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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi je souhaite au peuple tunisien de choisir Moncef Merzouki…

Pourquoi je souhaite au peuple tunisien de choisir Moncef Merzouki…

Le plus remarquable chez cet homme, qui a pourtant longtemps vécu en occident, et qui voue à celui-ci une sincère remarquée, est qu’il ne confond pas modernité avec occidentalité. Il est trop empli de son identité matricielle, pour vouloir importer en kit une autre que celle qui fonde celle de sa propre société, de la mémoire collective de son pays, dont l’histoire est trop riche, trop dense, pour être ainsi phagocytée par une quelconque autre. Merzouki sait que les peuples sont appelés à vivre eurs propres parcours historiques, pour se délester de leurs travers, pour retrouver leur voie, que c’est sur leurs valeurs et leur être mémoriel qu’ils doivent se fonder, et non pas se dissoudre dans des modèles dominants.

Tout journaliste que je suis, et malgré le vieux et grand rêve d’un Maghreb des peuples, que je porte en moi depuis le jour où j’ai lu le roman « Idriss » de Ali El Hamami, je ne peux pas dire que je me suis particulièrement intéressé aux personnalités politiques maghrébines contemporaines les plus illustres, si je peux dire, dont la réputation est très souvent douteuse, largement usurpée. Et pour cause ! Pour exister, ces hommes providentiels, voire miraculeux, ont systématiquement recouru à la méthode, très simple, qui consiste à effacer tout ce qui n’est pas eux. Effacer tous ceux qui leur faisaient de l’ombre. Mais ils n’ont pas toujours sorti, de leur champ de vision, ces gens qui les gênaient de façon systématiquement brutale et définitive. Même s’il s ne s’en sont pas privés par ailleurs. Ils ont su, aussi, user de cette persuasion qui ne laisse pas le choix, voire même de la corruption pure et simple. En Algérie, par exemple, d’authentiques grands leaders révolutionnaires, ont été achetés, rubis sur l’ongle, par ceux qui avaient volé l’indépendance en 1962.

Ces méthodes, et d’autres, tout aussi sordides, omniprésentes dans les mœurs politiques de nos contrées avaient donc refroidi mes ardeurs maghrébines avant même que celles-ci ne fleurissent et ne prospèrent en moi. Elles se sont donc calfeutrées dan le rayon « rêves et utopies en tout genre » et se sont peu à peu évaporées.

Ce sont donc ces vilenies, mais aussi cette inexplicable ingratitude de nos peuples à l’endroit de ceux qui les avaient libérés, qui avaient tout donné pour eux, qui avaient continué à se battre pour eux, au moment où ceux qui s’étaient vendus, passé et présent, aux nouveaux maîtres, qui avaient tiré brutalement en arrière le mors cruel de ma ferveur révolutionnaire et maghrébine. 

En fait, j’ai choisi un chemin de traverse, pour changer de rive, la voie la moins courageuse, la moins noble, la plus facile. Abjurer ses convictions, rejeter la faute sur les autres, et jeter le bébé avec l’eau du bain. Pour moi, désormais, c’était « Tous pourris ! » Et dans le même sac, je mettais tout le monde, les politiciens et les foules qui les applaudissaient. Les seuls qui trouvaient grâce à mes yeux étaient ceux qui avaient été assassinés par leurs régimes respectifs. Dans mon immense et non moins stupide conviction, les seuls héros étaient les purs et les durs, seulement ceux qui avaient été assassinés. Tous les autres, je les mettais dans le même sac de la compromission.

Cette attitude, calcifiée en moi dès on plus jeune âge, squatta mon cœur, et en occupa tous les quartiers. Jusqu’au jour où se leva le vent de jasmin ! Ce fut là, je crois, que je pus revenir à mes aspirations naturelles, que je pus renouer avec mon rêve maghrébin, que je repris confiance en les gens, que je sus qu’il ne faut jamais désespérer de son peuple, même dans ses moments les plus abjects, parce que sous les cendres de l’ignominie, la mémoire collective, la dignité collective, le courage collectif, et surtout les rêves d’une vie plus digne, plus noble, plus juste, ne meurent jamais. Ils s’assoupissent, et tombent en léthargie, sous l’effet anesthésiant de régimes sournois et corrupteurs, mais il suffit d’une étincelle, pour que s’allume le plus beau feu de joie.

C’est ce qui eut lieu en Tunisie !

Le fait que ce prodigieux évènement se soit produit en Tunisie, a hâté mon propre réveil. C’était comme si une gangue qui enfermait mes rêves venait de se briser sous les coups de marteau de celui qui avait coulé mes horizons dans un moule d’argile.

Je renaissais, et dans mon cœur, se transformait l’image du peuple tunisien, que l’imaginaire collectif nous avait toujours dépeint comme un peuple craintif et pusillanime. Parce que nous avions désappris les valeurs vraies, et que nous confondions douceur avec peur, placidité avec lâcheté, civisme avec suivisme. Nous avions oublié aussi, que ce sont es tonneaux vides qui font le plus de bruit, quand ils dévalent les ruelles.

La Tunisie était donc devenue pour moi, comme pour la plupart de mes compatriotes, et pour la plupart des peuples de la région, et des peuples arabes en général, le pays d’où se levaient les aurores roses.

Le signal était donné. De partout fusèrent les cris de révolte. Les femmes et les enfants étaient aux premiers rangs, et criaient « selmia, selmia ». Tous ailaient vers les soldats, pour les embrasser, leur offrir des fleurs, des dattes et du lait. Mais c’était compter sans les forces qui dirigent le monde, celles-là même qui avaient mis nos despotes à la tête de nos pays, qui les protégeaient en faisant semblant d les appeler à plus de retenue.

Et c’et ainsi que les printemps des peuples dégénérèrent en bourbiers de sang et de chair. Les forces de la réaction, particulièrement l’Arabie Tayhoudite, puis le régime algérien, entre autres, allait mettre des moyens énormes, pour faire capoter ces frémissements populaires. Puis, très vite, les puissances occidentales, et Israël, qui n’acceptent jamais qu’un quelconque mouvement populaire, sous quelque latitude puisse-t-il se passer, ne soit pas sous leur contrôle, ont vite compris que cette menace contre leurs alliés et leur intérêts propres, pourrait devenir un atout entre leurs mains. Pour reconfigurer tous ces pays, les morceler, les diviser, puis les monter les uns contre les autres. Jusqu’à leur créer des Califats fantoches, manière de tourner les rêves et les délires des salafistes extrémistes en tragicomédie.

Nous en sommes là, aujourd’hui, sauf pour la Tunisie, qui est en train d’administrer une leçon magistrale à tous les peuples de la terre. D’abord et surtout, pour sa capacité à ne pas se laisser manipuler, à ne pas se laisser entraîner par ses extrêmes, vers des situations de confrontation. Ensuite, pour le civisme de ses populations, pour leur conscience politique, leur vision, et leur confiance en leur propre génie.

Des forces sournoises ont fait tant et plus, pour les déstabiliser, les plonger dans la violence, faire intervenir leur armée, pour lui faire commettre l’irréparable, injecter des groupes terroristes dans le maquis, financer des médias pour semer la zizanie. Rien n’y fit ! Au point où même les islamistes d’En Nahdha, qui avaient pourtant été élus par le peuple, préférèrent partager le pouvoir, alors que rien le les y obligeait vraiment, que de faire courir un risque de division au pays. Ce geste, d’une très haute portée historique, n’a pas été salué à sa juste valeur, surtout pas par les habituels donneurs de leçons occidentaux, si prompts à nous gaver de leur admiration pour l’ « exemplaire » démocratie israélienne.

C’est donc, en partie, grâce à cette volonté d’En Nahdha, de partager le pouvoir, avec les deux autres partis les plus présents au Parlement après elle, Etakattol et le Parti démocrate Progressiste que préside Moncef Merzouki que la figure de celui-ci a pu émerger de façon aussi remarquable qu’elle le fut.

En acceptant que la présidence soit confiée à Merzouki, les Nahdhaouis étaient confiants. Ils savaient qui il était, et ce qu’étaient ses convictions profondes. Il n’était pas des leurs, mas c’était un homme de parole, qui a de la pratique politique un sens élevé et sincère. Et plus que tout, même s’il porte ses convictions progressistes en bandoulière, il n’a jamais dénié, bien au contraire, aux islamistes de s’exprimer surr la scène politique, ni de recourir à la légitimité par la voie du suffrage universel.

Il ne s’est jamais servi de ces épouvantails et de ces repoussoirs anti-islamistes, pour faire peur à la rue, pour agiter le spectre de l’afghanisation et de la somalisation de son pays. Son seul postulat, et son seul paradigme politique sont que quiconque s’inscrit dans un cadre démocratique, qui ne remette pas en cause les droits de l’Homme, et les avancées en matière de droits de la femme en Tunisie, est libre de solliciter la bénédiction du peuple.

Le plus remarquable chez cet homme, qui a pourtant longtemps vécu en occident, et qui voue à celui-ci une sincère remarquée, est qu’il ne confond pas modernité avec occidentalité. Il est trop empli de son identité matricielle, pour vouloir importer en kit une autre que celle qui fonde celle de sa propre société, de la mémoire collective de son pays, dont l’histoire est trop riche, trop dense, pour être ainsi phagocytée par une quelconque autre. Merzouki sait que les peuples sont appelés à vivre eurs propres parcours historiques, pour se délester de leurs travers, pour retrouver leur voie, que c’est sur leurs valeurs et leur être mémoriel qu’ils doivent se fonder, et non pas se dissoudre dans des modèles dominants. Mais lui-même reste fortement ancré dans ses positions d’homme de gauche. Ce n’est pas pour rien, que Nelson Mandela en personne à demandé avec force à Benali de le libérer de prison. Moncef Merzouki est une chance pour la Tunisie. Il faut lui souhaiter qu’elle accepte de le porter à sa tête, et qu’elle lui fasse confiance.

C’est cela, ce sont ces convictions et cette vision qui rendent Merzouki attachant autant que prometteur. Si j’étais Tunisien, je voterais pour lui sans l’ombre de la plus petite hésitation. Et en tant que Maghrébin, j’ai déjà voté pour lui, pour assurer la première présidence du Grand Maghreb, dont la réalisation sera d’autant plus hâtée si de tels hommes sont portés à l’avant-garde de notre destin commun.

Djamaledine Benchenouf


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14 réactions à cet article    


  • Henri Diacono 3 décembre 2014 11:41

    A l’auteur,
    Un paquet de louanges pour un homme qui aux yeux de la majorité des tunisiens est prisonnier des islamistes les plus radicaux et qui pendant son « règne » provisoire a largement démontré son incapacité. Tout en étant complice d « l’Occident » et des Frères musulman.


    • espoir 3 décembre 2014 13:55

      Plus de 33% des Tunisiens ont donné leur voix à Moncef Marzouki au premier tour, je ne vois donc aucun rejet de la « majorité » des Tunisiens comme vous semblez affirmer avec certitude. Sebssi (malgré ses moyens financiers monstrueux ne l’a dépassé que de quelques points seulement), laissons alors le deuxième tour dire son dernier mot et on en reparlera.


    • espoir 3 décembre 2014 14:05

      Sous son “règne” pour reprendre vos guillemets, des élections libres et transparentes ont été organisées à plusieurs reprises. Les législatives où le parti Nida l’a emporté, Moncef Marzouki en bon démocrate a accepté les résultats du scrutin sans problème, et il en fera de même pour les présidentielles (pour un islamisto-djihadisto-radical, je le trouve trop mimi). Je ne suis pas du tout sûre que Sebssi, qui a tété la fraude dès son jeune âge et baigné dans la corruption, en fera de même sous son “règne” (là pour le coup, les guillemets sont plus qu’importants, puisque dans deux ans il fêtera ses 90 ans, il n’est pas difficile d’imaginer que le poste de président sera pris en otage comme bouteflika est pris en otage chez nous.


    • alainmarc 3 décembre 2014 15:51

      Ouf ! Vous n’êtes pas Tunisienne et donc ne voterez pas pour cette personne qui durant sa présidence « provisoire » a renié tous ses engagements, fait libérer des terroristes notoires, a couvert par l’intermédiaire de son premier ministre les camps d’entrainement de terroristes au mont Chaambi , supporté que trois assassinats politiques soient non élucidés, reçu en grande pompe des imams intégristes venus d’Arabie, et la liste est longue...

      Ne parlons pas de son bilan au niveau économie, le pays est au bord de la catastrophe.

      Personnage tellement décidé à s’accrocher à un poste ou il a été nommé et non élu qu’il est en train d’user de stratagèmes juridiques pour faire retarder la date du deuxième tour des élections pour qu’elles se produisent durant les vacances de fin d’années laissant le champ libre aux islamistes d’aller voter pour lui.

      Oh oui heureusement que vous n’êtes pas Tunisienne et, au passage un petit conseil, mêlez vous donc de vos oignons !


    • espoir 3 décembre 2014 16:07

      Alors je vous mets au défi, vous le Tunisien (et même ô combien, ça se voit de votre pseudo tout de suite, j’aurais dû y prêter plus d’attention), de nous dire : quelle sera selon vous la réaction de MArzouki en cas de défaite ? Je vous mets au défi de répondre avec sincérité !

      Mais moi je vous dis la réponse : il va l’accepter, comme il a déjà accepté les résultats précédents.
      Le clivage en Tunisie n’est pas celui d’islamiste vs laïc, mais de militants pour la liberté et les anciens du régime, soutenus par qui vous savez !  


    • Hannibal GENSERIC Hannibal GENSERIC 3 décembre 2014 15:59

      @ L’auteur :

      Votre article me rappelle les articles à la gloire de Ben Ali et de Moubarak, voire à la gloire du Calife Al-Baghdadi : il ne reposent que sur des croyances. En tant que Tunisien vivant en Tunisie, je ne me hasarderai pas à faire la brosse à reluire à un quelconque fou d’Allah. Nous vous connaissons comme journaliste pour Al-Jazeera, la TV d’Al-Qaïda et de DAESH. Vous avez le droit d’être un salafiste au service du Qatar, mais mes amis algériens vous ont dénoncé un peu partout, et me confirment que vous êtes du FIS, qui a provoqué 200 à 300.000 morts en Algérie, et ami de BHL !!

      Maintenant, voici quelques références sur Marzouki.

       Présidentielles 2014 : Marzouki « drague » les salafistes...Le Bilan désastreux de Moncef MarzouguiSCANDALEUX : Marzouki nous coûte 417 Millions par jour !! (200.000 Euros)

      Moncef Marzouki serait le fils d’un goumier, d’un traître


      • Nazima Nazim Khaled 3 décembre 2014 21:12

        Bonsoir, Monsieur Hannibal vous dites que les écrits de Monsieur Benchenouf reposent sur des croyances ... En revanche vos affirmations souffrent d’une grande carence à savoir le fact checking...

         

      • AmonBra AmonBraQ 3 décembre 2014 16:25

        Entièrement d’accord avec Hannibal et les faits qu’il évoque sont de notoriété publique.

        Marzouki est un agent du Qatar, un membre de l’internationale $alafo-$ioniste dont le Peuple tunisien doit se débarrasser au plus vite, lui et son ministre de l’intérieur de l’époque ont du sang de Chokri Belaid sur les mains.

        Avec lui au pouvoir en Tunisie, c’est comme si un fils de harki était présdient de l’Algérie !


        • cedricx cedricx 3 décembre 2014 18:46

          On ne peut pas dire que vous vouliez du bien au peuple tunisien M.Benchenouf, pas plus que vous en voulez pour le peuple algérien ! Vos voulez que je vous dise ? votre article m’a fait rire car personne ne peut prendre vos écrits au sérieux...


          • Nazima Nazim Khaled 3 décembre 2014 20:36

            Bonjour, Monsieur Benchenouf est connu non seulement pour sa belle plume et son grand professionnalisme mais surtout pour sa grande lucidité et honnêteté intellectuelle...Il est respecte et apprécié par une grande majorité en Algérie comme dans le monde. Sa vision est stratégique et surtout à moyen et long terme.... Fort est de constater que les critiques à son endroit ne sont ni constructives encore moins objectives.....Bon courage Ousted Benchenouf. 


            • Aafrit Aafrit 4 décembre 2014 11:14

              Votez Marzouki, nous dit le Benchenouf ?


              Puisque Benchenouf est un ami du Qatar qui avait applaudi avec les deux mains les bombardements en Libye, d’une main les virées de BHL et de l’autre les exactions otanesques , je serais vous, mon choix serait vite fait..

              • Nazima Nazim Khaled 5 décembre 2014 13:25
                Bonjour chers commentateurs, pour commencer permettez-moi de vous remercier d’avoir bien orthographier mon pseudo , 3 beaux prénoms, pour le reste je n’ai pas d’éléments de réponses à vous fournir par respect à cet espace, à nos honorables lecteurs et à ma personne ....Je vous invite de consulter si vous le souhaitez ma page F.B Nazima Nazim khaled parait-il que le respect est contagieux ....Oui je défends Monsieur l’auteur l’honorable Monsieur Djamel Benchenouf car il représente une ECOLE ou plutôt un CONCEPT... Et pour vous souhaiter une agréable journée, je vous offre ce beau dicton bien de chez nous : « On ne jette de pierres qu’à l’arbre chargé de fruits. ».... Bien des choses à Vous.


              • espoir 7 décembre 2014 14:05

                A part s’attaquer à l’auteur et aux gens respectables qui le défendent, qu’avez-vous à dire , ici, à ce sujet d’une thématique bien précise : il est question du candidat Moncef Marzouki.


              • Sadek 7 décembre 2014 17:19

                Il n’y a que deux choix qui se presentent aujourd’hui aux Tunisiens :

                1) Sebsi, le dinosaure du régime Ben Ali avec tous les risques et la quasi-certitude d’un retour des vieux démons de la dictature et de la stagnation socio-économique

                2) Moncef Marzouki, l’incorruptible et le garant des libertés et de la démocratie celui qui hissera la Tunisie aux rangs des nations développées.

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