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Quitter une organisation après 19 ans de militantisme (4ème partie) 1999-2002...Retour à la « base » !

Dans les trois premiers épisodes publiés sur agoravox, je décrivais mes activités internationales au sein de la confédération FO (1993-1999). Voici la suite de ma petite histoire… 

30 septembre 1999, me voilà de retour à Clermont-Ferrand et mon nom disparait de l’annuaire confédéral de Force Ouvrière (bureau 366 – 3ème étage – Europe International).

Je quitte la confédération FO l’esprit serein car le travail accompli (même si inachevé de mon point de vue). Mais je ne peux dissimuler longtemps mon dépit de quitter ma responsabilité sans même un mot du secrétaire général de la confédération, Marc Blondel et encore moins de René Valladon, secrétaire confédéral à l’Europe-International depuis le 2 janvier 1999.

Côté activités professionnelles confédérales, j’étais satisfait car je n’avais jamais reçu le moindre reproche important.

Après mon départ, d’aucuns (dont une ancienne collègue assistante qui voyageait beaucoup plus que moi et à laquelle je pardonne) n’ont pas hésité à me fabriquer une légende peu sympathique : « Rémi aimait beaucoup les voyages ». Cela en sous-entendant que j’abusais des déplacements !

Cela me fit sourire (forcément jaune vu ma responsabilité asiatique) car mon travail consistait aussi (comme Marc Blondel me l’avait bien précisé lors de l’embauche) à faire des voyages d’étude et représenter FO à des réunions internationales de tout genre.

Mon retour « à la base » à Clermont-Ferrand ne fut pas une surprise pour moi. Ni une catastrophe. Mais ce fut, quelques semaines durant, psychologiquement difficile.

Je passais des grands débats syndicaux (et politiques) planétaires aux problèmes très quotidiens du monde du travail (à la SNCF de Clermont-Ferrand).

Plutôt prudent face aux structures de pouvoirs politiques et syndicales, bien conseillé par un camarade expérimenté et souvent bien informé du fonctionnement interne confédéral, j’ai préparé mon retour provincial dans les meilleures conditions.

Et cela, bien avant mon départ …

D’abord en me présentant à la responsabilité de secrétaire général de l’Union Régionale des syndicats de cheminots FO (Clermont-Ferrand) et en étant élu parce …qu’il n’y avait aussi aucun autre candidat pour le poste.

Le secrétaire général adjoint de la fédération FO de l’époque fut présent pour en témoigner, ce qui m’aida puisque certains camarades fédéraux (jaloux ou envieux du parcours) me taillaient déjà le costume de l’arriviste.

Ensuite, en militant dans le secteur interprofessionnel (comme membre du Bureau de l’Union Départemental du Puy-de-Dôme, puis durant 7 ans comme l’un des cinq secrétaires adjoints de cette structure).

Je fus élu conseiller prud’homal au Conseil de Clermont-Ferrand (section commerce) le 10 décembre 1997.Ce mandat de conseiller prud’homal fut certainement le plus intellectuellement riche pour moi. En outre, avec mes autres camarades élus FO de la section, et porté en cette année-là par un scrutin positif, je devins Président Suppléant, et Vice-président Suppléant de la section commerce (le titulaire étant un collègue CGT).

Je pris un plaisir immense à siéger au Conseil. Le Conseil était situé au sein de la cité judiciaire nouvellement construite au cœur du vieux Clermont, quartier piétonnier agréable. Etre « magistrat bénévole » en C.P.H., c’est avant tout (et seulement) dire le Droit en usant du Code du Travail, et des textes conventionnels (C.C.N. ou textes régionaux).

Débattre pour délibérer entre les quatre conseillers (deux pour chaque collège, salariés et patronal) fut aussi intéressant. Mais trop souvent, je constatais la faiblesse de la formation juridique de mes collègues employeurs ! (elle était parfois compensée par le « bon sens »). Cela pouvait, par moment, créer quelques tensions, les employeurs jugeant presque inutile l’usage (par une lecture claire) des textes juridiques.

Alors que je faisais des efforts pour lire (et apprendre) le droit du travail, j’étais stupéfait par certaines attitudes consistantes à ne pas vouloir trouver le "juste" jugement parce que l’organisation patronale avait décidé (en haut lieu) d’opérer de vrais blocages pour recourir au départage par juge professionnel.

Mais je me souviens aussi de bons moments consistant à condamner un patron qui avait le harcèlement moral pour pratique managériale commune, mais aussi (fait certes beaucoup plus rare) débouter un salarié manifestement tricheur. J’ai donc joué mon rôle de juge « diseur de droit » de la meilleure façon possible et même si je reconnais ne pas toujours avoir été aussi bon que j’aurais dû. J’ai essayé de corriger mes connaissances parfois défaillantes par l’état d’esprit adéquat.

Siégeant souvent au Conseil, j’ai aussi constaté la faiblesse des moyens attribués à une juridiction pourtant efficace, très dynamique et d’un coût pour la collectivité très modique. Ce qui n’empêchait pas la Chancellerie de rogner sans cesse sur les dépenses « techniques » (vacations et frais de déplacements pour les juges tous bénévoles) et un temps parfois limité pour la rédaction des jugements qui pouvaient faire plusieurs dizaines de pages.

J’ai appris quelques temps plus tard, après la fin de mon premier (et unique mandat), que plus d’un tiers de mes jugements n’était pas contesté en appel, et que du restant qui l’était, une autre moitié était conforté. Ce qui prouvait bien que notre section avait assez bien travaillé.

Cette expérience m’a fait suivre avec un peu plus d’acuité la « réforme » judiciaire lancée par R.DATI qui a eu les effets escomptés : un éloignement du service public de la justice et une cassure entre l’exécutif ministériel et les magistrats ainsi que l’ensemble des auxiliaires de justice (avocats, avoués, bâtonniers, experts etc.…).

Quant à mes activités à l’U.D. Force Ouvrière du Puy-de-Dôme, je fus en charge de communication, de représentation au Comité Départemental de l’Emploi et de la Formation (présidé par le Préfet), réunions à la Direction Départementale du Travail et de l’Emploi, ainsi que quelques tâches de représentation comme un poste d’administrateur suppléant à l’URSAFF 63 durant plus de 7 ans.

Je repris place au Comité d’Etablissement Régional SNCF de Clermont-Ferrand, comme représentant syndical FO et ce jusqu’en 2002. Cette période (oct. 1999 – octobre 2002) me permit de faire le point sur mon avenir et de prendre le recul nécessaire pour cela.

Je conserve un souvenir plutôt sympathique de cette période assez courte, parce que j’ai côtoyé des camarades syndicalistes conviviaux. C’est aussi durant ces trois années que j’ai participé à l’arrivée de plusieurs camarades de la FGAAC (syndicat autonome des agents de conduite) au sein de FO à Clermont-Ferrand.

A mon départ, c’est d’ailleurs un ancien FGAAC honnête et sincère, bien qu’emprunt d’un peu de naïveté politique, qui fut élu comme secrétaire régional.

A suivre …

Prochaine épisode « …Secrétaire Fédéral FO cheminots »

Rémi AUFRERE


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5 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 22 octobre 2009 11:30

    toujours pas envie de cotiser a un syndicat .....
    si les autres syndicats font pareil, ca m’etonne pas qu’il y ait peu de re’sultat


    • remiaufrere remiaufrere 22 octobre 2009 18:03

      Certes je suis concerné personnellement (sourires) par ce récit.
      Mais cette fois-ci je comprend encore moins l’opprobre sur cet épisode qui témoigne d’une attachement indéfectible et très concret à la défense du droit du travail (et donc des salariés)...
      A croire que mon langage n’est ni accessible, ni compréhensible ou bien que l’on aime me placer dans le rôle du salaud (lumineux ou pas ?)...

      « Si les autres syndicats font pareil... » ... peu de résultat...

      Monsieur FOUFOUILLE, s’il y a peu de résultat , syndiquez-vous, faites vous élire à des responsabilités et assumez !

      Vous trouvez que la place est bonne ? allez-y franco on vous attend et je suis nul comme beaucoup d’autres !! (triples sourires)...

      Vous vous syndiquerez peut-être le jour où vous aurez un problême sur votre lieu de travail (si vous bossez) comme tant d’opportunistes qui ne jugent le syndicat que comme un prestataire de service juridique pour vous personnellement (et les autres vous vous en moquerez bien sûr car ça ne sera jamais votre souci).

      J’en ai tant vu en 20 ans des gens qui critiquaient et crachaient sur des personnes comme moi ou comme d’autres, qui les ridiculisaient souvent, mais qui venaient nous rencontrer pour les défendre ensuite.

      Et comme nous ne sommes pas égoiste (en tout cas pas comme vous), nous avons toujours eu la dignité de les défendre.

      Et là, vous avez raison de penser, nous (et je suis) sommes très c..s !
       
      Et que ça vous donne toujours pas envie de cotiser à un syndicat (comme s’il n’était pas simpliste de songer aux syndicats qu’à travers le paiement d’une cotisation, bonjour la merchandisation du monde !)...

      Et l’action (la solidarité) collective syndicale, ça n’existe qu’à la télé à travers « les grèves qui prennent en otage les gens » (dixit TF1, Le Fig Mag...etc...) ?


    • foufouille foufouille 22 octobre 2009 20:52

      ca t’a fait reagir .........
      FO force ouvriere pas voyage « ouvrier »
      j’imagine la cgt et la cfdt ..........

      non je bosse pas, mais j’aurait put cotiser pour tes voyages
      merci quand meme pour me con,forter dans le tous pourris

      pour changer les choses faudrait etre millionnaire
      sauf que seul 5 « syndicat » sont reconnus .............


    • Roger Martinovsky 22 octobre 2009 14:21

      je trouve cet article fort intéressant mon brave.


      • Quenet 23 octobre 2009 00:18

        On ne peut être que convaincu par la sincérité de l’homme et l’extrême médiocrité des appareils et de ceux qui les gouvernent !

        Un autre point d’importance : défendre le droit du travail, c’est défendre l’équilibre nécessaire dans un rapport (ici salarié, des époux quand il s’agit du droit de la famille)... tenter de favoriser l’une ou l’autre des parties, c’est casser un équilibre et déséquilibrer un état de droit ! Se situer hors de cet équilibre, c’est rejoindre la cohorte des conservateurs de tous poils dont il ne faut rien attendre (les appareils en sont truffés... la preuve ils y restent et cela se voit) Rémi semble en témoigner ! Bon courage, l’idéal est de bien le vivre (et avec le sourire)

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