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Accueil du site > Tribune Libre > Les souffrances au travail : « SOS cadres et sociétés en détresse (...)

Les souffrances au travail : « SOS cadres et sociétés en détresse »

Il y a quelques jours, est apparue, via les médias, la nouvelle marotte du gouvernement en matière de communication et de stratégie de manipulation de l’opinion publique : le stress au travail ! Pendant que les parfaits soldats de Sarkozy mènent à bien leur mission de précarisation et de flexibilisation des salariés, le ministre du Travail s’est vu remettre un rapport réalisé par des psychiatres comportementalistes venant du privé. La technique est rompue et s’appuie sur la superficialité des journalistes : on montre que l’on s’empare d’un problème dit de « santé publique » pour en fait renforcer de manière insidieuse la logique hyper-aliénante et infantilisante du management en entreprises.

Il faudrait quand même qu’un jour, ce qu’on appelle un journaliste, c’est-à-dire un corrélat des élites dirigeantes, ait l’idée de génie de poser quelques questions très simples à un membre fameux du gouvernement : Lagarde, Bertrand... Sarkozy lui-même ou bien Dati, pour qu’on rigole un peu. Imaginer Arlette Chabot, J.-M. Aphatie, Alain Duhamel ou Laurence Ferrari soudainement frappés par un éclair d’honnêteté intellectuelle et de compétence journalistique, demander à l’un de ces dignitaires de l’Etat : « quelle est votre vision de la modernité et, selon vous, en quoi consiste le progrès ? ». On rigolerait, un peu, on serait affligé, beaucoup. On connaît la faculté de ceux-là à assimiler la modernité et le progrès à la croissance économique, à l’utilitarisme et au profit, c’est-à-dire à mettre en avant les pires leçons de la modernité, dans une version dévoyée et strictement instrumentale (le proverbe « la fin justifie les moyens » s’applique à cette définition aporétique de la modernité) et la propension de ceux-ci à ne jamais interroger leur idéologie, mais il serait intéressant d’observer comment ils pourraient justifier publiquement ce qu’affirmait encore Laurence Parisot en se plaignant, il y a quelques temps, « en France la modernité s’arrête là où le droit du travail commence ». Mais pour ne pas avoir à s’expliquer réellement, ils trouvent des subterfuges médiatiques et, bien évidemment, les journalistes sont formés pour leur servir de complices. En ce qui concerne les ravages engendrés par les techniques totalitaires des super-managers des entreprises ultra-compétitives, ils nous font expliquer que le problème de l’individu stressé est le fait de ne plus être assez performant et donc de se sentir inutile. C’est sans doute vrai pour les cas de salariés les plus formatés, les plus « logiciellisés », c’est-à-dire ceux qui revendiquent eux-mêmes leur propre malléabilité et vivent la compétitivité comme une morale, mais cette réponse élude en revanche toutes les responsabilités managériales sur la santé mentale des employés et, surtout, le doute sur les fins du travail, qui peut venir s’immiscer dans les consciences pourtant préfigurées en vu de la course au profit.

Premièrement, il faut séparer l’exploitation de l’ouvrier à celle du cadre. Autrement dit, il faut séparer la stricte exploitation de la force de travail d’un individu qui a conscience d’être précarisé et utilisé comme un outil, mais qui n’a pas d’autre choix que de remplir sa fonction, de l’aliénation totale du cadre qui est dans l’obligation de croire en ce qu’il fait pour supporter sa tâche. L’ouvrier visse des boulons ou remplit des boîtes pour tout juste parvenir à se nourrir et se loger (et encore !), le cadre, lui, remplit une mission morale, structurante, et gagne ainsi son confort supplémentaire et un champ de consommation élargi (il peut devenir propriétaire, avoir un 4x4 et aller dans un des nouveaux parcs à touriste de la côte marocaine et se dire "ça se développe vraiment vite ici maintenant"). Sa détresse ou son cynisme dépendent donc en dernier lieu de son niveau de conscience. Il y a les convaincus, les fidèles, ceux qui peuvent éventuellement souffrir parce qu’ils ne sont plus assez performants. Il y a ceux qui réalisent que leur fonction demande une sérieuse compromission morale, sont harcelés par leurs supérieurs et rentrent en crise personnelle, devant payer tous les crédits du foyer. Puis, il y a les cyniques, ceux qui ont bien compris la barbarie de leur boulot, mais qui prennent plaisir à en tirer un avantage personnel.

Prenons un exemple précis, un peu radical certes, mais contemporain et symbolique. Un cadre du marketing ethnique ! Il est très grassement payé par une grande entreprise agroalimentaire. On lui demande de travailler sur la conversion au capitalisme de tribus de pêcheurs des côtes africaines. Il doit, avec l’appui des gouvernements locaux, donc des élites formées en Occident, plus ou moins obliger les pêcheurs traditionnels qui vendent une fois par an leur pêche, de pêcher le plus possible avec des moyens plus modernes pour vendre plus et dégager des profits (c’est ce que fait Monsanto avec les paysans du monde entier). Il est payé pour exporter le développement économique tel que l’Occident le conçoit. C’est un agent de la mondialisation. Dans le premier cas, celui du cadre dont la conscience est totalement acquise à la doctrine utilitariste, sa mission colonisatrice est pour lui parfaitement morale et il n’a rien à dire sur les conséquences de ce qu’il fait (traditions brisées, surpêche, plus de poisson, plus de ressources, misère). Quand son patron estimera qu’il n’est pas assez efficace il connaîtra le stress et prendra du Prozac et de l’Exomil. Deuxième cas : au bout de plusieurs années passées à répandre la passion du profit, le cadre se dit que ce qu’il fait n’est pas nécessairement la mise en acte d’une morale universelle et que même si on ne peut rien faire contre la mondialisation, le cadre se demande si l’uniformisation du monde sur la base de la consommation et du profit est une si bonne chose que ça. Il arrêtera peut-être et décidera de faire autre chose, mais, la plupart du temps, il continue et se gave de Prozac ou de l’Exomil pour supporter les impératifs de ses managers supérieurs. Puis le troisième : il parcourt le monde avec la conscience d’œuvrer pour le profit de quelques patrons et actionnaires, dans le plus grand mépris colonialiste des cultures traditionnelles. Il vit à pleine vitesse, aime le luxe, l’argent et s’oublie grâce à la cocaïne. Dans ce dernier cas, il n’y pas de souffrances, il n’y a que de la décadence bourgeoise. Ce que Flaubert aurait appelé « le règne des philistins ».

Le gouvernement, forcément, ne s’intéresse qu’au premier cas. A celui-là, il va pouvoir concocter de nouvelles séances de dressage avec l’aide des médecins comportementalistes et des managers nouvelle génération. Le deuxième cas ne l’intéresse pas et c’est pourtant le plus significatif. Ce sont les cadres du deuxième cas qui ont le plus recours aux psychotropes, aux HP et qui souffrent le plus. Même s’ils ne sont pas totalement conscients de l’origine de leur mal-être, ils ressentent leur activité comme une aliénation terrible et la pression de la hiérarchie peut les plonger dans une crise existentielle très profonde. Dans Libération du 18 mars, les témoignages des internautes sont sans détours : « Ils s’abritent de votre ignorance de vos droits et de vos possibilités de réaction qu’ils savent avec adresse rendre inexistantes » (Bernadette), « Un terme existe qui reflète bien le mépris des salariés : variable d’ajustement. Voilà ce que sont devenus les salariés au nom de la veille concurrentielle ». Au sujet du rapport officiel : « Ce qu’on nous prépare ce sont de bonnes séances de dressage pour aider le soldat de la guerre économique à ne pas péter les plombs », « Le choix du ministère est fait, et l’orientation du traitement de la souffrance au travail se fera sur la base des thérapies comportementalistes. Nous aurons tous des formations en techniques de communication utilisées dans les métiers de l’accompagnement des personnes et par les commerciaux » (Poolpitola).

