Maroc-Algérie : « Zouj Bghal »
« zouj bghal », littéralement traduit ça veut dire « les deux mulets ». C’est ainsi que l'on nomma la frontière nord entre ces deux pays au temps de l’occupation française. Frontière ou encore une fois les gardes frontières Algériens ont ouvert le feu sur des civils marocains soulevant un tollé, certes légitime, dans la classe partisane marocaine...
Et encore une fois on se retrouve à faire et refaire le déplorable constat que Le Sahara (à l’origine de la tension entre les deux pays), occidental pour les uns et marocain pour les autres, continue à cristalliser les attentes et les frustrations relatives à la grandeur nationale, desquelles chacun des deux principaux régimes en conflit, si proches et pourtant tant antagonistes, veut tirer le maximum de profit.
La ferveur nationaliste contre le voisin diminuerait si les régimes évoluaient vers une plus grande ouverture démocratique, qui permettrait une décrispation des deux côtés, avec l’établissement des relations de peuple à peuple, entre entrepreneurs, associations, syndicats, partis, élus, journalistes, universitaires, etc. Celles-ci pourraient faire revivre la mémoire de l’héritage commun et rendre chacun plus sensible aux attentes de l’autre.
Cet échange ne sera possible que si l’armée en Algérie et le palais au Maroc renoncent au monopole du nationalisme et acceptent que la politique étrangère soit débattue publiquement et librement dans les instances nationales élues démocratiquement.
Finalement, l’avenir du Maghreb dépend de la reconnaissance de l’électorat comme source exclusive du pouvoir. Mais les élites au pouvoir sont-elles prêtes à une véritable révolution : l’établissement au Maroc d’une monarchie constitutionnelle où le roi règne mais ne gouverne pas et, en Algérie, un Etat dans lequel l’armée perd cette « culture des janissaires » qui consiste à désigner le président et à lui dicter ses choix politiques ?
Il serait tout de même grand temps, l’avenir de la région y dépend, d’abandonner cette attitude contradictoire entre les proclamations de foi unitaires et l’animosité des relations qui puise son substrat dans le mode autoritaire de légitimation du pouvoir dans chacun des deux pays. Un cantonnement dans une attitude de têtes de mules ne pouvant que les mener inéluctablement vers les dangereux rivages de la surenchère.
Pour le régime marocain, ne plus placer la survie de la monarchie, dans son concept réactionnaire, comme un axe stratégique prioritaire serait certainement un puissant catalyseur à la prospérité de la région, tout autant que l’abandon par son homologue algérien de cette attitude « nassérienne », désuète, qui considère sa révolution « inachevée » si elle devait s’arrêter à la frontière ouest car toute détente réelle nécessite des réformes politiques profondes de chacun des deux régimes et le passage d’un mode de légitimation fondé sur la surenchère nationaliste à un autre basé sur les urnes.
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON