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Mode éthique : entre impératif et rêve encore inaccessible

 

Connaissons-nous le réel impact des vêtements que nous achetons ? Avril 2013, l’effondrement du Rana Plaza révèle la face cachée de l’industrie du textile. Entre délocalisation et mondialisation, cette catastrophe meurtrière, symbole des abus de la fast fashion, soulève de nombreuses interrogations quant à notre manière de consommer. Au Bangladesh et comme de nombreux endroits dans le monde, l’industrie du textile côtoie bien souvent conditions de travail inadaptées et usines délabrées. Dans le milieu de la mode au sens large, origine et traçabilité ne sont pas toujours au rendez-vous. Les impacts n’en sont que plus nombreux et les dérives de notre société de consommation poussent à la réflexion. La mode éthique semble être peu à peu une priorité qui amène les marques de textiles à se recycler. De nos jours, est-il possible de consommer la mode autrement ?

 

Consommer la mode : le rapport au vêtement

Des prix attractifs et des produits bon marché, c’est ce que proposent la plupart des grandes enseignes et chaînes de vêtements. Jeans, pulls, t-shirts, jupes ou chaussures, en Europe, une personne dépense en moyenne 800 euros par an en textile. Encourager les citoyens à la consommation passe par plusieurs canaux. Parmi eux, les achats par correspondance, qui ont connu un énorme boum ces vingts dernières années. Les plus connus, La Redoute et 3 Suisses se sont fait une place dans le milieu de la mode en proposant des centaines de produits sur leurs catalogues. Les achats en ligne sont également un canal de vente à succès, avec des spécialistes du déstockage comme Showroomprivé ou Vente-privée, devenu Veepee, voire les sites entre particuliers comme Leboncoin ou eBay, pour ne citer qu'eux. En résumé, les tentations sont nombreuses et suivent le quotidien de tout un chacun. Que ce soit dans la rue, devant les vitrines, sur Internet ou auprès des amis, les vêtements, on les prend et on les jette. Car si les achats en matière de textile sont nombreux, il faut bien noter que les français jettent en moyenne 12 kg de vêtements par an et par habitant. Signe que nous consommons vite et pas toujours de manière utile ni réfléchie.

 

Un modèle économique connu sous le nom de fast fashion

Tous les ans, au mois de novembre, impossible de ne pas entendre parler du Black Friday. Pur symbole de consommation, cette date est souvent synonyme de promotions idylliques et d’achats compulsifs. Même si les affaires sont nombreuses et attractives, sommes-nous réellement dans le besoin ? C’est toute l’affaire de l'ultra-consumérisme, un modèle économique qui ne s’applique pas seulement au Black Friday. Si le vendredi noir est apparu quelques dizaines d’années plus tôt, le fast fashion, lui, est une notion assez récente. Comme l’explique Magali Moulinet-Govoroff dans son livre “Mode manifeste”, le fast fashion est apparu dans les années 90. A ce moment là, de nombreuses enseignes étrangères ont fait leur apparition sur le marché du textile partout dans le monde. Des vêtements en quantité venus chambouler les formes habituelles de shopping. Prix bas, vêtements de qualité moindre et tendances qui se succèdent à une vitesse folle : voici un bref résumé de l’empire de la mode pour grand nombre de marques. Cependant, ce modèle économique, désormais bien intégré au sein de notre société, n’est pas sans conséquences.

 

Tisser la prise de conscience

L’accident du Rana Plaza a-t-il été la source d’une prise de conscience collective dans le milieu de la mode ? En toute sincérité, les ateliers de confection du Bangladesh ne se sont pas arrêtés de tourner pour autant. En France, la loi Rana Plaza a permis d’avancer sur certains facteurs humains. L’objectif étant d’encadrer les responsabilités des multinationales au regard du respect des droits humains. Malheureusement, les résultats de cette démarche sont à ce jour assez maigres. Certaines sociétés concernées par cette législation n’ont toujours pas publié leur plan de vigilance…Outre l’importance de l’impact humain, les conséquences écologiques sont également en ligne de mire. L’urgence de consommer autrement apparaît comme une évidence et pas seulement pour la mode.

A ce jour, 8% des émissions de carbone ont pour origine les vêtements qui font notre quotidien. La récente crise sanitaire mondiale n’a fait qu’accroître la prise de conscience des citoyens. Pour certains, le modèle de la fast fashion est à ce jour obsolète. L’urgence n’est pas seulement écologique mais également économique. Le confinement qui était jusque-là inconnu du commun des mortels, a révélé une prise de conscience collective. 

