d’anciens militaires, vous vous taisez et tout ira bien. « Et ils leur ont pas dit ? »

-Et ils leur ont pas dit…

Effarant scénario ou Pasqua a joué avec les nerfs de ses propres compatriotes : et on viendrait vanter à son décès son "sens de l'Etat " ??? Mais quel cynisme !!!

"Aujourd’hui, de plus en plus d’anciens militaires algériens confirment le scénario. C’est le cas du lieutenant Abdelkader Tigha (**), un officier de la sécurité militaire qui a fui son pays en 1999. En poste dans la région d’Alger à l’époque de l’affaire Thévenot, il confirme que leur enlèvement avait été organisé par ses collègues. Abdelkader Tigha, Ex-lieutenant de la sécurité militaire :

Sous-titre : « C’est nous qui avions organisé cela. C’est pour avoir le support des européens et le support des français… »

Nous avons une histoire avec la France, quand même. 

il faut un dédommagement, au moins moral : leur dire la vérité, leur demander pardon. Oui, nous avons fait cela pour cela… 

Dans cette affaire, les Thévenot n’ont vraiment pas eu de chance. A l’époque de leur libération, le ministère des affaires étrangères avait oublié de saisir le fonds de garantie qui aurait permis de les indemniser. Aujourd’hui, à moins de porter plainte contre l’état, ils ne recevront jamais réparation pour leur enlèvement…"

Pasqua, du haut de son ministère enfin atteint, se fera donc tacler par un "petit" juge, et dans les grandes largeurs : "l'analyse du juge d'instruction s'avère implacable : "Force est de constater que les autorités policières n'avaient que pour seul impératif de faire déférer, quel qu'en soit le prix, le chef du FIS en France pour donner un caractère de réussite à l'opération coup de poing "Chrysanthème", dans la mesure où le ministère de l'Intérieur devait apporter une réponse ferme aux agissements du GIA vis-à-vis des intérêts étrangers et français en Algérie. Que sur près de cent interpellations et perquisitions, seules trois personnes avec Moussa Kraouche étaient déférables et qu'il fallait donc compenser cet échec judiciaire par la qualité des personnes déférées [...] en maquillant la vérité pour tromper la justice et en écartant un policier rigoureux qui se mettait en travers de la raison d'Etat." La raison, d'Etat, le mot qui a fait bondir Charly. Et qui devrait aujourd'hui faire réfléchir ceux qui ont osé dire que c''étair le credo de leur idole Charles Pasqua. Un Pasqua que le petit juge déclarait en conclusion à mots bien choisis et feutrés, "inquiétant " : "La manoeuvre policière qui consiste à faire tomber Moussa Kraouche est la seule qui tienne, selon le juge. Je ne sais pas qui nommément a placé les documents dans la serviette de Moussa Kraouche. S'il s'agissait d'une malversation isolée, je dirais "l'erreur est humaine". Mais c'est une administration entière qui a agi de façon concertée et délibérée pour accuser Moussa Kraouche. Quand un inspecteur et un juge ont mis en exergue ces accusations mensongères et ces preuves fabriquées, la hiérarchie policière a couvert et continué à camoufler la vérité. C'est extrêmement inquiétant."