Bien sûr, tout cela marche sur la peur. La peur du chômage, de l’endettement... qui paralysent les gens dans des situations invivables. Le gouvernement excelle dans l’art de manier cette peur, c’est pour cela qu’il peut se permettre d’éluder le fond du problème. La question sociale n’existe pas pour lui. La question morale non plus. D’ailleurs ce problème n’est pas le sien, puisque Sarkozy se vante régulièrement de diriger la France comme une entreprise et de n’avoir rien à faire de la philosophie. Il offre lui-même l’image du manager obsédé par le profit et la considération paternelle des patrons, avec en guise d’employés en souffrance, des millions de précarisés et des milliers de cadres d’entreprises écoeurés par leur boulot et la pression qu’ils subissent.

D’un côté, on a donc la souffrance au travail. Cette souffrance pose à la fois la question du harcèlement, de la précarisation, de la flexibilisation et du « mal-être existentiel », qui sont deux faces bien différentes de la souffrance. Mais, de l’autre côté, on a le problème de tous ceux qui ne se posent pas de questions, les bons soldats de la guerre économique. Ils sont le résultat du système scolaire entier qui isole, dès le plus jeune âge, les éléments qui sauront être efficaces sans chercher à comprendre le fondement de leurs actes. Plus on a de David Martinon et mieux on fait marcher le système ! Ce sont ceux qui réussissent et pour qui l’idée de réussite est conçue. Pour ceux d’entre eux qui se réveillent et se demandent un jour pourquoi ils passent leurs vies à spéculer sur un écran, à harceler des êtres humains au nom de la rentabilité et du profit, à pousser à la consommation de n’importe quoi ou à participer indirectement à la destruction de l’environnement, le virage est souvent délicat.

A travers eux, c’est la question fondamentale de nos projets de sociétés qui est posée et celle-ci entraîne la question de la mondialisation. Allons-nous continuer à nous abriter derrière des arguments typiquement attaliens du type « La chine et l’Inde se développent donc il faut soutenir la concurrence en consommant le plus possible », pour ne pas regarder en face les perspectives désastreuses qui se profilent et se réaliseront dès lors que la planète entière consommera comme les Américains (il faudra 5 planètes pour couvrir les ressources de la population mondiale quand elle sera totalement uniformisée par le modèle occidental de la croissance !). Autre célèbre argument : « les autres aussi ont droit au progrès, on ne peut pas leur interdire, il y a la misère là-bas ». Maintenant que nous leur en avons imposé l’idée (comme Sarkozy l’a encore fait il y a quelques mois à Dakar dans un célèbre discours traduisant l’ethnocentrisme le plus basique, prenant notre notion d’histoire pour la norme universelle), il est en effet délicat de leur barrer la route de la consommation. C’est la course bête et méchante au profit qui doit être traitée par le biais des souffrances au travail. C’est donc la grande question de civilisation qui se manifeste par ce grand malaise. Sarkozy, qui n’a en tête que la guerre économique, ne saura que précariser toujours plus, encourager les pires techniques de management, et favoriser la sélection scolaire des individus qui seront chargés d’exécuter les stratégies guerrières. Avec lui, ses quidams et autres laquais, nous courrons vers toujours plus de souffrances et toujours moins de progrès social et moral. Ils représentent ce qu’Horkheimer et Adorno avaient appelé la dialectique de la raison, à savoir l’assimilation de la rationalité instrumentale au progrès tout en méprisant les responsabilités qui naissent de la raison. C’est pourquoi Sarkozy reste l’incarnation de la modernité dans ce qu’elle a donné de pire.


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24 réactions à cet article    


  • Radix Radix 26 mars 2008 16:09

    pauvre nouille


  • Charles Ingalls Charles Ingalls 26 mars 2008 16:54

    (Radix) "Pauvre nouille"

    Meric pour ce commentaire pertinent...

    (Philippe Renève) "il faut remettre l’économie au service de l’homme, et non l’inverse, et admettre que la richesse des hommes, maintenant et demain, ne dépend pas que de leur production toujours croissante."

    Tout à fait d’accord avec vous cher Philippe...La nature elle-même nous le montre tous les jours, toute croissance a ses limites...

