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Accueil du site > Tribune Libre > Siné contre Torquemada

Siné contre Torquemada

L’affaire Siné n’éclate pas dans le ciel serein de la période estivale, elle couvait depuis de nombreuses années et était amenée à connaître un dénouement ubuesque. Val détestait cordialement Siné qui le lui rendait bien.
Tout les opposait : le vieux trublion resté fidèle à ses idéaux de toujours et le directeur de Charlie devenu néo-conservateur, dans la mouvance d’une intellingentsia française revenue de ses années gauchistes ou communistes, ne cachait pas sur les plateaux télévisés son antipalestinisme, son islamophobie et sa sympathie à l’égard des Etats-Unis.
Il lui fallait un prétexte : un propos supposé antisémite, crime impardonnable que d’aucuns considèrent comme un péché irrémissible passible de l’exclusion de la vie intellectuelle.

Dans une chronique, Siné fustige l’opportunisme du digne fils de son père Jean Sarkozy s’apprêtant à épouser Jessica Darty et à se convertir au judaïsme. "Il ira loin ce petit", ajoutait-il.

Val n’a pas lu l’article, mais M. Askolovich accuse dans une intervention à la radio Siné d’antisémitisme et le traite d’ordure. Il prend soin de dire que ces indignes propos antisémites ont été tenus dans un journal (Charlie Hebdo) qui lui ne l’est pas.

Dans le sillage de cette intervention, Val met un terme à la collaboration de Siné au journal.
Bref le caricaturiste iconoclaste est viré.

Dès lors, la mise à mort peut commencer.

En France, on croit rêver, des commissaires politiques du politiquement correct et de la bien-pensance ruent dans les brancards.

L’ex-communiste Adler de L’Humanité, aujourd’hui au Figaro, désigne Siné à la vindicte publique, BHL se fend d’un article déplorable où, au passage, il égratigne Badiou (un vrai philosophe lui) et avec les jugements à l’emporte-pièce qui le caractérisent parle de "l’antisémitisme rance de Siné".

Joffrin, jamais en reste, confond vitesse et précipitation et développe un argument spécieux, les musulmans choisissent leur religion alors que les juifs ne peuvent pas choisir leur race. Bigre ! Les juifs, une race ? De deux choses l’une où il s’est pris les pieds dans le tapis poussiéreux de sa pensée, ou il essentialise, il biologise le judaïsme, ce que nous pensions tous être une religion.

Il est vrai que les délires nazis semblent avoir profondément marqué les esprits.
Et le retour du refoulé, comme le disait Freud, personne n’en est à l’abri.

SOS Racisme, le Crif et le ministre de la Culture se rangent du côté des spadassins de la pensée unique.

Siné est voué aux gémonies, cloué aux piloris aujourd’hui, et demain une Fatwa de nos ayatollah de la rupture avec la tradition des lumières ordonneront qu’un bûcher soit dressé : il faut éradiquer la bête immonde.

Ce que je veux dénoncer c’est la mise en place d’une police de la pensée qui balise le terrain de la liberté d’expression.

Une novlangue support de cette pensée s’installe insidieusement en France.

J’en veux pour preuve le glissement du sens des mots. Un anti-sioniste est un antisémite, la critique de l’Etat d’Israël a conduit honteusement Edgard Morin à être condamné pour antisémitisme, jugement invalidé en appel pour l’honneur de la France. Norman FINKIELSTEIN, intellectuel juif américain, a été écarté de son poste de professeur à l’université pour avoir écrit un brûlot sur l’instrumentalisation de la Shoah à des fins politiques par Israël.

L’éditeur français dut s’excuser devant ses futurs juges comme en 1936 dans les pires procès staliniens. J’ajoute que cet homme fut arrêté à l’aéroport de Tel-Aviv et refoulé par les autorités Israéliennes, considéré comme persona non grata.

Noam Chomsky, autre citoyen américain d’origine juive et intellectuel de renom international, fait l’objet de campagnes de calomnies : révisionnisme, Pol Potien, défenseur de Faurisson alors que cet homme consacre sa vie à questionner et à tenter de comprendre le monde dans lequel il vit. C’est vrai qu’il défend les opprimés, ceux que son pays anéantit dans des guerres ignobles.

Nous savons le parcours de Siné qui ne prétend pas à la sainteté, mais qui prit fait et cause pour l’indépendance de l’Algérie, signa une pétition pour que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité vis-à-vis des juifs que l’on conduisait à la mort dans les camps de concentration. Dans le droit fil de ces engagements, Siné continue envers et contre tous à soutenir le droit aux Palestiniens à faire valoir leurs droits sur la terre ancestrale dont ils furent dépossédés.

Nos maîtres-censeurs, en service commandé, veulent faire taire et empêcher de dessiner cet éternel révolté. Comment s’y prennent-ils ? Ils l’accusent d’antisémitisme, l’opprobre des temps modernes qui vous retranche de l’espèce humaine, qui fait de celui qui en est simplement soupçonné un mort-vivant.

VAL, ADLER, ASKOLOVICH, BHL, JOFFRIN, je vous le dis en portant une telle accusation à l’encontre d’un homme de 80 ans, bien moins irréprochable que vous, c’est un mort que vous assassinez.

 


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15 réactions à cet article    


  • La Taverne des Poètes 1er août 2008 14:52

    "le parcours de Siné qui ne prétend pas à la sainteté". "Pourtant quelqu’un m’a dit" que "l’air de rien", il rentrait dans les ordres :


    - Dans un couvent pour y vivre dans de meilleurs conditions.

    - Siné, quoi ? nonne ?


    • Vinrouge 1er août 2008 18:12

      "Siné, quoi ? nonne ?" : du grand art.
      Tavernes des Poètes ou Poète des Tavernes ?


    • Vinrouge 1er août 2008 18:19

      Pourquoi les smileys disparaissent-ils ? j’aurais voulu avoir le smiley pour montrer qu’il n’y a aucune agressivité dans mon propos...


    • Reflex Reflex 1er août 2008 17:59

      J’aime pas les dessins de Siné ! Qu’il soit pendu à son crayon, la gomme entre les dents. Les centaines de "merveilleux" posts suscités par cette gigantesque tempête dans un verre de schnaps ouvre aux abysses de l’intelligentsia française de nouvelles perspectives. Sans intérêt.


      • Kassandra Kassandra 1er août 2008 21:04

        Reflex

        je ne vois pas l’utilité d’écrire ce non commentaire pour une affaire qui selon vous n’a pas d’intérêt, pour un dessinateur que vous n’aimez pas, en dehors du besoin dérisoire et criant d’un nombrilisme aigu plein de vacuité. On ne peut que vous conseiller la consultation d’un psy, ou mieux, le chemin de Compostelle à pied jusqu’au bout, ça fait du bien vous verrez, courage !!!


      • Philou017 Philou017 1er août 2008 23:14

        "Monsieur, je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez exprimer votre point de vue !"
        Décidement, les vieux combats ne sont pas encore gagnés.


      • Reflex Reflex 2 août 2008 13:42

        Voilà une idée qu’elle est bonne et pleine d’originalité. Touchez en un mot à votre copain Benoît lors de votre prochain passage à Castelgandolfo.


      • GB 1er août 2008 19:57

        La France est un beau pays avec des journalistes qui ont à cœur d’accomplir leur devoir d’informer. Les chamailleries de Siné et Val sont un sujet d’importance planétaire. Rares sont les titres (quotidiens ou hebdos) à ne pas avoir pris parti.

        La sincérité du procureur Lesigne soutenu par le CSM (Comité de secours des magistrats) n’a pas été troublée par les condamnations des boucs émissaires d’Outreau basées sur des ragots sans fondements appuyés par ledit magistrat dans l’exercice de ses fonctions.

        Sa mise en scène a été justifiée par les bruits de couloir de psychologues rétribués au prix d’une femme de ménage. Ces auxiliaires de justice insultent ces honnêtes femmes. Jamais elles n’ont envoyé personne en prison sous prétexte d’être mal payées.

        M. Lesigne, lui, est très bien payé par les citoyens pour vérifier les accusations qu’il présente au tribunal. La moindre des choses, lorsqu’on a pour mission de juger les autres, est de contrôler les charges imputées aux accusés. Mais en France, comme la magistrature est une grande confrérie, personne n’ose un commentaire et surtout pas les journaux, ils ont un scoop sur Siné et Val.

