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Les internautes contre l’establishment du livre

L’édition considère les nouvelles règles du jeu imposées par le net. Elle regarde les barbares s’avancer, drapée dans ses certitudes, convaincue que la "qualité" sera le rempart ultime. La profession sera re-fondée dans 10 ans.

Les maisons d’édition persistent à construire leurs modèles sur une logique économique traditionnelle, qu'elles transposent au digital (comment faire la même marge sur un livre numérique que sur un livre papier), sans partir du digital comme postulat pour réinventer leur métier.

Les cartes sont déjà redistribuées. Le combat est déjà livré. Les professionnels du net s’emparent du livre pour le commercialiser, avec une parfaite maîtrise du commerce de masse : Bonjour Amazon...

La valeur du conseil "professionnel" est minorée : les libraires pleurent, les rédactions « culture » ne sont plus hégémoniques, les grands directeurs littéraires perdent de leur influence (et commencent à chercher « ce qui se vend ») et leurs attachés de presse ne font plus la météo. Qui les remplace ? Personne, ou plutôt tout le monde.

Ce qui les remplace, c’est la masse des internautes sous forme organisée (bloggeurs influents, associations) ou sauvage : les snipeurs des « idées toutes faites » . C’est un vent de contestation contre l’establishment du livre, de l’écriture, et du journalisme. Ils parlent, se conseillent, s’épaulent, débattent, dénoncent mais aussi injurient pour créer les tendances lourdes qui deviennent les nouvelles règles. C'est un monde parallèle, puissant et desorganisé, et ce avec une liberté d'expression insolente puisqu'ils ne sont pas (ou à peine) assujettis à la loi du profit ni même celle du revenu. C’est la nouvelle invasion des barbares dans une Rome fatiguée par un modèle économique que l’Empire ne suffit plus à financer.

C’est une nouvelle logique : un auteur n’a besoin que d’un seul lecteur pour exister. Le papier ne va pas disparaitre, il devient un support comme un autre. La vraie question c'est de savoir si l'on va publier chez un éditeur, publier en ligne, en auto publication ou en auto edition. Et la vraie révolution, c’est que la gratuité est de mise : des bibliothèques immenses à portée de mains sans mettre la main à la poche...Cela pose de nouvelles questions : quelle est la « valeur » de l’écrit ou plutôt comment la réinventer ? Devient-on un auteur simplement parceque l'on est lu ?

C. Lucius


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1 réactions à cet article    


  • Théo Moraucond 30 mars 2013 15:55

    On ne peut qu’abonder dans ce sens quand on voit le basculement des habitudes de lecture sur les plateformes de vente en ligne. YouScribe.com par exemple où un auteur de polars aussi adulé (mais manquant pathétiquement de renouvellement) que Fred Vargas disparaît sous la poussée de jeunes auteurs talentueux qui lui volent la vedette semaine après semaine. Bilan de Mars 2013, Vargas avec ses 19 titres au catalogue aux éditions Viviane Hamy n’est arrivée qu’à capter 40 lectures, tous titres confondus, tandis que de jeunes auteurs talentueux tels Maxime Lorfrais ou Patrick Ferrer, inconnus au rayon libraire, dominent les listes de manière écrasante. Et pendant que les éditeurs traditionnels continuent à faire semblant de chercher de nouveaux talents, eux qui ne publient au mieux qu’un seul premier roman par an malgré plus de 5000 manuscrits prétendument lus chaque année, les lecteurs vont chercher ailleurs le sang frais qui manque cruellement à l’horizon « littéraire » français. 

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