Cela ne semble pas avoir réfréner pour autant les ardeurs des islamistes, ou du FRS pour les discréditer. Et tout cela pendant la période où Pasqua était à l'Intérieur !!! En 1994, le DRS avait fait encore plus fort en se choisissant un émir (Djamel Zitouni) à la tête du Groupe islamique armé (GIA). Ce dernier s'en prend alors à des objectifs français : il détourne un Airbus d'Air France en décembre 1994, et commet les attentats sanglants dans le RER parisien en 1995, et ensuite assassine les moines de Tibérine en 1996, etc. Tous des actes destinés à discréditer les islamistes. L'épisode Para continue sur la même voie, et le voici même considéré comme membre d'Al-Qaida... Or tout est fabriqué : durant la prise d'otages des européens, ou Para a été reconnu semble-t-il, ce dernier communiquait ouvertement et régulièrement par radio et des hélicoptères de l'armée algérienne ont été vus en train de survoler le camp... mais sans plus d'effets. Para va même aller jusqu'à fomenter une fausse attaque de son camp : "première bizarrerie : au lieu d'utiliser leurs otages comme des boucliers humains, les hommes d'El-Para les ont sommés de se protéger dans des grottes. A l'issue de l'attaque, sortant de leurs caches, les touristes sont surpris de n'apercevoir ni cadavres ni blessés, ni même aucune trace de sang, alors qu'officiellement les militaires auraient tué quatre des ravisseurs. L'un des otages doute de la version officielle : "Les salafistes savaient très bien ce qui allait se passer, ils nous avaient intentionnellement fait marcher 18 km dans le désert pour atteindre un lieu fixé au préalable, géographiquement approprié pour que nous puissions assister au scénario de notre "libération". Que [celle-ci] ait pu être mise en scène par les militaires algériens ne me vint que bien plus tard à l'esprit. (...) Je me demande encore s'il existe des interconnexions entre les salafistes et les militaires ". Sidérant !!! " Autre fait troublant : alors qu'ils sont encerclés par les militaires algériens et n'ont pas de véhicules, certains des ravisseurs échappent comme par miracle au piège qui leur est tendu et rejoignent très rapidement le second groupe d'otages, lequel se trouve pourtant à... plus de 1 000 km. Le 18 août, après cette étrange opération, le second groupe d'otages est libéré au Mali, dans des circonstances encore plus rocambolesques, après le versement d'une rançon - 5 millions de dollars, selon diverses sources - par l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse. Dès lors, le soupçon s'installe. El-Para, l'ancien officier dont les actions terroristes servent si bien les intérêts d'un régime algérien en quête de soutiens internationaux, ne serait-il pas resté secrètement au service de ses anciens employeurs après avoir infiltré la guérilla islamiste ? Début mars 2004, El-Para et une cinquantaine de ses hommes sont repérés et attaqués par une unité militaire tchadienne dans le nord du Tchad. Parvenant à s'enfuir avec des complices, le terroriste algérien est finalement capturé par des rebelles du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), en guerre contre le régime d'Idriss Deby. Les rebelles le soupçonnent rapidement d'être "ce salafiste que tout le monde recherche et dont on parle sur les radios internationales". Sûr de lui, El-Para semble persuadé qu'il va être libéré rapidement : "Je connais beaucoup de monde à Alger, lâche-t-il à ses geôliers. Si vous voulez de l'argent, nous vous en donnerons." Mais le MDJT refuse : "On s'est adressé à toutes les parties concernées pour pouvoir extrader El-Para et qu'il soit jugé dans des conditions appropriées", nous a déclaré M. Brahim Tchouma, chargé des affaires extérieures du MDJT. Début avril, trois représentants de la rébellion tchadienne en France sont discrètement conviés en Algérie. Convaincus que celle-ci souhaite récupérer son "ennemi public numéro un", ils acceptent l'invitation et sont reçus par le général Mohamed Médiène, patron du redoutable DRS : "Nous lui avons décrit le chef des prisonniers, et il l'a rapidement identifié comme étant effectivement Amari Saïfi, dit Abderrazak El-Para, raconte M. Mohamed Mehdi, vice-président du MDJT à l'étranger. Les chefs du DRS étaient très bien renseignés. Ils nous ont même fait remarquer que le numéro de téléphone satellite d'El-Para, que nous avions noté sur un bout de papier, comportait une erreur. Ils avaient son vrai numéro. Nous l'avons composé ensemble, et le téléphone d'El-Para, qui avait été récupéré par nos hommes, a effectivement sonné dans le Tibesti !" Alors, comment expliquer que les autorités algériennes n'aient pas arrêté El-Para plus tôt ?" Charles Pasqua, celui qui allait faire peur aux terroristes, avait été l'instrument du pouvoir algérien !!!

