• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Quel est le rôle de l’Etat au XXIème siècle ?

Quel est le rôle de l’Etat au XXIème siècle ?

Alors que le groupe d’experts de l’Union européenne concernant la fiscalité de l’économie numérique a tenu sa première réunion et que le G20 soutient l’initiative de l’OCDE concernant la nécessité d’adapter les règles fiscales à l’économie d’aujourd’hui, nous nous sommes interrogés sur le rôle de l’Etat au XXIème siècle. A l’heure de la citoyenneté mondiale, le pouvoir souverain des Etats sur un territoire et les personnes qui l’occupent semble désuet et les modes de prélèvement de l’impôt paraissent anachroniques et inadaptés. Nos gouvernants sauront-ils changer de cap en douceur ou nous enverront-ils droit dans l’iceberg ? Ebauche de réponse dans cet article.

Dans un système où l’État joue un rôle-clé dans la vie de ses citoyens, il est communément admis que l’impôt est une nécessité pour financer les dépenses publiques. À l’origine, le quidam payait son suzerain, son seigneur ou son roi pour le protéger et maintenir les infrastructures nécessaires à la vie quotidienne.

Initialement, naître dans un État signifiait adhérer (de gré ou de force) à la vision de son gouvernement et donc payer les impôts indispensables à la réalisation de cette vision ; la démocratie et le droit de vote universel étaient censés garantir l’adéquation entre la vision des citoyens et la vision du gouvernement. L’impôt au service de la réalisation d’un idéal partagé. Intuitivement, on perçoit déjà les limites d’une telle conception. 

Dans nos économies modernes en revanche, nos élus ont grignoté du terrain et élargi leur champ de compétences afin de garantir l’égalité et l’équilibre entre sujets. L’État s’est petit à petit ingéré dans tous les domaines du quotidien tels que l’éducation et la sécurité sociale, nécessitant pour ce faire un budget toujours plus grand.

Tout allait bien jusqu’au jour fatidique où ces États ont décidé de globaliser l’économie en signant des accords de libre-échange, en supprimant les barrières à l’importation, en encourageant les investissements étrangers et en exportant nos technologies. Le monde est devenu un village et tout citoyen européen a entrevu la possibilité d’une autre vie. La jeunesse éduquée, biberonnée à l’Erasmus et au concept de citoyen du monde, a ouvert son champ des possibles et s’est vu pousser des ailes, ayant l’opportunité de constater par elle-même que l’herbe était parfois effectivement plus verte ailleurs.

Petit à petit, le contrat social plébiscité par les aînés soucieux de sécurité n’a plus fait l’unanimité et le citoyen pressé comme un citron a décidé de ne plus payer d’impôt ou, du moins, de diminuer sa contribution en bidouillant à gauche à droite, fraudant si besoin, voire en allant sous des cieux plus cléments. Certains diront que seuls les plus nantis se permettent ce genre de comportements, mais détrompez-vous, l’art de la débrouille, voire de la magouille est présent à tous les niveaux de la société. Seulement voilà, la bidouille c’est comme l’impôt : proportionnel à votre patrimoine. Plus vous en avez, plus il augmente.

Témoin de ces déviances, mais refusant de remettre en question son fonctionnement, l’État a pendant un temps préféré s’endetter et continuer à dépenser afin de préserver sa réputation. Mais l’État cigale ayant chanté tout l’été se trouva fort dépourvu quand la bise digitale fut venue.

En effet, la répartition des richesses au niveau planétaire a changé rapidement et l’avènement de l’internet a modifié la donne en matière de flux de capitaux. Nos gouvernements ont assisté à la création d’une manne de revenus providentielle qui reste en dehors de leur portée et ont cru tenir la solution à tous leurs problèmes. Pourquoi admettre ses erreurs alors que l'on peut obtenir facilement les ressources nécessaires pour maintenir le système ? Nos dirigeants ont donc vu dans ce secteur en plein essor la poule aux œufs d’or et ont lâché leurs chiens législateurs, symptôme supplémentaire de cette vision à court terme propre à nos élus, vision que des élections régulières induisent inévitablement.

Ce refus de l’État d’assouplir ses structures et de nier ses responsabilités doit-il être salué ? Bien évidemment, la volonté initiale d’atténuer les inégalités entre sujets est noble, mais la question centrale est celle de l’adhésion entre les besoins du citoyen et les services de l’État. Cette question en amène une autre : l’être humain est-il un éternel assisté ?

A-t-on besoin de l’État pour prendre en charge notre système de santé, nos pensions, notre éducation ? Devrait-on avoir le choix ? Le choix entre une assurance santé privée et ce que nous offre l’État ? Le choix entre financer les universités publiques ou être autodidacte via l’internet ? Le choix entre le système de pension financé par l’État et une autre initiative privée ? Le choix de prendre nos responsabilités individuellement tout en acceptant d’aider ceux que la vie a limités ?

Si certains arriveraient sans mal à être autonomes, d’autres n’y parviendraient pas soit par manque de capacité soit par pur opportunisme. Pourrions-nous supporter de les voir crever de faim ou de maladie tout en leur disant qu’ils l’ont bien mérité ? Nous avons beau critiquer l’État, son rôle nous permet de regarder un réfugié crevant la faim, un charnier sur un autre continent ou un mendiant grelottant de froid sans estimer que c’est notre responsabilité. Cette absence de culpabilité n’a pas de prix car, ne nous voilons pas la face, rares sont ceux qui acceptent de perdre leurs privilèges pour se confronter à la misère ambiante.

Que faire dès lors et quel rôle attribuer à l’État aujourd’hui ? Selon nous, ce rôle devrait être limité à son strict minimum : défense, garantie d’un revenu minimum et maintien des infrastructures publiques. Cependant, cet objectif reste inatteignable sans un effort global des citoyens : accepter de perdre maintenant pour gagner le jackpot demain. À défaut d’une révolution ou d`une prise de conscience prochaine, la réponse à notre question de départ est donc simple : laissons à l’État le rôle qu’il a toujours eu : celui d’exutoire, de punching-ball, responsable de nos déboires et incapable de gérer correctement les biens publics. Avouons-le : refaire le monde autour d’un verre de bière, de vin ou de champagne selon ses moyens est simple, mais rien n’est plus jouissif que d’avoir un gouvernement à blâmer de tous nos maux du quotidien et, pour la jeunesse d’aujourd’hui, l’État-nation n’est plus qu’un vieux rêve obsolète et les gouvernements des pantins au service de puissants dont la jeune génération se moque volontiers. Laissons donc nos dirigeants s'agiter au bout de leurs fils et osons enfin sortir du nid et prendre notre envol.

Bienvenue en 2014, bienvenue au XXIe siècle, le siècle de l’État marionnette.


Moyenne des avis sur cet article :  1.67/5   (6 votes)




Réagissez à l'article

2 réactions à cet article    


  • bourrico6 8 janvier 2014 11:57

    C’est beau de rêver à une Humanité réfléchie et mature.

    Sans ces condition, virer l’Etat, c’est laisser entrevoir des possibilités à des légions de petits seigneurs en herbe.
    Il n’y aura plus d’objectifs globaux, de planification sur le long terme, hormis bien sur sur les sujets d’argent et de rentabilité immédiate, qui resteront les seuls sujets discutés par les nouveaux « maîtres des forges ».
    Le couronnement de la corruption, des arrangements entre amis, un monde merveilleux sans aucun contrôle digne de ce nom, chacun fait ce qu’il veut, même si ça doit nuire à la planète entière.

    Je donne pas longtemps à ton monde de merde pour qu’il s’effondre sous son propre chaos, avant qu’il soit mis à feu et à sang par les hordes d’esclaves qu’il génère.

    En fait, vous réinventez la féodalité, c’est assez extraordinaire.... et lamentable à la fois.

    accepter de perdre maintenant pour gagner le jackpot demain.

    L’éternelle couleuvre, ça va ? tu aimes ? tu en veux encore ?
    J’accepte que ceux qui s’enrichissent perdent, oui.
    Mais pas vous, vous, vous acceptez que ceux qui ont peu perdent encore le peu qui leur reste pour enrichir encore plus les autres.

    Je vous le dit sans haine, mais je vous verrai bien au bout d’une pique.


    • claude-michel claude-michel 8 janvier 2014 13:37

      L’état est aux abonnés absents depuis longtemps...De toute façon il travaille pour Bruxelles qui travaille pour l’Allemagne.. !

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

Banana Fric

Banana Fric
Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès