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Accueil du site > Tribune Libre > Les mots de l’image

Les mots de l’image

 

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Doisneau

 

Monté léger, boîtier Nikon, télé 18-200 mm, carte 4 Giga, l’œil rivé au D300, je vois un monde policé, adouci par le prisme et l’arrondi des angles de mon viseur. Ainsi commence la poésie de l’art photographique, du moins, on s’y essaye.

       Caché derrière l’appareil, bouclier éphémère de mon anonymat, je parcours la ville à la recherche de couleurs, d’ombres, d’émotions a kidnapper et a figer pour l’éternité.

       Je m’arrange avec le cadrage, je ne capture que les visages et les regards des passants éliminant par la même, de l’image en devenir, leurs pas pressés raisonnant sur le trottoir et leurs corps agités, secoués. Pour capter le hâle de leurs peaux et l’intensité du regard, je change d’angle afin de faire de la lumière frivole une partenaire. Pour déclencher, il ne me manque plus que l’instant magique, la vague du surfeur, le saint graal du voleur d’image. Je le provoque par un léger appel, la tête tourne, le sourire furtif et clic ! C’est dans la boite avec l’espoir d’une photo hors norme, exceptionnelle.

       Croire qu'une photo, c'est le simple produit d'un système optique, d'une ouverture de diaphragme, d'une émulsion, d'un temps de pose, erreur. Une photo, ça se fait aussi avec des sentiments, une certaine idée de la vie. Une bonne photo, ça peut être un hasard, un coup de chance. Mais cent belles photos, c'est le portrait d'un homme.

 

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Depardon

 Ces visages d’enfants, de femmes et d’hommes, promeneurs ou travailleurs, c’est un bout de vie figée sur le capteur, le sourire de Dieu dans la carte mémoire. Photographier une personne, c'est affirmer qu'elle nous intéresse et photographier un bonheur, c'est la seule façon fiable de faire durer une passion.

       Je suis un admirateur inconditionnel des Doisneau, Cartier Bresson, Depardon, Caron et autres Clergue… Les photographes professionnels sont des artistes qui mitraillent la réalité dans l'espoir de frapper un trésor. Cherchant l’innovation, je n’en tire jusqu’à présent qu’une majorité de pales copies due à l’influence de ces grands chasseurs d’instantanés. Leurs images ont enrichi notre histoire, notre patrimoine. Elles ont souvent mis la vérité en lumière, éclairé notre imaginaire et encouragé des vocations.

 

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Cartier Bresson

  Le sujet, l’attitude, les reflets, les ombres et la lumière c’est ce mélange, cette alchimie au dosage suptile et chanceux qui fera de l’image créée un support d’émotion ou un brouillon qui finira dans la corbeille. Amateur passionné depuis des années, j’ai appris qu’une seule photo sur cent pourra peut-être capter l’intérêt, susciter la curiosité, l’interrogation. Cet amour de la photo tout comme celui de la littérature ou de l’écriture nous apprend chaque jour l’humilité de par leurs limites jamais atteintes et sans cesse repoussées.

 

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Gilles Caron

 Dans ce brouhaha qu’est devenu notre existence, dans cette société qui broie les hommes plus qu’elle ne les aide à grandir, il reste quelques îlots de calme, refuges provisoires, qui nous offrent de prendre le temps de voir et d’essayer de comprendre plutôt que de regarder et juger trop vite avant de fuir. La photographie fait partie de ces cadeaux que nous ont légué les anciens. Cette pratique donne du temps au temps et nous invite à une approche et un regard sur les autres, ceux qui comme nous sont sur la même galère et qui rament chaque jour pour ne pas couler …. 

 

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Lucien Clergue

 

Merci du temps que vous avez passé à lire, à voir, à regarder ….    


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10 réactions à cet article    


  • bakerstreet bakerstreet 27 février 2012 14:32

    Bravo pour ce petit hommage à la photo
    Un photographe est toujours accompagné de son appareil photo
    Même quand il ne porte pas celui-ci en bandoulière
    C’est simplement le regard qu’il porte sur les choses

    Ah ce plaisir tout de même du bon cliché.
     Rien à ajouter rien à retirer.
    C’est un peu comme ce fameux nombre d’or, ou je ne sais quoi, qui vous met au pâmoison.

    La lumière, l’architecture des lignes, le moment de grâce confisqué à la vie qui coule.

    Alors on se dit que la vie a un sens, ou en tout cas, qu’elle connait parfois l’art de la pose
    Et qu’on était là, juste au bon moment.
    Dieu existe en 24 -36 !


    • Gabriel Gabriel 27 février 2012 15:55

      Merci de ce commentaire éclairé bakerstreet. Instant magique que celui de la micro seconde du déclenchement. 


    • easy easy 27 février 2012 15:39

      Elles sont de vous ces photos ?


      • Gabriel Gabriel 27 février 2012 15:53

        Bonjour easy,

        Non je n’ai pas osez mettre les miennes, mais une de chaque photographe cité (Doisneau, Cartier Bresson, Caron , Clergues et Depardon).

      • Bruno Mercier Bruno Mercier 27 février 2012 17:31

        Joli texte en forme d’hommage au regard photographique. Et très belle sélection. Merci.


        • velosolex velosolex 27 février 2012 18:25

          La photo est au film, ce que le radio est à la télé.

          Elle ne nous prend pas tous les sens, nous laisse le temps de réfléchir.
          Et d’imaginer.
          Il est possible d’inventer une histoire sur chacune de ces belles photos,
           qui sont comme des portes de la vie ouverte.


          • Gabriel Gabriel 27 février 2012 19:02

            Bonsoir velosolex,

            Comme vous avez raison, l’image est un invitation au rêve. Laissons errer l’imaginaire, c’est une aire de repos sur la folle autoroute de notre vie. Merci


          • Fergus Fergus 4 mars 2012 23:01

            Bonsoir, Gabriel.

            Joli texte et bel hommage à la photo et aux photographes.

            Il y a de nombreux photographes, présents et passés, que j’apprécie personnellement énormément. Parmi eux Sebastiao Salgado, notamment pour ses photos des paysans sud américans, Willy Ronis pour ses photos de Paris (plus parlantes à mes yeux que celles de Robert Doisneau) ou bien encore Pierre Tairraz pour ses photos des lieux et des gens de Savoie et Albert Monnier pour le même regaerd porté sur mon Auvergne d’antan.

            Cordialement.


            • Gabriel Gabriel 5 mars 2012 09:32

              Bonjour Fergus,

              Je n’ai pas pu citer tous les pros mais il est vrai que Sebastiao Salgado est un peu à part  quant à sa magie du relief et de la profondeur sur ses noirs et blancs. Ses photos sur les champs pétrolifères ou sur les camps de réfugiés, ici, on côtoie la perfection. Cordialement.


            • brieli67 5 mars 2012 10:16

              ? ? sans Photoshop ??

              du pur ! du dur ! de l’ essentiel.

              baiser posé baiser biaisé

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