• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Non à l’aide militaire à l’Ukraine, oui à l’aide (...)

Non à l’aide militaire à l’Ukraine, oui à l’aide écologique d’urgence !

Dans tout conflit et la situation Ukrainienne n’y fait pas exception, l'utilisation de civils comme otages sont des actes inacceptables. Pour empêcher ce type de situation en Ukraine, on ne saurait toutefois admettre une quelconque initiative guerrière susceptible de provoquer l'irréparable. Même dans le cas extrême d’un recours à une résolution de l'ONU pour une intervention armée, sous couvert « d’ingérence humanitaire », constituerait une agression et une violation de la souveraineté du pays, mais surtout un aveu d’impuissance politique et diplomatique des puissances Occidentales. Les conséquences seraient désastreuses, pires encore que celles de l’Irak ou de la Libye, dont aujourd’hui on peut observer le résultat … 

Il faut rappeler que parmi les dispositions de l’accord de Minsk, en échange du cessez le feu, les autorités ukrainiennes promettent de décentraliser l'Ukraine et de donner un statut spécial au Donbass. Elles pourront contrôler la frontière mais devront favoriser la coopération transfrontalière avec la Russie, vitale économiquement pour l'est de l'Ukraine. Les droits linguistiques, notamment d'utiliser la langue russe, devront être respectés.

Outre ces concessions importantes du gouvernement de Kiev, dont on espère qu’il les respectera, l'accord est très important pour améliorer la situation économique de l'Ukraine de l'est et même de toute l'Ukraine. Une Ukraine coupée de la Russie est une Ukraine ruinée. La monnaie locale s'est effondrée et les réserves de change sont au plus bas (6 milliards de dollars selon le blog « Slate »). Les investisseurs étrangers restent à l'écart. Le FMI a bien apporté 17,5 milliards de dollars, car il estime plus important d'aider financièrement l'Ukraine que de lui donner des armes supplémentaires, comme le bruit court aux Etats-Unis. Mais le FMI n’est pas une organisation charitable. Le problème, c’est que l’Ukraine devra se soumettre aux contreparties imposées par le FMI et les marchés financiers, avec en perspective de nouveaux conflits internes. Si les Américains parlent peu de dons financiers, c’est qu’ils voudraient placer leur matériel militaire. Ce qui est également très clairement envisagé par la France. On peut observer que les Etats qui se prétendent les meilleurs amis du gouvernement de Kiev ne montrent aucun empressement à mettre la main à la poche. La France et l'Allemagne ont déjà des problèmes financiers soit intérieurs, soit avec d'autres pays de l'Union européenne et n'ont pas l'intention de se montrer généreux par crainte de leur opinion publique.

En cas de rupture des accords de Minsk signés le 12 Février 2015, engager militairement la France, soit directement au coté de l’armée Ukrainienne, soit par une aide militaire, conduirait inévitablement à une guerre avec la Russie, nul ne peut douter qu’elle serait terriblement meurtrière. Elle aurait pour conséquence de prendre le caractère tragique d'une agression de l'occident contre la Russie et les pays qui sont sous sa zone d’influence.

Croire que les problèmes et solutions ne seraient que sur une ligne d’affrontement droite - gauche, Est - Ouest alors qu’écologiquement parlant, tout ce qui se trouve sur cette grille de lecture ne peut apporter de réponse aux questions posées par le Club de Rome depuis 1972, ces façons d'analyser sont obsolètes.

L'Ukraine aujourd’hui se trouve dans une situation qui ne peut être un écosystème viable pour les populations résidentes. C'est en développant à partir de ce point de vue que des solutions pourront émerger. Ne pas intégrer les problématiques écologistes, notamment géo - énergétiques et Géo -démographiques nous emportera dans le néant des fausses solutions.

Quelle que soit la suite des accords de Minsk, dont ne peut qu’espérer une application durable et définitive, on ne peut faire l’impasse sur la SITUATION ECOLOGIQUE CATASTROPHIQUE que connaît l’Ukraine.

Quinze réacteurs nucléaires fonctionnent encore en Ukraine. Près de la moitié (46,6 %) de l’électricité produite dans le pays provient de ces réacteurs. C’est l’électricité la plus “atomique” du monde, après celle de la France (nucléaire à 77,1 %) et juste avant celle de la Suède, dont 42,6 % de l’électricité est nucléaire. A Tchernobyl en 2011 à la veille du 25e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, l’Ukraine avait annoncé un vaste programme de mise en valeur des terres contaminées par la radioactivité et on envisage sérieusement de cultiver ces terres contaminées : un crime écologique plutôt qu’une riche idée ? (http://www.courrierinternational.com/article/2010/12/22/cultiver-les-terres-contaminees-un-crime-ecologique-ou-une-riche-idee)

Un rapport, présenté à l'occasion du forum de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) dédié à la sécurité environnementale, fait état d'une situation écologique particulièrement critique en Ukraine. Selon ce rapport, en Ukraine, environ 2,5 millions de tonnes d'armes, munitions et déchets militaires légués par l'époque soviétique sont sommairement stockés, dont quatre sites d'enfouissement de résidus radioactifs. Les experts estiment qu'entre 5 et 10% des dépôts et décharges du domaine militaire ukrainien exigeraient « des réparations majeures  ».

Les experts ont répertorié 20.000 tonnes de pesticides périmés en Ukraine, dont 11.000 tonnes d'hexachlorobenzene (HCB) et 2.000 tonnes de DDT. La plupart des 6.000 sites de stockage ukrainien sont jugés par les experts inadaptés et mal surveillés

La qualité de l'eau est d'ailleurs globalement problématique, remarque le rapport. En Ukraine, environ 39% des eaux usées sont polluées par les industries lourdes et environ un quart n’est pas traité du tout.

Stockage et élimination des déchets une situation désastreuse

Le volume total du stockage annuel des déchets ménagers en Ukraine est proportionnellement de 3 à 3,5 fois plus important que pour les pays de l’Europe de l’Ouest.

L’Ukraine a déjà stocké près du 5 milliards de m 3 de déchets ménagers qui se sont trouvés dans 750 décharges dont la plupart sont remplies à 60 / 90 %, d’autres décharges sont surchargées et devraient être fermées. La charge annuelle des déchets ménagers en Ukraine est proportionnellement de 3 à 3,5 fois plus important que pour les pays de l’Europe de l’Ouest.

Selon les données des écologues, avant le conflit, la région de Donetsk avait déjà stocké 4 milliards de tonnes des déchets industriels qui occupent presque 2% du territoire de la région. En plus de cela, le stockage des déchets ménagers consistait en 400 millions de m 3. Il existait environ 80 décharges d’une superficie de 230 hectares et la plupart d’entre elles sont presque surchargées. La guerre dans cette région n’a pu qu’aggraver la situation.

En Ukraine, certaines décharges ne répondent pas du tout aux normes sanitaires pour causes de l’inaction des gouvernements qui se sont succéder depuis plus de 20 ans, ou de leur illégalité et la plupart d’entre elles se trouvent près d’habitations, nuisent gravement à la santé des gens qui s’y retrouvent et constituent aussi une menace énorme pour l’écologie. Les habitants des villes et les services communaux n’effectuent guère le tri préalable des déchets ménagers. Le processus du tri mécanique de ces déchets est compliqué, et donc peu répandu. Les processus de recyclage actuels sont restés les mêmes qu’il y a plus de dix ans : On a transporté des déchets avec des conteneurs directement dans les décharges pour leur stockage et leur élimination ultérieure. Résultat les déchets s’accumulent dans ces décharges au lieu d’être renouvelés. 

Avant le conflit et que Donetsk soit sous les bombes de l’armée Ukrainienne, une des solutions parmi d’autres était la construction d’une usine d’incinération. La construction d’une usine d’incinération coûte entre 140 et 150 millions euros. Le prix du service d’incinération des déchets est de 100 euros par mètre cube. De cette façon on peut tirer la conclusion que la construction d’une usine d’incinération n’est pas une solution optimale pour débarrasser la ville des déchets ménagers ! Un plan drastique sélectif de tri des déchets, mais aussi de leur réduction, associés à un maillage d’usine de Méthanisation peut être une réponse plus adéquate.

