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Mon problème avec Greenpeace

Intéressé par les questions énergétiques, je me suis toujours également passionné par les grands enjeux énergétiques. Le Sommet de la Terre de Rio m’avait marqué, tout comme l’échec du Sommet de Copenhague. Me sentant proche des idées d’un Jean-Marc Jancovici, par exemple, j’ai en revanche un peu de mal à apprécier les coups d’éclat de Greenpeace, cette « multinationale verte » fonctionnant parfois de manière bien opaque.

La dernière action spectaculaire de Greenpeace France, à savoir l’intrusion au sein de la centrale nucléaire de Fessenheim m’a laissé pour le point pantois. En effet, beaucoup y ont vu le signe à la fois du courage des militants de cette ONG et des manquements graves à la sécurité aux abords de cette installation. Cependant, on ne peut que se demander quelles auraient été les réactions si les services de sécurité d’EDF avaient utilisé la force pour repousser les activistes de Greenpeace et empêcher ainsi leur entrée dans la centrale. Les militants de cette organisation ne prennent finalement que peu de risques : s’ils sont repoussés, il peuvent choisir l’affrontement et pourront ensuite protester contre l’usage de la force. S’ils ne le sont pas, ils peuvent ensuite prétendre que les centrales nucléaires ne sont pas protégées.

Greenpeace est une organisation intéressante, un véritable mastodonte de l’environnement : un budget d’environ 170 millions d’euros, presque 1500 salariés, 10 000 volontaires… A ce niveau, la gestion d’une telle association se rapproche davantage de celle d’une multinationale que d’une petite ONG environnementale. Le parcours accompli depuis qu’un petit groupe de militants a embarqué en 1971 sur un bateau pour empêcher la réalisation d’un essai nucléaire américain dans le Golfe de l’Alaska est tout à fait admirable.

Et pourtant, cette ONG est régulièrement pointée du doigt pour son opacité comme, en 2012, par la Cour des Comptes : "La Cour s'est trouvée dans l'impossibilité de se prononcer sur l'emploi des fonds versés par Greenpeace France à la fondation Greenpeace International, qui représentent environ 20% des ressources collectées par Greenpeace France" expliquait-elle dans un rapport.

L’institution publique a également estimé que les frais de collecte semblaient surévalués. En effet, le coût total des équipes du programme Dialogue Direct, qui vise à collecter des fonds et à sensibiliser le public sur les actions menées par l'association, sont totalement imputés aux frais de collecte. "Cette conception des frais de collecte ne tient pas compte du rôle d'information sur ses actions que Greenpeace France assigne à ses recruteurs de rue et qui fait partie des missions statutaires", analysait la Cour ajoutant que "si elle a le mérite de la simplicité, une telle présentation a pour effet de majorer les frais de collecte au détriment des frais de missions sociales".

Au niveau international, des révélations de l’ancien comptable de Greenpeace Hollande, Frans Kotte, dans un documentaire intitulé The Rainbow Man (1993), ont également fait polémique. Frans Kotte a en effet expliqué que Greenpeace avait plusieurs comptes secrets de quelques dizaines de millions de dollars, alimentés par les différentes campagnes. Selon lui, ces comptes étaient ouverts au nom de sociétés écrans et n’étaient accessibles qu’aux plus hauts responsables de Greenpeace, dont David McTaggart, ancien directeur de Greenpeace International. De plus, Kotte a affirmé que les 20 millions de dollars versés par la France à Greenpeace, suite à l’affaire du Rainbow Warrior, se sont retrouvés sur le compte d’un mystérieux Ecological Challende Fund, dont le gérant était David McTaggart, alors qu’il n’avait plus de responsabilités officielles au sein de l’organisation.

Pour ces raisons, j’aurai toujours du mal à apprécier les actions de Greenpeace. D’autant plus qu’une association comme WWF se fait régulièrement critiquer car elle assume recevoir des dons de la part de grandes multinationales. Il me semble que l’ONG des pandas adopte une attitude beaucoup plus constructive en assumant le dialogue avec les institutions, les entreprises et les politiques, en essayant de les influencer de l’intérieur. Mais forcement, cela impressionne moins que les opérations coup de poing de Greenpeace.


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9 réactions à cet article    


  • alinea Alinea 29 mars 2014 14:40

    C’est le gigantisme qui tue la transparence, toujours et en tout ! Greenpeace est un géant à qui l’on reproche bien des choses ; néanmoins, on ne peut guère nier leur efficacité dans certaines de leurs actions !


    • porcfr 29 mars 2014 15:05

      La différence entre « efficacité » et « 60 morts et un 16 tonnes en ruine » c’est justement qu’ils se sont signalés comme étant « Greenpeace » sous les collimateurs des gendarmes et hélicoptères.

      Toujours pas vu, comment Greenpeace a prouvé qu’il était facile de déjouer la fermeture hermétique du batiment réacteur, ou de celle du béton armé qui résiste à un avion de chasse lancé à plein gaz : Plane vs Concrete Barrier - YouTube

      Ni combien Greenpeace, cette jet-set écolo caviar, gagne à chaque opération de ce type en dons et en publicité... un demi milliards d’euros de « chiffre d’affaire » en 2013...


      • jpv 29 mars 2014 17:41

        Et encore un qui regarde le doigt quand le sage lui montrait la lune. Aller se promener dans une centrale et montrer qu’on peut y entrer facilement démonte de façon spectaculaire un des nombreux mensonges dont la propagande des pro-nucléaires est remplie. ensuite, si vous voulez bien arrêter de regarder le doigt, voilà ce qu’il pointe : http://out-of-age.eu/vieillissement/?lang=fr . Vous ne trouvez pas qu’il a une sale gueule votre béton ?


      • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 29 mars 2014 15:32

        Les ONG sont des armes à tranchants multiples. Mais les plus efficaces de ces tranchants et les motivations et effets peuvent s’éloigner des idéaux de bien des militants, « pourraient » effectivement avoir d’autres objectifs et servir au final les intérêts contraires au but recherché. Je ne pense pas que l’on puisse douter de cela.
        Le soutien de l’administration américaine, officielle et souterraine et celle des lobbies pétroliers US dans l’affaire des forages russe en Artique, et l’aventure qui s’en est suivi en sont l’illustration patente.
        Autre exemple, beaucoup plus grave : La nécessité des « corridors humanitaires »... qui sécularisent les conflits... à dégueuler d’hypocrisie.


        • jpv 29 mars 2014 17:48

          Certes, l’enfer est pavé de bonnes intentions ... et alors quoi ? regarder et attendre que ça se passe ? Vous croyez que nos gouvernants se soucient de notre bien être ? ou bien qu’ils n’écoutent que ceux qui leur bottent les fesses de temps en temps ?


        • tommystras 29 mars 2014 22:14

          Le rapport de la Cour des Comptes de 2012 qui est cité dans l’article met surtout en avant le fait que l’indépendance financière de Greenpeace France est bien réelle et que les dépensens « sont conformes tant aux statuts de l’association qu’aux objectifs poursuivis par ses appels à la générosité publique ».

          Le rapport complet :
          http://www.ccomptes.fr/Presse/Communiques-de-presse/L-emploi-des-fonds-collectes-par-l-association-Greenpeace-France


          • bakerstreet bakerstreet 30 mars 2014 16:47

            Troublant, voilà deux articles qui traitent du même sujet : La défiance envers Greenpeace, tentant de foutre la zizanie.... 


            « Le hasard, comme disait Einstein, c’est dieu qui se ballade... »

            Je n’irais tout de même trop le critiquer s’il ramasse les déchets, et pousse une gueulante contre les centrales....

            Tant et tant de prédateurs autour de nous, que pour beaucoup de scientifiques, malheureusement, nous n’avons guère de chance de nous en tirer....

            • bakerstreet bakerstreet 30 mars 2014 16:48

              "Le hasard, c’est dieu qui se ballade...

              A moins que ce soit le diable !

            • Androm60 Androm60 1er avril 2014 18:33

              Une ONG a le devoir de transparence de par son éthique...

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Auteur de l'article

MickaTorre


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