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Accueil du site > Tribune Libre > Si le « JT » n’est ni de l’information ni du journalisme, alors (...)

Si le « JT » n’est ni de l’information ni du journalisme, alors qu’est-ce que c’est ?

Des journalistes osent se révolter ouvertement contre la qualité médiocre de l’information aujourd’hui disponible sur les médias traditionnels. On ne peut que s’en réjouir et les soutenir. Dans un récent article publié le 21 novembre dernier sur AGORAVOX, intitulé « Le JT est-il du journalisme ? », un journaliste, sous le pseudonyme de « Petit matin brumeux », dénonce le brouet indigent régulièrement servi à cette « grand messe » qui est pour la majeure partie des citoyens français l’unique source d’information.

Parmi les ingrédients de base de cette soupe populaire, nagent, entre des yeux de graisse, le sujet saisonnier ou « marronnier » qui revient chaque année à la même époque aussi fidèlement que le beaujolais nouveau ou la bénédiction papale le jour de Pâques, le micro-trottoir, présenté comme un sondage grandeur nature des sentiments d’ « usagers pris en otages » ou « solidaires » lors d’une grève des transports, le fait divers avec une prédilection pour celui qui rutile de sexe ou de sang, la publicité mal déguisée d’œuvres culturelles qui ne font l’objet d’aucune critique, avec en prime un nombrilisme parisien affirmé.

Une théorie médiatique de l’information infondée

On partage volontiers cette critique. Mais elle reste incomplète faute de disposer des « mots pour le dire ». Et si les mots manquent, c’est que « la théorie de l’information » que propage la profession journalistique, souffre d’évidentes carences. L’auteur, journaliste lui-même, a beau répéter, comme l’annonce son titre, que toutes ces pratiques n’ont rien à voir avec « le vrai journalisme » ou que ces informations ne sont pas des « informations ». Il n’en laisse pas moins son lecteur sur sa faim. Qu’est-ce donc alors que « le vrai journalisme » ? Qu’est-ce donc qu’ « une information » ? La définition que l’auteur croit laisser découler de méthodes contraires à ces pratiques, reste insuffisante : on entend bien qu’un sujet saisonnier ou un fait divers ne doivent retenir l’attention du « vrai journaliste » que s’ils donnent matière nouvelle à réflexion. Le vrai journalisme, écrit-il encore, doit rester étranger à « la communication » comme au « voyeurisme » : il ne doit s’attacher qu’à des « informations valables, pertinentes ».

Or qu’est-ce qu’ « une information valable ou pertinente » ?

« Hic jacet lepus ! » - ici gît le lièvre ! - disaient les Romains pour désigner le problème sur lequel on bute : qu’est-ce donc qu’ « une information valable ou pertinente » ? Y a-t-il une autre définition fondée que celle-ci ? C’est une information jugée valable ou pertinente par celui qui la garde secrète ou la livre, ou bien encore par celui qui la reçoit ou l’extorque. La réponse varie donc en fonction de chacun. C’est là tout le drame ! L’un aimera entendre raconter l’histoire croustillante d’un crime bien saignant ou pervers, l’autre, celle d’un match de football ; un autre encore préférera en savoir plus sur la colère des « usagers-otages » d’une grève ou au contraire sur les motivations des grévistes.
Bien sûr, toutes ces informations ne sont pas égales en importance et il existe une hiérarchie possible. Mais ne dépend-elle pas pour finir de l’intérêt et des intérêts de chacun, c’est-à-dire de son cadre de référence, produit de son histoire personnelle. Le sportif de télévision peut n’avoir que faire de détails sur une grève qui ne le touche pas directement ou sur une retraite jugée lointaine : ce qu’il attend dans l’instant, ce sont des images de ses équipes favorites ou les confidences des stars auxquelles il s’identifie de façon infantile ; et inversement, pour peu qu’on soit réfractaire au football devenu simple instrument de promotion, on peut être indisposé de devoir supporter l’interview d’un joueur de football inculte racontant dans son sabir que le coach lui a fait confiance, qu’il a donné un max, qu’il s’est fait plaisir, qu’il la voulait cette victoire et qu’il est allé la chercher avec ses tripes.

L’emprise de trois séries de contraintes sur l’information

La théorie de l’information diffusée par les médias paraît, en effet, ignorer résolument les contraintes d’airain qui s’exercent sur l’information.

1- Une première série de contraintes provient des motivations de l’émetteur : celui-ci veille en principe à « ne pas livrer volontairement une information susceptible de lui nuire  » ; il la garde secrète et s’applique à ne « donner » que l’ information qui n’est pas contraire à ses intérêts : ainsi peut-il juger utile, comme le bon M. Pernault de TF1, de montrer dans un micro-trottoir l’exaspération et « la galère » des « usagers pris en otage » par une grève des transports que lui-même désapprouve.

2- Une seconde série de contraintes découle des moyens de diffusion eux-mêmes. Elles s’exercent avec une plus grande force encore sur les médias de masse qui exigent des ressources considérables.
- Au premier rang de ces contraintes se trouvent celles dont usent les propriétaires des médias de masse qui ont forcément leurs opinions : pourquoi achèteraient-ils des médias si c’est pour diffuser des opinions qui soient contraires à leurs intérêts ?
- De leur côté, source prioritaire de financement, les annonceurs publicitaires doivent être particulièrement ménagés : non seulement un annonceur dont une campagne publicitaire contribue à assurer la vie du journal ou de la chaîne de télévision, ne saurait être critiqué, mais encore il exige l’exposition la plus large possible de son annonce.
- La chasse aux ressources publicitaires commande ainsi la chasse à l’audience qui impose à son tour le choix d’une variété d’information assez consensuelle - ou « fédératrice » selon le jargon du milieu - pour réunir la plus large audience possible dont dépend le coût des annonces à encaisser.
À ce jeu et compte tenu du niveau culturel moyen actuel, un extrait de match de football ou un fait divers ruisselant de sexe ou de sang a plus de chance de scotcher les auditeurs à leur poste ou à leur journal qu’un débat sur la conception du pouvoir de Montesquieu. La rédactrice en chef de TF1, Anne de Coudenhove ne dit rien d’autre quand elle revendique un seul souci : « Etre au plus près des gens qui nous regardent  », selon Raphaëlle Bacqué dans un article paru dans Le Monde du 25 novembre dernier. Il n’est que de voir les succès d’audience dont TF1 s’enorgueillit de remporter chaque année sur ses rivales : il n’y a pas meilleur sondage du niveau culturel moyen, même si c’est désolant après 120 ans d’école laïque et obligatoire.

3- C’est qu’une troisième série de contraintes vient s’ajouter aux deux premières pour modeler l’information diffusée : ce sont celles des propriétés du récepteur.
- Celui-ci est d’abord «  une cible à deux centres », la raison et le cœur. Or, on sait depuis Pascal l’empire qu’exerce l’irrationalité sur la rationalité : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas  », a-t-il finement observé ; ou encore : « La raison a beau crier, elle ne met pas le prix aux choses. ».
- L’autre propriété du récepteur est son indocilité foncière. Chacun en fait l’expérience tous les jours : celui à qui on parle, n’est pas toujours disposé à écouter. Pour l’y forcer, il ne reste donc qu’à mobiliser tous les moyens à disposition.

Il existe, à cette fin, un véritable arsenal de leurres à connaître pour stimuler à son insu les différents réflexes dont le récepteur est équipé dès sa naissance pour survivre comme tout animal et par éducation pour vivre en société. Rien ne vaut pour capter l’attention, par exemple, que de stimuler le réflexe de voyeurisme par l’exhibition du plaisir d’autrui ou sa simulation grâce au leurre d’appel sexuel : c’est bien le diable que chaque jour n’apporte pas son fait divers avec une histoire d’alcôve ou le délire d’un pervers.
À défaut, l’exhibition du malheur d’autrui ou de sa simulation à l’aide d’un leurre d’appel humanitaire permet de faire renifler les chaumières : le malheur d’autrui est sans doute la chose du monde la plus répandue ; on n’est donc pas en peine de drames à mettre en scène au nom du « droit de savoir  » avec « le poids des mots et le choc des photos ». Les catastrophes, naturelles ou provoquées par les hommes, fournissent leurs lots réguliers d’images de cadavres, de blessés, de proches épargnés en larmes, que des escouades de photo-reporters traquent jusqu’à la nausée. Et Dieu sait si les tremblements de terre, les raz-de-marée, les éruptions volcaniques, les cyclones, les famines, les guerres, les attentats, les accidents de toute nature peuvent charrier des flots incessants de victimes, squelettiques, nues épouvantées ou hagardes, sanguinolentes, grimaçant de douleur, agonisant, martyrisées, exécutées sommairement ou après un simulacre de procès !
Ces leurres remplissent souvent en plus une fonction de diversion utile comme les sujets saisonniers du beaujolais nouveau ou d’Halloween. Accaparant espace de journal et temps d’antenne, ces informations indifférentes permettent un usage invisible de la censure en excluant mécaniquement les autres informations, car espace et temps sont toujours trop exigus.
Mais pour information, la stimulation des réflexes de soumission aveugle à l’autorité ou à la pression du groupe donne des résultats pas mal non plus.

Information et communication

« Le journalisme doit rester étranger à la communication », dit notre auteur. Les contraintes passées sommairement en revue ci-dessus montrent - hélas ! - que c’est une chimère. La différence rituelle opérée entre « information » et « communication » n’est nullement fondée. Qu’est-ce qu’ « une information » ? « La représentation d’un fait gardée secrète, livrée volontairement ou extorquée ». Qu’est-ce qu’ « une communication » ? Le masque inventée par les publicitaires pour cacher une opération publicitaire qui offre la représentation la plus avantageuse possible d’un fait, d’une idée, d’un homme (ou d’une femme) ou d’un produit. Sans doute, la démarche publicitaire est-elle plus finement élaborée. Mais qu’est-ce qui la distingue au fond de celle de tout émetteur livrant une information qui par principe doit d’abord ne pas nuire à ses intérêts ? L’enfant lui-même n’est pas en peine d’imagination pour dissimuler la raison d’un retard ! «  Maman, si vous saviez... Le pape est mort ! » s’écrie, dans "Contes du lundi" (1873), l’enfant de Daudet à sa mère bigote qui, suffocant, part à la renverse contre le mur et en oublie de l’interroger sur son heure tardive d’arrivée pour cause d’école buissonnière.

Si l’on admet l’emprise de ces contraintes sur l’information, on sent bien que l’amélioration de la qualité de l’information ne dépend pas seulement de la bonne volonté du « vrai journaliste » attaché à ne livrer que des « informations valables et pertinentes ». Le niveau culturel des lecteurs/auditeurs est autrement déterminant. Si Pernault, de Coudenhove et leurs semblables peuvent se permettre de livrer une information aussi médiocre, c’est bien parce qu’ils cherchent, comme ils disent, à « être au plus près des gens qui les regardent ». En d’autres termes, les médias sont à l’image de la majorité de leur clientèle. Le pêcheur à la ligne n’attrape des poissons que parce que les nigauds se jettent bêtement sur des leurres qu’ils ne savent pas repérer. Pour l’heure, un coup d’œil sur « la théorie naïve de l’information » que dispense aujourd’hui l’École à ses élèves et qu’elle a empruntée justement aux médias, permet de comprendre pourquoi les Pernault, PPDA, Chazal et consorts ont encore beaucoup d’avenir devant eux.


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60 réactions à cet article    


  • PascalR 30 novembre 2007 09:56

    Qu’est-ce que le JT ? Je n’ai pas l’habitude d’employer des mots compliqués pour exprimer ma pensée. Le JT, c’est un spectacle rituel du matin, de midi et du soir qui sert à amuser, à distraire le peuple qui s’ennuie sans télévision. Le JT « informe », uniformise les cerveaux en les rendant parfaitement informes : il fait en sorte que des millions d’individus ingurgitent un concentré formaté d’informations mises en scène d’après des critères bien connus des experts en communication des foules. C’est une succession de petites séquence de cinéma qui n’a pas grand chose à voir avec la réalité du terrain, c’est du spectacle business. Il faut attirer un maximum de téléspectateurs pour faire monter les enchères des revenus publicitaires en offrant au peuple ce qu’il adore avant tout : se distraire de son quotidien ennuyeux. Le JT, c’est une bonne séance d’hypnose. Et l’expert absolu en hypnose, c’est PPDA, avec son faciès de zombi et sa voix d’outre-tombe. Le pire, c’est que ça marche.


    • lionprince lionprince 30 novembre 2007 12:58

      lionrince : Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est de la propagande mais du journalisme orienté. Pour le JT de JPP, on peut appeler ça de la merde !


    • lionprince lionprince 30 novembre 2007 15:34

      de lionprince .Je voudrais m’excuser auprès de JPP pour les propos tenus à l’encontre de son JT que j’ai qualifié de merde. En fait la merde elle sort de sa bouche.


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 30 novembre 2007 16:21

      @ Agoravox : Un article de Martin « Démographie et immigration : suicide collectif des Européens ? » a été publié hier et a reçu 121 commentaires. On a dit de cet article qu’il était raciste, ce qui n’est pas mon propos ; je suis contre toute censure.

      Mon propos est que la seule réaction d’Agoravox est venue une heure avant que l’article ne soit enlevé. En trois (3) lignes, on est venu avouer que l’article était trop long - ce qu’il appartenait à la modération d’empêcher - pour ajouter, avec une rectitude politique parfaitement puérile, qu’il faut parfois contrevenir à la rectitude politique.

      Je trouve navrante cette lâcheté de venir feindre de vous exprimer en vous assurant qu’on ne vous entendra pas et, surtout, que personne ne pourra engager avec vous un débat dont le passé semble indiquer qu’Agoravox n’aurait ni la culture, ni l’intelligence de sortir indemne. J’ai peur d’avoir dit trop de bien des médias citoyens avant de voir ce que des gens comme vous pourriez en faire. Je vais maintenant être plus critique.

      Je viens vous le dire ici, parce que vous n’êtes plus là... et que, puisque vous n’avez ni nom ni visage, on peut bien cracher n’importe où en pensant que le vent apportera à chacun ce qu’il mérite.

      Pierre JC Allard http://nouvellesociete.org/auteur.html


    • L'équipe AgoraVox L’équipe AgoraVox 30 novembre 2007 17:51

      @ Pierre : Le pseudo AgoraVox dans l’article en question n’est pas le notre bien entendu. Sinon le commentaire serait en bleue. C’est un plaisantin qui a utilisé le pseudo AgoraVox.


    • Gilles Gilles 1er décembre 2007 17:36

      Celui e pujdas, pas mieux

      je préfere encore Arte ou encore BFM ou Itélé, au moins, ya moins de marronniers, micro trottoir et autres conenries


    • tvargentine.com lerma 30 novembre 2007 10:20

      Les présentateurs d’un JT se prennent tous (sans exception) pour des gravures de mode ! (TF1,FRANCE2,FRANCE3,C+,LCI,ITELE)

      Ils se contentent de lire un prompteur.

      Par contre,il existe le 6 minutes ,sur M6 ou un journal d’information sur ARTE qui est vraiment un journal d’information ou bien EURONEWS

      Rien à voir avec ses demoiselles qui se tapent des hommes politiques et qui se prennent pour des « journalistes ».

      Libre à chacun aujourd’hui de se faire son information car le jour ou je verrais une personne « moche » ou « grosse » présentait le JT de 20h,alors nous aurons véritablement un journal d’information.


      • Martin Lucas Martin Lucas 30 novembre 2007 13:01

        Lerma me surprend de plus en plus !

        Quand je regarde la télé (je ne la regarde plus trop), ce sont les JT d’M6 et d’Arte que je regarde.


      • ni-ni 30 novembre 2007 14:04

        heureusement smiley

        parce que si en plus d’étre ininteressant il fallait se farcir des thons ca deviendrait inregardable.... remarquer j ’ai pas la TV alors je les vois que par intermittence... c’en est que plus drôle.

        de plus le terme de « journaliste » est il pas un peut abusif pour qualifier un présentateur, « speakrine » ou « speaker » ne serait il pas plus adapté... et là l’esthetique prime, comme pour les mannequins smiley


      • elric 30 novembre 2007 10:20

        tout à fait d’accord avec le commentaire plus haut ,le jt c’est surtout du spectacle,il y a au fond trés peu d’informations dedans, les titres de la première page d’un journal en contiennent autant.Franchement,je plaint les gens pour qui c’est l’unique source d’information.


        • ZEN ZEN 30 novembre 2007 10:53

          Le JT ? Un montage video habile ,sans substance,ou l’on retrouve, comme disait quelqu’un ici même l’autre jour ,toujours le même schéma peu comestible pour un esprit tant soit peu critique : une entrée, un plat de résistance, un dessert (variétés/météo/pub)


          • Arthur 30 novembre 2007 11:11

            Les sondages envahissent le JT, juste pour rendre l’ « information » plus crédible, plus vraie, plus rentable, plus irréfutable. Si 80% des personnes sondées pensent « oui », qui êtes-vous pour penser « non » ?


            • Cher Mr Villach,

              J’avais été étonné que vous ne répondiez pas par un papier de fond à cet article de « petit matin brumeux ». C’est donc chose faite. Merci pour ces éclairages et si je résume bien nous avons effectivement les J.T que nous méritons ! Reste que chacun d’entre nous peut encore fréquenter quelques chaînes un peu moins niaises où le voyeurisme est un peu moins présent et les débats un peu plus ouverts.


              • Paul Villach Paul Villach 30 novembre 2007 12:59

                Non pas « les JT que nous méritons » ! Mon colonel, j’ai la prétention de penser que vous et moi méritons mieux que ça. Mais on a « les JT que la majorité mérite ».

                C’est là le drame de la démocratie en construction. Il faut avoir le coeur bien accrroché pour ne pas désespérer. L’idée de démocratie n’a jamais que 25 siècles ! Qu’est-ce que c’est dans l’histoire de l’Humanité ? L’équivalent de quelques minutes dans une journée de 24 heures ! Cordialement, Paul Villach


              • Philou017 Philou017 30 novembre 2007 13:39

                Je pense effectivement que le JT est le plus grand danger pour la démocratie à l’heure actuelle. Le conformisme qui y est développé par rapport à la pensée dominante a tendance à annihiler toute réflexion et analyse critique par rapport au système dans lequel nous vivons.

                Par exemple, les journalistes sont tous globalement d’accord avec la politique et l’orientation économique en place. Pas de journalistes anti-européen, altermondialiste, écologiste, anti-libéral, anti-consommation,etc. Les « experts » sont exactement dans le même régistre et viennent donner une caution « scientifique » ou « autorisée » à cette présentation. Les questions tournent autour des détails de ce qui est présenté comme évident, et aucun débat de fond , ni critique profonde n’a le droit de cité.

                Ce problème est accentué par l’auto-légitimation de ce « journalisme ». Puisque tous les médias diffusent le même genre d’information, puisque (presque)tout le monde le regarde, ça ne peut pas être faux, ni partisan.

                Le JT est une formidable machine à conformer les pensées et les comportements. Il est appuyé en cela par une presse qui en est venue à fonctionner sur le même modèle et qui a vu à peu près disparaitre les journaux d’opinion.

                Heureusement, Internet permet le développement du débat et la propagation d’informations alternatives. Tout n’est pas perdu.


              • Traroth Traroth 30 novembre 2007 13:54

                Mériter, mériter... C’est un peu l’histoire de l’oeuf et de la poule : est-ce que la majorité se désintéresse des sujets sérieux parce qu’on ne l’a jamais informé ou est-ce qu’on ne l’informe pas parce qu’elle s’en désintéresse ?


              • alberto alberto 30 novembre 2007 14:04

                M. Villach, si je peux me permettre, le drame des démocraties, c’est que les minorités ont souvent raison...

                Bien à vous.


              • Ronny Ronny 30 novembre 2007 12:29

                Je conseille à vos lecteurs l’excellent article du « diplo », ou Mermet interroge Chomsky.

                Voir http://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/CHOMSKY/14992

                Je cite des extraits en vrac : "En matière de propagande, si d’une certaine manière rien n’a changé depuis Athènes, il y a quand même eu aussi nombre de perfectionnements. Les instruments se sont beaucoup affinés, en particulier et paradoxalement dans les pays les plus libres du monde : le Royaume-Uni et les Etats-Unis. C’est là, et pas ailleurs, que l’industrie moderne des relations publiques, autant dire la fabrique de l’opinion, ou la propagande, est née dans les années 1920. [...] On s’est donc tourné vers les technologies de la « fabrique du consentement ». L’industrie des relations publiques produit, au sens propre du terme, du consentement, de l’acceptation, de la soumission. Elle contrôle les idées, les pensées, les esprits. Par rapport au totalitarisme, c’est un grand progrès : il est beaucoup plus agréable de subir une publicité que de se retrouver dans une salle de torture."

