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Accueil du site > Tribune Libre > Retraite : Bérézina, usine à gaz et fondations à refaire

Retraite : Bérézina, usine à gaz et fondations à refaire

La retraite, c'est simple : les cotisations de ceux qui travaillent aujourd'hui paient les pensions des retraités d'aujourd'hui et en même temps leur promettent pour leurs pensions futures des droits qui rétrécissent comme une peau de chagrin.

A cela s'ajoute le coup de pouce de l'Etat pour combler les trous ici et là, c'est à dire l'aide de nos impôts.

 

C'est ce qu'on appelle un système par répartition, opposé au système anglo-saxon par capitalisation où la pension est la redistribution des cotisations accumulées, un peu comme un super livret d'épargne collectif.

 

Chaque système a ses avantages et ses inconvénients.

En France, comme le chômage augmente en flèche et que la durée de vie des retraités s'allonge, la chute des cotisations abaisse le montant des pensions à distribuer.

Et comme les cotisants s'en aperçoivent et qu'une campagne générale martèle que les pensions vont diminuer, les gens évitent de cotiser en pure perte et travaillent au noir, ce qui aggrave la situation.

Les cotisations et les pensions sont fixées par l'Etat en fonction de savants rapports et gérées par différentes caisses plus ou moins performantes et critiquables.

Regardons l'organisation figée et compliquée des caisses de retraites qui a été fondée à une époque où on exerçait toute sa vie le même métier. La mobilité du travailleur peut lui coûter cher en perte de points à l'heure de la cessation de travail.

 

Il y a 2 types de retraites qui se cumulent :

  • Les retraites de base sont généralement des retraites en annuités : les pensions sont calculées en fonction de la durée de cotisation et du montant du salaire ayant servi de base de cotisation. Ce montant n'est pas le même d'une caisse à l'autre : par exemple, c'est la moyenne des 25 meilleures années pour les salariés du privé ou la moyenne des 6 derniers mois pour un fonctionnaire.

  • Les retraites complémentaires sont généralement des retraites par points : les cotisations sont converties en points, et le montant de la pension de retraite complémentaire est le produit de la valeur du point par le nombre de points accumulés au cours de la carrière.


Il y a 35 régimes de retraites :

Le système de retraite français comporte une grande variété de régimes. C’est l’héritage d’une histoire longue et complexe que des intérêts pas toujours avouables ont maintenu.

La plupart des assurés sont affiliés de façon obligatoire à au moins 2 régimes simultanément : un régime de base et un régime complémentaire.

C’est le statut professionnel qui détermine les régimes (de base et complémentaire) auxquels on est affilié d'office.

 

Votre caisse dépend de votre statut :

  • salarié

  • fonctionnaire

  • ni salarié ni fonctionnaire, que la littérature du gouvernement appelle "non salarié"

Jusque là, on peut comprendre.

Quoique. Un fonctionnaire est un salarié comme un autre. Oui, mais pas dans les flux de renflouement des caisses.


Jacques Prévert aurait aimé l'énumération du découpage des trois statuts. Je vous laisse apprécier la poésie des sigles.

 

SALARIÉS

  • Salariés de l’agriculture MSA + ARRCO ou AGIRC

  • Salariés de l’industrie, du commerce et des services CNAV + ARRCO ou AGIRC

  • Agents non titulaires de l’État la sécurité sociale et des Collectivités publiques CNAV + IRCANTEC

  • Personnel navigant de l’aviation civile CNAV + CRPN

  • Salariés relevant d’entreprises ou de professions à statut particulier : Banque de France , Retraite des Mines , Cnieg (Gaz-Elec.), Crpcf (Comédie Française), Crpcen (Clercs et employés de notaires), Enim (Marins), Opéra de Paris, Port autonome de Strasbo urg, Crp Ratp , Cprp Sncf .

 

FONCTIONNAIRES

  • Fonctionnaires de l’État, magistrats et militaires Service des retraites de l'Etat + RAFP

  • Agents de la fonction publique territoriale et hospitalière CNRACL + RAFP

  • Ouvriers de l’État FSPOEIE

 

NON SALARIÉS

  • Exploitants agricoles MSA

  • Artisans, commerçants et industriels RSI

  • Professions libérales, avec ses multiples caisses CNAVPL + Crn (notaires), Cavom (officiers ministériels), Carmf (médecins), Carcdsf (dentistes et sages-femmes), Cavp (pharmaciens), Carpimko (infirmiers, kinésithérapeutes...), Carpv (vétérinaires), Cavamac (agents d’assurance), Cavec (experts-comptables), Cipav (architectes et professions libérales diverses). Cnbf (avocats) Caisse nationale des barreaux français

  • Artistes, auteurs d’oeuvres originales CNAV + IRCEC

  • Patrons pêcheurs embarqués ENIM

  • Membres des cultes CAVIMAC + ARRCO


 

Un candide dirait qu'il faut regrouper ces caisses en deux groupes : salarié et non salarié.

Encore un qui n'aime pas les usines à gaz avec ses déperditions d'énergie et ses enjeux cachés.


Quels sont les risques du système actuel ?

Les retraites sont basées sur les salaires :

  • comme l'espérance de vie augmente,

    • les pensions doivent baisser

    • et/ou les cotisations doivent augmenter

      • soit en ponctionnant davantage les salaires

      • soit en allongeant la durée de cotisation, par le recul de l'âge de la retraite et/ou par l'accroissement du nombre de trimestres

      • soit les deux


Les pensions peuvent être baissées en euros constants sans l'avouer franchement : comme périodiquement le gouvernement les ravalorise en fonction de la perte du pouvoir d'achat, il peut en reculer la date de revalorisation. C'est une dépense en moins, plus ou moins importante suivant l'inflation.

Le gouvernement actuel a bien essayé, mais en période de faible inflation, il n'a pas gagné grand chose.

La durée de travail peut être allongée sournoisement en exigeant un nombre de trimestres toujours plus élevé. Comme les jeunes générations sont à la peine et qu'ils poursuivent les études faute de mieux, ils voient s'éloigner l'âge de la retraite.

 

Je me suis laissé dire que le "compte pénibilité", destiné officiellement à raccourcir les années de travail pénible, serait un faux nez pour augmenter la durée de la plupart d'entre nous. Voilà encore une usine à gaz qui va coûter cher en frais cachés et qui sera peu productive.

Le nombres d'emplois dépend de la quantité de travail qui diminue sous l'effet de plusieurs facteurs :

  • l'automatisation, qui supprime des emplois et qui est loin d'être achevée. La France ne compteraient que 34.00 robots industriels contre 62.000 en italie et 157.000 en Allemagne, et en plus ils ont âgés. Comme l'équipement industriel est amorti comptablement et fiscalement, mais pas l'embauche, on peut penser que l'automatisation va s'amplifier et le recrutement diminuer.

  • l'externalisation (off-shore), qui déplacent les emplois dans des lieux exemptés de cotisations françaises,

  • le transfert à l'étranger de pans de notre économie, qui supprime complètement tout espoir de cotisation,

 

Bref, en amont il y a moins à pomper et en aval il y a davantage à verser.

Ce que certains attribuent à tort à la "crise" (puisque par défnition une crise n'est qu'un moment périlleux et décisif) est dû en fait à l'état normal de notre société libérale qui mue et qui remet en cause l'organisation de nos ressources, en particulier pour la retraite .

Noeud gordien ?

Situation inextricable ?

Non.

 

Certains trouvent des solutions personnelles :

- assurance-vie

- vente en viager

- exil dans un pays moins cher avec un fisc plus accomodant comme le Portugal.

 

Mais ce ne sont que des solutions personnelles qui ne peuvent pas s'appliquer à tous.

 

Quand un automate prend le travail d'un humain, l'entreprise gagne en productivité. Elle n'a pas à se soucier des cadences et de bien d'autres contraintes. Elle diminue ses charges en amortissant son achat sur plusieurs années, alors que si elle embauche, le salarié ne sera pas immédiatement rentable et elle ne pourra pas l'amortir comptablement.

Quand une entreprise externalise ses tâches à l'étranger, elle engrange des plus-values en sous-payant des travailleurs qui ne cotisent pas à notre système.

Quand les facteurs de richesses s'exilent, le pays et ses habitants s'appauvrissent. Ce serait justice de pénaliser non pas les travailleurs mais les décideurs.
 

Pourquoi ne pas déconnecter les cotisations des revenus du travail humain et les baser sur l'activité économique ?

Ce serait faire du tort aux financiers qui lorgnent un pactole en proposant des retraites par capitalisation.

Ce serait faire de la peine à ceux qui vivent du système actuel.

Mais ça ferait baisser le coût du travail et accroître la productivité.

 

Ne serait-ce pas une solution ?

http://www.pensions.bercy.gouv.fr/
http://www.pensions.bercy.gouv.fr/vous-%C3%AAtes-actif/le-calcul-de-la-pension/le-calcul-du-montant-dune-pension-de-fonctionnaire

 

PS

Si rien n'est fait, l'Agirc (cadres) aura épuisé ses réserves en 2018 et l'Arrco (salariés et cadres) en 2027.

Le MEDEF a calculé que reculer la retraite à 65 ans sauverait Agirc et Arrco.

Jusqu'à la prochaine fois. On ne change pas un procédé perdant.

 

Viager : environ 4.000 ventes par an, alors que 1/3 des Français aura plus 60 ans en 2040. Il y aurait-il là une mine d'or ? La Caisse Des Dépôts et d'autres organismes financiers lancent le fonds Certivia avec 120 millions d'euros pour acquérir des biens en viager.


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6 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 10 septembre 2014 16:58

    rien n’empêchera les délocalisations ni la baisse du smic.


    • trevize trevize 11 septembre 2014 11:03

      Profond. On dirait du zygornifle.
      A part ça, quand commenceras-tu à lutter contre la dépression qui te pourrit la vie ? Il n’est jamais trop tard.


    • Robert GIL ROBERT GIL 11 septembre 2014 09:36

      la propagande capitaliste et socialiste sur l’avenir des retraites a malheureusement fait son office, alors voici un petit dossier a diffuser sans modération :

      RETRAITES : MENSONGES ET VÉRITÉS


      • trevize trevize 11 septembre 2014 10:29

        Bonjour. J’ai apprécié l’article. Je retiens ça :

        « Un candide dirait qu’il faut regrouper ces caisses en deux groupes : salarié et non salarié.

        Encore un qui n’aime pas les usines à gaz avec ses déperditions d’énergie et ses enjeux cachés. »

        Effectivement, dans ce domaine et dans tant d’autres, un petit coup de rationalisation nous ferait gagner pas mal d’argent. MAIS pour cela, il faut faire des réformes. Et pas des petites, quand on parle de fusionner 36 caisses entre elles, c’est du lourd.

        Et les gens sont pas d’accord. Les retraités veulent pas, car ils ont la tête dure, et ils estiment qu’ils ont autre chose à faire que d’apprendre le nouveau nom de leur caisse. Après moi le déluge.

        Et puis le petit peuple n’est pas d’accord non plus. ça fait longtemps qu’il ne comprend plus rien à tout ce fatras, et par conséquent, tout ce qu’il voit dans une réforme, c’est qu’il va sûrement se faire avoir comme d’habitude. Alors, il campe et exige que rien ne change.

        Bon c’est pas grave, la « crise » avance, comme un de ces jeux vidéos avec scrolling, le bord de l’écran nous rattrape et nous pousse à avancer. On fait les réformes dans l’urgence à minima, c’est mieux que de stagner.


        • Yohan Yohan 12 septembre 2014 11:42

          Ben moi qui croyait que Martine et Flamby avaient trouvé le pierre philosophale de la retraite à 60 ans pour tous, garantie à vie...Ils ont du se la faire voler depuis la dernière élection smiley


          • André Martin 3 octobre 2014 16:09

            Le site http://www.retraites-enjeux-debats.org/ a été créé il y a 4 ans pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de s’informer aussi objectivement que possible sur notre système de retraites extrêmement complexe. Et de comprendre les changements importants qui ont résulté des réformes Balladur, Fillon, Sarkozy, Hollande ... en attendant la prochaine.

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