• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Ségo et les chics types

Ségo et les chics types

Ou comment Ségolène Royal fait preuve de critiques injustes par rapport à des personnes qui ne font que lui donner des conseils désintéressés.

Nous le savons tous Ségolène Royal est un être abjecte, incompétent et j’en passe. Nous le savons car nous ne saurions oublier que le « Ségo Bashing » a fait florès depuis le mois de janvier 2007, moment où les médias s’emparaient de chacune de ses déclarations rebaptisées « bourdes ». Tout le monde connaît le nombre de sous-marins nucléaires d’attaque dans ce pays, ce n’est certainement pas Nicolas Sarkozy qui dira le contraire, lui qui est le nouveau dirigeant omniscient de ce pays et qui, plus viril qu’un Poutine « butant les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes », ira chercher lui-même la croissance avec ses petits bras musclés.

Face à cet état de fait, il est compréhensible que la dame ait besoin de recevoir des leçons et cette rentrée est l’occasion de la sortie d’un nombre impressionnant de manuels scolaires d’un nouveau genre. Les professeurs sont des gens connus, le PS est plein de gens qui savent. Tous sont bien entendus désintéressés et il serait donc particulièrement malvenu de la part de leur élève d’interrompre leur monologue sans être l’incarnation féminine d’un Hérode massacrant les « saints innocents ». Et pourtant, à y regarder de plus près, l’innocence est une chose bien galvaudée de nos jours.

Commençons par la gauche du PS avec le duo Liennemann-Mélechon. La première est une habituée du genre, ayant déjà flingué Jospin après l’élection de 2002, le second est un impétrant bien connu des plateaux de télévision surtout depuis la campagne référendaire sur le Traité constitutionnel européen. Tous deux partagent un positionnement à gauche du Parti socialiste et reprochent à Royal sa tactique de rapprochement avec le centre au deuxième tour le l’élection présidentielle. Mourir avec ses idées est une grande chose selon eux et de toute manière l’élection fut perdue avec cette volonté de recentrage, c’est dire l’ampleur de la compromission. Malheureusement, ils oublient systématiquement quelle était la réserve de voix à gauche du PS. Au mieux, et c’est une hypothèse large, en additionnant les scores du premier tour et en comptant avec une mobilisation des abstentionnistes on aurait pu arriver à flirter avec les 40 % des voix. Autant dire que cela aurait constitué un véritable désastre électoral tel qu’on n’en avait pas à gauche depuis quarante ans. Il est évident que la chose aurait été mis au discrédit de la dame en blanc, que les mêmes auraient demandé sa tête.

Puis, nous trouvons les représentants de ce que l’on appelle les courants, ces fameux fabiusiens (qu’il est difficile de mettre à la gauche de ce parti tant il est vrai que ce positionnement ne date que de 2004-2005 juste après que Laurent Fabius eut fini de manger ses carottes râpées), jospinistes, strauss-khaniens (ou strauss-khistes parce que c’est drôle), j’en passe et des meilleures. Tous ont leur mot à dire, tous parlent de rénovation, tous tirent à boulet rouge. Pourtant, ils ont largement oublié que le fonctionnement du PS qui a mené à la défaite électorale, on le leur doit. En effet, depuis 1988 et le 2e septennat de François Mitterrand, ils se sont livrés une guerre de succession dont l’ampleur fut mesurable au fameux congrès de Rennes resté dans les mémoires. Dans cet objectif, ils se sont livrés une guerre de position dont l’appareil du Parti socialiste était l’enjeu, appareil qu’ils ont depuis consciencieusement verrouillé. Durant toute cette période, le PS a cessé de travailler voyant certains de ces membres les plus brillants mobilisés dans cette lutte d’ambitions personnelles, ne faisant plus évoluer sa doctrine, laissant apparaître de plus en plus le décalage entre le discours politique et les actions au gouvernement.

Pourtant les différences entre eux ne sont que sémantiques et le nombre de leurs effectifs doit plus aux relations de personnes, alimentaires, qu’aux convictions profondes qui les animent. Ils pensaient tous que le PS était sous contrôle, leur contrôle, qu’un tour de piste, un petit refrain bien connu, suffirait à se mettre les militants dans la poche. Après tout, ce sont les meilleurs autoproclamés, le nombre de personnes qu’ils sont arrivés à placer dans les diverses commissions est là pour le prouver. Une République de « chefs et de sous-chefs » comme il a déjà été écrit en ces lieux dans laquelle le changement de statut est impensable sans qu’un chef ne meure après avoir organisé sa succession.

Hélas pour eux, il est des gens qui ne respectent rien, surtout pas les règles tacites du jeu. Ségolène Royal est de ceux-là, il convient donc de la remettre à sa place. Pour cela, tous les moyens sont bons même s’ils sont contre-productifs pour leur parti politique. Il y eut la thèse de la « créature des médias », version moderne de la créature des marais (poitevins). Pendant des semaines précédant la désignation du candidat du PS, ce fut le thème privilégié de ses adversaires. « Elle va s’effondrer », « avec les débats, vous allez voir ce que vous allez voir ». On a vu et, avec ses fameuses fiches de cuisine, l’ancienne de sciences-po et de l’ENA n’a pas eu à rougir face à ses maîtres. Pire encore, elle a remporté cette épreuve imposée par un score sans appel : plus de 60 % des voix mais aussi, et surtout, en arrivant en tête dans tous les département sauf 4. Cela sonnait comme un désaveux féroce pour le fonctionnement du PS depuis toutes ces années, faisant apparaître l’archaïsme de ce système de fidélités claniques mais que nenni, les vaincus se sont dès lors accrochés à la thèse des médias montrant ainsi le mépris total qu’ils ont pour les militants. Pour eux, l’encarté de base n’est qu’un bœuf qui ne peut réfléchir que par l’entremise de TF1. Même si pour beaucoup, ils ont vécu tous les déchirements internes des dernières décennies y compris dans leurs sections respectives, ce sont des cons qui ne sauraient à aucun moment pouvoir remettre en cause l’élite.

Ce faisant, Ségolène Royal a commis le crime le plus grave qui soit, elle est un sous-chef qui a réussi à changer de statut sans s’être constitué une cour d’obligés. C’est la thèse de la « prise du parti par l’extérieur » qui a encore de beaux jours devant elle.

C’est alors que se sont développées deux attitudes au sein des vaincus de novembre 2006. Alors qu’ils avaient fourni une bonne partie de l’argumentaire anti-Royal à l’UMP (incompétence, etc.), la candidate du Parti socialiste a dû composer avec :

- ceux qui ont ressenti sa désignation comme une menace vis-à-vis du système qui leur assure une carrière politique (fabiusiens et strauss-khaniens) ;

- ceux dont sa candidature a empêché le retour en grâce (les jospinistes).

De mémoire de militant, il faudrait remonter très loin dans le temps pour retrouver une campagne qui fut l’occasion d’autant de coups de poignard dans le dos du candidat de son propre camp. Même les présidentielles de 1995 avec la division à droite entre Chirac et Balladur ne peut soutenir la comparaison car les choses étaient plus claires avec deux candidats officiels et surtout parce que dès qu’un camp fut politiquement vaincu les hostilités cessèrent.

Là, il n’en fut rien. Tout le monde se souvient bien évidemment des déclarations tapageuses d’un Allègre ou d’un Besson. Le premier n’a toujours pas conscience du ridicule quand il a le front de déclarer ces dernières semaines au journal de 20 heures de France 2 que « si cela avait été Jospin, le PS aurait été en meilleur état ». A-t-il oublié la douceur de vivre au petit matin du 22 avril 2002 ? Cependant, ils ne furent pas les seuls à agir, bien au contraire. Le nombre de rumeurs laissant croire à un retrait de la candidate au profit de tel ou tel pachyderme est incalculable et elles ne cessèrent de proliférer dans les médias qu’à la fin mars 2007. Ceci contribuant à parasiter l’image de la candidate au profit de ses principaux adversaires. L’attitude d’un DSK est ici assez exemplaire en ne repoussant que mollement les appels du pied d’un Bayrou, laissant courir pendant des semaines la rumeur d’une association avec le centriste. Il y a fort à parier que si ce genre de cas de figures avait été posé à Henri Emmanuelli en 1995, alors qu’il faisait parti des vaincus suite à la désignation de Jospin comme candidat du PS, on ne serait pas venu plusieurs fois lui poser la question d’un potentiel ralliement car la réponse aurait été dénuée de toute ambiguïté.

Ils ont dès lors beau jeu de fustiger, dans leurs divers manuels de circonstance, le caractère personnel de Ségolène Royal. Quand on est soutenu comme la corde soutient le pendu, on compte ses troupes et l’on fait au mieux.

Aujourd’hui, la défaite est consommée. Ils continuent de parler de faiblesses dans le programme alors qu’ils n’ont rien fait pendant vingt ans pour le faire évoluer, occupés qu’ils étaient avec leurs manœuvres d’appareil. Ils continuent à vouloir écarter cette personnalité qu’ils n’ont jamais considérée comme légitime car n’ayant pas d’écurie présidentielle équivalente à la leur. Tous essaient de remettre en place ce système qui a fait leur carrière, qui assure leur pitance. Certains ont quand même poussé leur logique jusqu’au bout et ont pris place à la table que leur a ouvert ce bon Nicolas Sarkozy.

Eux, qui n’avaient pas de mots assez durs pour fustiger la présence de Ségolène Royal dans les médias, ne font que plastronner sur les plateaux télés, avec des phrases toutes faites sur le « logiciel socialiste », des mines de circonstances. Le spectacle continue, mais les militants ne connaissent que trop bien le tour de chant. N’ayant pas compris le rejet brutal par la base de ce système, il n’y a rien à attendre de ces gens-là en termes de rénovation. Il ne reste plus qu’à espérer que Sarkozy leur trouve une occupation, une commission quelconque qui flattera leurs ego. L’air de la rue Solférino n’en sera que plus sain.


Moyenne des avis sur cet article :  3.74/5   (35 votes)




Réagissez à l'article

40 réactions à cet article    


  • Cédric 21 septembre 2007 20:21

    Drôle de question John. Je ne pourrais pas répondre pour d’autres membres de ma famille, je vous dirai simplement que je suis membre de ce parti depuis 14 ans.

    Mais rassurez-vous j’ai de la famille aussi bien au PCF qu’au FN, à l’UMP, à l’UDF. Mon arrière grand père fut même l’un des fondateurs de l’antenne de l’action française dans ma ville. Autant dire que les réunions de famille sont toujours animées.


  • Cédric 21 septembre 2007 20:17

    J’en suis informé de l’existance de cette circulaire, cependant je suis également informé que : Claude Allègre (ministre de tutelle), Jack Lang, Luc Ferry, François Fillon (actuel premier ministre, si, si !), Gilles de Robien, Xavier Darcos ont tous eu connaissance de cette circulaire et que aucun n’a rien fait pour la contredire ou plus simplement l’annuler.

    Bizarrement, aucun article évoquant ces personnalités n’a à subir ce qu’il faut bien appeler un véritable « spamming » à ce sujet. En conséquence, il serait bon de se demander quelles sont les véritables motivations de ceux qui s’y livrent.


    • Cédric 21 septembre 2007 23:28

      Je ne sais plus qui a écrit : « le superficiel, cet essentiel ». Vous dites que la chose n’a pas d’importance et pourtant vous vous chargez de dédouanner les uns avec une facilité pour le moins suprenante tout en chargeant celle qui doit absolument être la cible.

      Que ladite circulaire soit une erreur, j’en conviens, je le pensais à l’époque même où elle a été prise. Je dirai même qu’elle est particulièrement choquante car elle remet en cause le principe de la présomption d’innocence ce qui est d’autant plus préjudiciable que l’acte qui en est le sujet est particulièrement infâmant. Cependant, j’avais connaissance de l’existence dudit texte alors que je n’étais qu’un simple étudiant car il ne s’agit en rien d’une circulaire adoptée en catiminie, c’était un sujet d’information comme tant d’autres. Il me paraît bizarre que d’un coup le ministre de tutelle se voit donné un brevet de distraction aussi rapide, lui que l’on dit si compétent (pensez donc, il apprend le fonctionnement du climat aux climatologues après avoir appris la vulcanologie à Haroun Tazieff). De la même manière, vous êtes d’une indulgence extraordinaire pour ses successeurs, alors qu’ils connaissent aussi le sujet.

      Vous parlez de dictature de l’émotion, je suis bien d’accord avec vous. Cependant, n’oublions pas le contexte, n’oublions pas plus que plus la loi du silence a été forte pendant des années, plus cette émotion est forte quand les langues se délient.

      En outre, vous n’hésitez pas à vous en servir pour faire passer votre message. Le problème est de savoir ce qu’il est. Une croisade contre la dame (une manière de jeter l’infâmie) ou pour la suppression dudit texte (ce qui semblerait plus constructif) ? J’avoue que je penche pour la première de ces options.


    • calach calach 22 septembre 2007 00:50

      Il est vrai que toute la classe politique a joué le populisme dans l’installation de la dictature de l’émotion (Bayrou, Juppé, Royal, Lang....) Ce fut, à une certaine époque, le créneau porteur de la bonne conscience ! Mais il n’empêche que Royal en a été le porte-drapeau, la jeanne d’arc qui a imposé que « l’enfant ne peut pas mentir », celle qui a été incapable de la moindre compassion devant le suicide d’un innocent (Bernard Hanse), celle qui a osé déclamé à la télévision que l’enfant était probablement revenu sur ses déclarations du fait des pressions subies à la suite du suicide de l’accusé !! C’était, pour le moins, inconvenant ! On ne peut souhaiter qu’une chose à Royal : Que l’un de ses fils soit accusé à tort d’agressions sexuelles sur enfant et qu’elle lui porte les oranges en cabane pendant quelques mois ou qu’il ait recours au geste fatal sous la pression de l’accusation et du lynchage médiatique. Car si la bonne conscience est toujours aveugle, le bras de la dictature frappe également aveuglément...


    • Cédric 22 septembre 2007 01:17

      Elle n’a pas été plus porte drapeau que d’autres. Je vous rappelle qu’à l’époque personne ne remettait en cause la parole de l’enfant. Je comprends que pour les besoins de la cause il faille absolument grossir le trait.

      Vous dites « et si c’était son fils » comme on pourrait vous répondre « et si c’était votre fille qui lançait les accusation vous seriez le premier à réclamer que le prof soit écartelé en place publique ». C’est facile, c’est du sensationnel, de l’émotionnel que par ailleurs vous entendez dénoncer. Mais curieusement aucun appel à la suppression pure et simple de ce texte, ce qui aurait du sens au plan politique, la seule chose que vous contentez de faire est de la politique à la Karl Rove. Cela a aussi un sens mais pas le même.

      Vous ne faites qu’avancer masqué en déterrant les morts si le besoin s’en fait sentir.


    • calach calach 22 septembre 2007 10:44

      Sans volonté partisane, je persiste à dire que Royal s’est servie, plus que les autres, dans le « bol de soupe ». En 1997, par exemple, elle n’hésitait pas à considérer devant ses collaboratrices qu’elle avait une « avance sur Allègre » car elle avait « la chance » d’avoir eu un cas de pédophilie dans sa circonscription ( consulter la fin de l’article suivant : http://www.lefigaro.fr/magazine/20070202.MAG000000410_dans_l_ombre_d_une_ma done.html?001148 )

      C’est bien elle qui est à l’origine de la circulaire de la délation au procureur au moindre dire d’un enfant avant toute enquête interne, créant ainsi le soupçon permanent sur les personnels d’éducation. Lire à ce sujet la réaction de l’abbé Wiel, victime d’Outreau : http://blogdesinnocents.canalblog.com/archives/202___outreau___le_chaos/ind ex.html

      C’est bien elle qui a toujours proclamé haut et fort que « l’enfant ne peut pas mentir ». C’est pourquoi je lui souhaite d’être victime, dans l’avenir, de dénonciations mensongères ou calomnieuses afin qu’elle touche du doigt la souffrance engendrée par le diktat « l’enfant ne peut pas mentir ». Elle comprendra alors le poids de l’absurde...

      Question suppression de la circulaire, il est vrai que tous les ministres qui lui ont succédé font preuve de mollesse par peur de provoquer les bonnes consciences. Il faudra certainement encore plusieurs Outreau pour que l’opinion ait une vision plus objective de la protection de l’enfant.

      Bien entendu, je précise que de nombreuses mesures de protection de l’enfant et de sanction des agresseurs sont justes et indispensables. Mais le respect de la présomption de l’innocence est indispensable et Royal n’a pas hésité à broyer ce droit fondamental en faisant dire à ses conseillers qu’il n’est pas grave que 8 ou 9 adultes soient accusés à tort lorsqu’il s’agit de la protection d’un enfant !! Plutôt étonnant non... Mais tant qu’on ne fait pas partie des 8 ou 9 « boucs émissaires » et qu’on se croit intouchable parce qu’on est un bon militant honnête, consciencieux, transparent etc... on peut éviter de deterrer les morts, le passé n’existe plus...


    • Cédric 22 septembre 2007 13:13

      On est bien dans la politique à la Karl Rove, je vous remercie de le confirmer par les sources dont vous faites état où vous mêlez des éléments qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, entre le conflit qu’elle avait avec une de ses anciennes collaboratrices qui fut largement instrumentalisé pendant la dernière campagne, l’affaire Outreau. D’ailleurs l’argument qui est évoqué sur ce blog est plus que contestable, car comme il est dit la circulaire fait obligation de signaler toute possibilité d’agression sexuelle. Or soyons clairs, le signalement au Procureur de la République serait de toute manière OBLIGATOIRE avec ou sans ce texte car le droit pénal fait obligation à tous les citoyens de signaler tout fait délictueux ou criminel. Ce n’est même plus un problème de circulaire c’est donc le code pénal qu’il faudrait réformer. Ceci est fait dans l’objectif de protection des victimes.

      Je trouve toujours frappant le nombre de ces personnes qui sont soi-disant honnêtes et qui ne font que reprendre le kit de campagne de l’UMP sur le net.


    • calach calach 22 septembre 2007 16:58

      Vous devriez lire de manière plus approfondie la circulaire Royal.

      Il est vrai que le début de la circulaire fait un simple rappel de l’article 40 du code de procédure pénal qui fait obligation, à « quiconque », c’est-à-dire à toute personne, ayant connaissance d’un crime dont il est « encore possible de prévenir ou de limiter les effets » ou dont les auteurs sont susceptibles d’en commettre de nouveaux qui pourraient être empêchés, d’en informer les autorités judiciaires.

      1) Or, le code ne précise pas ce que signifie concrètement « la connaissance des faits ». Par contre la circulaire Royal définit cette connaissance pour les fonctionnaires :
      -  connaissance directe,
      -  signes de souffrances constatées chez l’enfant
      -  rumeurs ou témoignages indirects

      2) Et la circulaire donne un ordre clair et ferme dans la procédure à suivre : « Dans ces différents types de situation, il convient d’adopter la même attitude : agir vite mais en faisant preuve de discernement. En revanche, tout manquement à cette obligation légale l’expose à être poursuivi en justice pour non-empêchement de crime, non-dénonciation de mauvais traitements, omission de porter secours ou non-assistance à personne en péril, selon les cas et à faire l’objet de poursuites disciplinaires. »

      A partir de là, quelle latitude reste-il au fonctionnaire pour éviter d’être poursuivi ? La seule solution est d’ouvrir le parapluie et de transmettre à sa hiérarchie la moindre information susceptible de mettre en cause une personne sans s’occuper du « discernement ».

