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Les néocons sont de retour (3) : les américains envahissent... le Mali

Hier, nous avons vu que les neocons sont déjà de retour, dans la presse ou sur le web, où ils insistent notamment sur la présence américaine dans le monde. Outre la Côte d’Ivoire, où c’est devenu pendable avec l’affaire de l’avion d’Alassane Ouattara, qui a déjà changé de registre (N1B) depuis qu’on s’est aperçu de sa provenance, il existe un autre pays ou l’ingérence américaine est forte. Non, ce n’est pas l’Algérie, où elle est pourtant déjà bien visible, c’est au... Mali. Et là comme ailleurs, étrangement, bizarrement, dès que les USA ont commencé à s’y intéresser... Al-Qaida est apparu, (et la cocaïne aussi !). A croire que là où un américain met le pied, Ben Laden accourt. Sachant qu’il peut difficilement le faire, vu son état crépusculaire, on peut raisonnablement penser que les américains ont amené Al-Qaida avec eux. Car ça fait au minimum sept ans qu’ils y sont, à aider le gouvernement du pays à lutter contre un ennemi qui n’était pas là quand ils sont arrivés. Et qui ne doit pas vraiment y être davantage, mais dont on ne cesse de parler pourtant. Comment envahir discrètement un pays ? En lui racontant que sa police et son armée ne peuvent rien contre une organisation planétaire. Qui, sur place, se résume à 50 pékins grand maximum. Mais pendant trois ans d’une peur savamment entretenue, on a le temps de conclure des contrats militaires... et de s’implanter dans les esprits.

La méthode n'est pas gratuite : elle coûte 10 millions de dollars aux contribuables américains par an. Une paille, à vrai dire. Le prix de la "Trans-Saharan Counter Terrorism Initiative" américaine, à savoir l'aide américaine sur le continent pour faire la chasse aux fantômes de Ben Laden. Mais en rapporte bien plus bien entendu : le contre terrorisme, c'est un sacré investissement ! Dans un pays à qui on peut difficilement vendre des sous-marins d'attaque, des destroyers ou des avions à décollage vertical, il faut un peu plus se creuser la tête pour fourguer des appareils au départ inutiles... si le terrorisme n'existe pas ! Mais rassurons-nous : vendre, les américains savent faire. Même si pour ça il faut commencer par offrir des 4x4 Toyotas munis d'une mitrailleuse, façon rebelle du Polisario... pour finir par vendre des Orions en surplus. Réussir à vendre des avions de surveillance maritime pour à un pays essentiellement désertique, avouez que c'est un belle prouesse (en fait ses avions sont parfaits : lorsque la France tentera de localiser ses otages au Niger, elle enverra ses Bréguet-Dassault Atlantic).

L'idée n'est donc pas nouvelle : on la trouve dans un document extrêmement révélateur du New York Times en date du 5 juillet 2003 signé Eric Schmitt et intitulé "Le Pentagone cherche de nouveaux accord pour de nouvelles bases en Afrique" (ce à quoi on peut ajouter ce texte). Car c'est bien ça le but du jeu. C'était écrit noir sur blanc : "l'armée américaine cherche à étendre sa présence dans les pays arabes d'Afrique du Nord et sous-saharienne par le biais de nouveaux accords et la formation ou l'organisation d'exercices destinés à lutter contre une menace terroriste grandissante dans la région. Pendant que les planificateurs militaires préparent une option pour les troupes américaines pour se joindre à une force de maintien de la paix pour superviser un cessez-le-feu au Liberia, le Pentagone veut renforcer les liens militaires avec les alliés comme le Maroc et la Tunisie. Il cherche également à obtenir un accès à long terme à des bases dans les pays comme le Mali et l'Algérie, que les forces américaines pourraient utiliser pour des formations périodiques ou pour frapper les terroristes. Il cherche aussi des accords visant à assurer le ravitaillement en carburant des avions par des accords dans des endroits comme le Sénégal et l'Ouganda, deux pays que le président Bush va visiter dan son périple dans cinq pays à travers l'Afrique qui commence mardi." 

Le discours est déjà bien rôdé. On est à peine deux ans après l'invasion de l'Afghanistan, l'Irak vient à peine d'avoir été envahie et déjà on crie au loup, en clamant avant qu'il n'arrive qu'Al-Qaida est déjà partout en Afrique. Ce qui à l'époque est complètement faux. Enfin, on le fait étrangement dans les pays où les USA n'étaient pas très présents jusqu'ici et où les armes étaient essentiellement fournies par l'ancienne URSS ou d'autres pays, dont la France... Ce n'est pas un hasard. Ce qu'on veut faire, c'est vendre du matériel militaire, avant tout. "Certains plans sont encore sur la planche à dessin et devront obtenir l'approbation du secrétaire à la Défense Donald H. Rumsfeld ou ses proches collaborateurs. Mais d'autres initiatives militaires en Afrique sont déjà en cours ou vont bientôt commencer" explique candidement le journaliste, révélant que ce qui se passe en 2010 date déjà de sept années de préparations.... "Depuis l'année dernière, par exemple, plus de 1 800 militaires américains ont été placés à Djibouti afin de mener des opérations de lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique ... les militaires des États-Unis et des responsables du renseignement disent que les vastes étendues du Sahara, de la Mauritanie à l'ouest jusqu'au au Soudan à l'Est, qui ont toujours été des itinéraires de contrebande depuis des siècles, sont désormais des zones de choix pour les groupes terroristes, dont Al-Qaïda."

Cela sonne effectivement comme un double aveu : à l'époque, Al-Qaida Maghreb Islamique n'existe même pas encore ! Ce n'est que le 25 janvier 2007, que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat prendra ce nom ! C'est au départ une dissidence du GIA. Or en 2003, justement, à la mort de son dirigeant, abattu par la police algérienne, le groupe se retrouve être dirigé par Abdelmalek Droukdal, et Abderazzak el Para (appelé aussi Ammari Saifi), un ancien militaire, dont beaucoup soupçonnent les liens avec le fameux DRS, les services spéciaux algériens. Les deux, arrêtés depuis par l'armée algérienne sont désormais... introuvables ! Or il faut noter que ce n'est qu'à partir de cette date (février 2003) que le GSPC s'en prendra aux étrangers. Et à l'époque, aucun lien avec Al-Qaida n'est alors revendiqué. et ce ne sera fait qu'avec Droukdal, qui a tout fait pour évincer le dirigeant précédent Hassan Hattab, que le groupe va se rendre célèbre en 2006 en rendant un long et vibrant hommage à al-Zarqaoui tué à Bakouba en juin 2006 : or, là encore, tout le monde soupçonne al-Zarqaoui de n'avoir été qu'une créature de la CIA, largement manipulée. Un double aveu, disais-je, car on lie la progression du terrorisme à une vieille histoire de contrebande : résultat, on va y trouver des terroristes ET de la drogue, comme par hasard aussi...

Des al-Zarqaoui, ça se trouve partout, quasiment sous le sabot d'un dromadaire : ce jordanien, véritable mafieux devenu icône islamique à grand coups de vidéos plus grotesques les unes que les autres, est le prototype même du terroriste créé de toutes pièces. On en veut pour preuve que le surnom donné par la presse américaine à Ammari Saifi, qu'elle n'appellera jamais "Para", pour ne pas rappeler ses liens avec les militaires algériens. Il deviendra bien entendu chez les commentateurs américains le "Ben Laden du Sahara (*)" ! Dans des articles où l'on parle de sa traque, on évoque sans sourire le nombre de militants de son groupe : 50. 50 pékins qui menacent les 3000 km2 du Sahara ? On fera alors de lui ce qu'on a fait avec Zarkaoui. En en dressant un tableau bien plus large que sa carrure véritable. A la Ben Laden...

