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République ? « Victimes de ses vices... tel est votre supplice »

Risquant un œil dubitatif sur ces « sites participatifs à vocation informative » dont la une reflète hélas l'ignorance d'apprentis rédacteurs à l'esprit faussement séditieux, j'ai pu y découvrir, consterné, les vociférations, invectives et prises à partie qui, outre qu'elles présentent l'immense désavantage de discréditer leurs auteurs, semblent être l'apanage de défenseurs improvisés d'une République moribonde, laquelle ils prétendent protéger de la présumée « virulence royaliste »

Regrettable attitude ; et à la lecture sur l'un de ces supports de l'« œuvre » embryonnaire de ces chevaliers autoproclamés faisant feu des épithètes les plus fleuries envers les pourfendeurs d'une République agonisante, on ne saurait trop les inciter à ausculter, en adultes éclairés, ce fruit aujourd'hui blet exhibé frauduleusement comme la traduction d'une quelconque volonté populaire en date de 1789, mais qui ne fut en réalité que bel et bien imposé au peuple par une oligarchie financière n'ayant jamais eu d'autre objectif que de s'arroger un lucratif pouvoir.

Car en se donnant la peine d'ouvrir ne serait-ce que quelques bons livres d'Histoire, tout un chacun peut avantageusement observer combien les crises de régime n'ont jamais été sous-tendues par les populations, mais que les bouleversements politiques qui en découlent ont systématiquement été le fait d'une puissante minorité ayant su amener ces mêmes populations là où elle souhaitait : pour le meilleur ou pour le pire. Et depuis 200 ans pour le pire. S'obstiner à voir en la Révolution française l'expression d'un hypothétique besoin du peuple de se libérer d'un supposé tyran, c'est ne jamais avoir pris soin de passer au crible de l'analyse rigoureuse les connaissances que l'Education nationale a, à dessein, inculquées dès la plus tendre enfance dans la tête des innocents bambins que nous avons tous été. Par malheur, certains ont semble-t-il eu la défaveur de rester « jeunes » un temps incommensurable, associant encore, une fois l'âge de raison théoriquement atteint, cette période de notre Histoire appelée - avec toute la charge péjorative qui lui est attachée - « Moyen Age », à l'existence d'un célèbre « droit de cuissage », ou encore à la dictature impitoyable d'une cruelle « ceinture de chasteté » : balivernes là encore sciemment et savamment entretenues par l'enseignement scolaire.

Ainsi, qu'on le veuille ou non, cette République est à bout de souffle, simple parenthèse dans la longue évolution d'une nation fondée et forgée par la royauté, mais une parenthèse que d'aucuns aiment à défendre en braves petits soldats endoctrinés par une École républicaine dont la version de notre Histoire est salutairement remise en cause par un nombre croissant d'historiens contemporains, parmi lesquels Jean Sévillia. Certes, pour oser cette vision « politiquement incorrecte » des choses, encore faut-il faire preuve d'une certaine curiosité d'esprit doublée d'une louable honnêteté intellectuelle, et savoir ne pas se contenter des thèses lénifiantes dont on abreuve le commun des mortels, convenues et encensant une période qui a plus nui au peuple qu'elle ne lui a rendu service et amélioré ses conditions de vie. Voler de nos jours au secours de la construction républicaine, c'est se rendre complice d'une forme de gouvernement objectivement viciée qui, enfin - il aura fallu tout de même 200 longues années de déchéance -, montre ses limites, son visage grimaçant, ses excès et son incapacité à prendre soin d'une population dont elle est pourtant censée assurer la bonne santé économique, sociale et morale. Certains, lucides, l'ont d'ores et déjà compris ou du moins l'entrevoient ; d'autres s'y refusent, donnant, au pire dans la mauvaise foi, au mieux dans un préjudiciable aveuglement dont ils sont les premières victimes. Chacun ici se reconnaîtra.

Mais nier ce sens de l'Histoire que de perspicaces hommes de lettres, savants ou historiens, ont pressenti au lendemain d'une Révolution menée avec l'assentiment d'un peuple que l'on avait auparavant pris soin d'agiter et d'affamer, c'est mener un combat d'arrière-garde. A titre d'exemple, sans doute n'est-il pas inutile de méditer la réflexion d'un essayiste et historien - dont je laisse aux plus téméraires le soin profitable de rechercher le nom, histoire de les confronter au prix d'un effort modeste à ce délicat exercice qu'est la recherche de documents historiques tangibles - rappelant au début du XXe siècle qu' « aucun historien de bonne foi n'a mis en doute que l'âme du pays ne fût royaliste et croyante » à l'époque de la Révolution, et poursuivant ainsi : « L'État ne succombait pas faute de l'aliment nécessaire à son fonctionnement régulier ; le déficit financier n'eut de gravité que parce que les adversaires de la monarchie s'en firent une arme. En réalité le mal, superficiel et passager, n'atteignait pas le gouvernement dans son essence même ; à l'extérieur, la France était puissante et respectée. Aucun pays ne jouissait alors de plus de libertés, d'esprit de tolérance, que la France. Son gouvernement paternel était d'une douceur extrême, souvent même débonnaire ». Éloquent.

Quelques commentaires pétris d'arguties, dépourvus de renvois historiques indiscutables, ne sauraient guère changer grand-chose, et certainement pas façonner l'Histoire telle que la souhaiteraient quelques sycophantes républicains. Or tôt ou tard, un système politique ne remplissant pas la fonction qui lui est dévolue, s'effrite et se délite jusqu'à l'effondrement car transgressant la loi naturelle des choses, ses vestiges formant le socle d'une nouvelle dynastie ou d'une nouvelle forme de gouvernance. De cette démocratie, mot aujourd'hui dévoyé, vidé de son sens, mais que ses chantres aiment à brandir en toute occasion, les Français en sont spoliés, la véritable démocratie supposant en effet une défense avérée et non simplement de façade des intérêts de l'ensemble du peuple par la gent (sans doute le terme junte serait-il hélas et en l'espèce plus approprié...) politique qu'il a élue sur la base de promesses démagogiques dont le sempiternel viol n'est jamais sanctionné.

Assimiler le régime républicain à ce qui constituerait une démocratie au sens originel du terme, est une gageure ; pousser la fanfaronnade jusqu'à le clamer est une hérésie dont seuls peuvent se satisfaire les moins regardants, sans doute élevés à la littérature de gare et aux derniers relents d'une nauséabonde télé-réalité. Pour peu qu'il soit scrupuleusement mené, un sage examen de l'état actuel de notre pays convaincra le plus dubitatif que, loin de subir les sévices dont certains semblent prompts à la croire harcelée, la République est simplement victime de ses vices, infligeant par voie de conséquence au peuple le pire des supplices : le maintien dans l'ignorance de son Histoire, assorti d'un ersatz de liberté.

 H.B.


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6 réactions à cet article    


  • béta 18 avril 2011 12:44

    " la véritable démocratie supposant en effet une défense avérée et non simplement de façade des intérêts de l’ensemble du peuple par la gent (sans doute le terme junte serait-il hélas et en l’espèce plus approprié...) politique qu’il a élue "

    Quelle que soit la façon dont la France est gouvernée, ce sont toujours des hommes, et rien que des hommes, avec leur avarice, leur soif de pouvoir, leur égocentrisme. Il n’y a pas de vraie différence entre notre 5ème république et le moyen-âge.

    La vraie différence vient du contexte mondial. Il ne s’agit pas de comparer deux états (dans les deux sens du terme) dans deux contextes totalement différents.


    • bernard29 bernard29 18 avril 2011 13:41

      Et alors ???


      • easy easy 18 avril 2011 14:47

        Eh beh, on dirait Cicéron en sycophante. Que ce soit contre Verres ou Catilina, je trouve que Cicéron s’en sera donné à coeur joie, je veux dire qu’il se sera ennivré de ses accusations.

        Que des accusations soient fondées ou non, c’est toujours ennivrant de les lancer. Mais on peut y prendre goût, y asseoir son autorité et devenir alors dépendant de ce vin au point de ne plus se départir du mépris envers quelques « ils ».

        La manière qu’ont les Français d’apprendre ou de retenir l’Histoire de France a constamment évolué, en particulier depuis 1880. Si vous, vous retenez de notre Histoire quelque chose de différent de ce qu’en percevait l’adulte de 1900, ayez l’humilité et le bon sens de considérer que vous n’êtes pas le seul.

        J’avoue ne pas bien savoir ce qui se raconte de l’Histoire dans les écoles actuelles mais j’imagine qu’on est bien loin des livres de 1890, de ses Lavisseries et du fier nationalisme-colonialisme « fardeau de l’homme blanc » patin couffin.

        Quoi qu’il en soit, il est une constante universelle. Chez tous les peuples ayant cultivé la transcendance de l’Histoire, aucune période passée n’est finalement rejetée. Aucune. Bien entendu on s’amuse des habitudes, manières et croyances de nos Vieux, on s’en moque aussi volontiers mais on en parle et on y est attaché. On ne veut rien jeter de notre passé (et il faudra bien qu’un jour, lointain, les Allemands, eux aussi, comme tous les autres peuples, réintègrent leur Adolf)

        S’il était sans doute difficile, sous Viollet-le-Duc, d’évoquer la monarchie avec quelque trémolo dans la voix, depuis « Chef-d’oeuvres en péril » de Pierre Delagarde puis Malraux, les Français n’ont plus aucun complexe à se déguiser en Grand Louis lors des fêtes costumées de Vaux-le-Vicomte ou Versailles. Partant, ils peuvent tout entendre. Et ils entendent donc tout, même de reconstruire le palais des Tuileries, takavoir.

        Lors du procès de Marie-Antoinette reconstitué par Robert Hossein, ils sont venus très nombreux pour prouver que leurs oreilles étaient désormais ouvertes à toutes les versions de l’Histoire, lointaine, en tous cas.

        Car c’est toute la difficulté. On veut bien remettre en question notre regard sur l’Histoire des très anciens, mais on n’admet pas facilement une remise en cause de notre propre histoire. Le Français, comme l’Italien est souple sur l’Historie ancienne, mais plus rigide sur l’Histoire proche, sur sa propre branche.

        Vous enfoncez une porte largement défoncée en lançant que la République est à bout de souffle. On pourrait tout aussi bien le dire au sujet de la démocratie tant elle est décevante.
        En toute bonne logique, ceux qui ont l’impression que la situation actuelle leur profite ne vont certainement pas dire que tout va à vau-l’eau (ce qui autoriserait toute demande de changement). Mais à part ces chanceux, la grande majorité des gens ne sont pas satisfaits et vont donc à dire que la République, la démocratie, la laïcité même parfois, les déçoivent.

        Vous ne nous révélez strictement rien en disant que la République est victime de ses vices. Vous moulinez contre les moulins à vent.



        Concernant le fait que les Français ou que bien des Français aimaient la monarchie après 1789, c’est archi établi de nos jours. Nous savons tous la chouannerie, la Terreur blanche, les difficiles 100 jours de napoléon Bonaparte, nous savons tous qu’il y a eu 3 rois (de France, des Français) et deux empereurs après 1789


        Les Français savent trouver à redire sur le comportement de Henri IV face à Julien et Marguerite de Ravalet, de Louis XIV face à Nicolas Fouquet, de Louis XVI face à Nguyen Anh, de Pétain face à Hitler...Quant à Sarkozy, n’en parlons pas, la coupe est pleine. 


        Pour autant, ils ne voient pas dans les formules de gouvernance antérieurs, de quelque horizon que ce soit, de quoi satisfaire leurs aspirations actuelles.
        Nous ne sommes pas satisfait de la situation actuelle mais nous ne savons pas trop quoi faire. Nous attendons donc qu’un vent démolisse quelque grand bidule pour nous faire comme une indication de direction à suivre.

        En attendant, nous ne devrions pas nous mépriser mutuellement.



        • asterix asterix 18 avril 2011 16:30

          Vous êtes un gentilhomme de la révolution, cela ne fait aucun doute. Et l’illustration guillotine est du meilleur goût. Des sycophantes et des sévices, on savoure et on frissonne. Mais faites gaffe au disproportionné quand même, monsieur le platonicien engagé. Gardez à l’esprit que c’est d’abord contre des gens de votre espèce qu’elle fit oeuvre utile.
          Les mécréants de la plume et autres virulents journaleux primaires attendront, c’est bien la moindre des choses.
          Chacun ses armes. Le tranchoir, cela se mérite.
          Un grand + pour l’exposé quand même.


          • Radix Radix 18 avril 2011 21:59

            Bonsoir Astérix

            Merci !

            Dans le cas de Monsieur, j’ai bien peur que le tranchoir ne tranche que le vide !

            Radix


          • Bovinus Bovinus 19 avril 2011 14:38

            Dans le cas de Monsieur, j’ai bien peur que le tranchoir ne tranche que le vide !

            Ah, un Républicain qui se paie le luxe de faire de l’esprit smiley
            C’était une bien belle saillie, mais tout de même, un peu sévère, il y a du vrai dans ce qu’il dit.

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