Aujourd’hui, où l’on évoque enfin ouvertement le rôle fort trouble d’un Zitouni dans la mort des moines de Tibérine, morts d’une bavure de l’armée algérienne couverte par les français, il conviendrait de réfléchir à toutes ses grossières manipulations. La journaliste d’une lettre confidentielle Nord-Sud Export, Nicole Chevillard s’en apercevra elle aussi en 1995, à la suite des attentats de Paris, notamment celui de la station de métro Maison-Blanche, où on a relevé 18 blessés. Elle se retrouve "convoquée par le patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), le préfet Philippe Parant, qui la reçoit avec Raymond Nart, numéro 2 de la DST en charge de la lutte anti-terroriste. Les deux hommes s’intéressent à l’étude que cette spécialiste des risques-pays au Maghreb a réalisée fin 1994 et début 1995 sur les structures de l’armée algérienne" nous apprend José Garçon de Libération.. Elle rencontre alors Rémy Pautrat : "C’est l’occasion pour la journaliste d’avoir une longue et étonnante discussion avec le préfet Pautrat en janvier 1996. Où il lui révèle qu’au cours d’une soirée arrosée, les principaux responsables des services algériens se "sont vantés d’avoir retourné Djamel Zitouni", l’émir des Groupes islamiques armés (GIA) (...) Or, Rémy Pautrat n’est pas n’importe quel préfet. Ancien patron de la DST (1985-1986), il a longuement fréquenté la communauté du renseignement sur les deux rives de la Méditerranée". L’accusation avait été reprise en haut lieu : "les soupçons étaient alors si forts que Jean-Louis Debré les exprima au cours d’un déjeuner avec des journalistes le 15 septembre 1995. "La Sécurité militaire algérienne, affirmait ainsi le ministre de l’intérieur de Jacques Chirac, a tenté d’orienter les policiers français sur des fausses pistes pour qu’on élimine des gens qui les gênent." Si Chirac le disait... et que venait donc faire Juppé, à nouveau dans cette histoire ? C’est simple : ne s’étant toujours pas rendu compte que Pasqua l’avait roulé dans la farine, il s’était permis une sortie inopinée qui avait fortement déplu au pouvoir algérien : "L’accueil favorable réservé par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, à "l’offre de paix" faite à Rome par l’opposition algérienne en janvier 1995 avait encore aggravé le contentieux. D’autant que les généraux n’avaient pas pardonné à ce dernier d’avoir affirmé, en 1993 au plus fort de la "sale guerre", que "le statu quo n’était plus tenable" en Algérie. "Dès lors, estime un connaisseur du dossier, le pouvoir algérien ne rêvait que de voir Juppé détrôné par Charles Pasqua, avec qui il entretenait les meilleures relations. Les bombes à Paris visaient aussi à déstabiliser Juppé devenu Premier ministre, et à assurer un soutien sans faille de Paris à Alger." Charly avait entre temps tiré toutes les ficelles encore une fois ! D'où aussi les relations déplorables entre Charly et celui qu'il avait appelé un jour "l'asperge défraîchie"..

Et ce n'est pas fini sur la manipulation de la crainte terroriste algérienne. Tenu du 16 septembre au 13 octobre 2009, le second procés de Rachid Ramda (en appel) à Paris révélera le jeu trouble d’un autre personnage trouble : Ali Touchent. "Présenté comme "le vrai responsable des attentats", cet "émir" des GIA est vite devenu un agent des "services" algériens (Libération des 16 février 1998 et 5 octobre 2002). Sa faculté d’échapper à au moins trois rafles de la police en France et en Belgique, alors que tous ceux qui l’ont approché étaient tués ou arrêtés, n’est qu’une partie du mystère qui l’entoure. Comment expliquer ainsi que ce "terroriste islamiste", recherché par toutes les polices après les attentats en France, se réfugie... à Alger où, non seulement il ne se cache pas, mais habite dans une cité de CNS (équivalent des CRS) proche de la caserne de Châteauneuf, une zone parmi les plus sécurisées de la capitale". Touchent sera déclaré mort... huit mois après son décès dans un "accrochage", "avec les forces de l’ordre". Touchent n’a pas eu droit aux honneurs des prisons algériennes où l’on sort par la porte dérobée. Déclaré mort, c’est plus intéressant : toujours recherché en France, vivant il était plus embarrassant pour Alger, déclaré mort, la France ne le cherche plus.

A ce procès, saluons une dépostion étonnante, rappelée par Nicole Chevillard : "entendu le 7 octobre, Alain Marsaud, qui fut le chef du Service central de lutte antiterroriste au Parquet de Paris de 1986 à 1989, n’a pas, lui, fait preuve de la même « amnésie » : il a fortement dénoncé devant la cour le « concubinage des services français et algériens » dans les années 1980 et 1990 ; et il a rappelé qu’après les attentats de 1995, « chaque fois que les policiers remontaient les réseaux de Khaled Kelkal, ils tombaient sur la Sécurité militaire algérienne ».

Mieux encore : au procès du 8 octobre 2002, il n’y avait pas eu de Charly. Pasqua n’était pas là. Mais un autre squale aux dents acérées était venu témoigner, et jurer croix de bois croix de fer que non, c’est sûr, le gouvernement algérien n’était pas derrière Touchent. Tout le contraire ce que venait de dire Marsaud. "Bernard Squarcini, n°2 des RG, a également jugé qu’il n’existait rien qui permettait de dire qu’Ali Touchent ait travaillé pour les services secrets français ou algériens. "Je ne sais pas sur quelles preuves flagrantes pourraient être basée une telle affirmation", a-t-il dit. Quant à la fameuse guerre des polices : il nie. Il n’y a eu aucun problème entre les services français de police et de renseignements. Ils ont parfaitement collaboré. Preuve en est qu’il ne leur a fallu que quatre mois pour arrêter les poseurs de bombes. En 1986, il avait fallu plus de treize mois avant que les auteurs ne soient interpellés explique-t-il. M.Squarcini confirme qu’en 1993, Ali Touchent " n’était pas un personnage intéressant. Avant 1995, c’était pas l’individu lambda mais presque. Si on l’avait arrêté en 1993, il aurait été relaché car ce n’était pas quelqu’un qui présentait alors un quelconque intérêt. "  Squarcini, surnommé "le squale", venu avant hier nous rejouer le coup de la menace islamiste après avoir huit ans avant blanchi une des personnes impliquées dans les attentats de Paris.... on croit rêver !

(**) auteur du sidérant ouvrage "Contre-espionnage algérien : Notre guerre contre les islamistes" dont je vous recommande chaudement la lecture.

 

http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvreve/affaire_thevenot_script.htm


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12 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 20 juillet 2015 12:44

    morice a vu youtube avant internet. c’est un youtube spécial équipe patator !


    • Le p’tit Charles 20 juillet 2015 12:50

      +++++Bonjopur morice...Charlot Du Sac..noble par ses testicules fut un salopard de la pire espèce...qui vient de recevoir un hommage appuyé du gouvernement en place et de quelques abrutis du gouvernement précédent....Entre crapules ont se comprend.. ?


      • Ben Schott 20 juillet 2015 13:08

         
        Y a combien d’épisodes de cette bouillie d’antifa boutonneux ?
         


        • foufouille foufouille 20 juillet 2015 13:29

          @Ben Schott
          beaucoup tant que la pub produit des patator ................


        • raymond 21 juillet 2015 12:26

          @Ben Schott
          quatorze


        • COVADONGA722 COVADONGA722 20 juillet 2015 13:27

          μόνος μανία


          • Le p’tit Charles 20 juillet 2015 14:41

            @COVADONGA722...Pas forcément...sauf peut être pour les bas du front.. ?


          • Pyrathome Pyrathome 20 juillet 2015 14:08
            Derrière l’alibi des tableaux de Guéant, la piste de l’argent libyen

            .

            Alors que l’ancien ministre de l’intérieur assure avoir obtenu, en 2008, 500 000 euros de la vente de deux tableaux d’un maître néerlandais, les investigations révèlent que le banquier soupçonné d’avoir effectué le virement en sa faveur, Wahib Nacer, était l’un des gestionnaires des comptes de Bachir Saleh, le patron du puissant fonds d’investissement libyen en Afrique.

            .

            http://www.mediapart.fr/journal/international/190715/derriere-l-alibi-des-tableaux-de-gueant-la-piste-de-l-argent-libyen

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            • soi même 20 juillet 2015 14:53

               Patience nous sonnes près de l’extase du Krakatoa !


              • Captain Marlo Fifi Brind_acier 20 juillet 2015 19:26

                Morice a commis un article sur le Venezuela qui n’a pas plu du tout à Michel Collon, qui a soumis l’article de morice au détecteur de manipulations !
                Michel Collon est franco-vénézuélien, il démonte les mensonges de morice. Analyse en 2 parties :
                Partie 1
                Partie 2

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