                Voici pour le JT, à extrapoler de ce qui est dit sur d’autres journalistes :

                "Quand des journalistes sont mis en cause, ils répondent aussitôt : « Nul n’a fait pression sur moi, j’écris ce que je veux. » C’est vrai. Seulement, s’ils prenaient des positions contraires à la norme dominante, ils n’écriraient plus leurs éditoriaux. La règle n’est pas absolue, bien sûr [...] Mais quiconque ne satisfait pas certaines exigences minimales n’a aucune chance d’être pressenti pour accéder au rang de commentateur ayant pignon sur rue.

                C’est d’ailleurs l’une des grandes différences entre le système de propagande d’un Etat totalitaire et la manière de procéder dans des sociétés démocratiques«  Dans les sociétés démocratiques,  »La « ligne » n’est jamais énoncée comme telle, elle est sous-entendue. On procède, en quelque sorte, au « lavage de cerveaux en liberté »."


                • Traroth Traroth 30 novembre 2007 13:57

                  Personnellement, j’observe que les journalistes se réclament toujours de la « liberté de la presse », et jamais du devoir d’informer. La liberté, ça inclut la possibilité d’un choix, ce qui veut dire que les journalistes sont libres de nous informer. Ou pas.


                • Traroth Traroth 30 novembre 2007 14:00

                  Ce qui me frappe avec le JT, c’est l’inutilité des images. En gros, c’est de la radio illustrée. On parle d’une élection ? On voit des gens entrer dans un isoloir. On parle d’une guerre à l’autre bout du monde ? On montre des images de combat. Mais 90% du temps, l’image ne véhicule aucune information pertinente.


                • Philippakos Philippakos 3 décembre 2007 08:45

                  Oui, et pourtant, paradoxalement, une information qui n’a pas d’image n’est pas diffusable, pas développable au delà d’un court communiqué qui généralement nous promet des images pour bientôt.


                • Francis, agnotologue JL 3 décembre 2007 09:13

                  Le poids des mots, le choc des photos ! Très souvent les images que l’on montre sont des images d’archives, preuve s’il en fallait que l’aspect informatif n’est qu’anecdotique.


                • gaamin 30 novembre 2007 13:59

                  Effectivement, on a le JT que la majorité mérite. La majorité
                  - est réceptive à la pub
                  - reste dans l’illusion qu’elle a un esprit critique
                  - apprécie la StarAc’ et autres merdes vidéo
                  - ne veut pas être bousculée intellectuellement, ni remettre en cause ce qu’elle est, ce qu’elle fait

                  Nous n’en sommes pas encore au stade de FoxNews, mais ça arrive tout doucement.

                  Au risque de paraître suffisant ou cynique, un tel JT ne peut que flatter l’ego de celui qui ne le regarde pas en connaissance de cause. La majorité est beaucoup plus conne que lui.


                  • Serpico Serpico 30 novembre 2007 14:04

                    Le problème le plus grave est que maintenant le journaliste participe à l’info.

                    Il n’y a plus de frontières entre journalisme d’investigation et journalisme d’opinion (si cela a jamais existé d’ailleurs).

                    Le « journaliste » livre l’évènement (sous la forme qu’il a choisie), émet un jugement (les usagers sont pris en otages par les cheminots) et s’arroge le droit de poser des questions alors qu’en bonne logique, il doit lui aussi se soumettre à l’interrogation puisqu’il prend parti .


                    • Traroth Traroth 30 novembre 2007 15:01

                      Tout à fait. C’est toujours ce qui me fait bondir, par exemple quand sur le blog de Pierre Assouline, on se permet de dire que la neutralité de point de vue dans Wikipédia pose un problème parce que « certaines choses ne devraient pas être exposées sans jugement de valeur », sous peine d’être taxé, en vrac, de nazisme, d’islamisme, de misogynie, d’anarchisme, de trotskysme et j’en oublie...


                    • anny paule 30 novembre 2007 15:57

                      A l’auteur, Article très pertient et très intéressant...

                      Personnellement, je ne regarde plus jamais un JT, par principe : j’ai mieux à faire de mon temps !

                      Par contre, longtemps abonnée au Monde, j’ai cessé de lire régulièrement ce quotidien, ne supportant plus sa manière d’exposer « l’information ». La radio, et France Culture plus particulièrement, permettent encore une certaine appréhension de « l’information », mais à prendre avec des pincettes, et à croiser avec d’autres médias citoyens...

                      Vous posez là des problèmes essentiels sur la « fabrique d’opinions » dont nous serions tous victimes s’il ne nous restait pas encore un brin d’esprit critique... mais, dans notre « beau pays de France », il est clair qu’au moins 53% de citoyens ont perdu cet esprit-là et se laissent berner par les discours pervers des médias.


                      • aurelien aurelien 30 novembre 2007 16:08

                        Pour faire bref : du divertissement sécuritaire.

                        Il est toujours rassurant pour le travailleur moyen intégré au groupe d’une nation de retrouver un socle imaginaire commun basé sur l’identité collective, quand bien même celle-ci est différentiée, notamment par le jeu de groupes idéologiques participant à la vie de société (groupes de gauche, de droite, ...etc au niveau politique par exemple), et même si cette identité se révèle illusoire et foncièrement génératrice de divisions et de souffrance, à l’échelle des peuples, après un examen quelque peu plus poussé.


                        • Len 30 novembre 2007 16:12

                          Pour moi, un JT du soir se résume à une sorte de magazine résumant la vie politique (pas la Politique avec un P) et les faits divers.

                          Rien de plus.


                          • Kelsaltan Kelsaltan 30 novembre 2007 16:44

                            C’est du temps de cerveau disponible entre deux sauces publicitaires, selon un professionnel de la question qui depuis, doit se bouffer les testicules de s’être autorisé tant de franchise.

                            Si c’est de leur propre aveu, que dire de plus ?


