Mort de Jeannot : juste une question d’amour

Jean-Pierre Humblot, dit Jeannot, a été agressé et noyé par une bande de jeunes dont certains étaient mineurs, dans la soirée du 1er août 2003 au bord du canal de la Marne au Rhin, à Nancy. Par la suite, la police aurait appréhendé une vingtaine de jeunes hommes, dont l’occupation principale était de s’adonner à ce genre de délit. Les deux meurtriers ont été interpellés, mais la justice traîne des pieds et on peut déplorer que ces deux présumés meurtriers soient toujours en liberté depuis trois ans.

Jeannot était un homme formidable, dévoué aux autres. Avec sa mère, il avait tenu le restaurant « Le Benelux » de la rue Gustave Simon, à Nancy, durant de nombreuses années. Les clients venaient plus pour le spectacle que pour ce qu’ils pouvaient avoir dans l’assiette. Une cuisine simple, une attitude franche, qu’il partageait avec tous ceux qui le voulaient. Il a aidé de nombreux jeunes en difficulté, et gardait toujours dans un coin de sa cuisine quelque chose à manger pour ceux qui n’avaient rien.

Son look extravagant attirait l’œil, incontestablement ; il fit même la couverture du magazine municipal de Nancy. Certains racontent encore l’histoire : un automobiliste regardait Jeannot passer, place Stanislas, alors que son véhicule s’encastrait dans un des piliers de la place, un beau soir d‘été.

Si, à sa manière, il affichait une différence, ce n’était peut-être pas une raison pour le lui faire payer de sa vie. Les agressions homophobes sont encore monnaie courante, malgré les nouveaux textes. La plaque qui fut posée sur le lieu du drame témoigne de cette tragédie, celle d’un homme qui a voulu être et paraître simplement, en somme, vivre ; il a payé de sa vie cette différence, comme Sébastien Nouchet, qui fut brûlé par ses agresseurs dans le Nord Pas-de-Calais. La justice fonctionne au ralenti, il faut souvent prouver le caractère homophobe de ces agressions.