"La marine américaine et les avions de reconnaissance Orion P-3 expédiés d'Italie, ont suivi des mouvements de Saifi, et les "experts militaires" des Etats-Unis , selon un communiqué de presse locale, ont mené des opérations sur le terrain. Des équipes militaires américaines au nord du Mali ont aidé les forces de sécurité algériennes et les milices locales pour faire la chasse à Saifi jusqu'au Niger, où ils ont été engagés dans plusieurs fusillades. Ils ont constaté que le convoi, bien que mis en débandade, était bien équipé pour la guerre du désert. Saifi avait équipé les véhicules avec des dispositifs de navigation GPS qui ont permis à ses hommes de localiser des caches secrètes d''eau et de fournitures dans la vaste étendue inhabitée du désert. Sur les camions, des mitrailleuses de 12,7 mm et 14,5 mm d'artillerie anti-aérienne russe menaçaient les adversaires qui approchaient par terre et par air." Il semble que là notre bloggeur mélange un peu tout. C'est en Somalie qu'en 2005 qu' on photographiera ses vieux affûts de 14,5 sur des plateaux de camions à double essieu arrière... l'engin étant inapte à circuler dans les dunes du désert du Sahara. Seuls les affûts bitubes de 12,7 ont été utilisés... de cette manière, et là encore c'est en Somalie. Les engins Su-2 (en copie chinoise) de 14,5, on a pu en voir en Afghanistan, comme ici mars 2007 encore. En fait c'est surtout au Tchad que l'on utilise ce genre d'engin... parfois même monté en quadritube ! En fait, s'il fallait aujourd'hui se défendre d'une attaque aérienne en plein désert, on ne s'embêterait pas à équiper un pick-up d'un affût de DCA bien trop lourd (950 kilos en version bitube, sans compter les munitions !) : avec deux ou trois tubes de roquettes SA-7 Strela, le problème serait vite réglé. A 15 kilos le missile et son lanceur... le choix est vite fait. C'est à croire que les américains craignent toujours les vols à basse altitude : au Viet-Nam, ce sont les mêmes affûts qui ont fait des dégâts sensibles (en plus des missiles SAm-7 !).

Et le procédé mis en place est d'essaimer le principe, comme le dit sans ambages un autre journaliste propagandiste lui aussi."Ce sont des journées bien remplies pour eux sur le continent africain. En ce moment, des personnels de l'EUCOM sont au Niger voisin pour effectuer un programme de formation similaire. Les Soudanais des forces djandjawids ont poursuivi leurs attaques contre minorités au Darfour, en envoyant plus de réfugiés voisins se jeter dans le Tchad. Les rebelles nigérians dans la région du delta riche en pétrole ont continué leur campagne contre le gouvernement en enlevant des travailleurs du pétrole et les dirigeants éthiopiens, avec l'approbation tacite des Etats-Unis, ont envisagé une attaque contre le mouvement des tribunaux islamiques en Somalie. Six semaines plus tard, ils le faisaient, et les frappes aériennes des États-Unis suivaient." Un texte très intéressant et très révélateur : à le lire, on comprend très vite l'intérêt qu'il peut y avoir à entretenir la naissance ou le fonctionnement de groupuscules pareils, faits pour déstabiliser des Etats. A attiser l'incendie pour proposer après les Canadairs : le procédé est bien rôdé.

On peut compter sur les spécialistes de la CIA pour ça : dans cette sinistre économie de guerre, les Etats-Unis fournissent à la fois l'insurrection et la contre insurrection. On a affaire à un marché captif en quelque sorte. Comme celui de la drogue, qui fabrique ses moyens anti-drogues, très coûteux également. Ce n'est donc pas un hasard, si la drogue suit le même circuit : là où la CIA met le nez, la drogue est obligatoirement présente, on le sait, c'est un phénomène historique. La "guerre au terrorisme" est un leurre qui rapporte sur tous les tableaux. Quand les dirigeants US, comme on l'a expliqué ici-même, ont eu à gérer "en interne" une jeunesse remuante et fort critique, ils l'ont anesthésié en mettant en circulation le LSD. Aujourd'hui, le contrôle de l'Afrique passe par le même système : plus il y aura de drogue, mieux on contrôlera les opposants. Les vieilles recettes de la CIA sont toujours au goût du jour. Mais en Afrique, elles ont pris des dimensions démentielles. Tout le continent est atteint par l'import de la drogue sud-américaine, qui s'ajoute à l'afghane, surproduite.

Le Mali, devenu un terrain de jeux rêvé pour vendre de coûteux moyens aériens de surveillance : "même si le Mali possédait une telle technologie, il ya des milliers de miles carrés dans le nord du pays disponibles pour que les islamistes s'y cachent. La région, avec ses hautes dunes de sable, le manque d'eau et ses extrêmes températures, est l'un des endroits les plus inhospitaliers du monde. Ce serait une tache difficile de maintenir là un camp d'entraînement terroriste" écrit notre propagandiste, révélant que les "camps d'entraînement islamistes, à cet endroit sont obligatoirement un produit... d'importation ! Mais il faut bien vendre le concept : "L'éloignement, cependant, pourrait être un atout. Avec son vaste territoire, des itinéraires de contrebande, et sa pauvreté désespérante, le Mali présente toutes les conditions pour qu'un groupe terroriste y prenne racine, affirment les fonctionnaires de l'EUCOM ..." En somme c'est un endroit ou rationnellement un groupe terroriste qui se voudrait organisé ne se fourvoierait pas, à moins qu'on ne l'aide quelque peu... C'est le syndrome de l'inacessible Ben Laden qu'on reproduit là : il est "insaisissable", ou présenté comme tel. Dans son état de mort-vivant, c'est plutôt une litote. Si Abdelmalek Droukdal, placé à la tête d'un mouvement terroriste par la seule volonté du DRS se réclame tout à coup du grotesque al-Zarqaoui, ce n'est absolument pas un hasard. Il est aussi fabriqué que lui et sert les mêmes intérêts : avant tout, les siens.

Au nom du contre terrorisme, on peut tout se permettre alors ne vaut-il pas mieux qu'il y aît un terrorisme, quitte, je le rappelle à en fabriquer un de toutes pièces : il est quand même sidérant de constater que dans de nombreux pays en ce moment une poignées d'individus réduite à 200 hommes maxi menacent tout un pays... aidé en cela par des médias alarmistes et des communiqués savamment dosés par le staff des communicants de l'armée US, aidés par les manipulateurs habituels que sont SITE Group ou Intel Center... ou par une politique débutée sous G.W.Bush : celle annonçant que "le Mali recevra 461 millions de dollars de l'aide sur cinq ans dans le compte du président Bush Millennium Challenge - un programme visant à récompenser les pays qui ont atteint des repères en matière de réformes politiques, sociales et économiques. Parmi es 9 nations du TSCTI (Trans-Sahara Counterterrorism Initiative), seul le Mali s'est qualifié pour le programme. A part pour le Sénégal, aucun n'est "éligible" sur la liste". Le Mali, préféré officiellement pour ses "efforts" démocratiques ? Ça reste à vérifier...

Un pays encensé pour ses vertus démocratiques ou l'actuel "Ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile" n'est autre qu'un général, Sadio Gassama. Issu de l’Ecole supérieure de guerre inter armes (ESGI), let qui a suivi en 1991 le Cours supérieur inter armes (CSI) et en 1999 est même passé à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). Un homme à vrai dire diversement apprécié ; disons : "Le ministre Sadio Gassama gère en fait une population très turbulente, la population des jeunes policiers et jeunes gardes républicains. Généralement fils de policiers, de gendarmes, de gardes ou de militaires, les jeunes recrues se comportent comme en terrain conquis. A l'intérieur des villes, ils rançonnent les populations ; entre les villes, ils font du racket. Rien qu'à voir ce qu'ils font dans la circulation, révolte. Rares sont ceux parmi eux qui verbalisent dans les règles de l'art ou qui usent de contraventions. Ils préfèrent marchander avec l'usager en faute. En terme savant, c'est que ce que certains experts en corruption ont qualifié de petite corruption. Tout le monde le sait, tout le monde le voit et tout le monde fait avec." Voilà qui n'est pas sans rappeler l'Afghanistan de Karzaï ... et effectivement, car la démocratie vantée par les américains présententent bien des similitudes.

