Avec Paulette, on retient notre souffle. On aime à se faire peur. Aujourd'hui, après avoir sorti les gaufrettes, on s'est jeté un défi : trouver la date précise où la CFDT redira qu'elle est encore d'accord avec le Medef et le pouvoir en place.
Dans un premier temps, le jeu peut paraître puéril. Tout le monde sait bien que cela arrivera de nouveau, même si François Chérèque le faciliteur est parti, en attente d'un petit plaçou rémunérateur, pour solde de tout compte.
Voilà que l'ultimatum donné aux syndicat par le Président Hollande arrive à son terme. Alors, cet accord Medef/Cfdt sur la flexisécurité du «
compromis historique », il vient ou pas ? Il ne reste plus que 15 jours pour que tous les syndicats fassent des efforts de compréhension et disent à la place des salariés que ces derniers acceptent de faire des sacrifices pour faire baisser le « coût du travail » et ainsi préserver les marges de leur patron.
Michel Sapin s'impatiente, pressé de voir un accord conclu par tous, afin qu'il soit traduit dans une loi au sujet de laquelle il pourra dire que la responsabilité du dispositif est du seul ressort des syndicats... pas du gouvernement.
Pas facile, l'exercice, pour les syndicats ouvriers. Constatons que les salariés n'y mettent pas de bonne volonté : quand on leur dit qu'il faut faciliter les licenciements, ils boudent. Si vous leur dites que le CDD doit devenir la règle, ils grognent. Si on leur demande de rogner sur leurs prétentions quand ils saisissent un conseil des prud'hommes, ils tordent le nez. Comme s'ils comprenaient que les patrons veulent accroître la précarité sur leur dos et les prennent pour des variables d'ajustement du chiffre d'affaires. Mauvais esprits, quoi. Des syndicats voient tout cela et se demandent au nom de quoi ils iraient signer de tels accords.
Mais peu importe : le gouvernement se contentera de quelques signatures, qui, pense-t-il, rendront légitimes les mesures législatives futures, les députés n'interférant en rien. L’Assemblée nationale en succursale du Medef, voilà le changement. Le think tank Terra-Nova l'a bien compris, qui préconise même que les accords majoritaires dans l'entreprise soient plus forts que la Loi. « En clair,
les salariés ne pourraient plus contester individuellement devant le juge le contenu de l'accord, même s'il contient des mesures contraires à leur contrat de travail. Ce dispositif est en droite ligne avec ce que défend le Medef depuis longtemps, et que la CFDT serait prête à accepter. »...
On résume : un gouvernement de gauche et un think tank de gauche sont dans un bateau où rame la CFDT pour charger la barque de Pôle Emploi et le radeau démembré de l'UNEDIC. Sans créer d'emplois.
Après son acceptation de la réforme des retraites, sa signature pour la rupture conventionnelle (depuis 2008, elle est à la source de 900 000 chômeurs de plus) la CFDT peut encore servir. Quand elle dit espérer que le
20 décembre peut être le jour d'un accord avec le Medef, il faut la croire. Ce n'est pas un bruit de couloir, même et surtout si ce genre d'accord se passe entre deux portes.
Laurence Parisot
avait indiqué « « (...)
Nous ne signerons pas d'accord si du côté des organisations syndicales, il n'y a pas une acceptation de principe ou des principes que nous mettons derrière la notion de flexibilité (...) Pour que les entreprises embauchent, il faut diminuer l'aléa judiciaire sur les procédures individuelles ou collectives de licenciement (...) en plafonnant pour les TPE et PME les dommages et intérêts accordés aux salariés par les prud'hommes (...) » Et de conclure, sans rire : « (...)
que les entreprises puissent procéder à des reclassements ou redéploiements sans avoir à passer par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), afin d'aller beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus rassurante pour tout le monde (...) »
Nous en sommes encore à cette formule : « Le gouvernement propose, le Medef dispose, la Cfdt signe ».
Le Medef va signer dans quelques jours car la CFDT aura signé.
Avec Paulette, on a le coeur qui bat. Comme on aura gagné tous les deux, on va ouvrir une bouteille.
Léon