                            • Bastien Gouly Vanbastien 30 novembre 2007 16:44

                              Analyse très pertinente. Toutefois la conclusion me laisse un peu perplexe. « Si l’on admet l’emprise de ces contraintes sur l’information, on sent bien que l’amélioration de la qualité de l’information ne dépend pas seulement de la bonne volonté du « vrai journaliste » attaché à ne livrer que des « informations valables et pertinentes ». » Evidemment que le journaliste a des contraintes mais son rôle n’est pas de rapprocher son JT de la masse mais bien de tirer la masse vers l’esprit critique. En outre, c’est bel et bien cette seconde forme d’appréciation de l’information qui lui donne sa qualité.. Or, J-P Pernault, le premier, commet une faute déontologique grave en privilégiant non pas l’information mais le documentariat (la récolte des pommes, la perte du métier de chaudronnier à Ravaillac les bains, etc.). Autre faute déontologique inquiétante : J-P. Pernault ajoute du commentaire aux reportages (ex : les gens en ont marre de la grève). Or, le propre du JT est de combiner le reportage à un style d’écriture honnête et dénué de positions partisanes (Ou comme le dit Hubert Beuve-Méry « faire preuve d’une subjectivité désintéressée »). Le JT ne doit donc pas servir la soupe au pouvoir ! Enfin, le fait divers est un genre d’information souvent critiqué mais cela reste utile, s’il est placé en second plan dans la hiérarchisation de l’information. Autrement dit, le sensationnalisme mis en scène par les faits divers est une façon voyeuriste d’approcher l’information (Je vous renvoie à l’ouvrage de Gloria Awad sur le sensationnalisme). PS : Je trouve courageux de la part des journalistes d’avoir une approche critique des dérives de leur profession. Malheureusement, les individus ont tendance à faire des amalgames lorsque ces critiques sont diffusées dans les médias (exemple des journalistes qui se font « tabasser », lors de mouvemments sociaux, considérés comme des Pernault en puissance).


                              • Cher P.V,

                                Merci de votre précision complémentaire tout à fait fondée. J’y souscris. Je constate avec plaisir que ce papier fait vraiment l’unanimité. J’ai trouvé la remarque/référence de KELSALTAN tout à fait à sa place. A vous suivre !


                                • moebius 30 novembre 2007 17:38

                                  informer c’est donner une forme et le jt est la forme neutre et objective la plus abouti. Le décor est aussi trés réussi, cette grande table et toute cette lumiére...trop cru... la télé est une ampoule trop forte, j’y ai mis un p’tit abat jour en papier creupon et c’est du plus bel effet...la télé que c’est une fenetre sur le monde, belle vue a partir de ma table de salle a manger, j’invite toujours monsieur Pernault, a midi il y avait de la blanquette de veau au menu


                                  • moebius 30 novembre 2007 17:51

                                    ..quand on lit l’article on se croirait a l’école, la grande pas la petite. Mais moi j’preferre manger avec monsieur Pernault plutot que de réfléchir et de perdre l’appétit et quand on mange on mange. Il aime pas la blanquette le professeur ?


                                  • moebius 30 novembre 2007 17:52

                                    ...c’est pourtant bon !...


                                  • moebius 30 novembre 2007 19:49

                                    ..l’humour non ?


                                    • ZEN ZEN 30 novembre 2007 20:41

                                      Pour prolonger cette réflexion :

                                      http://www.acrimed.org/rubrique50.html


                                      • moebius 30 novembre 2007 20:46

                                        ...allez ! oh ! docte auteur ! vous oubliez la plage horaire de ce qui n’est ni de l’information ni du journalisme. C’est du miam miam ! je vous réponds. Dans le jt vous avez bien les hors d’oeuvre, le plat de résistance et le fromage et le dessert. (le tout avec pas mal de salade... et il faut le dire !)... Ici nous seruions deja plus dans la phase de digestion... Merdre ! admirez donc ces belles pépites !


                                        • moebius 30 novembre 2007 21:40

                                          ..Zen, mais que voila de bonnes infos qui prolonge notre ingestion, encore ! mais pas de ce fade brouet, nous faisons maintenant dans la gastronomie. Il nous faut maintenant que nous avons moins d’appetit pour ce frustre JT des mets délicats...sommes nous dupes à ce point


                                          • moebius 30 novembre 2007 23:18

                                            ...putain ! ça fout les boules


                                            • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 01:02

                                              Le JT c’est la messe quotidienne de la Pensée unique

                                              Pour Ignacio Ramonet « la pensée unique c’est la traduction en termes idéologiques, à prétention universelle, des thèses d’un ensemble de forces économiques celles en particulier du capital international. Une sorte de visqueuse doctrine qui insensiblement enveloppe tout raisonnement rebelle, l’inhibe, le trouble, le paralyse et finit par l’étouffer, c’est la pensée des financiers, des chefs d’entreprise, des patrons, des hommes d’affaires qui veulent avant tout protéger leurs intérêts et finalement faire croire à tous qu’il n’y a qu’un seul monde possible, celui du ’tout marché’ ».

                                              Pour Nicolas Sarkozy et les siens, la pensée unique c’est celles de tous ceux qui s’opposent à lui. Pour les souteneurs du TCE c’est celles de tous ceux qui sont opposés à la ratification du traité.

                                              Pour Wikipédia : " La pensée unique est pour les uns ce qu’ils considèrent comme une domination idéologique qui promeut certains choix de société, présentés comme seuls légitimes, concernant l’économie, l’intégration européenne, la libéralisation des mœurs, l’immigration, etc. Pour les autres ce qu’ils voient comme la permanence d’un esprit étatique, collectiviste, centralisateur et nationaliste promu comme seule voie respectable de servir l’intérêt général et devant primer les libertés et responsabilités individuelles et l’ouverture sur le monde’.

                                              Ainsi, selon Wiki, il y aurait deux Pensées uniques (!) dont l’une dominante et l’autre contestataire. La première, on aura reconnu le TINA, c’est celle des institutions de domination libérale : UE, BCE, BM, FMI, OCDE, AGCS (GATT), OMC, etc. , celle que l’on trouve exprimée à longueur de colonnes et plateaux de télévision, le célèbre TINA de Margaret Thatcher, en français ONPFA : « on ne peut pas faire autrement ».

                                              La seconde serait selon un article récent publié sur Agoravox, celle de «  »la gigantesque armée des opposants aux réformes de Nicolas Sarkozy«  ». La pensée unique expliquée par la pensée unique en quelque sorte.

                                              Cette seconde définition de la Pensée unique est littéralement insoutenable : s’il existait une Pensée unique défendue par une majorité électorale, donc un parti majoritaire qui ne serait pas au pouvoir, nous ne serions plus en démocratie. C’est pourtant ce que soutiennent les prêtres de la Pensée unique, qui ne sont pas à un sophisme près.

                                              Il ne peut pas non plus y avoir deux pensées uniques (!), ce serait un non sens dans toute sa splendeur d’oxymore. Ceux qui acceptent cette idée que la Pensée unique c’est celle des autres contribuent involontairement à propager ce mensonge de la Pensée unique en même temps qu’à vider de sons sens ce concept de Pensée unique, incontournable pour désigner donc résister à ce totalitarisme rampant dont « Le premier principe : »l’économique l’emporte sur le politique« est d’autant plus dangereux qu’un marxiste distrait ne le renierait pas ».


                                              • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 13:45

                                                Ce que la Pensée unique désigne comme étant la pensée unique c’est l’opposition, la protestation qu’elle suscite, l’anti pensée unique puisque multiple et variée.

                                                C’est l’application du principe : « C’est celui qui dit qui est », ici : « Pensée unique toi même ».


                                              • caraïbe 1er décembre 2007 23:17

                                                Commentaire intégré. Merci.

                                                Les causes de l’erreur de jugement sur une 2ème pensée unique contestataire : la masse de données qui la constituent à l’identique de la pensée dominante, et la reprise des mêmes thèmes, même sous forme critique. On trouve là un double en négatif de la pensée dominante. A ce niveau de réflexion, il est indispensable que l’esprit critique propose, en plus de ce double, de nouveaux modes de pensée , comme cela a été fait dans « Sommes-nous devenus des moutons ? ».

                                                Il semble important que la réflexion, après le doute et une remise en question, puisse se reconstruire suivant des pistes proposées. On ne lâchera pas des idées établies, même consciemment mauvaises, à la faveur d’un vide.

                                                Ce pas à franchir est long et difficile : faire la part des idées prédigérées et imposées, les abandonner, à condition d’en établir de nouvelles. Compte tenu de la désinformation ambiante à la TV et dans la presse, cela ne peut se faire actuellement qu’avec un investissement personnel.


                                              • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 23:33

                                                Caraïbes : «  »« Sommes-nous devenus des moutons ? ». ???


                                              • Paul Villach Paul Villach 2 décembre 2007 11:37

                                                Ma conclusion ne dit pas autre chose. La qualité d’une information a des chances d’être proportionnelle aux capacités de lecture d’un récepteur. On ne raconte pas de bobard à qui risque de le déceler.

                                                Maintenant, ne rêvons pas ! La vigilance ou l’état de veille connaît des fléchissements voire des assoupissements même chez le lecteur le plus aguerri. Les stratèges de la manipulation des esprits ne l’ignorent pas et surtout savent les provoquer.

                                                Les services nazis - qui n’étaient pas nés de la dernière pluie - ont été mystifiés par les services de renseignement alliés dans « l’Opération Mincemeat », en avril 1943, qui visait à détourner leur attention des plages siciliennes de débarquement retenues par les Alliés.

                                                Ceci signifie qu’une connaissance des leurres et illusions dont une « relation d’information » est constituée, n’est pas un « passeport » définitif pour accéder à une information fiable.

                                                C’est une condition nécessaire - très loin d’être réalisée encore aujourd’hui à en juger par les programmes scolaires - mais non suffisante.

                                                Ne croyons pas davantage que les partisans d’une société alternative, quelle qu’elle soit, puissent échapper aux contraintes d’airain qui s’exercent sur l’information, y compris dans leur cité idéale. On devrait être vacciné contre ces naïvetés depuis l’effondrement de l’URSS. Paul Villach


                                              • dup 1er décembre 2007 08:00

                                                une bonne définition du rituel de 20 heures qui n’est rien d’autre qu’un spectacle .. rien de plus

                                                http://www.syti.net/JTContents.html


                                                • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 10:05

                                                  Dup, merci pour cet excellent lien qui devrait être diffusée dans doutes les e-box. Et ce texte devrait être distribué dans toutes les boites aux lettres.


                                                • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 10:16

                                                  On y lit : "La structuration et la hiérarchisation de l’information sont des principes de base enseignés à tous les étudiants en journalisme.

                                                  Or depuis 10 ans, les journaux télévisés font exactement le contraire, en enchainant dans le désordre des sujets hétéroclites et d’importance inégale (un fait divers, un peu de politique, du sport, un sujet social, un autre fait divers, puis à nouveau de la politique, etc) , comme si le but recherché était d’obtenir la plus mauvaise mémorisation possible des informations par le public. Une population amnésique est en effet beaucoup plus facile à manipuler..."

                                                  A la fin du JT on a l’impression qu’on nous a fait le Compte rendu de ce qu’il faut savoir, et 5 minutes après, il n’en reste rien sinon les sujets de conversation de la rubrique « faits divers ».


                                                • anny paule 1er décembre 2007 08:38

                                                  Orwell, dans 1984, écrit : « la Révolution ne sera complète que le jour où le langage sera parfait ».Il précise, par ailleurs, dans ses Réflexions, Août 1937, CEI, que « le fascisme, après tout, n’est qu’un développement du capitalisme, et la démocratie la plus libérale est prête à tourner au fascisme à la première difficulté ».

                                                  Ces deux citations, ajoutées à celle-ci, empruntée à Pierre Mendès France (18 Janvier 1957) :« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance publique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement, une politique, au sens le plus large du mot, nationale et internationale ».

                                                  Même si les contextes sont différents, même si ces références semblent nous éloigner du propos de l’auteur, elles le rejoignent, dans la mesure où notre président veut incarner la « Rupture » (qui est en soi une forme de révolution relativement aux valeurs portées par notre démocratie), où le langage (langage des médias et langage des images qu’ils offrent) est parfaitement approprié à la forme de société qu’ils sont chargés de promouvoir, où les dérives de tous ordres nous convient à vivre dans un monde « prépensé », « prédigéré », dans lequel l’esprit critique et la conscience n’ont plus droit de cité. Le politique n’est plus que la représentation d’une autorité extérieure (lobbies, finances, multinationales, banques...) et notre hyperprésident n’est que le pantin de tous ceux-là... Alors, pourquoi « informer » au sens noble du terme ?


                                                  • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 10:01

                                                    Anny Paule, j’abonde dans votre sens, vous abondez dans le mien.

                                                    Vous citez très justement Orwell : « la Révolution ne sera complète que le jour où le langage sera parfait ». Le langage est parfait dès lors que s’exprime une pensée et une seule (dans les mass media). Je vous invite à lire mon post de 01H12 relatif à la Pensée unique.

                                                    Il y a en ce moment au monde, une toute jeune démocratie qui, mieux que le lièvre de la fable, est en passe de doubler toutes les tortues libérales dans la course au totalitarisme, c’est la Russie. Ce qu’il se passe là bas est sidérant et inquiétant. C’est la première forme d’abdication citée par PMF.

                                                    La deuxième forme pour nous européens, c’est l’UE : « délégation des pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance publique ». C’est, en remplaçant « la technique » par « le marché », le TINA.

                                                    Nicolas Sarkozy, à l’instar de GWB, balance entre les deux formes.

                                                    Ps. J’ai lu dans une revue alter mondialiste une lettre de Raoul Marc Jennar (auteur de la ’Trahison des élites’) qui dit se trouver sans emploi et ressources (malgré un CV très conséquent). Il déclare devoir s’expatrier (au Cambodge) vers un pays non encore sous la coupe de la Pensée unique. Comprenons que l’alter mondialisme est l’ennemi juré de la Pensée unique.


                                                  • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 10:32

                                                    Sur ce qu’il se passe en Russie, ce commentaire de ERNST me paraît poser de bonnes questions.

                                                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=31647&id_forum=1560813&var_mode=recalcul#commentaire1560813


                                                  • Francis, agnotologue JL 1er décembre 2007 13:37

                                                    encore sur la Russie, un bon dessin qui vaut mieux qu’une longue explication :

                                                    http://fr.news.yahoo.com/chappatte/20071130/dessin/pen-la-russie-de-poutine-32-91c957faa5300.html


                                                  • ddacoudre ddacoudre 2 décembre 2007 03:28

                                                    Bonjour villach.

                                                    C’est bien d’avoir développé toute la difficulté que recouvre le terme information. A la base cette information trouve sa source dans la nécessité des détenteurs du pouvoir de faire circuler leur décision auprès des populations, et elle a revêtu toutes les formes y compris d’écritures, avant que l’imprimerie en face ce que nous connaissons aujourd’hui.

                                                    Généralement elle avait une fonction politique, voire parfois éducative le plus souvent elle véhiculé des décisions et idées d’où n’était pas absente ce que nous appelons la propagande.

                                                    Mais les moyens techniques et la connaissance des mécanismes du fonctionnement de l’humain ont passablement modifié des approches du traitement de l’information pour poursuivre des visées toujours identique avant de devenir un marché de l’information qui s’est développé dans le droit fil de la création de temps libre est des loisirs, et un fabuleux moyen de toucher les masses, d’où les mas média.

                                                    Tu expliques clairement que chacun voit l’info de sa fenêtre et pour moi cela n’est pas gênant si par ailleurs l’on peut trouver l’information sur le déroulement de la vie démocratique qui impose par le droit de vote d’être informé des événements politiques et sociaux économiques qui se déroule dans le pays et le monde.

                                                    Alors bien sur elle passe par le filtre des journalistes et tu soulignes justement qu’il ne peut en être autrement, d’où l’importance de disposer d’une information pluraliste.

                                                    Information pluraliste qui de fait n’existe pas car dans tous les organes de presse où de médias au jour le jour l’on entend les mêmes, dont la soit disant pluralité résulterait de sa présentation. Si il est bien qu’il y en ait plusieurs version il est rare qu’elle soit divergeant, sauf à prendre un type de journaux comme le canard enchaîné pour que l’on puisse y trouver l’art de la critique. Dans les JT ils ne faut pas y penser à l’exception de ARTE c’est du copier coller.

                                                    Je n’ai jamais eu d’illusion sur une quelconque pluralité de la presse, sauf qu’en chaque participant représentatif de la population dispose d’un droit de presses et de médias au quotidien, ce qui n’est pas le cas.

                                                    La démocratie n’est pas laisser l’information à ceux qui disposent des moyens de se l’offrir, car il ne vendront rien d’autre que ce qui les nourrit, et ce ne sont pas les abonnements des citoyens comme tu le notais.

                                                    La communication est le moyen que l’on va développer pour faire circuler cette information. Il est clair qu’aujourd’hui comme un article le disait elle vent une belle histoire émotionnelle car c’est avec l’émotion et la répétitivité que l’on engramme ou mémorise les informations délivrées de manière plus ou moins durable.

                                                    J’ai lu ton article sur la pub pour enfant battu, c’est cette technique qui est utilisé pour véhiculer l’émotion et la rattacher à un mot fort, ou la répéter souvent de telle manière que l’inconscient l’enregistre de force, et devant un événement, lorsque le cerveau passera au crible sa mémoire pour trouver la réponse aux événements qu’il perçoit, il trouvera cette infos répété sur sa route, et si elle correspond à la situation le cerveau la retiendra, et l’acteur dira que c’est de sa propre volonté qu’il a fait ce choix.

                                                    La lepénisation des esprits a prospéré sur ce processus en partant d’une réalité que les médias ont amplifié et répété sans cesse, et dont notre président c’est emparé en utilisant la technique de la situation émotionnelle et du mot fort, racaille, karcher, voyou associé à son personnage.

                                                    Les plus sots parlaient d’irresponsabilité alors que lui à bâti toute sa campagne autour de ce moyen de communication depuis qu’il est au ministère de l’intérieur, et il continue aujourd’hui, en intervenant ou faisant maintenant intervenir ses ministre lors d’un événements émotionnellement fort, de telle sorte qu’il peut faire passer toutes les lois qu’il veux sans quasi opposition.

                                                    Plus personne dans l’opposition ne s’aventure à dire que la répression augmente sans courir le risque de la désapprobation populaire. Et c’est certainement par ce biais que nous franchirons le pas au delà de l’autoritarisme vers le totalitarisme, car il l’aura vendu par ces moyens dans l’esprits des français qui en retour le réclamerons.

                                                    Alors cette technique de l’émotion et du mot fort pour diffuser une information est totalement reptilienne, ce qui va à l’encontre de la sollicitation du cortex frontal qui suscite la réflexion. L’on est certainement plus dans le pavlovien que dans le traumatique, pourtant nous savons maintenant qu’en excitant trop fortement notre cerveau reptilien (thalamus), pour solliciter une réponse du cortex frontal, nous jouons avec la violence.

                                                    Justement la violence dont l’on voulait s’abstraire même avec de bonnes intentions pour en fomenter une plus sournois qu’est le fascisme. Actuellement dans les événements récents le président associe banlieue et voyoucratie de la sorte que chaque fois que sera évoqué le mot banlieue jaillira celui de voyoucratie, ainsi d’un problème sociologique il devient un problème de délinquance, et comme la population à déjà était sensibilisé sur ce sujet elle ne réfléchira à aucune autre raison et demandera l’élimination proposé par le président, qui a chaque opération de ce style aggrave les sanctions pénales, sans apporter de solution aux problèmes.

                                                    Est ce que ceci peut échapper à un journaliste.

                                                    C’est pour ces raisons que je ne suis pas d’accord avec les nouvelles techniques de communications qui abusent de l’ignorance de la population il n’y a rien de nouveau depuis son invention par Lénine mais lui ne connaissait pas aussi clairement les failles de l’esprit.

                                                    Si l’on veut solutionner une partie la violence qui a cru depuis notre entrée dans le consumérisme, il suffit de supprimer les publicités, il suffit de supprimer ce qui donne envies à des jeunes d’aller chercher par des moyens illégaux l’argent qui leur faut et qu’ils n’ont pas par le travail, mais que faire des plubicistes, ils iront grossir les rangs des sans emplois, et que ferons-nous de la réduction de consommation qui s’en suivra avec de nouveau sans emploi, etc.

                                                    N’avoir que la répression à donner en échange est bien triste, mais ce qui l’est encore plus c’est l’uniformité du traitement journalistique du moins aux JT.

                                                    J’ai un peu débordé de ton article pour faire un petit commentaire sur le précédent. Cordialement


                                                    • Paul Villach Paul Villach 2 décembre 2007 11:58

                                                      Merci « ddacoudre » de cette lecture attentive. Tu montres que tu as « l’esprit beaucoup plus grand qu’un dé à coudre », selon la formule de Brassens.

                                                      Une divergence toutefois : je ne crois pas du tout à la suppression de la publicité. Pourquoi ? Parce qu’elle est inhérente à « la relation d’information ».

