Quelle Syrie après Bachar Al Assad ?
Comme tous les pays arabes du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord, la Syrie connaît un régime autoritaire où tous les pouvoirs sont détenus par le chef de l'Etat, Bachar El ASSAD, soutenu par un parti unique (Al Baâs) et une armée super équipée qui compte 200.000 hommes et presque 300.000 réservistes.
La famille Al ASSAD règne en maîtres absolus sur le pays depuis quarante quatre ans. Après le père, Hafez (1943-2000), le fils prend la succession et s'entête depuis à garder le pouvoir malgré une très forte opposition. Ce conflit entre Assad et ses adversaires revêt toutefois un caractère bien particulier. Il ne s'agit pas en effet d'un affrontement entre le régime et des citoyens syriens mécontents, mais d'un véritable état de guerre qui oppose plusieurs courants idéologiques, économiques, stratégiques et religieux. On y trouve également et en premier lieu, les deux belligérants classiques, Occident et Russie, les Chiites et les Sunnites, les Arabes et les Kurdes.
Le régime Assad reçoit des aides matérielles et psychologiques de certains pays amis tels que la Russie, la Chine, l'Iran, l'Algérie et quelques Etats de l'Amérique du Sud. L'opposition syrienne est soutenue et financée, à son tour, par l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie. Mais les Etats-Unis restent en réalité le principal intéressé dans ce conflit. Devenus les gendarmes de la région, les Américains font la guerre à tous les gouvernements opposés à leurs intérêts et la sécurité de leur allié Israël : l'Irak de Saddam, la Libye de Kadhafi, le Soudan de Omar Bachir et bien entendu l'Iran des Ayatollah et la Syrie de Bachar El Assad.
Peut-on dire cependant que Washington est arrivé jusqu'à présent à réaliser son objectif ? Dans quelle mesure la chute des anciens régimes de l'Irak et de la Libye ou, demain, de la Syrie, constitue-t-elle un intérêt pour les USA ? D'accord, c'est toujours des responsables ennemis éliminés de la scène politique...C'est également un champ libre pour des relations meilleures avec de nouveaux dirigeants... et de nouveaux intérêts en vue.
Nous trouvons que c'est là un mauvais calcul ! Le chaos créé après la mort de Saddam et Kadhafi a engendré une situation plus complexe et plus dangereuse, une situation qui permet aujourd'hui à l'Etat Islamique d'évoluer plus librement et d'occuper le terrain, en l'absence de régimes forts et bien organisés. Qui peut deviner ce que sera la Syrie de l'après Assad ? Est-ce que, ce qu'on appelle aujourd'hui l'opposition ou l'armée libre syrienne sera-t-elle en mesure de gouverner le pays et d'établir l'ordre et la sécurité ? Je ne le crois pas un seul instant. Il s'agit plutôt d'un assemblage hétéroclite de syriens de toutes tendances religieuses, idéologiques, et surtout, de mercenaires étrangers recrutés et financés par quelques pays du Golfe avec l'Arabie saoudite en tête.
Nous l'avons dit dans un article précédent, la Syrie est un pays ingouvernable comme d'ailleurs la plupart des Etats de la région. De 1943 à 1970, on a vu se succéder à Damas 20 présidents dont une dizaine de militaires, soit, en moyenne, un chef d'Etat tous les seize mois...On compte aujourd'hui plus de 1000 morts et des milliards de dollars de dégâts matériels depuis le début de l'insurrection. Quelle ruine et quel carnage humain ! Et dire que toute une cérémonie funèbre et tout un hommage national est rendu à un soldat américain ou européen qui tombe en Afrique ou au Moyen Orient... Mon Dieu ! Est-ce que la tête de Bachar el Assad vaut-elle un tel prix ?
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