Il est désormais possible d’entrevoir une France à deux vitesses : ceux qui recherchent les prix bas et les résistants, à la recherche de nouveaux modes de consommation. Il s'agit ici de se limiter au strict nécessaire au quotidien. Éviter le gaspillage ne passe pas seulement par les technologies que nous consommons à grande vitesse ni par les légumes qui parcourent des milliers de kilomètres. Désormais, des solutions existent pour consommer la mode de manière plus responsable.

 

Quelles solutions pour une mode éthique et responsable ?

La consommation responsable prend en compte plusieurs critères issus du développement durable. Ce mode de consommation se doit d’être respectueux de l’environnement tout en étant bénéfique à l'économie locale et aux populations. Alors comment s’y prendre et par où commencer ? Au regard de la mode, il est ici question d’utiliser des matières naturelles (laine, lin, chanvre, coton) avec un moindre impact environnemental. Le don et le recyclage s’inscrivent également dans une démarche durable tout comme l’échange et la vente d’occasion entre particuliers. Ces alternatives permettent de réduire l’impact de la consommation de textiles. De plus en plus d’opérations et d'événements se multiplient localement dans le but de détourner le lèche-vitrine et les achats “coup de cœur” qui restent bien souvent superficiels. Par ailleurs, ces dernières années, le budget des ménages vis-à -vis de l’industrie de la mode a diminué. La crise sanitaire du Covid remet également en question la situation financière de nombreux foyers qui recherchent des alternatives.

 

La mode éthique est-elle accessible à tous ?

Faire le choix de consommer la mode de manière responsable, c’est se tourner vers les friperies, comme la bien connue Emmaüs, ou acheter des vêtements d’occasion sur internet comme sur la plateforme Vinted ou encore choisir des marques dites “responsables”. De nombreuses solutions existent pour allier l’utile à l'agréable. La mode responsable tout comme le made in France font rêver mais sont-ils réellement accessibles à tous ? 

Certaines marques ont décidé de surfer sur cette tendance ou tout simplement de suivre leurs propres valeurs. Une démarche plus qu'appréciable et honorable. Cependant, les coûts de fabrications sont bien souvent élevés et le prix final du vêtement grandement impacté. Il ne suffit pas d’avoir du coton bio, il faut que la fabrication considère l’aspect humain. Pas question que cette dernière soit remise aux mains d’enfants exploités mais bien confiées à une main d'œuvre rémunérée de manière décente. Les marques éco-responsables ont une réelle valeur ajoutée qu’il semble intéressant de creuser. Cependant, le prix reste bien souvent un frein pour beaucoup de consommateurs.

 

Le greenwashing dans les mailles du filet

Du vert ici et là signifie-t-il qu’une marque est pour autant responsable ? La couleur de prédilection de nombreuses enseignes est parfois synonyme de publicité mensongère. Même si la bonne intention est bien présente, que cache-t-elle réellement ? Ces derniers temps, il est possible de retrouver une collection de vêtements floquée “éthique” face à un rayon de t-shirt à 3 euros. Les discours se veulent rassurants face à cet effort supposé. Ici, il est question d’un vocabulaire vert mais surtout volontairement bien choisi. Bienvenue dans les rouages du greenwashing. Il semble important d’avoir une prise de recul suffisante avant se laisser tenter par ces lignes de vêtements. Certains labels responsables, présentés par les plus grandes marques, ne peuvent montrer patte blanche. Ces dernières ne répondent, bien souvent, à aucune problématique environnementale. Il s’agit ici d’une parfaite illusion pour le consommateur. Ces dérives peuvent avoir de lourdes conséquences car elles ne font que reculer le problème de base et retarder le passage à l’action. Alors, avant de choisir un vêtement éthique, quelques notions sont parfois nécessaires afin de dépenser dans le vrai bon produit. 

 


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2 réactions à cet article    


  • Rantanplan Panoramix 28 novembre 2020 08:29

    Faut acheter français, boire du pinard et pis manger du saucisson et du calendos épicétou !


    • Clark Kent Séraphin Lampion 28 novembre 2020 08:32

      Y a pas que dans la mode, sur le web aussi : Google a inventé la gêne éthique bien avant de parler de Chrome aux hommes.

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