Comme chez Karzaï, en effet on trouve le même "sens" de la démocratie : celle qui bourre les urnes : "De tout cela, notre brave général n'en pipe mot. Et pourtant, il sait. Il aime parader. En costume (tiré à quatre épingle) ou en grand boubou (bien amidonné généralement), il a toujours le port altier. Il faut croire qu'il a raison parce qu'il a rendu de grands services lors des élections générales. Au moment où les différents candidats mettaient en garde contre la fraude, lui, il travaillait de façon presque industrielle. Ayant la charge de la confection des cartes d'identité, il a transformé les différents commissariats et certains postes de gendarmeries en véritables fabriques de pièces d'identité. Malgré les dénonciations de la presse, l'homme continuait talentueusement sa tâche. Il n'avait rien à craindre tant que c'était pour la bonne cause".
 
Et l'administration Obama, qui n'a pourtant pas été élue comme celle de Bush, vis à vis du Mali, en ce sens, n'a rien à envier à la précédente : il faut vendre des armes ici aussi, alors on va investir... dans la lutte anti-terroriste. En commençant par faire des cadeaux"Et en octobre 2009, l’administration Obama annonçait un nouvel ensemble de mesures majeures d’assistance pour la sécurité du Mali qui ont été fournies le 20 octobre 2009. L’ensemble de ces mesures, évaluées à 4.5 à 5 millions de dollars (2,3 milliards de CFA), porte sur la remise de 37 camions Land Cruiser, du matériel de communication, des pièces de rechange, des habits et d’autres équipements individuels. Il a pour but de renforcer la capacité du Mali à transporter et à communiquer avec les unités de la sécurité intérieure (la contre insurrection) dans tout le pays et de contrôler ses frontières. Ces mesures d‘assistance à la sécurité sont officiellement connues sous le nom de Counter Terrorism Train and Equip Programme (Programme de formation et d’équipement anti-terroriste - CTTE). Bien que ce programme doive ostensiblement aider le Mali à faire face aux menaces potentielles de la part d’Al Qaeda au Maghreb, il est plus probable que cet équipement sera utilisé contre les forces touareg insurgées". On le voit, ces "investissements ont un double usage. Si par malheur des groupuscules avaient l'envie d'instaurer des idées marxisantes (pour les américains Bayrou passe pour un disciple d'Engels)... les USA seraient là pour les en empêcher, bien entendu. Kissinger n'est jamais loin pour jouer aux dominos, chez eux... le tout peint aux couleurs du mythe si pratique d'Al-Qaida. L'Afrique deviendra américaine, à ce rythme là en moins de 20 ans. On vendra des climatiseurs dans chaque case et on trouvera partout des 4x4 monstrueux dévoreurs de pétrole et les repas se feront au restaurant à Hamburger du coin. Certains disent que c'est même déjà bien avancé... on a déjà les mêmes photos qu'en Irak... René Dumont doit sourire, à voir ça.
 
(*) lire à son sujet ici le très bon texte de SALIMA MELLAH ET JEAN-BAPTISTE RIVOIRE du Monde Diplomatique de février 2005.
 
début de l'article : L’affaire commence en 2003. Alors que le gouvernement algérien déploie d’intenses efforts diplomatiques pour obtenir de Washington un soutien financier et militaire, M. Abderrezak « El-Para », un ancien officier des forces spéciales de l’armée algérienne officiellement passé à la guérilla du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), va donner un sacré coup de main au régime. Le 4 janvier, à la veille de l’arrivée à Alger d’une importante délégation militaire américaine venue envisager une reprise des ventes d’armes à l’Algérie dans le cadre de la lutte anti-terroriste, son groupe attaque un convoi militaire près de Batna. Bilan : quarante-trois soldats tués et une émotion considérable dans la population.
 

Evoquant un enregistrement vidéo qui se révélera plus tard un faux, les services secrets de l’armée algérienne, le tout-puissant département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire), s’efforcent d’en persuader l’opinion internationale : El-Para serait un« lieutenant de Ben Laden » chargé d’« implanter Al-Qaida dans la région du Sahel ». Peu après, les Etats-Unis allègent l’embargo sur les armes à destination de l’Algérie et annoncent la vente d’équipements militaires antiterroristes (1). A Alger, fin 2002, M. William Burns, secrétaire d’Etat adjoint américain au Proche-Orient, avait déjà déclaré que « Washington beaucoup apprendre de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme (2) ». 