    @ L’auteur

    Excellent article...L’introspection devrait permettre aux gens de remettrent en question le sens même de leur existence...

    Maintenant 41% soutiennent encore le pdg sarkozy...Ca va être compliqué de changer les mentalités...


  • Radix Radix 26 mars 2008 21:29

    Bonjour Charles

    Je m’excuses pour ce post intempestif, mon PC est en utilisation libre à la maison et je suis "affigé" deux filles aussi farceuses qu’elles sont jeunes.

    L’une d’elle s’est connectée et a répondue, sans comprendre, à ma place !

    Comme alibi je n’ai que à cette heure là je travaillais et que "pauvre nouille" ne fait pas partie de mes insultes habituelles, j’utilise habituellement le deuxième degré ou le silence.

    Avec mes excuses Radix


  • Charles Ingalls Charles Ingalls 27 mars 2008 09:34

    Pas de problème Radix, je comprends...J’ai aussi des enfants...

    Mais je ne leur laisse pas accés à Agoravox, ils pourraient tomber sur un post de Lerma et là ce serait...traumatisant pour eux...


  • Fred 27 mars 2008 12:35

    "Maintenant 41% soutiennent encore le pdg sarkozy...Ca va être compliqué de changer les mentalités..."

     

    l’alternative c’est travailler pour que l’état ponctionne encore plus pour le redistribuer aux autres, peste ou colérat.


  • ZEN ZEN 26 mars 2008 16:06

    @ L’auteur

    Utiles rappels

    Le livre de Dejours :"La souffrance en France" reste plus que jamais d’actualité

    http://1libertaire.free.fr/Dejours01.html

     


    • Radix Radix 26 mars 2008 16:08

       

      je ne suis pas daccord

       

       

       


      • Redj Redj 26 mars 2008 21:07

        Faut argumenter un peu plus que ça !!


      • Radix Radix 26 mars 2008 22:11

        Bonjour

        Comme pour mes excuses à Charles plus haut, on ne maîtrise pas toujours sa descendance surtout si elle est jeune et un peu farceuse, voilà ce post n’est pas de moi !

        Radix


      • Redj Redj 27 mars 2008 01:10

        Arf ces enfants !!

        Excuses acceptées bien evidemment !


      • moebius 26 mars 2008 23:01

         le stress des cadres est une notion maintenant dépassé car trop largement démocratisé. Plus à la mode le "burn out" qui vient juste de sortir ..qui n’en est pas encore est out


        • Redj Redj 27 mars 2008 01:18

          Le burn out n’est pas encore reconnu en france, on commence timidement à en parler, contrairement aux pays anglo-saxons, et à la suisse notamment.

          Les entreprises anglo-saxonnes, conscientes du problème du coût humain et économique du stress de leurs employés ont mis en place tout un arsenal de contre mesure destinées jutement à limiter le stress et les burn-out (qui est le stade ultime du stress). Et cela semble marcher.

          En france, on adopte un système de management anglo-saxon, mais en considérant encore que le stress est un état d’âme. C’est juste lamentable.

          Redj, (en arrêt maladie pour burn-out justement)


        • koala 27 mars 2008 07:54

          Bonjour à tous, cette analyse froide, j’y adhère. Toutefois, je suis heureuse que les politiques se penchent tout de même sur la question. Je suis victime de ce système de management dénommé "musclé". J’ai eu comme vos harcelés du 2ème type des cas de conscience où je n’ai pas choisi la facilité, dans Le Conseil Général de gauche (59) qui passe extérieurement comme très "social". Les morts se succèdent chez les ch’ti mis. En revanche ici, la presse me semble muselée, même pas un entrefilet dans la presse locale, alors que le 20 juin 2007, un cadre d’un service ("seult" faisant office de" ), autre hypocrisie, on vous demande tjs plus, mais avec un salaire moindre et confronté quotidiennement à une pressurisation et à effectuer heure après heure des tâches ingrates et qui de surcroît en notre âme et conscience, nous place en défaut de nous-mêmes. Un homme de 58 ans s’est jeté du 11ème étage de son bureau, en plein coeur de Lille, à 9h du matin il s’est défenestré dans une indifférence inhumaine, hormis celle de syndicats révoltés mais que l’on entend pas : selon la logique sociale, pas de problème donc rien à résoudre ! Honteux ! Ce n’est pas le seul, ça continue... Atroce

