Meeting à Marseille, le bide de François Bayrou !
François Bayrou a essuyé un bide retentissant lors de son meeting marseillais du 15 avril dernier. Très difficile de remplir la salle. sinon, pas un mot pour les Marseillais, sur leurs problèmes, les solutions économiques envisagées, rien qu'un vide sidéral baigné dans un obscurantisme ténébreux. Mais il est vrai que les marseillais n'étaient pas présents, pas fous !
Et bien voilà. Presque à l'aube du premier tour, le dernier meeting à Marseille d'un des cinq candidats au-dessus de 10% d'intentions de vote pour cette présidentielle, il me manquait François Bayrou.
Pour juger, jauger, les performances d'un candidat lors d'un meeting, il faut tout d'abord savoir patienter pour avoir une bonne place et arriver à l'avance.
Dimanche 15 avril, 13h. Une heure avant l'ouverture des portes du Silo, ancien silo à céréales magnifiquement aménagé tout au bord du port, je m'attendais comme aux autres meetings à y voir une foule importante en attente, banderoles aux mains et slogans aux lèvres.
Pas du tout. Personne. Mais où étaient-ils donc ? Le leader du Modem devait prendre la parole une heure plus tard, les portes devaient s'ouvrir tout de suite et aucun supporter marseillais ne trépignait d'impatience en s'écrasant contre les grilles ! Pourtant, dans le parking, les camions techniques des médias TV étaient présents. Ils avaient certainement un horaire à respecter et le timing de ce type de manifestation millimétré à la seconde ne supporte aucun retard.
Deux agents du service d'ordre confirmèrent mes doutes. A part l'équipe du candidat déjà sur les lieux et les camions des TV, personne n'était rentré. Incroyable ! Après avoir vu quatre meetings à Marseille, Sarkozy, Hollande, Le Pen, Mélenchon, dans l'ordre et pas des moindres, côtoyé des foules considérables comme au Salon de l'agriculture à Paris, bref, il me semblait réellement impossible que je sois la première devant les portes une heure avant le début du meeting de François Bayrou !
Un quart d'heure plus tard trois ou quatre bus loin d'être remplis arrivaient. Les gens se placèrent derrière les barrières, calmes et sans entrain, une trentaine de personnes en tout.
Un homme fit le point des bus présents. Peypin, Avignon, La Fare, Les Milles. Du local proche donc. Entre les portes d'entrée, de temps en temps une tête émergeait et regardait, navrée, le manque de militants. Pourtant pas de match de l'OM en prévision. Mélenchon était déjà rentré à Paris et aucune grande manifestation ne pouvait ratisser large. Un peu plus tard, pas beaucoup plus de monde. Les militants parlaient tranquillement entre eux, pas de cris de soutien, pas de drapeaux, rien qu'une petite queue sage qui attend l'ouverture des portes.
14h. Le portail coulisse enfin. Escalators rutilants, orchestre en accueil des militants, l'entrée dans l'ancien silo est assurée par une bonne com. Un stand de vente de tee-shirts et affiches, un bar ouvert où personne ne se précipite et heureusement une superbe vue sur la Joliette.
Dans la salle où Bayrou doit se produire, les quatre premiers rangs sont réservés pour les VIP et politiques locaux. Péniblement, la salle se remplit aux trois-quarts, environ 600 personnes. Pas plus. Consigne au micro, "évitez de vous éparpiller, qu'il n'y ait pas de sièges libres".
La presse en revanche est présente et ricane en douce du manque de militants. Les marseillais s'en fichent complètement de Bayrou, c'est le moins que l'on puisse constater.
Avec une demi-heure de retard, tant pis pour le direct de BFMTV ou autres TV car la salle est loin d'être remplie, Jean-Luc Bennahmias, François-Xavier de Peretti prennent la parole pour introduire le grand esprit en attente de son entrée. Bennahmias parle sans consistance et appelle à la nécessité de construire une nouvelle majorité autour du projet de Bayrou, le contraire eut été étonnant d'ailleurs, François Xavier de Peretti, très élégant, hâlé, (auto-bronzant ou retour du ski ?, je ne l'ai d'ailleurs jamais vu autrement, ça doit être de l'auto-bronzant) appelle lui aussi à l'union qui fait la force mais on sent dans son discours une approche plus consensuelle qui souhaiterait bien une entente vers Hollande mais bon, tout ça est dans la finesse du discours…
Et voici enfin le héros des villages des alentours marseillais. François Bayrou en cordon ceinturé alors que personne ne tente de l'agripper, arrive sous les cris mesurés de ses militants. "Bayrou pré-si-dent !" Il monte les quelques marches et, l'air grave, se met tout de suite derrière son pupitre.
