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Accueil du site > Tribune Libre > Les loups entre eux

Les loups entre eux

Il est alarmant de constater à quel point l’écart entre les discours et la réalité ne choque pas. À quel point, l’instrumentalisation de slogans revendicatifs fait perdre leur sens aux mots qui n’ont plus d’autres fonctions que celles de n’être exclusivement qu’informatifs. L’appauvrissement de la langue par la réduction du sens des mots en anéantissant la capacité à formuler la pensée crée les conditions d’émergence du totalitarisme.

L’affirmation de l’implication de la grande fédération UIMM dans la parité et la mixité a fait long feu. Est-ce à dire que derrière le discours, seule la nécessaire féminisation des métiers liée aux besoins de main d’œuvre occasionnés par le choc démographique était en perspective lors de la négociation de l’Accord national interprofessionnel du 1er mars 2004 relatif à la mixité et à l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes 
 L’UIMM ouvrait grand ses portes aux ouvrières qualifiées, sans céder un poste au pouvoir. Les hommes changent, les discours s’adaptent sans parvenir à masquer une réalité : le pouvoir est et reste une affaire d’hommes.

Le nouveau bureau de l’UIMM compte 21 membres.

Sur 21 membres : 16 hommes et 5 femmes.

Sur deux Vice-présidents : 2 hommes.

Sur 1 Trésorier : 1 homme.

Sur les 7 nouvelles personnalités qualifiées au Conseil : 7 hommes.

Sur 3 membres de la Commission d’audit et de finances : 3 hommes.

Sur 5 membres du Comité statutaire : 5 hommes.

Sur les 7 membres du groupe de travail consacré à l’affectation des réserves financières : 7 hommes.

Sur les 3 personnalités qualifiées auprès du groupe de travail consacré à l’affectation des réserves financières : 3 hommes.

Au total donc sur 49 fonctions : 44 Hommes et 5 femmes telles que 93% des fonctions de responsabilités exercées au sein du Nouveau Staff de l’UIMM sont occupés par des hommes.

À cette occasion, M. Frédéric Saint-Geours, Président de l’UIMM, a déclaré : « Au cours de ces cinq derniers mois, l’UIMM a mené à bien dans un temps record un vaste processus de rénovation afin de construire une UIMM exemplaire à tous les niveaux. Les décisions prises aujourd’hui par le Conseil sont majeures et permettent dorénavant à l’UIMM de disposer d’une gouvernance clarifiée et renouvelée, d’une gestion financière plus efficace et d’un contrôle interne renforcé. L’UIMM est maintenant moderne et fédératrice. »

Il est vrai qu’au regard de l’histoire récente, certains mauvais esprits pourraient relayer sans être particulièrement originaux un point de vue encore assez partagé : « Quand on regarde bien, les femmes, à part semer la pagaille dans la bande de potes, ça fait quoi ? Hein, la preuve ? Il n’y a qu’à regarder la Parisot, la merde qu’elle a fichu ».

Pourtant les nouveaux venus devraient avoir la sportivité de reconnaître qu’ils doivent ce qu’il convient d’appeler « une sacrée chandelle » aux femmes, au moins à l’une d’entre elles.

Car sans la Parisot (on dit "la Parisot", « la Dati », non pas comme on dirait « la Callas » mais plutôt comme on dirait « la garce » en revanche personne ne dit « la Bachelot » car tout le monde s’en fout, elle ne fait peur à personne) DGS et DDC seraient encore en train de distribuer les bons points aux uns et aux autres. Ils continueraient à faire la pluie et le beau temps, ils seraient encore aux commandes de ce paritarisme illusion d’un rapport de force équilibré. Distribuer les bons points : lire verser des primes de survie à l’intelligence de situation, celle qui fait que l’on comprend bien que l’entreprise doit vivre quoiqu’il en coûte sinon les salariés crèvent, le principe de réalité ça s’appelle, on ne cesse de nous rebattre les oreilles de ce fameux principe de réalité, mais dans les faits, c’est davantage d’un principe de résignation institutionnalisé qu’il s’agit.

Donc, la vieille école distribuait les bons points, c’est moche et ça jette un froid, certes, mais la jeune école, son modernisme, ce parler franc et clair, parfaitement décomplexée ne se résume-t-elle pas à un concept tout aussi simple : la remise en cause de l’idéal démocratique construit à l’après-guerre.

Quand Parisot affirme sans aucun complexe que puisque la santé est précaire, que la vie est précaire, que l’amour est précaire, il est tout à fait acceptable que le travail soit précaire, que prône-t-elle d’autre que l’acceptation et la résignation des plus fragiles au profit exclusif de ceux qui par la grâce de la naissance, de l’argent, du cynisme et de la débrouille tirent leur épingle du jeu ? Est-ce à cela que doit se résumer la conception rénovée du vivre ensemble et de la cohésion sociale ?

Mais, Madame Parisot, les formes de précarité et les risques de pauvreté qu’elles engendraient, n’étaient-elles pas au fondement de notre société et du système de protection sociale qui en était le fer de lance.

La redistribution réduit les inégalités sociale car la cohésion sociale ne peut pas se construire sur la domination et l’asservissement de ceux à qui on envisage sérieusement de proposer des choix de vie affligeant. Coincés entre des images médiatisées drainant une aspiration à vitre le "beau et le confortable" par procuration via l’admiration pour des élites dorées au cynisme écoeurant pendant la semaine, avant de se précipiter le week-end sur les opportunités offertes par les perspectives nouvelles de consommation dominicale, il est certain que l’émancipation se noie d’épuisement.

La construction d’une société plus juste, où la dignité de l’homme se trouvait dans l’accès à l’éducation, à la culture, où les termes émancipation, égalité, humanité et compassion faisaient sens, n’est-elle plus d’actualité ?

Cette société est née à une époque où le paritarisme n’existait pas et où le rapport de force était finalement plus équilibré.
 
C’était avant l’aveuglement, avant les ordonnances de 67 qui ont rendu au CNPF une crédibilité et une légitimité et donc une force perdues pendant les années noires.

C’était avant vous tous. La petite guerre des pouvoirs que vous vous faites ne trompe personne. L’UIMM ne s’est pas nourrie sur la Bête comme certains le disent à tort, l’UIMM, cynique stratège s’est servi de son argent pour mettre en œuvre les principes si bien décrits dans le « Dialogue aux enfers entre Machiavel & Montesquieu », le brillant et toujours actuel pamphlet de Maurice Joly (1829-1878). Aider à faire vivre un contre-pouvoir organisé est infiniment plus habile que tenter de supprimer les oppositions. Ce que vous lui reprochez n’est pas d’avoir fluidifié les relations sociales, mais de les avoir fluidifiées à son seul avantage, pendant que vous voulez vous aussi la plus grosse part du pouvoir.


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1 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 7 juin 2008 16:45

    Les décisions prises aujourd’hui par le Conseil sont majeures et permettent dorénavant à l’UIMM de disposer d’une gouvernance clarifiée et renouvelée, d’une gestion financière plus efficace et d’un contrôle interne renforcé. L’UIMM est maintenant moderne et fédératrice... Effectivement, il ne suffit pas d’insérer tant de mots et adjectifs féminins pour laisser croire à l’influence de la gente prénommée.

    ERNEST, Ernest, c’et vous dire l’époque d’où il vient...Hé bien figurez vous qu’une cousine à lui est partie pour foutre le bocqueson dans la fourmilière de la grande famille Wandal, Wandel, enfin, vous voyez qui je veux dire ? L’on disait communément, fut une époque, qu’il suffisait d’un ou deux excités... Et j’ajouterais...pour justifier la naissance de l’Etat policier...Mais là, vraiment, depuis que ces dames sont nommées chef...Quelle pagaille  ! ( D’ailleurs, pagaille n’est elle pas féminin...)

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Auteur de l'article

louisa jasmin

 


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