          J’ai mal à "mon" travail moi aussi, pour reprendre le titre d’un ouvrage paru, j’ai mal maintenant, chaque fois que je perçois une telle souffrance chez les autres. J’ai subi, le harcèlement musclé de ma chef qui a quitté depuis ses fonctions, pour aller sévir ailleurs, avec sans doute un bon rapport officiel, pour partir plus vite ! Autre hypocrisie !

          J’ai osé dénoncer, c’est moi aujourd’hui qui suis salie, rendue vulnérable au point de figurer parmis les "cancrelats" fainéants qui ont échoué en maladie. Ils ne veulent pour l’instant pas reconnaitre le caractère professionnel de ma maladie. Ce serait reconnaître leurs torts. C’est très grave, les mots ne sont pas trop forts si nous nous résignons, nous deviendrons comme ces fonctionnaires de Vichy qui commettaient des actes barbares, dégradants pour l’humain à coups de stylos et de phrases assassines.

          J’ai écrit à 43 ans mon testament pour le cas où le mal l’emporterait sur moi, je suis en train d’écrire l’histoire de ce que j’ai vécu. Vertus thérapeutiques recherchées, non pas ! Trace de ce que je vis de l’intérieur, d’attitudes rétrogrades de petits chefs placés là non pour leurs compétences, mais pour leur "compétence" à l’obéissance à leur hiérarchie. Je ne suis pas rebelle à toute chose, mais je ne peux accepter un système castrateur et infantilisant. Je recherche autant que possible, une harmonie, une résolution "intelligente" en douceur, mais ces attitudes déplacées m’ont values des rapports délétères et que je compte faire saisir pour laver mon honneur.

          Des rapports où ils s’en sont pris à ma façon d’être, à ma famille, après avec des attitudes condescendantes et entendues, votre hiérarchie vous fait savoir que vous êtes nulle y compris aux vôtres et vous porte le coup de grâce, en attribuant votre mal-être non pas au travail, mais à un problème "personnel". Une autre hypocrisie "personnel" car oui nous en avons, forcément ensuite !

          Contre un cancer, aujourd’hui il est honorable dans la conscience collective de se battre. Vous êtes accompagné, mais contre ce mal qui ronge, qui effrite ce que vous avez de "beau" en vous. Seule la loi et un positionnement courageux des autorités, pas un cataplasme médiatique peuvent enrayer ce mal nouveau, qui selon moi provient d’un manque de respect de l’autre, on oublie que nous sommes identiques, rien de plus. Les positions sociales, financières, dynastiques ne sont rien, pour moi la seule noblesse réside dans la valeur humaine. Une utopiste, direz-vous ? Non, simplement je préfère voir le coeur des hommes que leurs atours bien illusoires. Evidemment, ça me décale de sociaux aux discours lénifiants mais quand dans leurs actes sont plus impitoyables que certains grands patrons de l’industrie du XIXème S.

          J’espère ne pas vous avoir lassé, c’est là ma pensée.

          Merci

           


          • Redj Redj 27 mars 2008 16:49

            Merci koala de votre témoignage.

            Il est a noté, et c’est votre cas comme le mien, que de nombreux cas de stress utlime se produisent dans des administrations types éducation nationale, caisse d’assurance maladie, collectivités territoriales etc etc bref là où la productivité doit être primoridiale mais où les salariés sont soumis à la pression de petits chefs sans envergures, qui ne sont là que pour leurs accointances avec les équipes de directions, mais qui n’ont aucune espèce de compétence mise à part celle de lécher encore et toujours les bottes des directeurs.

            Pour ma part, j’ai craqué lorsqu’à force de travailler dans l’urgence, j’en venais à travailler le soir chez moi, le samedi et le dimanche, pour qu’au final le projet sur lequel je travaillais était abandonné au bout de 2 semaines, pour un autre qu’il fallait evidemment effectuer dans l’urgence. bref, un truc de malade lorsque vous êtes en bout de chaine comme je l’étais. Et bien evidemment, comme à chaque fois, l’attribution des promotions s’arrêtent toujours à l’echelon hiérarchique supérieur au mien. Résultat : des insomnies, des palpitations énormes le matin, crises d’angoisses sur crises d’angoisses etc etc...

            Actuellement l’assurance maladie a reconnu mon arrêt de travail, je vais être prolongé, et j’entame dans la foulée une reconversion professionnelle. C’est la seule solution à mon avis pour m’en sortir


          • ZEN ZEN 27 mars 2008 08:36

            @ Koala

            Non,votre témoignage émouvant ne nous a pas lassé

            Vous apportez la pierre la plus précieuse dans ce débat.. Soyez-en remerciée !

            Bon courage ! Rejoignez les réseaux sur le net qui regroupent les personnes qui sont dans votre situation

            Un cht’i d’Artois


            • FYI FYI 27 mars 2008 10:50

              Le constat qui est mis en exergue par l’article et les différents intervenants sur ce fil de discussion est particulièrement représentatif de ce que ressent beaucoup de personne malheureusement.

              Soyons tout de même pragmatique, pourquoi on est ton arrivé à cette situation, qu’est-ce qui manque pour faire évoluer les choses dans le "bon sens" ?

              J’apporte un élément de réponse subjectif. La masse en est complice car dans son individualité se résigne au mépris de l’intérêt général. Collectivement ils en sont conscients, individuellement ils espèrent que "d’autres" bougeront pour eux ... Les gens ne sont pas assez politisés, aussi face à un système capitaliste broyeur, ils ne peuvent que subir, car il n’y a que le rapport de force qui permet d’assurer un minimum de bien être.

              Tout notre histoire civilisationnel est basé sur une minorité dit élite qui impose leur point de vue à une majorité dit le peuple, et depuis plus de 3000 ans s’en est ainsi. C’est ancré dans le subconscient des gens.

              Le problème par ailleur, est que le "communisme" à lamentablement échoué (merci à Lénine !!!), et que donc le système triomphant du capitalisme se trouve encore seul maître de la pensée unique. L’Homme n’est toujours pas au centre des préoccupations de notre système. Résultat des courses, le peuple se résigne et se plaint en silence, alors quelle représente la vrai force, sans elle, les élites n’existent pas, en sont-ils conscient, je me le demande ?

              Malheureusement les choses ne sont pas prêts d’évoluer ....


              • Céphale Céphale 27 mars 2008 11:35

                Article important, excellent en tout point !

                 

                Il va beaucoup plus loin que ce que laisse supposer le titre. Il me remet en mémoire une conversation récente avec ma petite-fille, étudiante en philo. Une conversation sur Nietsche.

                 

                Merci Marc


                • nini 27 mars 2008 11:53

                  Merci pour cet article.

                  Stess ou dépression, l’Etat essaie de réduire les coûts d’une course au résultat et à la productivité. Non pas les coûts humains, car la main d’oeuvre peut-être piochée ici ou là ,mais les coûts économiques.

                  Pour le moment le soutien médicamenteux est proposé mais un jour viendra où les nanotechnologies permettront à chaque salarié (déclinologue ?) de partir tranquille avec une petit puce dans le cerveau déclenchant la sécrétion d’endomorphine ou inhibant celle de l’adrénaline. Faudrait même empêcher la sécrétion de la testostérone pour les salariés un peu trop revendicatifs....

                  Ce serait le rêve non ?


                  • Frederic Stephan 27 mars 2008 12:29

                    Je ne me retrouve pas dans votre critique du cadre. Mais peut-être est-ce par ce que je ne suis toujours pas propriétaire, je n’ai pas de 4x4 et je ne suis jamais parti en vacances à l’étranger. Peut-être est-ce aussi parce que commencer la vie active avec un crédit étudiant de 100 000 F n’est pas l’idéal.

                    J’ai été cadre pendant 10 ans dans le cartonnage et à travers les 4 sociétés dans lesquelles j’ai travaillé, j’ai pu voir progresser les difficultés économiques, principalement lié à la délocalisation d’une partie du marché dans les pays de l’est puis en Chine. J’y ai vu aussi tout type de management de la part des différentes directions. Mais il est vrai que me retrouver à exploiter du mieux que j’ai pu un effectif de salarié constamment en décroissance, pour que les patrons puissent conserver leur salaires et dégager un bénéfice, ne fait pas partie de ma vision humaniste du travail. C’est pourquoi, dès qu’une opportunité s’est présentée, j’ai quitté le monde des entreprises de production.

                    C’est par la prise de conscience des cadres, qu’un vrai changement peut arriver dans nos sociétés. L’opposition ouvriers/patrons a toujours existé, mais les grandes grèves n’ont pas mené les ouvriers à un pouvoir d’achat nettement amélioré. Si les cadres se mettaient dans la révolte avec les ouvriers, en proposant d’autres types de gestion des entreprise, nous aurions alors quelque chose d’intéressant pour l’avenir de notre Société. Cependant, ce changement ne serait efficace que soutenu par une politique différente au niveau de l’Europe, puisque la France n’est plus souveraine en terme d’économie.


                    • foufouille foufouille 27 mars 2008 15:48

                      ceux qui ont du fric paye le prix. les pauvres paye eux aussi un "prix"


                      • Céphale Céphale 29 mars 2008 09:58

                        "Bien sûr, tout cela marche sur la peur". PHRASE CLÉ !

                         

                        Les grandes entreprises exploitent la peur des salariés. Cette politique est mise en oeuvre systématiquement par un cercle très fermé de super-riches, parmi ceux qui se retrouvent à Davos (inutile de citer des noms). Ce ne sont pas des monstres, mais simplement ils n’ont pas la même idée de la morale que le commun des mortels, dont ils sont coupés. Ils se considèrent comme des surhommes, libres d’imposer leur volonté pour dominer le monde, au delà du bien et du mal (comme dirait Nietsche). Et la peur est pour eux le meilleur outil de domination.

                         

                        Dans beaucoup d’entreprises, l’erreur des dirigeants est de croire que la performance des salariés est meilleure sous la promesse de la carotte et la menace du bâton. Le système est très bien décrit plus haut par Koala. Contrairement à ce qu’ils pensent, la peur ne favorise pas la performance. Deming a brillamment démontré que ce préjugé est faux. En France, il existe des entreprises qui travaillent avec de meilleures méthodes, et dont les résultats sont remarquables. Je ne veux pas parler en leur nom. Je souhaite seulement qu’elles viennent témoigner.


                        • Leila Leila 29 mars 2008 15:08

                          @l’auteur

                           

                          Vous distinguez en gros trois catégories de salariés : le simple exécutant, précarisé et utilisé comme un outil, le cadre qui remplit une fonction aliénante, parce qu’il n’approuve pas la conduite de sa hiérarchie, et le cadre qui collabore totalement. La souffrance au travail est pour les deux premiers. Le troisième est heureux parce qu’il réussit dans sa carrière, sans aucune compassion pour les deux autres.

                           

                          Je suis d’accord avec cette vision des choses. On peut la rapprocher de ce qui s’est passé pendant la dernière guerre mondiale. Le troisième, à la limite, c’est le monstrueux personnage du roman "Les bienveillantes".


                          • tvargentine.com lerma 29 mars 2008 16:32

                            Vous vous prenez pour qui pour juger ce que vous ne connaissez pas ?

                            Vous posez déjà votre argumentation anti-sarkozy primaire et bien sur des blairots décervellés approuveront votre article primaire,c’est normal !

                            Mais la majorité n’approuve pas car c’est d’une médiocrité intellectuelle afflichante

                            Vous avez besoin d’un chiffon rouge pour avancer dans la vie ? pour déclarer "C’est pourquoi Sarkozy reste l’incarnation de la modernité dans ce qu’elle a donné de pire."

                            Mon povre ami gochiste c’est affreux affreux affreux


                            • moebius 29 mars 2008 22:26

                              tibet libre

                               

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