                                                      Je pose en principe fondamental de cette « relation d’information » le postulat suivant : « Nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire. » En d’autre terme, chacun, par seule pulsion de survie (sauf dépression) fait légitimement sa propre publicité.

                                                      Maintenant, j’en conviens, les stratégies publicitaires construisent des opérations infiniment plus réfléchies que l’image avantageuse que chacun livre de soi avec des moyens empiriques en général. Paul Villach


                                                    • caraïbe 2 décembre 2007 18:41

                                                      @ ddacoudre,

                                                      Merci pour ce commentaire pertinent .On a beau avoir éteint son poste de télé depuis longtemps à l’heure du JT, étant sûr ainsi de n’avoir que son jugement pour se faire une opinion de l’actualité, on s’aperçoit que les réflexes émotionnels ont été dressés à prendre la place de la raison à notre insu.

                                                      On se rappelle le début de ce glissement de la réflexion avec l’entrée de Sarkozy au ministère de l’intérieur : c’était avant les élections de 2002, un père battu à mort sur une place de bus par les racketteurs de son fils. Ce fait divers avait été pris comme preuve du besoin du tout sécuritaire la veille des élections présidentielles. Depuis ce jour-là, le phénomène s’amplifie : les médias partent de l’émotionnel pour abstraire la réflexion et le sens critique, ils dressent chacun à percevoir et à communiquer par ce réflexe inconscient.

                                                      En consultant le site

                                                      http://sarkononmerci.fr

                                                      les autres pièces du puzzle se mettent en place.

                                                      Il semble indispensable d’approfondir les procédés de ce conditionnement insidieux pour mieux le dépasser...Des spécialistes ne pourraient-ils pas s’y consacrer ?

                                                      Ainsi, les médias actuels suivant la volonté du pouvoir nous ravalent au niveau de notre animalité et nous y tombons en masse sans discernement. Pour autant, la répression ne semble pas une solution digne d’une démocratie. Beaucoup d’esprits critiques sont en état de veille et prêts à exprimer leur désaccord avec la démarche officielle. Un réveil citoyen est possible si l’occasion lui est donnée, comme cela s’est produit aux US sur la chaine FOX dans l’émission American Idol :

                                                      http://jeanmarcmorandini.tele7.fr

                                                      Une semblable réaction en France révèlerait une remise en question de la bien pensance des médias officiels et des modèles proposés. Il a suffi d’un citoyen, pris en relais par un journaliste, et d’un site internet pour affirmer la contradiction critique.


                                                    • Paul Villach Paul Villach 2 décembre 2007 19:01

                                                      Merci aussi à vous de cette lecture attentive.

                                                      « Il semble indispensable, écrivez-vous, d’approfondir les procédés de ce conditionnement insidieux pour mieux le dépasser...Des spécialistes ne pourraient-ils pas s’y consacrer ? »

                                                      En ce qui me concerne, je m’y emploie depuis un certain nombre d’années. L’obstacle majeur que l’on rencontre vient de la désorientation organisée par l’École.

                                                      Outre l’inculcation d’une théorie naïve de l’information - celle même que diffuse médias et journalistes à longueur de journée - cette désorientation naît, entre autres méthodes, de l’usage de mots impropres. Vous employez, par exemple, le mot « émotion ». Je préfère parler de « réflexes », ces automatismes inconscients par nature dont chaque individu est équipé à sa naissance pour survivre et par éducation pour vivre en société.

                                                      Ce sont ces réflexes qui sont déclenchés quand on exhibe soit le plaisir ou le malheur d’autrui ou seulement leur simulation, comme vous l’évoquez dans votre commentaire. Il suffit de bien les identifier selon leur spécificité, de même qu’il est utile de recenser les leurres qui constamment sont utilisés pour stimuler ces réflexes. Paul Villach


                                                    • ddacoudre ddacoudre 3 décembre 2007 13:09

                                                      Bonjour V.

                                                      merci pour ton renvoie à Brassens, mais mon commentaire se veut une supplique pour être enterré sous les lignes de l’intelligence.

                                                      C.


                                                    • caramico 2 décembre 2007 17:52

                                                      A écouter cependant les formulations : En dehors des lieux communs (pris en otage), des tics verbaux (en revanche, très à la mode ces derniers temps) qui m’horripilent particulièrement, il y a aussi quand même une façon de distiller un message.

                                                      J’ai entendu dernièrement une évocation du dernier drame en cours, à travers deux formulations qui semblent presque identiques :

                                                      Une mini-moto a heurté violemment un véhicule de police...

                                                      Les deux véhicules se sont percutés violemment...

                                                      Croyez vous que la grande majorité des gens, entre la poire et le fromage, notent la différence ?


                                                      • Francis, agnotologue JL 2 décembre 2007 18:43

                                                        Importante remarque de Caramico.

                                                        Il a été dit dans les médias : « Les corps des enfants ont été projetés à 20 mètres ».

                                                        Faites deux expériences de pensée : 1) la moto à grande vitesse qui se jette sur la voiture, 2) la voiture à grande vitesse qui percute la moto. Notons que ni moto ni voiture ne sont des boules de billard, les jeunes n’ont pas ’rebondi’.

                                                        Dans le premier cas, les corps ne peuvent pas être projeté si loin. Explication : les corps et la voiture juste après l’impact forment un bloc. La voiture va être stoppée sur place, voire reculer. Si la voiture roule lentement, les corps vont rester près d’elle, près du point d’impact.

                                                        Au contraire, si la voiture roule vite, la moto ne va pas pouvoir la stopper, les corps vont suivre la voiture sur la portion de décélération, dans sa direction, à sa vitesse.

                                                        Prenez deux volumes mous et 1) : Lancez le petit sur le gros ; puis 2) faites l’inverse : Lancez le gros sur le petit.

                                                        La différence est frappante ; dans le premier cas, le petit volume et le gros vont demeurer unis. Dans le second, seul le petit volume va être projeté loin, en arrière de sa position initiale.


                                                      • Lézard Zéro Lézard Zéro 3 décembre 2007 23:29

                                                        Excellent article !

                                                        Je m’étais efforcé à travers mes commentaires sur l’article de « petit matin brumeux » de relativiser un tant soit peu ses propos (ce qui m’a valu la colère de pas mal d’Agoranautes m’accusant de « servir le grand méchant JT »).

                                                        Mon courroux était essentiellement porté sur le ton arrogant de l’auteur ainsi que sur l’amalgame stéréotypé du citoyen qui prend tout pour argent comptant sans jamais réfléchir.

                                                        Votre article est un papier de fond et instructif qui en plus d’être bien écrit est argumenté.

                                                        Je préfère la nuance au manicheisme !

                                                        Bien à vous,

                                                        Lézard Zéro


                                                        • Lézard Zéro Lézard Zéro 3 décembre 2007 23:52

                                                          Article qui aura eu au moins le mérite de lancer le débat...

                                                          http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=31952

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