Situation désastreuse de la gestion de l’eau

En Ukraine l'état écologique des réservoirs d'eau s'empire sur le plan aussi bien chimique que microbiologique.

L'approvisionnement en eau potable y est assuré à 80 % par des eaux de surface. En 2011, le service de presse du ministère ukrainien du Développement régional, de la construction et du service communal avait d’ailleurs indiqué que la plupart des fleuves et rivières ukrainiens peuvent être qualifiés de pollués ou de très pollués du point de vue hygiénique.

La situation s’est encore dégradée avec la récession économique de ces dernières années, malgré la diminution des rejets des eaux d'égout. Le fleuve Dniepr n’est plus aujourd’hui une source naturelle d’eau douce propre : « Chaque année, l’industrie, le secteur agricole et les municipalités déversent dans le Dniepr des quantités énormes d’eaux usées contaminées. Chaque année, 5,5 millions de mètres cubes d’eaux usées sont rejetées dans les cours d’eau de l’Ukraine – dont 4,2 millions de mètres cubes d’eaux usées contaminées, 2,8 millions de mètres cubes étant des effluents bruts.

Quelques 33 millions de personnes vivant dans 50 villes réparties en Ukraine, en Russie et en Biélorussie, républiques avoisinantes, sont tributaires des eaux du bassin fluvial du Dniepr. Mais ces eaux sont également utilisées par les secteurs industriel et agricole, et par les installations hydroélectriques et nucléaires. Et ce n’est qu’en quelques rares endroits seulement que le fleuve présente encore une image bucolique.

La question démographique est à terme un facteur aggravant la situation écologique Ukrainienne

De superficies à peu près égales, la France (552 000 km 2) et l’Ukraine (604 000 km 2) avaient aussi à peu près la même population à la veille de la Seconde Guerre mondiale, respectivement 41,5 et 41,3 millions d’habitants en 1939. Ces deux pays, quoique de régimes politiques très différents, avaient également à l’époque des économies assez comparables reposant encore largement sur l’agriculture. Aujourd’hui, la population de la France dépasse de plus de 20 % celle de l’Ukraine (65 millions contre 52 millions).

Bien que le taux de fécondité soit en nette progression 1, 53 il reste inférieur à celui de la France qui est à 2,03. Vu la situation écologique, si à terme la population croît aussi rapidement que ces dernières années et qu’elle atteigne le niveau de la France la population Ukrainienne peut s’attendre au pire. La France également !...

Autre phénomène très inquiétant avec l’acquisition par la Chine en 2012 de près de trois millions d’hectares de terres agricoles (culture et élevage), soit un domaine cultivable aussi grand que la Belgique.

Les besoins alimentaires de la Chine semblent tels qu’elle n’a apparemment pas d’autres choix que de cultiver également en dehors de ses frontières. L’Ukraine a prévu, à travers cet accord commercial, de céder à la future première puissance mondiale 5% de son territoire, 9% de ses terres arables, pour combler ses besoins gargantuesques.

Un contrat commercial conclu sous la forme d’une location de 50 ans entre le chinois XPPC (instance chargée notamment de projets d’infrastructures et d’agriculture) et la société d’Etat ukrainienne KSG Agro survient alors que l’Ukraine vient de lever l’interdiction pour les étrangers d’acheter des terres sur le territoire national.

Le montant de la transaction n’a pas été communiqué mais l’on sait déjà que la Banque d’import-export de Chine a octroyé à l’Ukraine un crédit de 1,5 milliard de dollars pour renouveler son système d’irrigation et 1,5 milliard de dollars de matériel. L’Ukraine qui était réputée pour être le grenier à blé de l’ex Union Soviétique risque demain de ne plus disposer de suffisamment de terres arables pour répondre aux besoins de sa population et d’en importer à un prix plus fort que celui de la vente ou de la location de ses terres, un comble !!! Si on y ajoute le dérèglement climatique, la boucle est bouclée !!!

Avant de vouloir imposer l’entrée de l’Ukraine dans l’UE et sanctionner la Russie, il faudrait plutôt aider les Ukrainiens à améliorer leur situation écologique.

29 ans après l’explosion de la centrale Nucléaire de Tchernobyl, il faudrait permettre aux populations qui vivent encore dans la région et continuent de subir les effets de la catastrophe, notamment, en cultivant des sols, dont la contamination physique provoque de nombreuses pathologies, particulièrement chez les enfants, de prendre des mesures préventives d’éloignement de cette zone. Et

plutôt que de vouloir en découdre avec POUTINE au nom de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, alors que la Crimée est historiquement et légitimement Russe, ou de vouloir faire entrer l’Ukraine dans une UE, passablement désunie avec des crises économiques chroniques, pour en faire une base de l’OTAN, si nous voulons éviter que le boomerang nous revienne en pleine figure, avec une catastrophe écologique majeure, la France et les Occidentaux doivent plutôt rechercher, en liaison avec Moscou, des solutions pour aider les Ukrainiens à sortir de la situation humaine et écologique qui est l’une des plus catastrophique en Europe.

Le problème, c’est que la France et l’UE se sont volontairement pris dans le piège Américain. Pensez donc, si moi, Président Américain, je veux imposer et maintenir ma domination sur le monde, alors que j’ai trois concurrents économiques qui me posent problème, la Chine, l’Europe et la Russie et si je peux, grâce à mes larbins Franco - Britanniques, me servir de l’Ukraine pour que Européens et Russes qui sont les maillions faibles par rapport à la Chine s’affrontent, je suis dans un rapport de force plus favorable pour discuter et conclure des accords avec « l’empire du milieux »…en espérant créer, le moment venu, une situation qui lui ferait subir le même sort qu’aux Européens et aux Russes… 


Moyenne des avis sur cet article :  3.15/5   (26 votes)




Réagissez à l'article

4 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 23 février 2015 12:37

    Poutine n’a qu’une seule chose à faire....attendre que l’Ukraine lui tombe dans les mains..et c’est pour dans peu de temps.... !


    • Laurent 47 23 février 2015 13:01

      Concours international de mensonge sur la situation en Ukraine.

      1er prix : Barak Obama, déjà nominé comme prix Nobel de la guerre, pour son interprétation magistrale du couplet sur la méchante Russie.
      2ème prix : Petro Porochenko, pour ses superbes mensonges sur les évènements du Maïdan, et sur ceux qui en ont été les auteurs, ainsi que sur sa vision permanente de milliers de chars russes qui ont franchi la frontière ukrainienne ( ceux qu’aucun observateur de l’OSCE n’a vu à ce jour ).
      3ème prix : John Kerry, ce pacifiste qui affirme sans rire qu’il s’agit d’une agression caractérisée de la Russie, puisque l’armement est russe ! ( il ne sait même pas que c’est le seul matériel en Ukraine ).
      4ème prix : François Hollande, qui affirme lui aussi que la Russie est l’agresseur ! Puisque Obama le dit, c’est obligatoirement vrai ( comme pour les armes de destruction massive irakiennes ).
      5ème prix : ex-aequo Laurent Fabius et Bernard-Henri Lévy, qui ont affirmé sans rire qu’il n’y avait pas de néo-nazis dans le gouvernement ukrainien, malgré les preuves qui s’accumulent.
      5ème prix, de consolation : Angela Merkel, qui a de plus en plus de mal à mentir sur le sujet, son opinion publique ayant une vision très différente sur Porochenko et sa clique de nazillons.

      • Diogène diogène 23 février 2015 15:25

        Çà va pas marcher : BHL n’est pas sur la photo.

        Il a été remplacé par Poutine et Merkel.
        A moins que ça soit encore une photo truquée.

        • alinea alinea 23 février 2015 23:36

          Le trou est sans fond, on dirait que l’Ukraine est le « siphon » de l’Europe, et que tout s’y accélère, comme l’eau dans le siphon !
          Je dis ça, pour dire que j’ai lu, mais aussi parce que ma plus grande crainte dans cette histoire, c’est un accident nucléaire, comme il y a vingt neuf ans, peut-être pour d’autres causes !!
          ... et qu’on n’y peut rien, enfin nous, je veux dire, le péquin !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité