Mais où est passé la diplomatie Française ?
On ne peut pas dire que sur la scène internationale la France brille particulièrement, notamment par sa diplomatie. En fidèle supplétif des USA, notre pays semble désormais incapable d’agir et de peser seul sans ordre ou soutien des USA. Depuis 2007 les exemples sont légions, dernier exemple avec l’Arménie.
Depuis « Sarko l’Américain » la France est vraiment devenue un nain politique sur la scène internationale, cantonnée dans son rôle exclusif de supplétif des USA
En s’alignant inconditionnellement sur la politique des USA, la France, depuis Sarkozy, est devenue un serviteur servile des USA. La diplomatie Américaine ordonne, la diplomatie Française exécute, sinon elle ne prendra aucune initiative forte sans le parapluie US…
On a pu le constater lorsque, par exemple, en Avril 2018, où sans mandat de l’ONU et en violation du droit international, les USA ont ordonné à la France de se joindre à eux pour aller bombarder Damas. Afin de justifier cette action criminelle contre un Etat souverain et avant qu’une commission d’enquête ait rendu son rapport, Emmanuel Macron se faisant l’écho de « son ami Donald Trump » évoquèrent l’usage de gaz chimique par Bachar Al-ASSAD, qui ne fut d’ailleurs jamais démontré et fortement nié par le représentant de la Syrie à l’ONU. Le Conseil de sécurité des nations unies avait d’ailleurs rappelé que la destruction des 27 installations syriennes de fabrication d’armes chimiques, qui avaient été déclarées en 2014, a été vérifiée et effective. C’était aussi faire fi des égorgeurs de Daech qui en ont profité pour reprendre un secteur de la Syrie qu’ils avaient du abandonné sous la pression des bombardements Russes et Syriens.
Entre les monarchies Arabo-pétrolières et la Turquie un péril, face auquel la diplomatie Française ne cesse de faire preuve de faiblesse
Surtout depuis la Présidence de Sarkozy, la France est devenue un « nain politique » sans grande influence hors de l’Europe et encore !... Aujourd’hui, sauf à changer radicalement d’orientation politique sur le plan international, on ne voit pas comment, par exemple Poutine ou son homologue chinois, en dehors des exigences protocolaires diplomatiques de façade, seraient sensible aux éventuels desiderata exprimés par le Président Français s’ils ne vont pas dans le sens de leurs intérêts géopolitiques. Par rapport au rôle particulièrement suspect que jouent les monarchies Arabo-pétrolière à l’égard des assassins islamistes de Daech, Al- Quaïda et consorts, de même que la Turquie qui, en plus, ne cache pas ses ambitions expansionnistes, alors qu’il faudrait faire preuve d’une extrême sévérité, c’est vraiment une mollesse suicidaire qui prévaut pour la diplomatie Française.
Afin que l’Arabie Saoudite achète des avions « rafales » à Mr. Dassault ou que la Turquie continue de fabriquer à bas coût des voitures qui seront importées, pour la France et sa diplomatie ce sera la mollesse des discours qui prévaudra face aux exactions de ces pays, à moins que les USA montrent les dents et ordonne, tel Don Quichotte à son fidèle Sancho Panza français de réagir plus fermement…
La France se fait insulter par Erdogan et courbe le dos, inacceptable !
Lorsque Erdogan invective le président de la république en l’incitant « à faire des examens de santé mentale » après ses propos contre le « séparatisme islamiste », ou encore appelle au boycott des produits tricolores, c’est la France qu’il insulte et à son économie qu’il porte atteinte. On aurait pu s’attendre à une réaction à la hauteur de l’insulte et des sanctions économiques contre la Turquie.
Boycotter les produits Français devrait poser le problème du partenariat commercial avec la Turquie. Mais au-delà se pose préalablement le problème de son alliance politique et militaire au sein de l’OTAN. C’est à minima ce que la France aurait du exiger, mais à la place, notre diplomatie, par la voix du ministre des affaires étrangères a courbé le dos. De même, tant que Erdogan sera au pouvoir de la Turquie il faudrait exiger que l’on stoppe également les processus d’adhésion à l’UE. Avec 82 millions d'habitants en 2020, la Turquie serait le deuxième pays le plus peuplé de l'UE derrière l'Allemagne ce qui lui donnerait une place importante dans les institutions européennes où le poids démographique des États est pris en compte dans les méthodes de prise de décision. La France aurait du également réclamer également que l’aide de pré-adhésion à l’UE soit immédiatement suspendue. L'aide financière que l'UE a prévu d'octroyer à la Turquie de 2007 à 2020 au titre de l'instrument d'aide de pré-adhésion (IAP) s'élève à plus de 9 milliards d'euros.
Avec le départ de Trump une nouvelle donne, dont il faudrait tirer profit pour affaiblir Erdogan et réémerger sur le plan international
Allié depuis trois ans avec les ultranationalistes du Parti d’action nationaliste (MHP, extrême droite) et toujours plus paranoïaque vis-à-vis de l’Occident depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016, Erdogan affirme un nationalisme à forte connotation religieuse, toujours plus agressif sur la scène politique intérieure et surtout à l’international. Aujourd’hui, Erdogan affiche manifestement son intention de tourner le dos à l’Europe et à l’Occident en général. Mais avec l’arrivée de Joe Biden à la tête des USA risque, selon toute probabilité, de rendre assez difficiles les relations entre Ankara et Washington qui n’étaient pas trop mauvaises à l’époque de Donald Trump, car ces deux personnages aux discours populistes respectifs avaient beaucoup de points en commun.
Concernant la Turquie, il faut que nos responsables politiques considèrent une bonne foi pour toute que c’est désormais un rival et non un partenaire
La Turquie, pilier du flanc sud-est de l’OTAN depuis 1952, occupe une position stratégique essentielle au carrefour du Moyen-Orient, du Caucase et de l’Europe. Quinze ans après l’ouverture des négociations d’adhésion à l’Union européenne, désormais en coma irréversible, elle n’est plus seulement un partenaire incommode mais un rival jouant ses propres cartes, voire un adversaire potentiel sur certains théâtres comme en Méditerranée orientale, de par son bras de fer avec la Grèce et Chypre pour la délimitation des zones économiques exclusives maritimes et le partage des réserves gazières.
Avec le conflit du Haut- Karabagh, la France a fait preuve d’une mollesse diplomatique qui équivaut à une capitulation face à la Turquie d’Erdogan
« Il me convient d’être avec le peuple qui meurt, je vous plains d’être avec les rois qui tuent. » Victor Hugo
Face à l’Azebaïjan et la Turquie, l’Arménie, de plus en plus isolée, n’a pas eu le choix que d’accepter contrainte et forcée les conditions d’un cessez-le-feu au Haut-Karabagh. Ce cessez le feu imposé par la Russie de Poutine, sonne comme une capitulation sans condition de l’Arménie. On peut comprendre la réaction et la colère des Arménien, face à une telle décision, lorsqu’il a envahi le siège du gouvernement à Erevan, estimant avoir été trahi par le Premier ministre, Nikol Pachinian, le qualifiant de « traître ». Le président Azerbaïdjanais savoure cette victoire, se félicitant d’avoir chassé les Arméniens « de nos terres comme des chiens ». La Turquie, à la manœuvre depuis le début, se « félicite » évidemment d’une telle victoire.
Face aux velléités belliqueuses de la Turquie et les visions hégémoniques d’Erdogan dans la région, le gouvernement Français n’a guère été présent par sa diplomatie sur ce conflit. Le président de la République, Emmanuel Macron, avait seulement demandé mollement de travailler à un « règlement politique durable » du conflit, restant muet face aux demandes répétées d’aide et d’engagement de la France aux côtés du peuple arménien, pays ami. Plutôt que d’affirmer de manière forte son engagement contre l’islamisme politique sur la scène internationale, en faisant preuve d’une extrême fermeté face à la Turquie, mais aussi de l’Azerbaïjan en soutenant sur le plan logistique l’Arménie, la France a vraiment fait preuve de peu d’ambitions et a démontré une faiblesse inacceptable face à la Turquie.
De nombreuses personnalités politiques et publiques françaises se sont émues de la neutralité insupportable du gouvernement français,
Alors que 173 maires, députés et sénateurs Français savaient demandé une sortie de la neutralité du gouvernement français, le ministre Jean-Yves Le Drian a tenu depuis le début une position de stricte neutralité. Seule l’Assemblée territoriale Corse a eu le courage de dénoncer, en adoptant une motion, « l’agression azerbaïdjanaise, soutenue par la Turquie, à l’égard de la population du Haut-Karabakh » et « son soutien indéfectible aux populations arméniennes dans leur recherche de paix et de liberté ».
Il est évident que la neutralité de la France à l’égard du conflit du Haut-Karabagh où sa diplomatie s’est totalement endormie, on peut imaginer que c’est surtout Erdogan qui s’en est frotté les mains.
la France doit retrouver son rôle de puissance régionale, pour cela, il lui faut reprendre l’idée de créer une union Méditerranéenne
En 2008 Sarkozy pris l’initiative de jeter les base d’une « Union Méditerranéenne » avec pour le Nord de la méditerranée : Le Portugal, l’Espagne, la France, Monaco, l’Italie, la Slovénie Bosnie, Croatie, Monténégro, Macédoine, Grèce, au Sud de la Méditerranée : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, les territoires Palestiniens, Israël, la Jordanie, le Liban, la Syrie et la Turquie, ainsi que Malte et Chypre, ce fut une initiative consensuelle tant au nord qu’au sud de la Méditerranée. Les populations cumulées des pays au sud de la Méditerranée représente 317,6 millions d’habitants (dont 82 millions pour la Turquie) pour une superficie de 6 873 692 km². Cela ne pouvait qu’aller dans le sens d’une volonté de permettre à la France de jouer un rôle de leadership dans la cour des puissances politiques régionales, en plus de l’Europe... Dommage qu’il n’y ait pas eu de suite !
Pour rappel Sarkozy, qui avait été élu président de la république en 2007, convia en 2008 tous les chefs d’État devant composer cet espace Méditerranéen, on se souvient d’ailleurs de certaines réactions ou ironies par rapport à « la tente » de Kadhafi installée dans la cour de l’Elysée… Il fut très dommageable pour la suite, que cette initiative resta lettre morte, Mais cela s’explique par la soumission à Bush, président républicain (comme Trump) des USA d’alors, qui avait d’autres objectifs incompatibles avec l’initiative Française.
Les raisons pour lesquelles, au fond il n’y a pas eu de suite
Il ne faut pas s’y tromper, et ne cesser de rappeler à une opinion publique totalement manipulée que la prétendue « révolution du jasmin » ou celles des « printemps Arabes, ainsi qu’à un moment l’instrumentalisation des groupe terroristes islamistes, dont Daech par les USA fut un scénario écrit depuis longtemps, si on se réfère à un membre influent des proches de BUSH en 2002 : …« D’abord nous devons en finir avec les régimes terroristes, à commencer par les trois grands : Iran, Irak et Syrie. Puis nous nous occuperons de l’Arabie saoudite …Nous ne voulons de stabilité ni en Irak, ni en Syrie, ni au Liban, ni en Iran ou en Arabie saoudite. Nous voulons que les choses changent. La question n’est pas de savoir s’il faut déstabiliser mais comment le faire. » ( The War against the Terror Masters (Guerre contre les maîtres de la terreur), Sept 2002, de Michael LEDEEN, membre du groupe des néo conservateurs de Georges Bush ) .
La Libye qui ne figurait pas dans ce scénario fut généreusement laissée par la suite à Sarkozy, avec pour le pire à venir en transgressant la résolution de l’ONU, allant même à faire assassiner Kadhafi et dont on peut s’interroger sur les motivations, car aujourd’hui l’UE et la France doivent en supporter les conséquences avec les vagues d’immigration et de drames en Méditerranée que l’on connaît...
Reprendre aujourd’hui l’initiative avortée de SARKOZY en 2008, une nécessité politique
Aujourd’hui, il serait urgent que la France reprenne l’initiative de SARKOZY de 2008, agrémentée de certaines dispositions, en particulier avec l’introduction de la notion de pays observateurs. Ces pays observateurs au Nord seraient l’UE et la Grande Bretagne qui va sortir de l’UE, au Sud L’Arabie Saoudite, l’Iran et l’Irak. Lors des réunions, ces pays observateurs participeraient à tous les travaux de cette union avec voix consultatives. Cela permettrait surtout à la France de reprendre l’initiative et de renforcer sa position de puissance régionale. Cela lui permettrait également d’avoir un rôle dominant au sein de l’UE et d’agir plus efficacement, conforment à ses engagements lors de la COP 21 par la signature des accords de Paris sur le climat.
L’objectif d’abattre le régime Syrien de Bachar AL-ASSAD a échoué
Il faut se rendre à l’évidence, la stratégie Américaine en Syrie a échoué. Grâce au soutien de la Russie et de l’Iran, le régime de Bachar AL-ASSAD sort renforcé dans la lutte contre le terrorisme Islamique de Daech et devient un interlocuteur incontournable sur la scène internationale. Le Président Français doit en prendre acte et engager immédiatement le processus de rétablissement des relations diplomatiques avec le gouvernement légal de la Syrie, c’est à dire avec Bachar AL-ASSAD. Que ça plaise ou non à certains !
A ne pas négliger les aspects démographiques et l’étendue des espaces territoriaux qui participent aux rapports de force déterminants
A titre indicatif, en 2019 l’UE avec 513,5 millions d’habitants pour une superficie de 4 493 712 km² représente 3,62 % des surfaces émergées. la Russie a 150 millions d’habitants pour une superficie totale de 17 125 402 km² qui représente représente 11,48 % des terres émergées de la planète. Les USA ont 332 Millions d’Habitants pour une superficie de 9 629 047 km² et représentent 6,60 % des surfaces émergées. La Chine a 1,4 milliard d’habitants pour une superficie de 9 596 96I km² et représente 6,44 % des surfaces émergées. L’Inde 1,4 milliard d’habitants pour 3 287 469 km² ( 2,6 fois plus d’habitants que l’UE avec un territoire inférieur. Le Brésil 207 millions d’habitants pour 8 515 768 km².
Avec 551 000 km², la France a une population de 68 millions d’habitants (outre-mer compris) et représente 0,37 % des terres émergées de la planète. Avec une population de taille modeste (0,87 % de la population mondiale) elle doit néanmoins assurer la protection de la deuxième plus grande zone maritime du monde, la France est ainsi particulièrement vulnérable dans un contexte de montée des tensions géopolitiques et des migrations, marqué par une course aux au réarmement des grandes puissances. En regard de son histoire, sa situation géographique et son rôle au sein de l’UE elle doit pouvoir toutefois, par une autre politique de relation internationale, retrouver une place prépondérante pour servir d’aiguillon dans une réorientation de la politique internationale des grandes puissances pour tenter de faire face aux problématiques de l’urgence écologique, au premier rang duquel la question démographique aggravée par les problèmes migratoires.
Pour conclure
La France est aujourd’hui confrontée à des dilemmes sérieux en politique étrangère, car pour jouer une rôle sur la scène internationale en tant que puissance régionale, plutôt que d’être un serviteur servile, il est nécessaire de repenser la coopération avec les États-Unis et la résistance que l'on peut leur opposer quand elle s’avère nécessaire. Et dans un même temps, comment enrayer l'engrenage de l'affrontement Islam-Occident, tout en prenant des initiatives au Proche-Orient beaucoup plus réalistes et plus vigoureuses, en poursuivant une politique africaine modernisée, sans se défausser sur l'Union européenne ?
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