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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi la dénomination de « Zouj Bghal » de la frontière Algérie-Maroc, (...)

Pourquoi la dénomination de « Zouj Bghal » de la frontière Algérie-Maroc, maintenue par le Maroc après l’indépendance, devrait être remplacée ?

   Le problème algéro-marocain n’est pas simple. Il remonte loin dans l’histoire. Le Maroc comme l’Algérie ont joué un rôle essentiel dans la défense du Maghreb contre la Reconquista. Ces événements historiques remontent très loin. Et la roue de l’Histoire a tourné. L’Algérie a été colonisée dès 1830 avec le déclin de l’empire Ottoman, le Maroc est placé sous protectorat plus tard, en 1912 par la France en 1912. Les visées impérialistes du kaiser allemand l’ont accéléré. C’est ainsi que deux pays importants du Maghreb, l’Algérie et le Maroc furent englobés dans l’empire français.

  Evidemment, les peuples ne peuvent rien contre les vicissitudes de l’Histoire, puisque les peuples européens, ironie de l’Histoire, se sont trouvés aussi à « s’entretuer » durant la « Grande Guerre » (1914-1918) et le Deuxième Conflit mondial (1939-1945).

 On eut alors d’un côté des peuples arabo-berbères nord-africains colonisés et des peuples européens enferrés dans la servitude d’une « industrie aliénante » (pays noirs des mines, usines d’armements, villes dortoirs) ou transformés en « chair à canon ». L’Europe a perdu tout repère dans cette volonté de puissance, une véritable nihilisation de la pensée européenne. L’industrialisation rapide réponse à l’avancée démographique n’apporta pas donc que du bonheur mais surtout des malheurs, au même titre que ceux qu’ont connu les peuples assujettis.

 Des séquelles de la colonisation ont été ressentis par les peuples. Si le Maroc et l’Algérie ont reconquis leur indépendance, respectivement en 1956 et 1962, cela ne veut pas dire que tous les problèmes de la colonisation ont disparu. Il y a des événements historiques qui ont la peau dure, ils ne veulent pas disparaître.

 Aujourd’hui, par exemple, les deux peuples se trouvent séparés par une frontière terrestre fermée depuis une vingtaine d’années. Pourquoi dira-t-on ? A cause de la politique ? Mais si c’est à cause de la politique, cela peut se comprendre. Et on n’y peut rien car cela relève de la politique et les régimes politiques des deux pays sont d’essence antagonistes. D’un côté un régime monarchique, de l’autre un régime républicain. Et les peuples n’y peuvent rien, il faudrait une révolution pour que tout change.

 Mais, au-delà des régimes politiques, il y a parfois des faits qui arrête l’attention, qui fait rappeler la « bêtise humaine », et surtout jusqu’où elle peut aller. Et c’est cela qui étonne, et encore de nos jours. Et souvent les gens en relatent sans faire attention, parce que cela paraît insignifiant bien qu’elle renferme beaucoup de sens. D’autant plus que cela a trait à la colonisation.

 Et justement il concerne un article très récent publié sur www.agoravox.fr « Maroc-Algérie : « Zouj Bghal », et comme le dit l’auteur, littéralement traduit « Les Deux Mulets ». Ce nom arabe a été donné à la frontière algéro-marocaine par la France. L’auteur énonce « A part les coups de feu, encore une fois les gardes frontières Algériens ont ouvert le feu sur des civils marocains soulevant un tollé, certes « légitimes », dans la classe partisane marocaine ». Passant sur les gardes-frontières qui ne sont qu’un fait divers, mais pourquoi fait-il ressortir le nom de la frontière algéro-marocaine ? On peut même dire que c’est très bien qu’il l’ait fait.

 Il faut rappeler que le nom de cette frontière a été donné du temps de la colonisation, donc par la France. Ce qui est incompréhensible, c’est que l’Algérie a changé le nom de cette frontière dès l’indépendance et l’a renommée « Akid Lotfi », du nom d’un des chefs historiques de la révolution algérienne. Une longue guerre de libération qui a fait plus d’un million de morts.

  Evidemment, c’est du passé. Le monde a complètement changé. D’autres problèmes se posent aujourd’hui qui n’ont presque rien à voir avec le temps colonial. Au contraire l’Europe cherche à se préserver des Harraguas, ceux qui traversent la mer Méditerranée pour rejoindre cet eldorado qu’est devenue l’Europe. Sans prendre conscience que l’Europe vit la plus grave crise de son histoire contemporaine après les deux conflits mondiaux.

 Pourquoi le Maroc a maintenu ce nom qui provient de la colonisation ? Par le sens même de « Zouj Bghal », n’exprime-t-il pas « Les Deux Mulets » dans la ligne de frontière entre les deux pays, deux nations devenues souveraines ? Pourquoi l’Algérie a changé le nom ? N’a-t-elle pas senti l’indécence dans cette appellation ? Et si la France, par ses autorités coloniales, a voulu, du temps de la colonisation, viser manifestement le Maroc et l’Algérie. Un mulet à l’Ouest, un mulet à l’Est. Voit-on, par exemple, une frontière franco-espagnole, franco-allemande ou autre… s’appeler ou « Les Deux Mulets », « Les Deux Ânes » ? Par le côté débile et la symbolique que représente une telle appellation, ce serait impossible, inacceptable pour les pays européens.

 La question se pose pourquoi le Maroc, les autorités cela va soi, continuent d’utiliser ce nom pour la frontière. Est-ce qu’il y a simplement un engourdissement du temps au point que cela paraît normal ? Evidemment, un pays monarchique laisse peu de liberté mais ce n’est pas une raison pour ceux qui président au destin du Maroc de ne pas prendre conscience de la débilité de l’appellation. Car, non seulement, ils ont maintenu le nom que la puissance colonisatrice a laissé mais ils ont maintenu le « Zouj », c’est-à-dire « Deux ». L’Algérie aurait dû demander aux autorités marocaines, par la voie diplomatique, de remplacer cette dénomination par un nom plus marquant de l’histoire marocaine. Et probablement, l’Algérie l’a demandé puisqu’elle a changé de son côté la dénomination de sa frontière. Et cette question s’est posée après l’indépendance.

  Mais si refus il y a eu de la part du Maroc, l’Algérie aurait dû au moins demander d’enlever le « Zouj », c’est-à-dire « Deux ».

 Mais le Maroc aura-t-il écouté ? Manifestement non !

 

Medjdoub Hamed 

Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,

Relations internationales et Prospective.

www.sens-du-monde.com


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11 réactions à cet article    


  • reveil reveil 3 novembre 2014 12:38

    Dans mon pays au Grand-Bornand, nous avons aussi le col des ânes, mais on ne se prend pas la tête avec ça.


    • cedricx cedricx 3 novembre 2014 19:10

      Voilà bien un « problème » maroco-marocain qui nous est longuement exposé, pour conclure que finalement la faute en revient au voisin qui aurait dû demander l’abrogation de cette appellation jugée infamante, voisin qui a fermé ses frontières il y a 20 ans en réaction à l’expulsion dans des conditions inhumaines des milliers de touristes algériens suite au fameux attentat de Marrakech attribué sur le champ à des algériens (l’enquête franco-marocaine prouva par la suite qu’il n’en était rien) les autorités marocaines espérait ainsi profiter des difficultés de l’Algérie à l’époque, résultat : ils ont perdus des dizaines de milliers de touristes qui drainaient avec eux des milliards chaque années et l’Est du Maroc perdait une manne inestimable....


      (le petit-bornand est le pays de mes ancêtre !)

    • Hamed 3 novembre 2014 19:26

      Le col des ânes et une frontière entre deux nations souveraines n’ont rien à voir en termes d’emblématique.

      Et si la frontière franco-allemande s’appelait les  »Deux ânes" je="je" suppose="suppose" que="que" cela="cela" ne="ne" vous="vous" votre="votre" vision="vision" territoriale="territoriale" entre="entre" la="la" france="france" et="et" est="est" tout="tout" fait="fait" donc="donc" un="un" point="point" de="de" vue="vue" combien="combien" rationnellement="rationnellement" il="il" peut="peut" heurter="heurter" ceux="ceux" qui="qui" auront="auront" porter="porter" jugement="jugement" sur="sur" cette="cette" mais="mais" en="en" question="question" pas="pas" les="les" ce="ce">span>Et vous pouvez dire ce que vous voulez, vous ne changerez pas le problème. Vous êtes à côté. Désolé


    • smilodon smilodon 4 novembre 2014 20:59

      @ l’auteur : à CUBA ils ont la « baie des cochons » !...(célèbre en d’autres temps)...Estimez-vous heureux !...Hamed alors !....Et puis franchement !.. Le col des ânes, vous le partagez non ??.. Ne vous estimez donc qu’à moitié « courroucé » !...Et dites-vous bien que l’âne, comme le cochon, est un animal bien plus intelligent qu’on ne pense !.... Il ne rechignerait pas à franchir un « col du maroc », ou un col de « l’algérie » !... Il est bien au-dessus de ce genre de « détail » !...Son intelligence le lui permet !... Ses oreilles, ses pattes et son dos aussi !... Adishatz.


    • 65beve 65beve 3 novembre 2014 16:37

      A Paris, on trouve le « Théâtre des deux ânes ».



      • Hamed 3 novembre 2014 19:30

        Même réponse 

        Le col des ânes et une frontière entre deux nations souveraines n’ont rien à voir en termes d’emblématique.

        Et si la frontière franco-allemande s’appelait les  »Deux ânes" je="je" suppose="suppose" que="que" cela="cela" ne="ne" vous="vous" votre="votre" vision="vision" territoriale="territoriale" entre="entre" la="la" france="france" et="et" est="est" tout="tout" fait="fait" donc="donc" un="un" point="point" de="de" vue="vue" combien="combien" rationnellement="rationnellement" il="il" peut="peut" heurter="heurter" ceux="ceux" qui="qui" auront="auront" porter="porter" jugement="jugement" sur="sur" cette="cette">span>

        Mais la frontière en question ne s’appelle pas les « Deux Ânes », Donc tout ce que vous dîtes n’est pas rationnel. Et vous pouvez dire ce que vous voulez, vous ne changerez pas le problème. Vous êtes à côté.


      • smilodon smilodon 4 novembre 2014 22:48

        @ 65beve : Ben vu que « paris sera toujours paris », dixit « mistinguet », qui pouvait pas tout deviner, si y’a encore un « truc » « français », faut le dire vite à nos « amis » !.... Ils n’aiment pas les « ânes » semble-t-il !.. Alors, 2 ânes dans le même théatre !... Ca va chier !... Tu vis à Paris ??.. Y’a des « blancs » encore là-bas ???.. Juste pour savoir !.. T’en croise combien tous les jours ???.... Tu veux en voir « plein » encore, rien que dans la rue ??... Viens dans les « Landes » !..... Un « autre monde », tu verras !.. Un peu « comme avant » !..... C’est dingue !.. Je devrais pas dire ça !... Allez, bonne bourre chez « toi » .... Adishatz, et bonne chance !!.... Smilodon. Un bon gros vieux chat... En voie de disparition. ?.....


      • smilodon smilodon 4 novembre 2014 22:53

        Disparu déjà !.. Sauf ici !.. Chez moi.......On résiste !....Entre dinosaures !..... Gentiment !.....Au milieu des pins...................................................


      • smilodon smilodon 5 novembre 2014 20:45

        On est pas « à côté » !...On est bien « au-dessus » !.... Et quel bonheur !.....Adsihatz.


      •  Mohamed Takadoum M Takadoum alias Bouliq. 4 novembre 2014 00:16

        @l’auteur


        L’histoire que vous brossez de Zouj Bghal n’a rien à voir avec ce que vous avancez. Beaucoup de légendes circulent sur cette frontiére aucune d’elles ne fait allusion aux deux pays.
        Le Maroc était sous protectorat et l’Algérie un departement français. Comment donc les français peuvent -ils donner un nom péjoratif à un de leurs département ?

        Parmi ces légendes trouvée sur le net.

        « À l’époque où le royaume était encore un protectorat et son voisin un département français, un différend opposait politiques et militaires de l’ex-métropole concernant le tracé de la frontière entre les deux territoires. Pour le trancher, il fut, dit-on, décidé de faire marcher deux mulets attachés à un joug en direction de l’est et de fixer la frontière à l’endroit où ils s’arrêteraient. Voilà pourquoi le poste marocain a été baptisé « Zouj Beghal ». »

        Je suis tout à fait d’accord avec vous pour que le Maroc change ce nom ridicule à moins qu’il y ait un élément historique qui une signification du coté marocain dérriere cette appelletion.

        Aux historiens donc de pârler au préalable.

        • gegemetz gegemetz 4 novembre 2014 10:14

          bonjour

          pour y être souvent allé je peux vous certifier que cette frontière qui va de la mer jusque OUJDA suit tout simplement un oued avec une traversée, très belle , de la montagne en bord de mer  !
          et elle est un lieu d’échanges verbaux entre marocains et algériens ...ils ne sont séparés que par une dizaine de mètres ! des parkings y ont été aménagés !!
          et encore plus triste ...cette plage magnifique de 15 km est coupée par cette frontière ! 4km coté algérien et 11km coté marocain ! dommage !

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