Raul Castro dans la continuité de Fidel Castro
Les frères Castro ont toujours fait preuve de pragmatisme dans la gestion de Cuba afin de maintenir l'essentiel des conquêtes de la révolution qu'ils ont opérée en 1959. L'étude du passé éclaire largement la ligne politique établie aujourd'hui.
Fidel Castro a toujours su rebondir pour maintenir le socialisme cubain et cela dans les pires conditions.
Au lendemain de la révolution de 1959 lorsqu'il s'est agi après les nationalisations des entreprises américaines qui détenaient les commandes du destin cubain, il s'est tourné vers l'Union Soviétique et les pays d'Europe de l'Est seuls en situation de l'aider à relever le défi d'un développement anti-capitaliste. A la chute de l'URSS et de l' Est-européen communiste, alors que son pays s' effondre et que le régime peut disparaitre, il arrive dans la Période Spéciale à trouver les alliés indispensables pour permettre à la révolution de continuer : le Vénézuela, la Chine ont remplacé le grand frère soviétique défaillant. Et en mars 2005 Fidel Castro rencontre déjà 300 chefs d'entreprises américaines soucieux de voir évoluer les relations bilatérales entre son pays et les USA.Il annonçe : "nous sommes rentrés dans une nouvelle étape" ; autrement dit, la période spéciale est finie.
Tout au long des décennies cahotiques en matière de développement de l'île, il suffit, pour comprendre sa formidable capacité d'adaptation, de voir les inflexions économiques apportées par le gouvernement castriste qui autorise l'activité privée sous certaines formes bien délimitées, la restreint quand les temps sont meilleurs, au gré des vicissitudes de la consommation cubaine intérieure. Lorsqu'il y a échec, le gouvernement cubain essaie une autre politique. Des rectifications incessantes ont eu lieu préservant toujours le socialisme à la cubaine.
Le 26 juillet 2006 lors de la cérémonie du 53 ème anniversaire de l'assaut de la Moncada Fidel Castro est atteint d'une crise intestinale aigüe. Il est opéré le lendemain. Le 3 juin le quotidien "Granma" avait publié 8 pages sur Raul Castro et son itinéraire. Le 31 juillet Fidel Castro décide de déléguer ses pouvoirs à Raul Castro... temporairement. Le 24 février 2008 Raoul Castro devient président du Conseil d'état.
Raul Castro s'il est moins paternaliste, s'avère plus pragmatique encore que son frère Fidel. Raul Castro est lui aussi prêt aux ajustements économiques incontournables, pour maintenir l'essentiel de la gouvernance communiste, du socialisme à la cubaine au plan institutionnel, social, et les grandes conquêtes du régime que sont la santé, l'éducation gratuites, l'indépendance du pays.
Un des historiens emblématiques de la révolution cubaine, m'avait confié, à la Havane, que l'économie avait été le point faible du castrisme. Appliquer des lois politiques à l'économie étant particulièrement hasardeux. Dès 1995 Fidel Castro avait reconnu :" nous avons besoin d'efficacité et de rentabilité...Nous avons démontré que nous ne sommes pas de bons gestionnaires". Sans sous-estimer ou méconnaitre le "bloqueo", l' embargo américain, qui a été une insurmontable contrainte , un formidable poids sur l'histoire de la révolution castriste et le développement du pays mais qui ne peut à lui seul expliquer sa situation économique pour le moins difficile.
Le 24 janvier 2008, président du Conseil d'état et du Conseil des ministres, Raul Castro demande devant l'Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire un renforcement de la productivité. Le 11 août suivant, toujours devant l'ANPP, il reconnait que "l'égalité n'est pas l'égalitarisme. Ce dernier, en fin de compte, est aussi une forme d'exploitation : celle du bon travailleur par un travailleur médiocre ou pis encore, par un travailleur paresseux...Socialisme signifie justice sociale et égalité, mais égalité des droits et d'opportunités, non de revenus".
Le praticien qu'est Raoul Castro ouvre alors plus largement l'économie, pour sa survie, aux investissements étrangers, en préservant l'éducation, la santé et l'armée. L'état permet que les sociétés mixtes rapatrient leurs bénéfices dans les pays d'origine et il promet que ces entreprises ne seront jamais nationalisées. Il autorise l'installation des banques étrangères, avec des points de vente en devises, des guichets automatiques. Des stimulations financières sont mises en place pour les travailleurs, dans l'agriculture comme dans l'industrie.Tout en maintenant contre vents et marées un Cuba socialiste... On peut lire la déclaration du vice-président de la grande entreprise sucrière cubaine : "le nouveau groupe sucrier cubain Azcuba, créé en 2011 pour se substituer au ministère du sucre, investit les deux tiers de ses revenus annuels de l'exportation pour relancer sa production. L'entreprise Azcuba veut faire passer de 9 à 27% la superficie des terres irriguées".
Jusqu'à aujourd'hui....
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