Nuit couchée...

@tashrin

Vous faites une descriptions apocalyptique des sociétés occidentales où on ne vit quand même pas si mal que ça. Je m’occupe actuellement d’un jeune réfugié politique guinéen qui a échappé à la mort et qui est un peu effaré par les certains discours (il trouve aussi, comme moi d’ailleurs, que c’est quand même bien de pouvoir s’exprimer librement sans recevoir une balle dans la peau) 

Je ne comprends pas très bien ce que vous proposez, à part « faire table rase du passé »... Mais vous savez bien que même si c’était souhaitable (ce que ne pense pas personnellement), ce n’est pas possible. Donc, comme disait Shakespeare : « Words, words, words...)

Je n’y connais pas grand chose en économie, mais j’ai bien vu, en tant qu’enseignant les dégâts occasionnés par la manie de vouloir tout foutre par terre (l’orthographe, la grammaire, le vocabulaire, le sens de l’effort)... Oui, je sais, je suis un vieux con. Et comme dit Michel Houellebecq, on a le droit d’être n’importe quoi dans cette société, sauf d’être vieux (La possibilité d’une île).

Quant à vous, vous êtes très en colère, mais je n’arrive pas très bien à savoir s’il s’agit d’une colère politique (disons contre l’organisation de la société, les injustices, etc.) ou d’une colère métaphysique et existentielle (contre »l’ordre du monde« , pour parler comme Descartes). Permettez-moi de vous dire qu’Il y a un très grand danger pour soi et pour les autres à confondre les deux. Parce qu’on peut réformer la société, mais vous ne pouvez rien contre la mort et le manque d’amour.

Tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais vous ne pouvez pas nier que l’on ne vit pas trop mal dans ce pays, qu’il y a de la protection sociale, de la redistribution, même si tout est loin d’être parfait.

Évidemment, on peut mettre des bombes partout, tuer les patrons, les actionnaires des multinationales et se comporter comme les nihilistes russes du XIXème siècle, mais pour aboutir à quoi ? Et une fois que vous serez débarrassés des méchants et des cons (vaste programme, comme disait le général de Gaulle), qui vous dit que vous n’allez pas vous retrouver gouverné par des gens bien pires que ceux que vous avez éliminés (ça s’est vu, en Russie en 1917 et en Allemagne dans les années 30)

C’est peut-être parce que je suis vieux maintenant, mais je ne crois pas au radicalisme en politique, mais aux réformes (vous êtes sûr et certain qu’il n’y a rien à jeter dans la Loi El Khomri et les propositions du patronat ou d’Emmanuel Macron ?... Bon, je sors ) et j’ai appris à connaître la nature humaine. Il ne s’agit pas de chercher le »meilleur des mondes", mais le moins mauvais possible et surtout arrêter de se faire des illusions.

@Robin Guilloux (auteur de l’article)
Euh... Va falloir changer de lunettes parce que vous me pretez à nouveau des propos qui ne sont pas de moi

- Je ne comprends pas très bien ce que vous proposez, à part « faire table rase du passé »
Vous mettez entre guillemets, donc vous me citez ? Où ? Quand ai je dit cela ?

- on a le droit d’être n’importe quoi dans cette société, sauf d’être vieux (La possibilité d’une île).
Scusez mais on doit pas vivre au meme endroit... Tout est decidé par et pour des vieux, ils sont les propriétaires, les decideurs, les detenteurs de capitaux, et occupent tous les postes à responsabilité du pays. Toutes les decisions politiques visent à les soigner (ils votent...) à commencer par l’immobilier et le maintien artificiel des prix. On peut aussi parler de retraites, d’endettements, etc etc... C’est d’être jeune qui est le plus difficile actuellement
Et qu’on me parle pas minimum vieillesse et compagnie, on parle de generalités statistiques, pas de cas d’espèces.

- Parce qu’on peut réformer la société, mais vous ne pouvez rien contre la mort et le manque d’amour.
Je vous remercie je n’ai pas besoin de vous là dessus :)
en revanche effectivement je suis en colère, comme une bonne aprtie de la population. On peut effectivement toujours trouver des moins bien lotis autour de nous, mais est ce comme cela qu’il faut apprecier notre propre situation ? N’est on pas en droit de regretter qu’aujourd’hui la betise ait pris le dessus sur tout, que seul le pognon serve d’etalon universel, qu’on ait abandonné jusqu’au concept même d’interet general, de deplorer que les gens qui sont payés pour agir pour notre bien commun soient les premiers à se servir sur la bete, qu’n soit actuellement dans une dictature qui ne dit pas son nom, que le politique ne soit plus que manipulation de masse. Et ce qui me met encore plus en colere, c’est que ca marche

- evidemment, on peut mettre des bombes partout, tuer les patrons, les actionnaires des multinationales et se comporter comme les nihilistes russes du XIXème siècle
Mais qui a parlé de ça ? citez moi une phrase que j’ai ecrite ou j’appelle à la revolution ?

Vous ecrivez un texte dans lequel vous prenez position contre les opposants à la loi Travail, et dans lequel vous insinuez à demi mot qu’en gros c’est encore une manif de gauchistes qui defendent leur pré carré et qui bloquent toute evolution. Et vous reprenez gentiment les elements de langage utilisés par le gouvernement pour defendre un projet de loi qui n’aura pour effet (et c’est sûr...) que d’empirer la situation. Ce à quoi je vous ai repondu

rien à voir avec ce que vous ecrivez ci dessus

@Robin Guilloux, auteur de l’article
Et pourtant on ne peut pas nier l’existence d’un fossé generationnel statistiquement constatable si l’on sort des situations individuelles

@tashrin

Oui, je sais que c’est encore plus difficile pour la génération actuelle (nous continuons à aider notre plus jeune fils en lui payant son loyer) que pour les enfants du baby boom. J’appartiens à la génération de mai 68, à ceux dans cette génération qui ont cru en la possibilité d’un autre monde possible et qui n’a pas su y faire (monnayer sa matière grise, comme d’autres, Daniel Cohn-Bendit, par exemple). Il n’y a pas que des gens qui ont réussi parmi la génération 68. J’en connais qui se sont suicidés.

J’ai passé et obtenu le CAPES et obtenu une maîtrise de philo et j’ai enseigné pendant plus de trente ans, y compris en ZEP, avec pour résultat une retraite de 1300 eus (tout est relatif, pour certains, c’est beaucoup, je sais). Mais je n’ai pas pu (ou plutôt pas su) rentrer dans le système (bancaire, politico-médiatique, etc.), comme d’autres, dans ma propre famille.

Mais je pense que je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même et comme dit l’Evangile : « On ne peut pas servir deux maitres à la fois, l’Esprit et l’argent. » Ou comme le dit avec son esprit habituel Chesterton : « Si on est assez intelligent pour devenir millliardaire, il faut aussi être suffisamment bête pour le vouloir. »

Je suis comme beaucoup de gens, je trouve que la France va très mal, je suis indigné par certains abus (parachutes dorés, paradis fiscaux...) Mais je me refuse à une analyse binaire (manichéenne) de la situation.

Je pense qu’il faut des banquiers et des chefs d’Entreprises et des gens qui ne me ressemblent pas, mais qu’il faut aussi des intellectuels et des professeurs correctement payés et considérés, ce qui est de moins en moins le cas.

Ce qu’il me fait peur actuellement, c’est le spectre de la guerre civile, si vous voulez le savoir (et je ne suis pas le seul). Et ça ne me console pas de penser que dans la mesure de mes petits moyens, j’aurais essayé de tout faire pour éviter le pire. « L’histoire est une succession de catastrophes. » (Walter Benjamin)