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Accueil du site > Tribune Libre > Réformes scolaires : comment travailler moins

Réformes scolaires : comment travailler moins

Ou l’art du glandouillage à l’école, avec le soutien actif de l’Éducation nationale.


Le nouvel esprit socratique se devine déjà dans la sémantique : autrefois on plaçait le savoir au centre du projet scolaire, c’est-à-dire une terrifiante montagne de connaissances dont chacun savait instinctivement qu’il n’avait aucune chance d’en atteindre un jour le sommet, ni de simplement tutoyer ces hauteurs quasi divines. Aujourd’hui, c’est l’élève qui est « au centre du projet éducatif », jeune pousse rebaptisée « apprenant », ébauche d’être humain qui fera l’objet de toutes les sollicitudes et de toutes les attentions.

Comment un roitelet entouré de sa cour songerait-il une minute à se fatiguer pour apprendre toutes ces choses absconses ? Il y a des gens pour ça !

S’il advenait néanmoins qu’un audacieux inconscient se lançât avec un enthousiasme suspect dans la découverte du programme scolaire, il serait vite calmé par les nombreux obstacles dressés sur sa route.

En premier lieu - les vacances scolaires, fréquentes et longues, mais celles-ci existent depuis longtemps et n’ont jamais empêché un glandeur reconnu, comme votre serviteur, de parvenir à retenir finalement des bribes de savoir.

Depuis mon départ de ces temples de l’éducation que sont les préfabriqués, les innovations en matière de non-travail n’ont pas cessé.

Par exemple, les voyages linguistiques, jamais évalués, au bilan écologique aussi noir que le nuage culier d’un bus de voyage deux-ponts-WC-home cinéma incorporé. Tout ça pour faire passer son niveau d’anglais de 6,33 à 6,34 sur l’échelle du CECRL, au prix d’une organisation digne des armées napoléoniennes.

Non, je blague, l’échelle CECRL (A1, A2, B1, b2, C1, C3) est trop imprécise pour seulement parvenir à mesurer le progrès accompli grâce à six journées de visite dont un aller et un retour en beuglant dans les bus ! A la rigueur, si l’on utilisait les sous-niveaux prévus à l’origine comme une arborescence infinie (A2,5), à destination des spécialistes, cela serait possible, mais c’est mal barré vu que lesdits spécialistes n’en sont encore qu’à peaufiner les outils de mesure de ces niveaux de langue...

En tout cas, une semaine de voyage à Londres, tous frais payés ou presque, rien d’étonnant à ce que les profs de langue en demandent toujours plus, plus longtemps, plus loin, jusqu’aux « States » ! Tout en se plaignant que c’est épuisant de surveiller ces démons, que leurs mérites et leur dévouement ne sont pas suffisamment reconnus…

Plus fort encore : lorsque les accompagnateurs sont en voyage linguistique, leurs autres classes n’ont pas cours ! Car en règle générale, pour une malheureuse semaine d’absence ils ne sont pas remplacés. C’est d’ailleurs un principe qui s’applique aux stages de courte durée : « Maman, j’ai pas cours de maths, mon prof est en stage ! »
Donc 1 voyage = 4 à 6 classes sans cours pour une semaine !

C’est même un axiome de base : toute idée qui permet de diminuer le travail des élèves et des professeurs se voit appliquer un coefficient multiplicateur, parce que durant le temps de travail perdu à faire autre chose, une autre classe se verra pénalisée, et lorsque à son tour l’autre classe aura droit à la même activité, la première se tournera les pouces à son tour. Bon, je reconnais que dit comme ça, c’est moins clair que le poids du volume déplacé.

Essayons donc avec un exemple vécu : une visite à un musée ou une expo-photo. Quand le prof de français de l’élève A accompagne la classe A, la classe B n’a pas cours. Quand le même prof accompagnera la classe B, l’élève B n’aura pas cours, mais l’élève A non plus, s’il devait avoir ce professeur-là, ce jour-là !
1 journée de perdue = 2 journées de perdues, initiant déjà les élèves à la logique floue de la physique quantique.

Au primaire, c’est encore plus facile : il suffit de multiplier les rencontres sportives interclasses, intervillages, intercommunautés de communes, inter-pelouses etc., développant ainsi l’esprit de compétition (qui sommeille chez certains enfants), tout en améliorant le bronzage des enseignants – le soleil est nécessaire à la fabrication de la vitamine D, et un enseignant carencé est un mauvais enseignant.

On peut aussi faire venir une étudiante « native english » nécessiteuse, payée par le Conseil général, qui permettra à l’instit de se décontracter - malheureusement, un quart d’heure d’anglais est un maximum pour des enfants qui ne comprennent pas pourquoi on ne parle plus français à l’école.

En 2009, les établissements ont été aidés par un allié inattendu : le virus de la grippe A, qui est d’une aide précieuse pour fermer durant une semaine des dizaines d’établissements. Malheureusement, ça ne marche qu’une fois, quoique.. il paraît qu’au Ministère on réfléchit pour l’an prochain à une grippe D ou Z, afin de liquider le stock de vaccins 2009 et la montagne de masques empilés dans les hangars militaires top-secrets !

Mais au-delà d’un certain nombre de sorties, certains parents finiraient par protester : il y a des gâcheurs partout. Aussi l’État a-t-il introduit un nouveau concept : les stages d’observation des 4e ou 3e, qui doivent maintenant passer une semaine dans une entreprise à observer un métier.
Stages obligatoires : même si un élève supplie à genoux devant l’école qu’il veut faire une dissertation sur Victor Hugo ou factoriser des grands nombres, il sera impitoyablement chassé du temple du savoir à coups de double décimètre : « Va observer ailleurs, si j’y suis ! ».

Je m’empresse d’ajouter que l’observation est une activité noble, qui puise sa légitimité dans des traditions millénaires, lorsque nos ancêtres allaient observer les mammouths pour les pister.

Il va de soi que ceux qui ont des entrepreneurs dans les relations familiales feront deux ou trois petites demi-journées et se reposeront à la maison, ou joueront au tennis, rompant ainsi l’égalité républicaine, tandis que leurs camarades moins chanceux se taperont scrupuleusement cinq jours ouvrables, les yeux lourds à force d’observations ouvrières. Quant aux questions de transport vers une lointaine entreprise, que les familles devront improviser alors qu’elles ont eu tant de mal à s’organiser pour déposer et récupérer leurs enfants, ce n’est pas le problème de l’école.

Ne me faites pas écrire ce que je n’ai pas dit : il s’agit d’un honorable projet, probablement destiné à revaloriser les filières professionnelles, mais qui rappelle fâcheusement le temps jadis de l’ex-URSS, lorsque l’État envoyait les étudiants aider les paysans à leur récolte - car les étudiants étaient des profiteurs et les paysans des héros de la nation ; il va sans dire que les paysans étaient ravis de voir arriver cette main d’œuvre gratuite et corvéable !

Consciente du problème, l’EN a prudemment spécifié que les élèves ne devaient qu’observer : 4 heures à regarder un type bosser ! J’espère qu’on fournira un siège à ces stagiaires d’un nouveau type...

D’ailleurs, tant qu’à observer, je gage qu’ils préfèreraient observer une jeune et jolie prof stagiaire venue dans leur école s’initier sur le terrain aux mystères de la pédagogie, confortablement assis dans une salle bien chauffée, qu’observer un ouvrier ou un artisan dans un local ouvert aux quatre vents…

Quoi qu’il en soit, ça fera toujours une semaine de moins à bosser !

Naturellement, les classiques restent des valeurs sûres : grèves, réunions syndicales, stages de formation, projection de films (en solidarité avec les malheureux élèves sans télévision), etc. Et un vieux de la vieille : les classes de neige, un classique du CM2 assez sympa, dommage que ça s’arrête en 6e !

Ah ! J’ai failli oublier deux grandes nouveautés par rapport au temps jadis : certaines activités scolaires trop difficiles ont été remplacées par des activités accessibles à un chimpanzé moyennement doué. Par exemple en musique, où jouer d’un instrument est un long chemin digne d’un apprenti bouddhiste, il a été décidé de privilégier le chant et l’écoute ; un peu comme quand les jeunes écoutent leur MP3 ou leurs Ipods, mais à l’école !

Pourquoi personne n’a-t-il songé à initier tous les enfants à la rythmique sur des tam-tams, des djembés, des darboukas ou autres percussions aussi anciennes que l’humanité, qui eussent sans nul doute enthousiasmé et apaisé ces élèves par l’énergie qu’elles demandent, je n’en ai pas la moindre idée.

Il en a été de même dans le dessin, où les pédagogues du ministère ont sans doute jugé que l’effort jadis demandé aux élèves était excessif, comme soulever un crayon, apprendre à ombrer une sphère, dessiner une chaise ou les rudiments d’un portrait.

Les jeunes générations font maintenant de l’art plastique, où il leur est demandé de laisser s’exprimer leur créativité, de créer une œuvre « habitable par le spectateur », qui sera ensuite notée au demi-point près ! Comme m’a dit un parent d’élève : "Je me demande si je ne vais pas déménager à côté de la décharge publique, parce que mes gosses réclament chaque semaine des matériaux de récupération pour les arts plastiques !"

Parallèlement, la matière « arts plastiques » comporte de la théorie, l’Histoire de l’art, dont le programme est si vaste (tous les arts, toutes les époques), qu’il a dû être réparti entre le primaire et le secondaire, et au collège entre l’art plastique et la musique !

« Les compétences artistiques attendues
 Pour la composante pratique, les élèves seront capables :

- De maîtriser des savoirs et des savoir-faire préparant l’émergence d’une expression plastique ;

- De posséder des moyens pour une expression personnelle épanouie et diversifiée dont l’exigence artistique est perceptible.
 Pour la composante culturelle ;

- De posséder les connaissances nécessaires pour identifier et situer dans le temps les œuvres d’art, 

- D’être ouvert à la pluralité des expressions dans la diversité de leurs périodes et de leurs lieux. »
(cliquer sur BO spécial août 2008, pour avoir en pdf le programme détaillé)


Ça a quand même une autre gueule que d’apprendre bêtement à dessiner, à peindre ou à sculpter un bidule !

Étrange paradoxe de l’Éducation nationale qui diminue l’effort demandé aux élèves tout en affichant un programme digne d’un étudiant des Beaux-Arts !

Cacher la réalité (l’initiation) par des objectifs délirants, c’est un classique de l’EN déjà bien rodé par les langues vivantes : jamais les objectifs affichés pour le bac ne seront atteints, sauf à prendre de grosses libertés avec l’échelle de niveau CECRL.
(Agoravox)

Allez, finissons l’année sur un grand classique du glandouillage : la remise des livres, qui marque la fin de tout travail scolaire ! A la place, on peut se faire une toile, et, pour vous dire jusqu’où peut aller le laxisme, il arrive qu’un prof d’anglais montre Harry Potter en version française, même pas sous-titrée en anglais !

Pendant la dernière semaine, c’est tout juste si on ne chasse pas à coups de compas (pas de fourches dans les écoles) les rares élèves qui persistent à venir en cours – si j’ose employer ce mot pour ces derniers jours de juin !

Mais là où moi, glandeur reconnu, je tire mon chapeau aux nouvelles générations, profs et élèves confondus, c’est quand je vois qu’on envisage maintenant de les payer pour bosser ! Jamais je n’y aurais pensé ; trop forts les jeunes :

- Tu payes, je bosse, tu payes pas, je glande !

Après tout, n’est-ce pas la définition même du travail à l’âge adulte ?

Tout travail mérite salaire, et je vais de ce pas (traînant) demander à mon avocat de poursuivre l’État, afin d’être dédommagé pour toutes ces années de bahut durant lesquelles j’ai bossé gratos ! Pas beaucoup, certes, mais quand même, c’est une question de principe, ça méritait au moins une sorte de SMIC ou de RSA de l’élève.

J’apprends à l’instant que l’histoire va être supprimée du programme des filières scientifiques. Mais là, je dis non : trop peu, c’est pas assez 
 
On leur mâche le non-travail à cette génération, car, il faut le savoir, si glandeur n’est pas encore un métier, ça se mérite !

(Nota  : ce texte est une fiction, aucun élève n’a été maltraité durant sa rédaction, rien n’est exact, le moindre détail est fictif, et c’est à peine si le mot « école » existe. Quoique, après vérification dans le dictionnaire, il est référencé comme « Établissement dans lequel on donne un enseignement collectif ». Il semble bien que le lieu où tant de gens déposent leurs enfants ne soit pas une simple garderie. Dont acte.

 Il va sans dire que nos élèves travaillent dur, que nos professeurs sont exemplaires, que les activités d’éveil sont destinées à (r)éveiller les élèves, que les sorties scolaires ont toutes pour objet d’ouvrir l’esprit, de découvrir le monde, s’initier aux arts, de voir plus loin que l’horizon d’un collège miteux/rénové/neuf (rayer les mention inutiles), que les rencontres sportives visent à développer la solidarité de groupe et la sociabilité, mais aussi l’esprit de compétition nécessaire à l’heure de la mondialisation, car la première chose à apprendre, à l’école comme ailleurs, c’est que la vie est un combat de tous les instants.

J’espère échapper aux poursuites juridiques en répétant que tout cela est sorti d’un esprit perverti par les bandes dessinées et les jeux vidéos, alors que le vrai élève se plonge avec délices dans "La Princesse de Clèves", espérant quelque scène osée.)
 

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22 réactions à cet article    


  • L'enfoiré L’enfoiré 28 novembre 2009 10:45

    Krokodilo,

    Quand je vois un titre « comment travailler moins », j’accours.
    Un informaticien se doit d’être toujours à la recherche des moyens pour travailler moins.
    Combien de fois, ai-je dis que la formule « travailler plus pour gagner plus », était de la foutaise et complètement obsolète.
    Nous avons inventé les machines pour produire en perdant toutes les répétitions.
    Je suis un généraliste. Pas question de me mettre les plus pointues des sciences pour me faire baver d’envie.
    Aujourd’hui, les sciences ne savent même plus se concilier un chemin en commun, chacune perdue dans leurs rêves en vase clos.
    Travailler mieux. Oui. Réfléchir avant d’agir. Socrate et la maïeutique dans un enseignement sur la vie entière. La minute de véritable travail devra être payée bien plus chère qu’aujourd’hui. Ca c’est la conclusion.
    Mon dernier article n’en parlait pas mais cela aurait bien pu.


    • Christian Delarue Christian Delarue 28 novembre 2009 12:02

      MANAGEMENT

      Malgré les souffrances dans le prive le « sale boulot » arrive dans le public !

      Initialement c’est une note sur le rapport Difenbacher pour la CE du SNADGI-CGT 35. Je l’ai aménagé et complété ici ou là.

      Le contexte 2009 concernant le travail est constitué de suicides, de souffrances sur fond de précarité, de chômage, d’intensification du travail, de salaires à la baisse. Ce contexte salarial n’est pas que français, puisque des auteurs comme Michel Husson ont montré que l’écart salaire-profit n’avait cessé de s’agrandir depuis 20 ans au détriment des salaires ( ). Quand au chômage et à la précarité, nul besoin de longs développements car nombreuses sont les familles qui ont un jeune mais aussi un adulte dans cette situation. C’est dans ce contexte, et à la suite de l’orientation de N Sarkozy en 2007 sur le « travailler plus pour gagner plus » que Michel Diffenbacher, député, rend son rapport en mai 2009 sur « L’interessement dans la fonction publique », dans les trois fonctions publiques en fait.

      Les entreprises privées connaissent un système de prime depuis 1959. Ce système s’est perfectionné et a été généralisé, notamment dans les entreprises publiques lorsque les socialistes se mirent à faire l’apologie de l’entreprise au début des années 8O. Avec les primes apparurent les cadences infernales non seulement dans les usines mais aussi dans les bureaux. L’infomatisation a accrue cette intensification. Mais il ne suffisait pas aux entreprises d’accroitre les cadences pour augmenter les profits, il fallait aussi pour satisfaire la clientèle maintenir un travail de qualité. La norme fut donc celle du travail intensif de qualité. Aux managers de trouver le moyen de parvenir à ce niveau d’exigence. La réponse fut un système plus élaboré de primes, avec pour pilier une très forte prime pour celles et ceux qui parviennent à obtenir quantité et qualité.

      Voilà ce que M Difenbacher préconise pour les trois FP. On sait pourtant aujourd’hui plus qu’avant l’état de tension généré par ce système très inégalitaire puisque seuls les plus performants reçoivent un gain conséquent. Les sentiments de déclassement des uns sont plus courants et plus vifs d’autant que les effets du surclassement des autres peuvent être insupportables. L’auteur le sait et préconise une phase de transition avec moins d’écart en montant de prime. La somme qu’il propose est de 300 euros dans un premier temps. Ce qui est attendu est que les « rapides » vont se mettre à soigner la qualité et que les « qualitatifs » trop lents vont se mettre à accélérer le pas. Ceux qui n’arriveront pas seront pénalisés car il ne s’agit plus de payer le travail mais la performance. Son rapport précise que ce changement majeur heurte la culture de la FP mais que les mentalités évoluent et que le moment est venu . Effectivement les cadres des trois FP deviennent de plus en plus les laquais du capital. Il deviennent de plus en plus des « exploiteurs » froids et cyniques, les yeux rivés sur les tableaux de statistique... et sur leurs primes. Par contre les personnels de base - C, B, A - sont plus résistants et critiques ainsi que la plupart des syndicats. Pas tous car le passage par la signature des « partenaires sociaux » est préconisé avant le passage au Parlement.

      M Difenbacher précise aussi que son projet de réforme ne serait pas contraire au statut de la fonction publique. Pourtant le statut de la FP est fondé sur la qualification - diplôme national
      - concours catégoriel - formation au poste - et non sur la compétence . La compétence est le fruit de la formation théorique et pratique d’adaptation au poste d’affectation. Ce statut de la FP permettrait donc pareille situation d’arbitraire et d’inégalité ! Pour riposter, M Difenbacher ose citer M Thorez et l’idée de proportionnalité de la rémunération à l’effort. Sans vouloir défendre Thorez il faut souligner l’habileté et même la manipulation . Car l’auteur oublie évidement le cadre statutaire fait du respect des qualifications qui empêche que le plus gradé gagne moins que le moins gradé et le principe qui veut que tout fonctionnaire doit bien vivre de son travail, y compris les moins « performants » . Or il y existe aujourd’hui en France des fonctionnaires pauvres. Longtemps la Grande-Bretagne en a eu la spécificité. C’est fini. En outre, désormais il faut attendre la fin de carrière pour disposer d’un salaire au-dessus du salaire médian. Et le salaire médian est peu élevé. N’oublions pas qu’aujourd’hui l’immense majorité des fonctionnaires sont des prolétaires (1).

      Il faut refuser

       Le harcèlement comme méthode managériale de suivi - même poli en la forme
      - quotidien des objectifs et résultats tant quantitatifs que qualitatifs.

       la dynamique de déclassement-surclassement produite par le système des primes à la performance.

       la baisse généralisée des salaires

      Il faut défendre :

       la rémunération du travail ordinaire hors tout référence à la performance

       le système de la qualification

       une nouvelle RTT hebdomadaire en France et en Europe

      L’inversion de la dynamique historique de réduction hebdomadaire du temps de travail liée à l’intensification du travail et à la réaction sarkozyste du « travail plus pour gagner plus » produit socialement le surtravail des uns et le chômage des autres. Pour les travailleurs l’intensification produit en outre, hors travail, un penchant fort pour le divertissement le plus plat, par ailleurs totalement contraire à l’investissement citoyen. Le soir, après le travail, les envies de ressortir pour des activités citoyennes sont anéanties et les capacités de lecture sont réduites et même les émissions de télévision ne suivent pas la pente de la qualité. La demande rejoint l’offre sur une base de médiocrité. C’est ainsi que se prépare les régimes fascistes. L’expression paraîtra forte mais un auteur a pu montrer que la propagande abrutissante avait grandement participé à la montée du nazisme.

      CD

      1) Prolétaires signifie qu’ils épuisent chaque mois leur salaire pour vivre ou faire vivre leur famille. La frontière supérieure du prolétariat dans les pays développés évolue de 2700 euros à 3200 euros selon les conditions de vie. Au-dessus, entre 3000 et 5000 euros par mois, il y a la couche aisée des travailleurs (salariés ou indépendants) ou du petit patronat. Au-dessus des 7000 euros commence la rémunération des dirigeants. Ce n’est plus alors le mois qui est l’unité de « poids » mais l’année. Certains atteignent des niveaux exorbitants qui font d’eux une espèce humaine à la fois très cupide mais aussi très parasitaire. Les parasites d’en-bas font pitié pas ceux d’en-haut. Vers eux ce tourne notre colère revendicative.


      • L'enfoiré L’enfoiré 28 novembre 2009 12:24

        Christian,

        D’accord en gros avec vous. Ce n’est d’ailleurs pas un problème français. Récompenser les gagnants, c’est d’ailleurs le rapprochement à faire entre l’Occident et l’Orient. Le productivisme intégral.
        Par des primes à l’Ouest et des décorations à l’Est.
        L’informatisation a donné l’outil qui a séparé les deux visions. Poussée à l’excès à l’Ouest. « Quality first for products. Some ships for the workers. »
        C’est par l’intermédiaire des hiérarchies qui faisaient obstruction pour la base de remonter les problèmes. Les verrous sont en place. La recherche sécurité à tous les étages va bloquer le reste. Sécurité qui n’existe pas ailleurs d’où sa souplesse pour conquérir les marchés. L’erreur du diplôme est considéré le garant de la compétence. Les self made men n’ont plus droit de grimper les échelons. L’expérience n’est plus reconnue à sa juste valeur car devenue trop chère alors que les nouveaux sont prêts à les remplacer. La compétition à tous niveaux pour arriver à ses fins.
        Les Etats sont devenus trop petits pour assurer les règles du travail et doivent s’élargir ou mourir petits. Les nationalismes sont obsolètes. 
        J’en ai déjà très souvent parlé dans mes articles. Mon suivant aura les mêmes connotations vue par la Belgique. Définir les objectifs et puis les exécuter en communs. Voilà la seule manière pragmatique de contrer les compétitions des nouveaux blocs en présence.


      • L'enfoiré L’enfoiré 28 novembre 2009 12:27

        Chantecler,
         Là, vous me décevez. L’éducation ne suivra jamais que ce qu’un pays veut et peut en faire. Les enseignants ont un programme. Point. Pas de princesse, pas de nababs.
         Cela sort complètement du cadre de l’enseignement le sujet de l’article d’après moi.
         Mais c’est à l’auteur a préciser ses objectifs.
         Laissons lui la bride.


      • Krokodilo Krokodilo 28 novembre 2009 12:44

        Brûlot est un peu fort, car cela sous-entend du sérieux, alors que j’ai voulu mon article plus léger.
        Comme l’a dit Zen, il y a du vrai et du faux, à chacun de démêler le vrai du faux : je ne vais quand même pas mâcher le travail des lecteurs dans un article sur le glandouillage !


      • Krokodilo Krokodilo 28 novembre 2009 13:05

        L’Enfoiré et Chantecler, en fait j’ai plusieurs fois proposé mon idée de réforme de l’enseignement des langues étrangères. Pour les arts plastiques, revenir aux bases - dessin ,sculpture, etc.- qui seront pour beaucoup d’élèves leur seul apprentissage dans ce domaine ; à viser trop haut, on rate la barre ! (j’en suis sûr, ça m’est arrivé en saut en hauteur).
        Pour la musique, moins de bla-bla, moins d’écoute, plus de rythmique (la plus ancienne musique, et instruments peu coûteux) et de pratique.
        Moins de sorties pour les raisons évoquées ci-dessus, moins de voyages linguistiques (idée à contre-courant du dogme). Pour le reste, peut-être dans un autre article.


      • L'enfoiré L’enfoiré 28 novembre 2009 13:53

        Krokodilo,

         Tout à fait d’accord.
         Nous sommes tous uniques, avec nos forces et nos faiblesses.
         On veut composer des standards d’études.
         Les études supérieurs sinon rien. C’est la société de compétition qui veut cela.
         J’ai eu un collègue qui a deux fils.
         L’un est un scientifique de haut niveau. L’autre est un artiste en musique et qui fait très bien son chemin.
         Un autre cas, deux frères, de même type.
         Je ne sais si vous connaissez en France Lafontaine (Coeur de loup). Son frère est mon cardiologue.
         Deux exemples, il y en a des masses...


      • L'enfoiré L’enfoiré 28 novembre 2009 13:59

        Krokodilo,

        « on idée de réforme de l’enseignement des langues étrangères »

        vous connaissez mes réserves tout de même à ce sujet.
        De l’efficacité, de la rentabilité, c’est une question de choix.
        Pas de Don Quichote à la conquête des moulins à vent.
        Les gens sont ce qu’ils sont : il récupère les habitudes et pas les forcing.


      • ZEN ZEN 28 novembre 2009 12:30

        Bel exercice de style ! ... de la part de quelqu’un qui a bien profité de l’école
        Du vrai et du faux
        Heureusement que l’esprit de l’auteur est « perverti », comme il l’avoue lui-même... smiley
        Dans sa présentation il confesse aussi :
        « je m’intéresse à tous les sujets sur lesquels je n’ai aucune compétence, ce qui me laisse un large champ d’intervention.  »
        Je me disais aussi...


        • Kipik 28 novembre 2009 14:23

          On en voit bien qui discutent de trucs de génie civil sans rien y connaitre... smiley


        • ZEN ZEN 28 novembre 2009 17:03

          Qui pique

          NON ??! smiley


        • Kipik 28 novembre 2009 18:43

          Si ! Même des philosophes à roulettes... smiley


        • ZEN ZEN 29 novembre 2009 09:18

          Pas possible !!
          Même des économistes aussi ? smiley


        • Kipik 29 novembre 2009 10:28

          Ils sont pas foutus de savoir pourquoi la bourse s’effondre alors des tours...


        • anty 28 novembre 2009 14:35

          Je ne suis pas d’accord avec l’auteur .

          Les enseignants sont des gens qui travaillent souvent très durs et se donnent à fond pour les enfants.

          Je connais des enseignants qui utilisaient leurs propres deniers pour acheter le matériel scolaire nécessaire pour poursuivre leur programme scolaire.

          Mais les réformes incessantes dans le système scolaire ajouté à une certaine insuffisance d’un matériel pédagogique ,ajouté à une surveillance tant de la part de parents (souvent insatisfaits surtout quand leur marmot a du mal à suivre) que de l’administration tatillonne ont réussi a déboussolé pas mal d’enseignants aux convictions sincères.


          • L'enfoiré L’enfoiré 28 novembre 2009 15:26

            Krokodilo,

            « vrai élève se plonge avec délices dans »La Princesse de Clèves« , espérant quelque scène osée.) »

            Je n’ai pas lu la Princesse de Clèves. Je ne le lirai jamais. Pourquoi ?
            Parce que cela manque de punch et d’actualité.
            Pour les scènes osées, il y a peut-être plus connu. Même dans ce cas, cela ferait un flop aujourd’hui.
            Qu’est-ce qui a changé à l’école ?
            On est en perpétuel conflit d’autorité.
            Il y avait avant un des époux qui suivait. Maintenant les deux travaillent. Lors pas question de rater le peu de moments de liberté avec des amis, au cinéma ou devant la télé.
            Les « gosses » ont leur chambre, leur PC, leur télé et leurs copains.

            Pour apprendre un langue, il ne faut y aller en vacances scolaires.
            De mon temps, on en avait aussi, mais c’était de réelles vacances après les examens et alors vraiment à proximité (100 kms à la ronde).
            Ce qu’il faut c’est s’inscrire dans l’école du pays où l’on veut apprendre une langue.
            En Angleterre, pas de problème.
            Pas besoin de traverser autre chose que le Channel.
            En Chine, je vais me renseigner chez Hengxi. Car là, il y aura des débouchés dans l’avenir.

             


            • Krokodilo Krokodilo 28 février 2010 22:11

              L’Enfoiré, réponse tardive : j’avais cité ce roman parce qu’il était lié à l’actualité présidentielle de chez nous, du moins son versant anecdotique déjà oublié de tous... Il va de soi qu’il était plus logique de citer Lady Chatterley ou autre roman autrefois jugé licencieux...


            • Bernard Girard 28 novembre 2009 20:08

              Un article populiste et racolleur, bavard et prétentieux d’un auteur qui ignore manifestement tout des réalités éducatives. Malheureusement c’est la seule chose autorisée à se faire entendre sur Agoravox. Lamentable...


              • Krokodilo Krokodilo 28 novembre 2009 20:30

                Mais encore ?


              • Τυφῶν בעל Perkele Hermann Rorschach 2 décembre 2009 15:12

                Vous n’êtes pas drôle, vous n’êtes qu’une flaque de nullité parmi tant d’autres dans la boue agoravoxienne.

                Bref, ce que vous dites est un gâchis d’espace disque.

                Typhon


              • Le péripate Le péripate 28 novembre 2009 23:27

                Je dis souvent beaucoup de mal de l’Éducation Nationale.

                Mais il y a une tache dont elle s’acquitte à peu près bien, les jours de grève exceptés, c’est garderie d’enfants.

                Dont acte.


                • Asp Explorer Asp Explorer 1er décembre 2009 22:44

                  Réaction à ce merveilleux article sur mon fabuleux blog.

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