Il y a toujours une chape de plomb qui s'abat quand Bayrou commence à parler. Il transpire l'obscurantisme cet homme, le pessimisme en caryotype avec un glas en bandoulière.
Pendant son discours long de plus de cent minutes, la France en prend sacrément pour son grade.
Au sujet du commerce extérieur, "en 2005 "nous étions en excédent, aujourd'hui nous sommes en déficit de plus de 70 milliards d'euros par an, si le chômage était en baisse nous n'aurions pas besoin d'en parler, or seuls, nous, nous en parlons". L'Inde, la Chine ne sont pas responsables de ce chaos qui se profile. Non. Ce n'est pas la mondialisation. "Si les japonais de Toyota nous disent que c'est plus rentable de produire en France, pourquoi les sociétés françaises ne le font pas ? (…) "c'est un combat pour la vie !, non un combat politicien, c'est une question de survie pour le modèle français !"
Bayrou n'accorde jamais un sourire au public qui, pourtant, gentiment mais pas vraiment fou furieux comme celui de Marine Le Pen par exemple, le soutient à chaque fin de phrase. C'est l'austérité même cet homme. Aucune intro sur Marseille, pas un mot sur les Marseillais, les gigantesques problèmes économiques de la ville. De tous les candidats présents en meeting dans la ville phocéenne, il est quand même dans la deuxième ville de France, c'est le seul à ne pas du tout prendre compte de l'endroit où il se trouve. Il fait donc un copié-collé de son discours.
Il continue longuement sur le textile en France. Alors que notre pays est toujours le premier pays exportateur du luxe on n'est même plus capable de défendre notre dentelle dont nous avions eu le monopole de vente. La dentelle, c'est quelque chose non ? Mais ce n'est plus ce que c'était.
J'apprends qu'un jean quelque soit son prix d'achat n'a qu'un écart de 4 euros à sa fabrication. Comprenez qu'un jean Diesel qui coûte 250 euros ou un jean de chez Tati à 10 euros ont été faits par les mêmes structures. Bizarre… J'apprends aussi que les filles de François Bayrou n'achètent que des jeans à trente euros, pas cruches les filles du chef du Modem… Ça reste à vérifier.
Il dit être le candidat de la vérité et, après avoir traité tous ses concurrents direct de menteurs (les autres font pareil), pourfend la France "qui a perdu tout crédit et sera très difficile à reconstruire". Il nous propose alors pour ne pas la perdre, la France, de faire des efforts solidaires, de lui faire confiance car lui a un projet de retour à la confiance des français. Ben voyons.
Et c'est long, long. Pour une pareille salle, ce n'est pas vraiment compréhensible mais il y a le direct et les malentendants. Oui, j'ai oublié, une traductrice en langage des signes double le discours de Bayrou. Je suppose que ce n'est pas pour ceux qui sont dans la salle car tous crient en secouant leurs petits drapeaux. D'ailleurs il va en exténuer deux de traductrices en relais.
Les militants sont de la classe moyenne et pas vraiment de toute première jeunesse. A coté de moi, une femme qui vient d'Arles est déçue par le discours de Bayrou trop sombre et fataliste. Elle me confie qu'elle votera finalement pour Sarkozy. Elle n'a pas oublié que grâce à lui elle n'a pas payé ses frais de succession lors d'un héritage…
Et la libération. Pour clore le plus petit meeting marseillais, l'obligatoire "Marseillaise". François Bayrou décoche enfin ses premiers sourires qu'il adresse à "ses amis" et les appelle à le rejoindre sur la scène.
Musique finale, drapeaux, public debout, "La Marseillaise" est reprise en chœur par tous et toutes, tous ? Sauf un ! Et qui ?
François-Xavier de Peretti, français, droit et fier de bronzage, homme politique local, conseiller municipal, ex-tête de liste à la dernière municipale aixoise, n'a pas décoché un seul mot. Regardez sur la vidéo. Lamentable.
13h. Les militants. F. Bayrou doit parler à 13h30...
Arrivée des militants au Silo
François-Xavier de Peretti
François Bayrou
la foule en délire...
La Marseillaise, tout le monde chante sauf FXDP caché par l'homme au foulard jaune mais visible sur la vidéo de campagne
Photos perso Cixi-Hélène
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