Monsieur le Maire d’Annezin fatigué des « connards » qui votent mal ! La faute à d’autres « connards » ?
L'élection présidentielle de ce 23 avril 2017 a semble-t-il agacé quelques vétérans de la politique hexagonale. Le rejet des deux partis de gouvernement (PS et droite classique) est évident, et l'enracinement du Front National confirmé avec Marine au second tour.
C'en est trop pour Daniel Delomez, honorable édile d'un patelin dénommé Annezin dans le maussade Pas-de-Calais. Il a qualifié de "connards" les nombreux électeurs FN de sa commune, avant de s'excuser dans la Voix du Nord. Pour si peu, il pouvait s'abstenir, car insultes et coups dans la figure, les sympathisants frontistes ont l'habitude.
Monsieur Delomez est sans doute un brave type, intègre et dévoué, qui exerce une fonction souvent ingrate dans les petites communes sinistrées par le contexte économique actuel. Il y a plus attrayant que le Pas-de-Calais pour passer ses vacances ; d'ailleurs les seuls touristes de masse sont les charmants migrants qui accourent vers Calais et sa célèbre jungle...
Notre édile, qui a oublié qu'il ne changera pas ses administrés en les insultant, semble avoir quelques difficultés à comprendre pourquoi et comment l'extrême-droite est passée de 0 à 25% en trente ans. S'il lit cet article, voici un cas de figure d'un électeur passé du RPR (ex-UMP, républicains) au FN.
Eric a quarante-huit ans. Il a exercé de nombreux métiers manuels et pointe aujourd'hui au chômage (depuis cinq ans environ). Il vit d'allocations dans l'appartement F3 que ses parents décédés lui ont légué par donation. Heureusement, car ne pouvant payer des droits de succession, il se serait retrouvé à la rue. Il réside à Garges-les-Gonesse, cité cosmopolite du Val d'Oise qu'il a vu mise à feu et à sang à deux reprises (émeutes avec blessés, voitures de police incendiées etc.). Je suis allé chez lui. Au pied de son immeuble, un square est occupé en permanence par une bande de toxicomanes bruyants qui font leur trafic à la vue de tous. Comme la plupart des habitants de son quartier, Eric a des "origines". Ses parents étaient italiens, comme beaucoup de ses ex-voisins qui cohabitaient avec les pieds noirs rappatriés d'Algérie il y a quelques décennies. D'autres communautés sont arrivées depuis les années 80, en imposant leurs habitudes et leur mode de vie aux autres habitants (ceux qui n'ont pas pu partir). Par exemple, au lendemain des attentats du 13 novembre, sur la petite place située à cent mètres de son immeuble, des prédicateurs musulmans diffusaient à fort volume de la musique coranique, comme il le font tous les samedis depuis longtemps.
La musique détend les moeurs et favorise les échanges, parait-il, mais pour le coup Eric n'a pas trouvé très sympa l'attitude de ces gens en la circonstance. Dans le cadre du vivre-ensemble, il tente parfois le dialogue, difficile, avec des gens qui refusent la diversité des autres. Car Eric est un "babtou", un européen qui mange du jambon et qui ne prie pas le vendredi. En plus, il est catholique pratiquant, ce qu'il est très mal vu des militants de gauche du coin, occupés à défendre les clandestins qui squattent les bars du coin du matin au soir.
Dans la rue, il doit parfois jouer des coudes. Au centre d'action sociale, il n'y a pas grand chose à lui proposer. Il cherche à se réinsérer dans l'aide à domicile pour les personnes âgées, celles qui ont dû rester faute d'endroit où fuir l'univers à la Mad Max qu'est devenu leur quartier.
Donc Eric vote pour le FN, car il ne peut se révolter autrement face à l'abandon de son sort et de son quartier par les pouvoirs publics. Il n'a qu'à partir, dirons d'autres "connards", s'il n'est pas heureux où il habite. Mais où ? Avec quel argent ? Pour quoi faire ? Tout le monde n'est pas bobo voyageur bien né comme les cadres du PS et des "républicains"...
Cette histoire est authentique. Quand on laisse les braves gens crever dans la mouise, à la merci des brutes et des délinquants qui vivent de leurs larcins sans chercher à s'intégrer, il arrive ce qu'il arrive sur le plan politique. Ils votent comme des "connards" pour se venger d'autres "connards" et de ceux censés diriger le pays au lieu de s'engraisser de l'argent public pour eux et pour leurs proches, tout en résidant dans les beaux quartiers d'où ils donnent des leçons de civisme à la terre entière.
Monsieur Delomez, s'il s'ennuie dans le Nord, sait où il peut descendre en week-end. Je peux contacter Eric à sa demande pour qu'il l'héberge quelques jours, une proposition qui concerne aussi les nombreux internautes "antifachos" amateurs de sensations fortes, plus habiles à bavarder qu'à agir et surtout à chercher à comprendre les autres. A "connards", "connards" et demi...
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