Un épouvantail bien commode

Ainsi l’Algérie passe-t-elle pour une cible d’Al-Qaida, et donc pour un allié naturel des Etats-Unis – comme la traque de Ben Laden avait justifié l’occupation de l’Afghanistan et l’implantation de bases militaires en Asie centrale, région stratégique pour Washington. El-Para serait-il, en mode mineur, l’épouvantail légitimant la présence militaire américaine dans le Sahel, présenté comme éventuelle base arrière d’Al-Qaida ? En mars 2004, le général Charles Wald, commandant en chef adjoint des forces américaines en Europe (Eucom), assurait que des membres d’Al-Qaida tentaient de s’établir « dans la partie nord de l’Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan, lorsque les talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d’un endroit stable pour s’équiper, s’organiser et recruter de nouveaux membres (3) ».

Une chose est sûre : le rapprochement entre Alger et Washington ne peut que profiter à un pouvoir militaire soucieux de faire oublier ses forfaits. Et l’expérience du DRS en la matière montre que, dans les années 1990 déjà, il avait su brillamment instrumentaliser le « terrorisme islamiste » pour contraindre l’Occident à le soutenir...

 

(1La Tribune, Alger, 12 octobre 2004.

(2The New York Times, New York, 10 décembre 2002.

(3Le Quotidien d’Oran, Oran, 6 mars 2004.

Documents joints à cet article

Les néocons sont de retour (3) : les américains envahissent... le Mali Les néocons sont de retour (3) : les américains envahissent... le Mali

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5 réactions à cet article    


  • morice morice 14 janvier 2011 22:51

    merci pour cette vibrante analyse du système américain en Afrique...


    ah ah ah !!! pauvre personage paumé, va, faux Waldgänger...

    « J’avais inventé une forme de désintérêt qui ne me reliait à la réalité, comme une araignée, que par un fil invisible. »


    Ernst Jünger


    vous, quoi...


  • joelim joelim 14 janvier 2011 13:57

    Intéressante série qui promet. 

    Où le business militaire est la seule chose qui compte...

    • Robert GIL ROBERT GIL 14 janvier 2011 14:41

      Les USA ont parsemés le monde de cadavres, des populations exterminées au Laos, des charniers en Colombie, des coups d’états au Chili, en Argentine, en Indonésie, des guerres en Irak, en Afghanistan, des enfants qui sautent sur les mines disséminées un peu partout, d’autres qui naissent mal formés suite à l’agent orange et d’autres saloperies comme l’uranium appauvri déversé par millions de tonnes. Dans quels endroits du monde n’y a t-il pas de victimes de l’impérialisme américain ? En Europe, la Grèce et l’Italie en savent quelque chose.

      publié sur  http://2ccr.unblog.fr/

      dans la categorie « etranger »


      • Antoine Diederick 15 janvier 2011 12:28

        A l’auteur,

        Bon article. Les Etatsuniens ne s’en cachent pas. Dès que l’influence française en Afrique de l’Ouest sera terminée , dans pas bien longtemps, la place sera libre pour eux, selon les bonnes vieilles méthodes déjà éprouvées. L’Europe politique ne parvient pas à gérer ses liens anciens avec l’Afrique alors qu’elle ne parvient même pas bien à gérer la crise actuelle....et donc

        Pour les autres parties géographiques de l’Afrique, c’est idem....


        • morice morice 15 janvier 2011 13:00

          Les Etatsuniens ne s’en cachent pas. Dès que l’influence française en Afrique de l’Ouest sera terminée , dans pas bien longtemps, la place sera libre pour eux, selon les bonnes vieilles méthodes déjà éprouvées.


          L’Afrique, nouvelle Amérique du Sud vous voulez dire ? Ça expliquerait pourquoi on y trouve autant de coke alors....

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