Nord Pas de Calais, tractations, magouilles et petites combines

Le 24 Novembre dernier, OpinionWay diffusait un sondage réalisé du 17 au 20 novembre (soit après les attentats du 13 Novembre) auprès d'un échantillon de 807 personnes inscrites sur les listes électorales de la région Nord Pas de Calais Picardie. Selon ce sondage, Marine Lepen obtenait 40% des suffrages au premier tour, devançant Xavier Bertrand 26% et Pierre de Saintignon (PS faut-il encore le rappeler) 20%. A peine 16% des personnes consultées n'exprimaient pas d'opinion de vote, ce qui est très peu pour un sondage de la sorte. Au second tour, en cas de triangulaire FN-LR-PS, Marine Le Pen l'emporterait avec 43% des voix, loin devant Xavier Bertrand (30%) et Pierre de Saintignon (27%) et en cas de duel FN-Les Républicains, la chef de file du Front National et le député de l'Aisne seraient à égalité.

Chez les socialistes, un vent de panique souffle à la suite de ce sondage, mais ça s’organise très vite autour de Martine Aubry qui tente un rapprochement auprès de Jean Louis Borloo. La tactique de Martine Aubry qui à l’aval de Solferino est simple : rallier l’UDI au PS pour créer un large fond républicain allant du Front de gauche à l’UDI et obtenir la majorité au second tour. Des tractations secrètes ont lieu et c’est Jean Louis Borloo qui n’est pas sur les listes régionales qui négocie avec le PS.

Pendant ce temps la Voix du Nord sonne la charge pour influer autant que faire ce peu sur les élections en discréditant le vote FN avec une accroche pour le moins partisane : « Pourquoi une victoire du FN nous inquiète », pendant que son petit frère Nord Eclair titre en même caractère : « La région a-t-elle vraiment besoin du Front national ? ».

Il y a toujours existé des collusions entre cette PQR et la majorité au conseil régional. Ce n’est un secret pour personne que la Voix du Nord ne doit sa survie économique qu’aux subsides de la région. Déjà, en pleine affaire Kusheida et précisément en pleines négociations avec le Conseil régional du Nord Pas de Calais pour le renouvellement de sa subvention à Wéo, la voix du Nord diffusait une double page sur le président de région de l’époque Daniel Percheron. Dans cette entretien, l’élu a pu s’exprimer librement et sans qu’il y soit apporté de la part de la rédaction des rectifications journalistiques, ce qui fit dire à bon nombre de médias que la Voix du Nord venait d’inventer le concept « de l’interview sans question ». Le président de la région y évoquait surtout son « ami de toujours », « compagnon de combat » et « ardent soutien » qu’est l’ex député socialiste Jean-Pierre Kucheida. Sur les deux pages Daniel Percheron prend la défense de Kucheida sans que La Voix du Nord ne lui oppose aucun argument. Au contraire, Daniel Percheron dit à propos de son ami : « Je pense que sa bonne foi est totale. Un président est bénévole. Il me disait qu'il allait au restaurant une fois tous les vingt jours en moyenne. Il considère qu'il était pratiquement chaque fois en travail, en représentation, en discussion professionnelle. Je ne pense pas qu'il y ait dérive ». Il est vrai qu’à l’époque, Jean-Pierre Kucheida était sous le coup de quatre enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Lille au sujet d'accusations de financement occulte. Mais la Voix du Nord estimait peut être que toute la région était au courant et qu’il n’était pas nécessaire de le rappeler. Pour la petite histoire, Jean Pierre Kucheida, qui reconnaissait avoir utilisé la carte bleue d’un bailleur social dont il était président pour payer essentiellement des frais de restaurants et d’hôtels, dans un but professionnel évoquera lors de son procès les propos de Daniel Percheron dans cet article. Le juge lui fera remarquer que les dits restaurants se situaient en Thaïlande, à New York ou en Guadeloupe et pour 80% d’entre eux, très loin des terrils du Pas de Calais. Cette campagne de réhabilitation du député ne servit à rien, car il se démit lui-même de tous ses mandats et fut condamné à 30000 euro d’amende pour abus de biens sociaux. Cet événement commença à sonner le glas pour le PS dans le Nord et n’est pas étranger à l’élection de Briois à Henin Beaumont

La stratégie du PS est simple : discréditer le FN à travers la presse locale et se rapprocher de l’UDI pour former une liste « républicaine » pour contrer le FN au second tour. Une ébauche de liste est étudiée avec Jean Louis Borloo, plaçant Valérie Létard (la tête de liste UDI sur la liste de Xavier Bertrand) en bonne place sur la nouvelle liste UDI, PS EELV. Le soir des élections les résultats sont annoncés : Marine Lepen 40.64%, Xavier Bertrand 24.97% Pierre de Saintignon 18.12%, PCF 5.32% et EELV-FDG 4.83%. Le score de Marine Lepen crée la surprise, mais dès 20 heures Pierre de Saintignon affublé d’un étrange sourire fait une déclaration pour le moins surprenante : « tout doit être fait pour que les défenseurs de la République et de nos valeurs gagnent. J'en appelle évidemment à tous ceux et celles qui ont fait confiance à la gauche mais aussi aux républicains et aux démocrates ….. Nous devons trouver la solution qui permet de continuer à développer notre grande et belle région et de défendre les valeurs de la république ». A ce moment l‘équipe Saintignon pense et et même convaincue qu’elle pourra fusionner avec l’UDi dans le dos du PR et ainsi ce placer en outsider crédible face au FN. Il faut aussi préciser que la Franc maçonnerie joue un rôle important dans les appareils politiques de la région et que Xavier Bertrand est en disgrâce de cette dernière. La réponse ne se fait pas attendre, puisque dans la seconde qui suit, Xavier Bertrand accompagné de sa colistière Valérie Létard annonce : « En nous plaçant en seconde position, les habitants de la région font de la liste de rassemblement de la droite et du centre la seule alternative possible à l'extrême droite ; ils nous ont clairement choisis pour la battre au second tour. »

Au PS ça ne rigole plus, ils viennent de comprendre qu’ils sont les dindons de la farce. Martine Aubry décroche son téléphone et appelle Jean Louis Borloo pour lui dire tout le bien qu’elle pense avec des expressions du genre « le soi-disant humanisme que portent les centristes n'existe pas ».

En laissant entendre qu’ils allaient s’allier avec le PS, l’UDI n’est pas peu fier d’avoir joué un tour pendable à ce parti tellement aux abois qu’il est prêt à espérer n’importe quelle alliance de compromission pour s’accrocher au pouvoir. Xavier Bertrand qui n’est pas un perdreau de l’année avait bien compris la manœuvre, a laissé faire et à répondu à sa manière, laissant le PS en plein désarroi. Pierre de Saintignon annoncera 2 heures plus tard qu’il retire sa liste, Affirmant que Xavier Bertrand « a une responsabilité colossale » de par « son attitude arrogante ».

Voilà ce qu’est le front républicain !