      3) Par ailleurs, la circulaire ordonne la sanction administrative avant toute condamnation judiciaire : On peut lire dans la circulaire :

      « L’article 30 de la loi du 13 juillet 1983 (RLR 610-0) portant droits et obligations des fonctionnaires précise qu’ en cas de faute grave commise par un fonctionnaire, qu’il s’agisse d’un manquement à ses obligations professionnelles ou d’une infraction de droit commun, l’auteur de cette faute peut être suspendu par l’autorité ayant pouvoir disciplinaire qui saisit, sans délai, le conseil de discipline . Il est bien évident que la mesure de suspension est particulièrement appropriée dès lors qu’une mise en examen pour des faits de violences sexuelles a été prononcée à l’égard d’un fonctionnaire du ministère de l’Education nationale. Sauf éléments exceptionnels, il semble souhaitable que la suspension intervienne, au plus tard, à ce stade de la procédure judiciaire, afin d’éviter des polémiques inutiles sur l’éventuelle inertie de l’Administration. »

      Cette suspension est vécue, obligatoirement, comme une sanction-condamnation par la personne mise en cause et par l’entourage social avant toute enquête judiciaire.

      Mais plus grave encore, la décision de suspension ne reconnaît pas la moindre présomption d’innocence puisqu’elle assimile la mise en examen à « une faute grave » et l’auteur de la circulaire l’écrit clairement en s’appuyant sur l’article 30 de la loi de 83.

      Plus fort encore, certaines personnes mises en cause mais non mises en examen se retrouvent suspendues et parfois sans salaire alors que 50 % du salaire doit être maintenu.

      En conclusion, la circulaire Royal est allée beaucoup plus loin que le code de procédure pénal et a institué la terreur dans tous les services d’éducation au point que des aides maternelles refusent d’accompagner les enfants de maternelle aux toilettes...


    • Cédric 22 septembre 2007 18:44

      @calach :

      Sur le code pénal, arrêtons les hypocrisies toutes les informations rapportées au Procureur de la République font l’objet de vérification. Que la connaissance des faits soient directes ou pas, que la personne qui rapportent ces faits soit commues ou anonymes. Le fait de rapporter les faits ne signifie par que cela aboutira à l’ouverture d’une procédure ou une condamnation. En conséquence, en la matière, la circulaire ne va pas plus loin, elle est conforme avec la pratique.

      Sur les deux premiers points de ladite circulaire, je ne vois pas ce qu’il y a redire, c’est le troisième point qui pose le plus de problème : autrement dit les mesures conservatoire qui dans le contexte de ce genre d’affaire apparaît comme une sanction (ce qu’elles ne sont pas) et donne l’impression au fonctionnaire en bute à ce genre d’accusation d’être lâché par sa hiérarchie. La chose est sans doute maladroite, mais je crois quand même qu’il faut se souvenir que d’autres cas ont à l’inverse démontré le contraire où des personnes accusés de faits grave ou sur lesquels pesaient de gros soupçons ont bénéficié d’un traitement très favorable et était muté « dans la nuit » histoire de noyer le poisson. C’était avant la circulaire et il est difficile de reprocher à ce texte de vouloir lever le soupçon de corporatisme que l’on n’a pas manqué de soulever, à la manière de ce qui a pu se produire dans le clergé.

      Quant à la terreur, la circulaire n’a rien généré en soi même si elle n’arrange pas la situation. Mais ce n’est pas elle qui a généré cette mode des accusations des élèves envers leurs enseignants.

      @Mako :

      Vous parlez d’objectivité et vous vous empressez d’employer des termes comme « Criminelle ». De quel crime est-elle accusée ? Le choc des mots, c’est bel et bien la seule chose que vous recherchez, l’émotion c’est la seule chose que vous utilisez. Alors laissez Bernard Hanse en paix.


    • Cédric 22 septembre 2007 18:49

      Désolé pour le nombre de fautes dans mon précédent message.


    • Cédric 22 septembre 2007 21:20

      La circulaire n’a pas suscité les accusations mensongères, celles-ci ont toujours existé. De la même façon que la manière de procéder que vous dénoncez et qui est loin d’être la règle, vous instruisez un procès à charge sur une base bien faible.

      Que la chose vous dérange, je le conçois cependant je trouve particulièrement étrange que d’un coup et pour des motifs peu clairs on découvre les mesures conservatoires dès lors qu’il y a enquête administrative. D’autant qu’en l’espèce, cette circulaire n’innove pas par rapport à ce qui se fait dans d’autres administrations. Par exemple, je peux citer le cas d’une affaire de vol avec recel impliquant des ouvriers du parc de la DDE d’Alès. Les ouvriers en question avaient été suspendus bien avant que la procédure judiciaire ne soit allé jusqu’à son terme. On peut également citer les cas d’agents des forces de l’ordre qui se trouvent sous le coup de diverses accusations et qui, eux-aussi, font l’objet de ce genre de mesure sans que cela n’émeuve personne. Pour autant, personne ne songerait à établir des liens de causalités entre une procédure somme toute banale dans la pratique administrative et les potentiels suicides qui peuvent survenir.

      Ce qui montre le caractère spécieux de l’argumentaire, le caractère politique inavoué de attaques de ceux qui se complaisent à faire cela. J’ajouterai qu’il est quand même curieux que les mêmes personnes qui font feu de tout bois dès qu’il s’agit de Royal sont d’une discrétion extrême dès qu’il s’agit d’autres personnalités. Pourtant, il m’avait semblé que François Fillon (qui fait donc partie des « lâches » pour certains) est aujourd’hui en tant que premier ministre capable de procéder à l’annulation dudit texte. Mais, il ne le fait pas, il est absous sans que l’on comprenne très bien pourquoi.

      Dès lors, la manoeuvre de basse politique est un peu grosse. Je crois avoir tout dit sur le sujet, j’ai fait preuve de volonté de dialogue mais à partir d’un certain moment on comprend que l’argumentaire de la partie adverse ne fait que tourner en rond. Il vaut donc mieux rompre et je vous prierai d’aller vous livrer à vos basses manoeuvres ailleurs. Merci.


    • calach calach 22 septembre 2007 21:30

      @cedric

      Votre naïveté (sans méchanceté de ma part)me semble être à la hauteur de votre militantisme pour Royal. Si demain, vous êtes confronté à une dénonciation mensongère d’enfant pour abus sexuels (ce que je ne vous souhaite pas contrairement à ce que je souhaite pour Royal), n’oubliez pas de relire lentement le commentaire précédent de Mako sur ce qui se passe en garde à vue et au palais de justice dans ce type de situation. Vous en aurez besoin pour résister lorsque vous vous apercevrez du peu de valeur de votre parole d’innocent et de vos éléments à décharge face au diktat « l’enfant ne peut pas mentir ». En sortant de garde à vue ou de prison car « l’innocence a parfois l’apparence du crime », relisez également vos commentaires. Vous comprendrez alors ce signifie NAÏVETE de celui qui n’a pas vécu la terreur....


    • Cédric 22 septembre 2007 23:46

      Merci de vous inquiéter de ma naïveté, mais si demain j’étais convoqué par la police ou la gendarmerie y compris pour n’être entendu qu’en tant que témoin je m’attendrai à tout, y compris au pire, et pas simplement pour des faits en relation avec des crimes sexuels. On sait toujours comment on entre dans un commissariat, on ne sait jamais comment on va en sortir.

      Pour le reste, cela n’a aucun rapport avec mon article.


    • Cédric 24 septembre 2007 02:26

      Vous vouliez dire « juré populaire », je présume.


    • La Taverne des Poètes 21 septembre 2007 20:45

      Il ira « chercher lui-même la croissance avec ses petits bras musclés ». Et quand viendra le jour où il viendra chercher les poètes au fond des tavernes ! Avec ses petits bras musclés...Là où il ne fait pas très clair, pardon ! pas très "collaborateur des officines des noteurs (de vers ou de verres, c’est selon).

      Ah ! le PS, quel sujet de réjouissance permanent !

      Suis-je assez clerc ? Pardon « collaborateur d’offices de notaires ». c’est vrai que « collaborateur » est un mot qui revient dans l’air du temps.


      • Cédric 21 septembre 2007 20:51

        Et notons que c’est toujours la même tendance politique qui fait des collaborateurs des auxiliaires officiels des officines. Encore un sujet d’étude sans doute.


      • brieli67 22 septembre 2007 00:53

        Depuis 96 on se connait http://www.utopia-terre.org/

        Tu voyes nous on est bien dans le PS et nous sommes très humbles. Nous oeuvrons nous réflechissons nous rencontrons.Je suis règulièrement stupéfait émerveillé par l’enthousiasme des nouveaux compagnons de route.

        Quant à Madame Royale... Nous sommes tous tristes. Qu’elle rentre dans les rangs. Qu’elle prépare avec ses amis le prochain Congrès. Sur le Net nous avons tous vu et entendu l’interview de Bourdieu et nous savions dès juin par des Blogs parisiens que le couple Hollande-Royal battait de l’aile. Elle/Il/Ils nous ont bernés ; joués la mascarade.. Il n’y avait nul besoin de primaires publiques à l’américaine.

        Depuis Rennes les « Poperenistes » suite aux démarchages très mal vécu des centristes à Auxerre à Metz à Strasbourg demandent une nouvelle constitution.

        La sixième République.

        Avec la suppression du suffrage universel, le régime devient identique à celui des États du reste de l’Europe. Ces régimes sont plus difficiles à caricaturer pour les médias. Le professionnalisme politique s’impose davantage. Emanant de législatives, la simplification médiatique de l’élection indirecte du Premier ministre est moindre.

        A.S. et sans rancunes.


        • Cédric 22 septembre 2007 01:23

          Vois-tu camarade (compagnon c’est au RPR aujourd’hui UMP), j’apprécie les personnes « humbles » depuis 1993. A l’époque il y avait encore des poperenistes, une époque où ceux qui prenaient leurs cartes ne le faisaient pas pour des besoins alimentaires.

          Les difficultés du couple étaient connus depuis bien longtemps pour ceux qui faisaient preuve d’un minimum d’attention et ce n’est pas pour la petite famille que l’on a été amené à voter.


        • slashbin 22 septembre 2007 03:40

          Si on peut se poser des questions sur le regard franco-français sur les « bourdes » royales et l’inaptitude du PS français à se réformer d’où des attaques mesquines sur Ségo, prenons dans ce cas le regard de l’étranger pour savoir si la dame est une blanche colombe au désir d’avenir porteur mais dérangeant pour les éléphants du PS, ou au contraire une politicienne sans grande envergure, et effectivement gaffeuse. Alors mots choisis de la presse québécoise au lendemain de sa visite...

          « Ségolène Royal gardera un excellent souvenir de son passage au Québec. Et pour cause : elle a été accueillie comme une reine. Mais son séjour ne passera pas à l’histoire - même pas à la petite. La forme a supplanté le fond ; les figures imposées l’ont emporté sur l’originalité. En fait, elle a marché sur des sentiers déjà foulés par plusieurs politiciens français. » (Le Soleil)

          "Le journal soutient que la candidate socialiste a trébuché sur la question nationale, citant cette déclaration de Mme Royal : « Il n’y aura pas de référendum sur l’indépendance au Québec, Mme Marois me l’a dit. » [...] Dès que les médias québécois ont commencé à faire état de cette déclaration, la chef du PQ a publié un communiqué de presse, disant vouloir « rectifier la perception véhiculée par le journal ». [..] Rappelons qu’en janvier dernier, lors d’un entretien avec le chef du Parti québécois d’alors, André Boisclair, Ségolène Royal s’était prononcée en faveur de « la liberté et la souveraineté du Québec ». Cette déclaration de la candidate socialiste avait alors suscité de vives réactions de la classe politique canadienne." (Presse canadienne)

          « En tant que socialiste, elle s’est aussi intéressée au dialogue social qui a cours au Québec entre les différents partenaires de la société civile. [...] Mme Royal n’a pas répondu aux questions des journalistes. » (Presse canadienne)

          « À cet égard, Mme Royal a déploré qu’Ottawa « n’ait pas ratifié le protocole de Kyoto (sic) », une affirmation inexacte puisque la convention a été signée par l’ancien gouvernement libéral fédéral, même si l’actuel gouvernement conservateur à Ottawa se montre peu enclin à la mettre en oeuvre. » (Presse canadienne)

          « Cherchant au reste à atténuer sa déclaration souverainiste de janvier, la présidente de la région de Poitou-Charentes a lancé, au sortir d’une rencontre avec le premier ministre Charest : « Aujourd’hui, les choses ont évolué, il y a une motion qui a été votée sur le Québec reconnue en tant que nation. » Pourtant, au moment de ses déclarations, le 22 janvier, il y avait près de deux mois que la motion de la Chambre des communes avait été adoptée. » (Le Devoir)

          Oserais-je dire à sa décharge, pardonnez-lui, elle ne sait pas ce qu’elle fait ? smiley


          • Trublyonne 22 septembre 2007 07:35

            Merci pour ton analyse, je la mets en ligne sur mon blog dès aujourd’hui.


            • Cédric 22 septembre 2007 23:52

              C’est à force d’avoir joué les Sancho Panza avec nos phénix de la pensée qui nous affligent de leurs indispensables écrits.


            • Myosotis Myosotis 22 septembre 2007 17:58

              Merci Cédric pour ta clairvoyance, ton bon sens et ton humour ! Quelle fraîcheur face à ces acharnements obsessionnels ! smiley


              • Cédric 22 septembre 2007 19:05

                Merci à toi, je crois que c’est l’effet de trop plein. Trop d’articles sur la base d’une phrase, trop de bouquins inutiles, trop d’hypocrisie, trop d’attaques envers cette personne et un manque cruel d’analyses qui cherchent à comprendre pourquoi elle a été désignée. C’est assez pratique de dire que c’est parce qu’elle est télégénique car à ce moment-là il suffirait à Alexandra Rosenfeld de se présenter pour être au second tour de l’élection présidentielle.


              • gap 22 septembre 2007 23:19

                je ne vois même pas pourquoi on parle ( ou ecrit) encore à propos de cette personne....il semble que l’ arbitre ait sifflé la fin de la partie depuis un certain temps....et elle est deja hors-jeu pour 2012 !


                • minijack minijack 25 septembre 2007 00:27

                  ouaip... On verra, on verra...


                • ddacoudre ddacoudre 23 septembre 2007 00:21

                  Bonjour Cédric

                  Un peu juste ce que tu dis mais tu y concours de fait.

                  Le problème du PS est de fond car philosophique ou idéologique comme tu veux. Je ne suis pas pour l’immobilisme des idées, sous réserve que la seule idée ne soit pas comment accéder au pouvoir. Il me semble que c’est cela qu’a fait le PS. Prendre le pouvoir dans une société capitaliste, sans pouvoir rompre avec, impose de faire avec. Cela à conduit le PS à reconnaître la loi du marché, ce n’est pas seulement reconnaître que notre existence se déroule autour de l’échange commercial, c’est reconnaître des attributs de ce qui faisait que le PS qualifier d’autres formations d’être de droite. Ayant perdu en conséquence ce qui le distinguait des autres que restait-il hormis la lutte pour le pouvoir. Ayant des militants acquis à l’individualisme consumériste, peut-on raisonnablement penser qu’il développe l’idée de la décroissance pour ne pas mourir asphyxié.

                  Le PS ayant réconcilié les salariés avec l’entreprise et l’actionnariat, peut-on s’étonner que les citoyens veulent un état gérer comme une entreprise. Ayant glissé dans des valeurs de droite, se rappeler le vote de la constitution européenne qui consacrait la seule économie libérale. Que reste-t-il donc à part les luttes de pouvoir. On comprend que le président n’a pas de difficultés à demander aux socialistes qui l’on rejoint de conserver leur conviction.

                  Le parti socialiste socialisant est mort peut-il exister un socialisme capitalistique, mondialiste, en un mot de droite.

                  Je crois qu’avec Ségolène c’est ce que nous aurions eu et puritain en surplus. Mais son échec, je suis sur ce point d’accord avec toi, n’est pas de sont fait, ni de celui de la guerre des chefs. Mais tout simplement les français sont majoritairement à droite, et certain même en se croyant socialiste. on ne peut pas vivre dans un état capitaliste et d’économie libérale et être surpris que les idées des citoyens soient conforme à leur existence s’il n’y a pas un idéal fort qui les drainent vers un ailleurs.

                  Cordialement.


                  • Cédric 23 septembre 2007 02:28

                    Merci ddacoudre pour ta réaction.

                    Cependant, il s’agit d’un vieux serpent de mer qui ressurgit périodiquement à propos du parti socialiste. De la même manière que ceux qui voudraient qu’il y ait une rupture avec les origines marxistes de ce mouvement, un peu à l’allemande, comme barrer d’un trait les termes de « socialisme, marxisme » et autres étaient en soi de nature à changer pronfondément l’analyse de la société que pourrait faire ce parti. Je ne dirai pas que cela serait sans entrainer des évolutions notables qu’apprécierait peu des personnes à la gauche de ce parti, mais fondamentalement cela ne changerait pas la donne.

                    Pour autant, cela fait bien longtemps que le PS n’est plus un parti « socialisant », terme auquel je donnerai une acception autre à savoir : révolutionnaire. On le sait parce que le PS ne l’a jamais caché. C’est au congrès de 1933 que la SFIO rompt véritablement avec la doctrine « révolutionnaire » qui est restée chère à d’autres mouvements marxistes. C’est un parti réformiste, ce qu’on lui a d’ailleurs suffisamment reproché à gauche. Or je ne crois pas que ce réformisme soit dépassé, bien au contraire on va s’apercevoir qu’il est plus utile que jamais dans les mois qui viennent si l’actuelle majorité met en place ce qu’elle promet notamment en matière de sécurité sociale. Il est d’autant moins déplacé qu’il s’inscrit pleinement avec l’idée que l’on se fait de la République dans ce pays, autrement dit un régime qui est conçu pour pallier les inégalités croissantes que suscite le système économique dans lequel nous vivons et que peu de personnes aujourd’hui contestent. Et là, c’est la question qui est de savoir ce que signifie « être à gauche aujourd’hui ». Pour moi, il y a deux réponses à cela :

                    - la première se concentre sur le modèle économique et plus particulièrement sur le problème de la production. Cette gauche là est pour moi dépassée faute de pouvoir proposer une alternative économique crédible. C’est d’ailleurs tout le problème du PCF et de nombreux autres mouvements qui se confondent plus ou (et souvent) moins la dynamique altermondialistes. Dépassée parce qu’inaudible même si elle a souvent des choses intéressantes à dire, dépassée parce qu’elle a également une sainte horreur du pouvoir parce que qui dit pouvoir dit également passif, bilan, dont il faut rendre compte. Quand on voit de quelle manière les mouvements d’extrême gauche se sont débrouillés pour passer d’une potentielle candidature unique à une véritable armée de candidat et quand on considère que la chose était hautement prévisible, alors évidemment la droite n’a rien à craindre.

                    - La deuxième se concentre sur le droit. Autrement dit faire évoluer la législation et les politiques qui en découlent afin de pallier les inégalités, de permettre une meilleure redistribution des richesses, permettre aux gens de s’élever socialement par le biais de l’éducation, par la possibilité d’avoir accès aux soins, à la protection de leur intégrité physique et morale dans le cadre de leur emploi. En clair, faire en sorte que le concept de solidarité ne soit pas circonscrit en un paternalisme. Et pour ce faire, pour réaliser cela, il est logique de vouloir accéder au pouvoir, c’est la condition sine canon.

                    Alors il est évident que le PS n’a pas toujours, loin s’en faut, réalisé ces objectifs. Il a d’ailleurs été sanctionné pour cela. De la même manière que certains de ses membres les plus éminents n’ont pas tous eu une attitude exemplaire une fois arrivée aux affaires. C’est aussi pour cela que je ne vois pas d’un si mauvais oeil une personne, que tu décris comme étant quelque peu puritaine, qui parle de morale publique. De la même manière, il est évident que les deux gauches que j’ai décrit plus haut ne sont pas séparées de manière aussi abrupte dans la réalité ou que l’on peut trouver parfois à droite des personnes qui sont capables d’avoir une réflexion qui prenne en compte la dimension de solidarité. Pour autant, j’ai la faiblesse de penser que c’est bel et bien le PS qui correspond le plus dans ses idées et aspirations à cette gauche là et que nous allons en avoir de plus en plus besoin face à un président dont le programme économique et social ressemble à s’y méprendre à celui d’Alain Madelin.


                  • vivelecentre 23 septembre 2007 08:36

                    Segolene n’a pas pu s’empecher de faire à nouveau une gaffe lors de son dernier voyage au Canada

                    Decidement, nous avons la confirmation qu’elle n’etait pas à la hauteur du job !!

                    Ouf ouf ouf !

                    Ce qui est etonnent ,retrospectivement apres ces elections presidentielles, c’est que compte tenu de la mediocrité de la candidature Royal et le rejet ( parfois irrationnel) de Sarko, aucun autre candidat n’est pu profiter de cette situation exceptionnelle pour s’imposer

                    SAns doute pour ces autres candidats un manque d’envergure et /ou des positionnements improbables.


                    • Cédric 23 septembre 2007 11:36

                      Tant que nous ne risquons pas d’entrer en guerre contre les valeureux canadiens, tout va bien. Au fait, comment va M. Kouchner ?


                    • Dominique M Dominique M 23 septembre 2007 11:07

                      C’est très curieux, nous n’avons pas lu les mêmes extraits de la presse canadienne. Ceux que j’ai découverts, comme ceux de la presse italienne quelques jours plus tôt, étaient largement plus enthousiasmés par Ségolène Royal. Vous avez dû longuement chercher parce qu’avec un moteur de recherche de l’actualité, on ne peut pas sélectionner les articles favorables ou défavorables.


                      • slashbin 23 septembre 2007 19:09

                        Juste eu besoin d’écouter le Journal sur Radio-Canada (sans quoi je n’aurais pas pensé à faire ce petit compte-rendu), et un rapide tour sur google.ca, section actualités. Bref, ce fut très rapide, ne vous en déplaise...


                      • slashbin 23 septembre 2007 19:21

                        Si vous voulez avoir un regard « local », je vous suggère aussi le site http://www.cyberpresse.ca et faite une recherche sur « Ségolène Royal ». Après vous pourrez conclure par vous même.

                        J’avais néanmoins avec eu quelques éclats de rire en lisant en particulier la chronique suivante (écrite par une femme,... elle aussi mysogine !?)

                        http://www.cyberpresse.ca/article/20070921/CPOPINIONS05/709210577/6986/CPOP INIONS05


                      • Cédric 23 septembre 2007 20:04

                        J’en déduis que Ségolène Royal est une femme politique qui n’aime pas les journalistes ce qui a l’air de ne pas plaire à la journaliste en question.

                        Devons-nous déclarer l’état d’urgence ?!?


                      • slashbin 23 septembre 2007 20:23

                        Pfff... en relisant mon post, je me dis qu’il faut décidément que je prenne plus le temps de relire. Soit. (Pas assez dormi ???)

                        Non, nous ne devons pas déclarer l’état d’urgence (quel rapport ?), bien sûr. Par contre, on ne peut fustiger l’attitude des médias français sur les « bourdes » de Ségo, quand on voit que les médias étrangers ne sont guère plus tendres (certains ne sont pas d’accord : qu’ils me montrent les articles de presse si positifs sur le séjour de Royal au Québec, ou sa viste au Mont-...Royal). De plus, qu’elle n’aime pas les journalistes est une chose, mais vu le pouvoir des médias pour faire ou défaire un personnage politique, la moindre des choses est de soigner ses relations avec, et de ne pas afficher si publiquement ses animosités. Il ne me semble pas devoir être fin stratège pour le comprendre. Si Ségolène veut redevenir une candidate sérieuse, il me semble dès lors qu’elle doit largement retravailler sa stratégie de communication, car actuellement, elle donne tout de même pas mal d’arguments à ses détracteurs, au sein et en dehors du PS...


                      • Dominique M Dominique M 23 septembre 2007 11:10

                        Désolée, ça concernait Slashbin, concernant le commentaire sur le voyage au Québec mais ma réponse ne s’est pas placée au bon endroit.


                        • ddacoudre ddacoudre 23 septembre 2007 22:29

                          Bonjour Cédric merci de ta réponse.

                          Je comprends qu’aujourd’hui la lutte des classes paraisse un archaïsme, surtout dans une société ou le paraître l’emporte sur l’être, ou le besoin de considération exige des définitions pompeuses pour ne pas appartenir à la classe ouvrière. Je ne dis pas cela par nostalgie, mais parce que nous disons que la réussite sociale est ouverte à tous sans distinction. Cependant si les hommes sont égaux en droit, les faits ne le confirment pas toujours.. Les études sur l’accès aux fonctions assurant prestige, richesse et pouvoir se caractérisent par une sorte de règle des deux tiers, entre 60 et 75% selon les domaines. Une proportion des deux tiers des hommes éminents ou des dirigeants proviennent d’une partie restreinte de la population et constituent la classe supérieure, tandis qu’un dixième environ proviennent du milieu ouvrier, employé et paysan, qui représentent les deux tiers de la population et un quart de la « classe moyenne ».

                          Pour me situer je suis d’essence « Pelloutienne » (fernand Pelloutier) et je suis resté un réformiste, mais je n’ai jamais confondu réforme et régression, je n’ai jamais confondu progrès avec repli social, je n’ai jamais confondu l’état et la bourse. Je n’ai jamais pensé que ce devait être une entreprise (organisme totalitaire par excellence) qui devait diriger mon existence. Mais j’ai toujours pensé que c’était un excellant outil de production qui exigeait une servitude pour produire nos biens et services et non une allégeance. Il est important de ne pas oublier que la plupart des législations sur l’entreprise consacre le fait que seul l’intérêt des actionnaires doive prévaloir, et que les autres intérêts ne sont pris en considération que s’ils favorisent ceux des actionnaires. Nous pouvons convenir que lorsqu’un particulier prend l’initiative d’un investissement créatif, il est normal qu’il dispose des revenus et profits de ce dont il est le propriétaire. Mais lorsque son projet doit utiliser l’aide de tiers, alors c’est lui qui est demandeur ; et c’est une évidence que de comprendre que sans ces aides, il ne parviendrait pas à ses fins. De fait une collaboration s’impose, et si le propriétaire veut être le maître absolu de ses décisions, s’il veut disposer du fait du prince, alors il doit rester seul. Dans tous les autres cas il y a une collaboration à imaginer pour que le propriétaire conserve les profits de son investissement et atteigne ses buts, sans s’approprier ceux générés par les tiers.

                          Alors l’on peut considérer que je reste dans une approche marxiste, même en ayant rejeté la dictature du prolétariat que j’ai toujours combattu. Mais il faut savoir ce que veut dire l’égalité de droit, quand un citoyen devient de fait le sujet du prince dans l’entreprise. C’est pour cela que je te disais que la loi du marché à une connotation dictatoriale, c’est le dictat du plus fort dans la compétition, et pour arriver à cela on ne peut se permettre que les sujets du prince est le droit de citer dans l’entreprise (d’où le code du travail)au non de l’égalité. La méthode douce, toutes ces dernières années, a été de développer l’esprit d’entreprise, en ce moment nous allons franchir une nouvelle étape celles des services citoyens qu’offrira l’entreprise à ses salariés comme aux USA. Nous ne dirons plus je suis citoyens de tel état, mais propriété de telle entreprise ou groupe. C’est une formule qui a son efficacité. Si j’étais né dans ce conteste je ne pourrais pas soutenir autre chose puisque je n’aurais rien connu d’autre. Alors comment faire quand l’on a connu que le capitalisme (dont tout n’est pas à rejeter), son berceau le libéralisme, la loi du marché tarte à la crème de toutes les justifications de ceux qui ne veulent pas jouer leur rôle politique. Ce serait plus choquant si l’on disait la loi du rapport de force, pourtant c’est cela qui a été une réalité progressiste ou le socialisme c’est distingué même si le PC après 89 n’a pas su innover. On ne fabrique pas une politique économique. Celle que nous vivons est le produit d’une longue histoire tu es bien placé pour le savoir. Ce sont toujours les évènements antérieurs qui façonnent ceux avenir, ce sont nos actes hier qui façonnent demain, personne n’en est le maitre (heureusement), mais nous vivons sur une certaine stabilité de comportements que nous actualisons en permanence par l’apprentissage. Pour autant quand nous examinons notre histoire nous en voyons les changements, changements que nous relions généralement à des événement ou des individus sans trop regarder d’où eux les ont fait surgir car il nous faut des repères historiques comme des repères spatiaux. En cela le socialisme en fut un et si j’ai cité Pelloutier, c’est qu’il contribua pour beaucoup à l’émancipation des ouvriers et aux systèmes de solidarité, là ou n’existait que l’ignorance et la charité, (ce vers quoi nous retournons). Que je sache l’économie de marché d’alors n’a pas applaudit, que je sache la loi du marché d’aujourd’hui s’accommode bien du salaire de misère des ouvriers orientaux qui par leurs heures de travail sans restriction, augmentent notre capacité d’achat alors que la moyenne des salaires des français n’augmentent pas. Si l’on est pour cela, alors l’on n’est pas socialiste, si l’on n’est pas pour cela, alors l’on ne peut pas être pour la loi du marché. Le socialisme ce n’est pas redistribuer la richesse, de qui d’ailleurs, c’est que ceux qui concourent à la production de biens et services ne se retrouvent pas à la misère et que ceux qui sont écarté par la compétition soit restauré dans leur dignité et reçoivent en solidarité de quoi vivre digne. Je suis donc très loin de ce qui se pratique aujourd’hui. J’ai reçu ma formation d’un ancien de la SFIO, s’ils avaient renoncé à la révolution et fait les scissions syndicales ils n’en avaient pas moins compris qu’au-delà des politiques il est une autre loi, la loi du rapport de force qui exige de se reconnaitre sociologiquement, non pour dominer, mais pour faire contre poids face aux puissances financières qui instaurent de fait une inégalité de condition (ce n’est pas un reproche c’est un constat). Car je n’ai rien contre la richesse et je veux encore moins me l’approprier, mais je ne veux pas que ceux qui en disposent m’empêchent d’en créer en dehors d’eux. J’ai un jour répondu à une aporie : si demain dix millions de français par leur travail suffisent à la production économique, d’où les autres retirerons leurs revenus. J’ai donc écrit un jour un essai « rémunérer les hommes pour apprendre ou le marché de l’intelligence ». Il y a d’autre forme de développement économique sauf il ne faut pas demander cela à ceux qui pratiquent le dogme néolibéral parce qu’ils ne connaissent que cela ou en tirent leur puissance. Alors si les nouveaux socialistes qui sont nés dans les trente glorieuses pense que le socialisme n’est qu’organiser la redistribution des richesses il faut vous dépêcher car nous sommes sur la planche qui nous fait glisser vers le 17 rang des pays riches, d’ici trente ans, moi je serais mort, et toi tu auras mon âge.

                          Cordialement.


                          • minijack minijack 25 septembre 2007 00:37

                            @ ddacoudre

                            Excellente analyse de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas ! Vu comme ça, je me sentirais presque socialiste moi aussi...


                          • dan 24 septembre 2007 19:01

                            Que cela plaise ou pas Jospin a raison de dire que Ségolène est une figure seconde de la politique et qu’elle n’a pas les qualités humaines ni les compétences intellectuelles pour être présidente de la République,unjournaliste du journal du dimanche que l’on ne peut accuser d’être partisan dit que « c’est cruel mais juste ».---------------D’ailleurs Sarkosy aussi est une figure seconde de la politique mais lui est élu,car les médias capitalistes n’ont laissé d’autre alternative que ces deux médiocres capitalistes comme eux.


                            • dan 24 septembre 2007 19:07

                              Que cela plaise ou pas Jospin a raison de dire que Ségolène est une figure seconde de la politique et qu’elle n’a pas les qualités humaines ni les compétences intellectuelles pour être présidente de la République,unjournaliste du journal du dimanche que l’on ne peut accuser d’être partisan dit que « c’est cruel mais juste ».---------------D’ailleurs Sarkosy aussi est une figure seconde de la politique mais lui est élu,car les médias capitalistes n’ont laissé d’autre alternative que ces deux médiocres capitalistes comme eux.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès