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Nicolas Sarkozy, avant il était Alain Delon... Malheureusement, il l’est toujours !

Il y a beaucoup de similitudes entre Nicolas Sarkozy et Alain Delon. Les deux savent drainer un large public à chacune de leurs sorties. Mais les deux ont laissé tomber leur image de jeunes premiers talentueux pour ne plus apparaître que pour des acteurs réacs, à l'ego surdimensionné, et ramant en plus dans d'improbables nanars.

IL est revenu ! Alleluia ! Le voilà, l'ancien acteur favori de TF1, VSD, Closer, Rolex, il revient, et tous ses fans sont prêts à le voir tourner à nouveau.

"Ne crains-tu pas d'être déçu ? Les critiques disent que c'est pas terrible, tout de même... Et puis, n'a-t-il pas fait son temps ? Cette manie de se croire indispensable, toujours aussi brillant..."

Et là, bim, le chiffre brut. L'attraction marche : 8,5 millions de téléspectateurs, plus de 9 millions en fin de JT. L'UMP exulte, le Messie a fait plus que François Hollande en conférence de presse le jeudi (ce n'était pas tout à fait le même créneau horaire, et je connais une certaine Sofia Aram qui aurait bien aimé avoir 1,4 millions de téléspectateurs à 19h sur France 2, mais passons). Alleluia ! Mais, excusez-moi, messieurs les producteurs, vous croyez vraiment que la performance de l'acteur principal mérite un César ?

A première vue, non. Peu ont vraiment été convaincu par ce qui devait être le come-back de l'automne, si ce n'est dans son propre camp. Et encore, le plébiscite est moins vaste qu'en 2004, quand Nicolas Sarkozy avait conquis l'UMP sans l'ombre d'une adversité. Le cas est moins vrai aujourd'hui, il arrive en pensant qu'il n'a qu'à se pencher pour ramasser l'UMP comme un fruit mûr, mais il ignore que Bruno Le Maire et Hervé Mariton (à qui il n'a pas fait une seule allusion en 40 minutes, étant uniquement braqué sur la présidentielle via ses références à Juppé, Fillon et surtout François Hollande, dont il ne pense rien mais duquel il parle beaucoup) sont partis depuis 3 mois, déjà, et commencent à séduire des ralliements au point de ne plus apparaître comme de simples sparring partners. Or si Sarkozy ne décroche pas un plébiscite pour prendre la tête de l'UMP, il risque, comme Martine Aubry plombée par une élection serrée et contestée contre Ségolène Royal à la tête du PS, de sérieusement plomber la suite de son film. Il ne faut pas seulement qu'il gagne l'UMP, il faut que la recette soit suffisante pour amortir l'épisode 'primaire' (ou le supprimer, ce qu'il souhaiterait le plus) et submerger la présidentielle dans la foulée. A tel point que certains supporteurs de sa candidature à la présidentielle se demandent pourquoi il est venu se casser les dents sur ce premier écueil, guère indispensable.

C'est terrible, mais Nicolas Sarkozy fait furieusement penser à Alain Delon. Autrefois, il était jeune, il était beau, il sentait bon le sable chaud. Il avait tout : les meilleurs scénarios, les plus grands réalisateurs, des partenaires qui s'écrasaient devant lui. La gauche le détestait mais allait voir ses films en cachette. Et parfois, l'admirait, sans oser le dire.

Et maintenant, 10 ans après la vague de 2007, que reste-t-il ? L'illusion. On invite Nicolas Sarkozy comme on proposait parfois des rôles à Alain Delon dans les années 90. On se dit qu'il n'est pas devenu mauvais, on va le voir, avec du pop-corn en espérant être séduit, retrouver le jeune premier qui nous avait tant bluffé par le passé. Peu importe les polémiques, le rêve est là, le public vient, les critiques en parlent et tout ça pour... un nanar.

Le come-back de Nicolas Sarkozy a de furieuses allures du retour d'un acteur oublié, qui vient surtout de réussir à rappeler à son public pourquoi il n'aimait plus ses films. Il veut faire jeune, séduire la nouvelle vague. Il déclare donc sa flamme sur Facebook, oubliant que le réseau social n'est plus aussi populaire qu'il l'était il y a 5 ans. Lance son annonce le vendredi soir, ignorant qu'il le fait au moment où les employés de bureau et les étudiants ont la tête au week-end, ne seront pas le lendemain à la machine à café pour "faire le buzz" autour de cette annonce. Déjà il y a 10 ans, on n'allait pas se gâcher le week-end pour les beaux yeux de Nicolas Sarkozy. Alors maintenant... A-t-il seulement conscience que la vie des autres ne tourne pas autour de sa propre personne ?

Suicide en direct : 9 millions de témoins

Il arrive chez Delahousse, pense séduire, imposer son rythme. Il y arrive presque, fait de l'humour avec ses deux neurones, ignorant que ce qu'il pense être un bon mot peut se retourner contre lui pour mépriser son intelligence. Les gimmicks, phrases chocs, ne marchent plus vraiment. Il attaque Alain Juppé sur son âge, mais oublie que ce dernier n'a que 10 ans de plus que lui. Alors que Bruno Le Maire, son plus sérieux rival à l'UMP, a 45 ans seulement, soit 14 ans de moins que Nicolas Sarkozy... On devient tous le vieux con de quelqu'un quand le temps passe. Bruno Le Maire, qui pourra rappeler qu'il est TOUT LE TEMPS courtois, même au salon de l'agriculture, là où l'énarque devenu ministre des agriculteurs s'était montré aussi à l'aise face à eux qu'un certain Jacques Chirac en son temps...

Et soudain, devant 9 millions de téléspectateurs, le gentil Delahousse au brushing impeccable, choisi car considéré comme peu méchant, pose la question qui tue en l'attente du film de Scorsese et pendant que TF1 envoie déjà la pub : quid du mariage pour tous ? Ce mariage dont Nicolas Sarkozy avait déclaré se foutre.

Là, agacement. Il ne voulait pas de cette question, comme Alain Delon confronté aux questions sur les impots, la peine de mort, le FN. Il sait que sa réponse le condamne à décevoir des fans : les plus conservateurs, ralliés à Hervé Mariton qui souhaite abroger la loi Taubira, ou les plus modérés, qui comme Bruno Le Maire (soutenu par Franck Riester, député UMP ouvertement homosexuel et qui fut un des rares parlementaires UMP à avoir voté en faveur des lois Taubira) ne souhaite pas revenir dessus. En voulant ménager tout le monde, il heurte tout le monde : les associations LGBT (dont Gay-Lib, pourtant de centre-droit) en opposant les homosexuels et les familles, et les partisans de la Manif pour tous qui, à l'image d'Hervé Mariton, n'ont rien compris à la postion exacte de Nicolas Sarkozy : abrogera-t-il ? N'abrogera-t-il pas ?

Le plus grand acteur du monde ne peut sauver un film à lui tout seul, quand il a oublié de prêter la moindre attention au scénario. Désarçonné par cette question qui semble avoir, ne lui en déplaise, davantage fracturé sa propre famille politique que le reste de la France, Nicolas Sarkozy est tombé en plein dans le premier piège, au moment où son public était le plus présent. On dirait Alain Delon dans "Le Passage" : OK, je viens dépanner le cinéma français, un réalisateur bon pote de Francis Lalanne, mais mon texte n'est-il pas encore plus con que ses chansons ?

Alors Nicolas Sarkozy séduit encore une partie de la droite, indulgente, qui refuse de voir que son ancien héros commence à devenir has-been. Mais il a du mal à se poser en rassembleur, à rompre avec l'image ultra-droitière qui l'a plombée en 2012, même s'il a changé de scénariste en renvoyant Patrick Buisson. Ceux dont il ne voulait plus, les Peltier, les Luca, les Morano, montent en première ligne pour le soutenir : "Vas-y Nico, on veut prendre part à ton prochain film". Mais les étoiles montantes manquent de respect à l'idole. Chantal Jouanno, qui fut sa ministre des sports, le trouve séduisant sur la forme, moins sur le fond. Yves Jego appelle le CSA pour exiger que le candidat à la présidence de l'UDI bénéficie du même temps d'antenne que celui à la présidence de l'UMP. On dirait Karl Zéro qui demande à Alain Delon d'avoir son nom mis autant en valeur que celui de la vedette sur l'affiche de "Le jour et la nuit". Pendant ce temps-là, la gauche a choisi l'indifférence, cela fait quelques temps qu'elle ne va plus voir les films d'Alain Delon, si ce n'est pour en rire, désormais.

D'ailleurs, à propos du seul film de Bernard-Henri Lévy (qui donc, pour paraphraser Desproges, n'a pas écrit que des conneries...), dans ce monument qualifié de 'film le plus con de l'histoire' par Claude Chabrol, Alain Delon, magnanime, avait accepté la présence à ces cotés du jeune Xavier Beauvois, étoile montante du cinéma français. Nicolas Sarkozy, lui, a chois le jeune Gérald Darmanin comme porte-parole. Le tombeur de Christian Vanneste aux législatives de 2012 (voilà qui ne va pas rassurer la Manif pour tous...), l'homme qui a pris Tourcoing à la gauche est une étoile montante de l'UMP... mais l'ex-superstar va-t-elle l'aider à franchir un palier supplémentaire ou le plomber dans un nanar rocambolesque ?

Une chose est sure : je vais essayer de ne pas rater la prochaine sortie de Nicolas Sarkozy. A défaut d'un grand film, cela peut donner un bon nanar. Et si j'espère une bonne surprise, j'aime aussi quand l'acteur bouffi de suffisance, persuadé de son propre talent, se vautre dans un si mauvais scénario dont il semblait avoir nié l'utilité, persuadé que sa propre légende lui suffit. Il vous en prie.


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3 réactions à cet article    


  • Diogène diogène 23 septembre 2014 18:41

    Pourquoi « nanar » ?


    Sar-ko-nar... ça suffit !



    • Brady 23 septembre 2014 19:27

      Comme vous y allez... « connard », mais non, ça c’était avant, quand il me faisait peur. Maintenant, il me fait rire.


      Hier, je m’attendais à un film d’horreur, avec un Sarko aux dents longues prêt à en faire baver tout le monde, de gauche à droite. Je n’ai vu qu’une sympathique série Z, très bonne au demeurant. Vivement que l’équipe de Nanarland chronique ce grand moment de n’importe quoi télévisuel, la position de Nicolas sur le mariage pour tous risque de dépasser le mémorable discours de Sophie Marceau à Cannes.

    • bakerstreet bakerstreet 24 septembre 2014 12:19

      Il m’arrive de regarder la télé, peut être pour vérifier que le monde est toujours aussi stupide. 

      Ce soir ça là c’était aussi pour regarder « les infiltrés », de Scorcesse, sur arte

      En avance sur l’horreur, non je veux dire l’horaire, j’ai voulu regarder le journal de la 2, ne sachant pas ce qui m’attendaitl.
      Il arrive que vous soyez ainsi sans vous rendre compte sur les lieux d’un accident.
      Ecoutez donc « Bison futé ». Mais qui écoute ce genre de truc. Moi je préfère Miles Davis !

      Bien sûr, j’ai zappé tout de suite, quand j’ai vu l’innommable !
       Sarko, déjà « infiltré » au pays des moutons, trempant sa patte dans la farine, pour entrer dans la bergerie, et susurrant des choses mielleuses à l’oreille des chèvres.
      J’espérais simplement qu’aucun enfant n’allait tomber sur un truc si abject : Un scandale à une heure de grande écoute
      .
      J’ai appuyé sur la télécommande, comme j’aurais foutu un grand coup de volant.
      Je suis tombé sur « Zorro », ça devait être la 3
      Bien sûr un bain de jouvence.

      C’est toujours formidable de retrouver des émotions d’enfants. 

      Don Rodrigue n’a pas vieilli, et Bernardo non plus. 

      Ils se déplaçaient dans ce Mexique d’opérette que je trouvais si extraordinaire quand j’étais gosse. 
      C’était marrant je me souvenais à près d’un demi siècle de distance de cet épisode de zorro. 

      Celui qui m’avait le plus frappé, c’était celui où un escroc se faisait passer pour zorro, faisant tout un tas de vilenies et de saloperies, quoique ma mère me disait : « faut pas parler comme ça »

      C’était exactement cet épisode qui passait sur la deux, avec de la Housse dans le rôle du faux Bernardo. 

      Un peu plus tard, les « infiltrés », sur arte, ont enfin commencé. 
      Un ripoux chez les flics, un flic chez chez les ripoux. 

      Encore des histoires de masque, on en sortait pas. 

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Brady


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