        La ministre a muté ce fonctionnaire sans autre remontrance. Dans n’importe quel établissement privé il aurait été remercié pour faute lourde. Mais pour M. Lesigne c’était encore trop. Il a envoyé son avocat faire le tour des télé pour répandre avec impudence que la mutation n’est pas une sanction mais une demande de sa part. Pas un micro n’a été offert aux têtes de Turc d’Outreau. Un procureur peut fabuler, un condamné injustement accusé
        n’a que le droit de se taire avec les compliments des grands journalistes de télé.

        Les chaînes ont largement et complaisamment envoyés des caméras pour entendre le satisfecit de ce monsieur qui n’a présenté aucun regret de ses erreurs à ses victimes.

        Quant aux journaux dès qu’ils en auront fini avec la saynète de Charlie ils pourront nous informer sur la nécessité d’être présent ou non à la cérémonie d’ouverture des JO.


        • W.Best fonzibrain 1er août 2008 20:14

          non, mais c’est pas vrai :
          "joffrin, jamais en reste, confond vitesse et précipitation et développe un argument spécieux, les musulmans choisissent leur religion alors que les juifs ne peuvent pas choisir leur race. Bigre ! Les juifs, une race ? De deux choses l’une où il s’est pris les pieds dans le tapis poussiéreux de sa pensée, ou il essentialise, il biologise le judaïsme, ce que nous pensions tous être une religion."

          alors pour argumenter dans le sens de la critique de l’antisémitisme,ils avancent le caractère racial de la judéité(déja totalement faux,à tout les niveaux)alors que si l’on parle de race spécifiques aux juifs,on est traité d’antisémite,et à juste titre,en plus ,un juifs peut tres bien embrasser une autre religion,monseigneur lustigier en a été le plus belle exemple


          • W.Best fonzibrain 1er août 2008 20:47

            e conseille à vous tous de jeter un oeil aux travaux de shlomo sand,un historien reconnu comme professeur au département d’Histoire de l’Université de Tel Aviv.

            voila un article du haaretz en date du 21 mars 2008

            L’historien Shlomo Sand affirme que l’existence des diasporas de Méditerranée et d’Europe centrale est le résultat de conversions anciennes au judaïsme. Pour lui, l’exil du peuple juif est un mythe, né d’une reconstruction à postériori sans fondement historique. Entretien.

            Par Ofri Ilani, Haaretz, 21 mars 2008


             
            Parmi la profusion de héros nationaux que le peuple d’Israël a produits au fil des générations, le sort n’aura pas été favorable à Dahia Al-Kahina qui dirigea les Berbères de l’Aurès, en Afrique du Nord. Bien qu’elle fût une fière juive, peu d’Israéliens ont entendu le nom de cette reine guerrière qui, au septième siècle de l’ère chrétienne, a unifié plusieurs tribus berbères et a même repoussé l’armée musulmane qui envahissait le nord de l’Afrique. La raison en est peut-être que Dahia Al-Kahina était née d’une tribu berbère convertie semble-t-il plusieurs générations avant sa naissance, vers le 6e siècle.

            D’après l’historien Shlomo Sand, auteur du livre « Quand et comment le peuple juif a-t-il été inventé ? » (aux éditions Resling - en hébreu), la tribu de la reine ainsi que d’autres tribus d’Afrique du Nord converties au judaïsme sont l’origine principale à partir de laquelle s’est développé le judaïsme séfarade. Cette affirmation, concernant les origines des Juifs d’Afrique du Nord à partir de tribus locales qui se seraient converties - et non à partir d’exilés de Jérusalem - n’est qu’une composante dans l’ample argumentation développée dans le nouvel ouvrage de Sand, professeur au département d’Histoire de l’Université de Tel Aviv.

            Dans ce livre, Sand essaie de démontrer que les Juifs qui vivent aujourd’hui en Israël et en d’autres endroits dans le monde, ne sont absolument pas les descendants du peuple ancien qui vivait dans le royaume de Judée à l’époque du premier et du second Temple. Ils tirent leur origine, selon lui, de peuples variés qui se sont convertis au cours de l’Histoire en divers lieux du bassin méditerranéen et régions voisines. Non seulement les Juifs d’Afrique du Nord descendraient pour la plupart de païens convertis, mais aussi les Juifs yéménites (vestiges du royaume Himyarite, dans la péninsule arabique, qui s’était converti au judaïsme au quatrième siècle) et les Juifs ashkénazes d’Europe de l’Est (des réfugiés du royaume khazar converti au huitième siècle).

            A la différence d’autres « nouveaux historiens » qui ont cherché à ébranler les conventions de l’historiographie sioniste, Shlomo Sand ne se contente pas de revenir sur 1948 ou sur les débuts du sionisme, mais remonte des milliers d’années en arrière. Il tente de prouver que le peuple juif n’a jamais existé comme « peuple-race » partageant une origine commune mais qu’il est une multitude bigarrée de groupes humains qui, à des moments différents de l’Histoire, ont adopté la religion juive. D’après Sand, chez certains penseurs sionistes, cette conception mythique des Juifs comme peuple ancien conduit à une pensée réellement raciste : « Il y a eu, en Europe, des périodes où, si quelqu’un avait déclaré que tous les Juifs appartenaient à un peuple d’origine non juive, il aurait été jugé antisémite séance tenante. Aujourd’hui, si quelqu’un ose suggérer que ceux qui sont considérés comme juifs, dans le monde (...) n’ont jamais constitué et ne sont toujours pas un peuple ni une nation, il est immédiatement dénoncé comme haïssant Israël » (p. 31).

            D’après Sand, la description des Juifs comme un peuple d’exilés, errant et se tenant à l’écart, qui « ont erré sur mers et sur terres, sont arrivés au bout du monde et qui, finalement, avec la venue du sionisme, ont fait demi-tour pour revenir en masse sur leur terre orpheline », cette description ne relève que d’une « mythologie nationale ». Tout comme d’autres mouvements nationaux en Europe, qui ont revisité un somptueux âge d’or pour ensuite, grâce à lui, fabriquer leur passé héroïque - par exemple, la Grèce classique ou les tribus teutonnes - afin de prouver qu’ils existaient depuis fort longtemps, « de même, les premiers bourgeons du nationalisme juif se sont tournés vers cette lumière intense dont la source était le royaume mythologique de David » (p. 81).

            Mais alors, quand le peuple juif a-t-il réellement été inventé, selon l’approche de Sand ? « Dans l’Allemagne du 19e siècle, à un certain moment, des intellectuels d’origine juive, influencés par le caractère ‘volkiste’ du nationalisme allemand, se sont donné pour mission de fabriquer un peuple "rétrospectivement", avec la soif de créer une nation juive moderne. A partir de l’historien Heinrich Graetz, des intellectuels juifs commencent à esquisser l’histoire du judaïsme comme l’histoire d’un peuple qui avait un caractère national, qui est devenu un peuple errant et qui a finalement fait demi-tour pour revenir dans sa patrie. »


            Entretien

            Shlomo Sand, historien du 20e siècle, avait jusqu’à présent étudié l’histoire intellectuelle de la France moderne (dans son livre « L’intellectuel, la vérité et le pouvoir », Am Oved éd., 2000 - en hébreu), et les rapports entre le cinéma et l’histoire politique (« Le cinéma comme Histoire », Am Oved, 2002 - en hébreu). D’une manière inhabituelle pour des historiens de profession, il se penche, dans son nouveau livre, sur des périodes qu’il n’avait jamais étudiées - généralement en s’appuyant sur des chercheurs antérieurs qui ont avancé des positions non orthodoxes sur les origines des Juifs.

            En fait, l’essentiel de votre livre ne s’occupe pas de l’invention du peuple juif par le nationalisme juif moderne mais de la question de savoir d’où viennent les Juifs.

            « Mon projet initial était de prendre une catégorie spécifique de matériaux historiographiques modernes, d’examiner comment on avait fabriqué la fiction du peuple juif. Mais dès que j’ai commencé à confronter les sources historiographiques, je suis tombé sur des contradictions. Et c’est alors ce qui m’a poussé - je me suis mis au travail, sans savoir à quoi j’aboutirais. J’ai pris des documents originaux pour essayer d’examiner l’attitude d’auteurs anciens - ce qu’ils avaient écrit à propos de la conversion. »

            Des spécialistes de l’histoire du peuple juif affirment que vous vous occupez de questions dont vous n’avez aucune compréhension et que vous vous fondez sur des auteurs que vous ne pouvez pas lire dans le texte.

            « Il est vrai que je suis un historien de la France et de l’Europe, et pas de l’Antiquité. Je savais que dès lors que je m’occuperais de périodes anciennes comme celles-là, je m’exposerais à des critiques assassines venant d’historiens spécialisés dans ces champs d’étude. Mais je me suis dit que je ne pouvais pas en rester à un matériel historiographique moderne sans examiner les faits qu’il décrit. Si je ne l’avais pas fait moi-même, il aurait fallu attendre une génération entière. Si j’avais continué à travailler sur la France, j’aurais peut-être obtenu des chaires à l’université et une gloire provinciale. Mais j’ai décidé de renoncer à la gloire. »

            « Après que le peuple ait été exilé de force de sa terre, il lui est resté fidèle dans tous les pays de sa dispersion et n’a pas cessé de prier et d’espérer son retour sur sa terre pour y restaurer sa liberté politique » : voilà ce que déclare, en ouverture, la Déclaration d’Indépendance. C’est aussi la citation qui sert de préambule au troisième chapitre du livre de Shlomo Sand, intitulé « L’invention de l’Exil ». Aux dires de Sand, l’exil du peuple de sa terre n’a en fait jamais eu lieu.

            « Le paradigme suprême de l’envoi en exil était nécessaire pour que se construise une mémoire à long terme, dans laquelle un peuple-race imaginaire et exilé est posé en continuité directe du "Peuple du Livre" qui l’a précédé », dit Sand ; sous l’influence d’autres historiens qui se sont penchés, ces dernières années, sur la question de l’Exil, il déclare que l’exil du peuple juif est, à l’origine, un mythe chrétien, qui décrivait l’exil comme une punition divine frappant les Juifs pour le péché d’avoir repoussé le message chrétien. « Je me suis mis à chercher des livres étudiant l’envoi en exil - événement fondateur dans l’Histoire juive, presque comme le génocide ; mais à mon grand étonnement, j’ai découvert qu’il n’y avait pas de littérature à ce sujet.

            La raison en est que personne n’a exilé un peuple de cette terre. Les Romains n’ont pas déporté de peuples et ils n’auraient pas pu le faire même s’ils l’avaient voulu. Ils n’avaient ni trains ni camions pour déporter des populations entières. Pareille logistique n’a pas existé avant le 20e siècle. C’est de là, en fait, qu’est parti tout le livre : de la compréhension que la société judéenne n’a été ni dispersée ni exilée. »

            Si le peuple n’a pas été exilé, vous affirmez en fait que les véritables descendants des habitants du royaume de Judée sont les Palestiniens.

            « Aucune population n’est restée pure tout au long d’une période de milliers d’années. Mais les chances que les Palestiniens soient des descendants de l’ancien peuple de Judée sont beaucoup plus élevées que les chances que vous et moi en soyons. Les premiers sionistes, jusqu’à l’insurrection arabe, savaient qu’il n’y avait pas eu d’exil et que les Palestiniens étaient les descendants des habitants du pays. Ils savaient que des paysans ne s’en vont pas tant qu’on ne les chasse pas. Même Yitzhak Ben Zvi, le second président de l’Etat d’Israël, a écrit en 1929, que "la grande majorité des fellahs ne tirent pas leur origine des envahisseurs arabes, mais d’avant cela, des fellahs juifs qui étaient la majorité constitutive du pays". »

            Et comment des millions de Juifs sont-ils apparu tout autour de la Méditerranée ?

            «  Le peuple ne s’est pas disséminé, c’est la religion juive qui s’est propagée. Le judaïsme était une religion prosélyte. Contrairement à une opinion répandue, il y avait dans le judaïsme ancien une grande soif de convertir. Les Hasmonéens furent les premiers à commencer à créer une foule de Juifs par conversions massives, sous l’influence de l’hellénisme. Ce sont les conversions, depuis la révolte des Hasmonéens jusqu’à celle de Bar Kochba, qui ont préparé le terrain à la diffusion massive, plus tard, du christianisme.


            • W.Best fonzibrain 1er août 2008 20:48

              Après le triomphe du christianisme au 4e siècle, le mouvement de conversion a été stoppé dans le monde chrétien et il y a eu une chute brutale du nombre de Juifs. On peut supposer que beaucoup de Juifs apparus autour de la mer Méditerranée sont devenus chrétiens. Mais alors, le judaïsme commence à diffuser vers d’autres régions païennes - par exemple, vers le Yémen et le Nord de l’Afrique. Si le judaïsme n’avait pas filé de l’avant à ce moment-là, et continué à convertir dans le monde païen, nous serions restés une religion totalement marginale, si même nous avions survécu. »

              Comment en êtes-vous arrivé à la conclusion que les Juifs d’Afrique du Nord descendent de Berbères convertis ?

              « Je me suis demandé comment des communautés juives aussi importantes avaient pu apparaître en Espagne. J’ai alors vu que Tariq Ibn-Ziyad, commandant suprême des musulmans qui envahirent l’Espagne, était berbère et que la majorité de ses soldats étaient des Berbères. Le royaume berbère juif de Dahia Al-Kahina n’avait été vaincu que 15 ans plus tôt. Et il y a, en réalité, plusieurs sources chrétiennes qui déclarent que beaucoup parmi les envahisseurs d’Espagne étaient des convertis au judaïsme. La source profonde de la grande communauté juive d’Espagne, c’étaient ces soldats berbères convertis au judaïsme. »

              Aux dires de Sand, l’apport démographique le plus décisif à la population juive dans le monde s’est produit à la suite de la conversion du royaume khazar - vaste empire établi au Moyen-âge dans les steppes bordant la Volga et qui, au plus fort de son pouvoir, dominait depuis la Géorgie actuelle jusqu’à Kiev. Au 8e siècle, les rois khazars ont adopté la religion juive et ont fait de l’hébreu la langue écrite dans le royaume. A partir du 10e siècle, le royaume s’est affaibli et au 13e siècle, il a été totalement vaincu par des envahisseurs mongols et le sort de ses habitants juifs se perd alors dans les brumes.

              Shlomo Sand revisite l’hypothèse, déjà avancée par des historiens du 19e et du 20e siècles, selon laquelle les Khazars convertis au judaïsme seraient l’origine principale des communautés juives d’Europe de l’Est. « Au début du 20e siècle, il y a une forte concentration de Juifs en Europe de l’Est : trois millions de Juifs, rien qu’en Pologne », dit-il ; « l’historiographie sioniste prétend qu’ils tirent leur origine de la communauté juive, plus ancienne, d’Allemagne, mais cette historiographie ne parvient pas à expliquer comment le peu de Juifs venus d’Europe occidentale - de Mayence et de Worms - a pu fonder le peuple yiddish d’Europe de l’Est. Les Juifs d’Europe de l’Est sont un mélange de Khazars et de Slaves repoussés vers l’Ouest. »

              Si les Juifs d’Europe de l’Est ne sont pas venus d’Allemagne, pourquoi parlaient-ils le yiddish, qui est une langue germanique ?

              « Les Juifs formaient, à l’Est, une couche sociale dépendante de la bourgeoisie allemande et c’est comme ça qu’ils ont adopté des mots allemands. Je m’appuie ici sur les recherches du linguiste Paul Wechsler, de l’Université de Tel Aviv, qui a démontré qu’il n’y avait pas de lien étymologique entre la langue juive allemande du Moyen-âge et le yiddish.

              Le Ribal (Rabbi Yitzhak Bar Levinson) disait déjà en 1828 que l’ancienne langue des Juifs n’était pas le yiddish. Même Ben Tzion Dinour, père de l’historiographie israélienne, ne craignait pas encore de décrire les Khazars comme l’origine des Juifs d’Europe de l’Est et peignait la Khazarie comme la "mère des communautés de l’Exil" en Europe de l’Est.

              Mais depuis environ 1967, celui qui parle des Khazars comme des pères des Juifs d’Europe de l’Est est considéré comme bizarre et comme un doux rêveur. »

              Pourquoi, selon vous, l’idée d’une origine khazar est-elle si menaçante ?

              « Il est clair que la crainte est de voir contester le droit historique sur cette terre. Révéler que les Juifs ne viennent pas de Judée paraît réduire la légitimité de notre présence ici. Depuis le début de la période de décolonisation, les colons ne peuvent plus dire simplement : "Nous sommes venus, nous avons vaincu et maintenant nous sommes ici" - comme l’ont dit les Américains, les Blancs en Afrique du Sud et les Australiens. Il y a une peur très profonde que ne soit remis en cause notre droit à l’existence. »

              Cette crainte n’est-elle pas fondée ?

              « Non. Je ne pense pas que le mythe historique de l’exil et de l’errance soit la source de ma légitimité à être ici. Dès lors, cela m’est égal de penser que je suis d’origine khazar. Je ne crains pas cet ébranlement de notre existence, parce que je pense que le caractère de l’Etat d’Israël menace beaucoup plus gravement son existence. Ce qui pourra fonder notre existence ici, ce ne sont pas des droits historiques mythologiques mais le fait que nous commencerons à établir ici une société ouverte, une société de l’ensemble des citoyens israéliens. »

              En fait, vous affirmez qu’il n’y a pas de peuple juif.

              « Je ne reconnais pas de peuple juif international. Je reconnais un "peuple yiddish" qui existait en Europe de l’Est, qui n’est certes pas une nation mais où il est possible de voir une civilisation yiddish avec une culture populaire moderne. Je pense que le nationalisme juif s’est épanoui sur le terreau de ce "peuple yiddish". Je reconnais également l’existence d’une nation israélienne, et je ne lui conteste pas son droit à la souveraineté. Mais le sionisme, ainsi que le nationalisme arabe au fil des années, ne sont pas prêts à le reconnaître.

              « Du point de vue du sionisme, cet Etat n’appartient pas à ses citoyens, mais au peuple juif. Je reconnais une définition de la Nation : un groupe humain qui veut vivre de manière souveraine. Mais la majorité des Juifs dans le monde ne souhaite pas vivre dans l’Etat d’Israël, en dépit du fait que rien ne les en empêche. Donc, il n’y a pas lieu de voir en eux une nation. »

              Qu’y a-t-il de si dangereux dans le fait que les Juifs s’imaginent appartenir à un seul peuple ? Pourquoi serait-ce mal en soi ?

              « Dans le discours israélien sur les racines, il y a une dose de perversion. C’est un discours ethnocentrique, biologique, génétique. Mais Israël n’a pas d’existence comme Etat juif : si Israël ne se développe pas et ne se transforme pas en société ouverte, multiculturelle, nous aurons un Kosovo en Galilée. La conscience d’un droit sur ce lieu doit être beaucoup plus souple et variée, et si j’ai contribué avec ce livre à ce que moi-même et mes enfants puissions vivre ici avec les autres, dans cet Etat, dans une situation plus égalitaire, j’aurai fait ma part.

              « Nous devons commencer à œuvrer durement pour transformer ce lieu qui est le nôtre en une république israélienne, où ni l’origine ethnique, ni la croyance n’auront de pertinence au regard de la Loi. Celui qui connaît les jeunes élites parmi les Arabes d’Israël, peut voir qu’ils ne seront pas d’accord de vivre dans un Etat qui proclame n’être pas le leur. Si j’étais Palestinien, je me rebellerais contre un tel Etat, mais c’est aussi comme Israélien que je me rebelle contre cet Etat. »

              La question est de savoir si, pour arriver à ces conclusions-là, il était nécessaire de remonter jusqu’au royaume des Khazars et jusqu’au royaume Himyarite.

              « Je ne cache pas que j’éprouve un grand trouble à vivre dans une société dont les principes nationaux qui la dirigent sont dangereux, et que ce trouble m’a servi de moteur dans mon travail. Je suis citoyen de ce pays, mais je suis aussi historien, et en tant qu’historien, j’ai une obligation d’écrire de l’Histoire et d’examiner les textes. C’est ce que j’ai fait. »

              Si le mythe du sionisme est celui du peuple juif revenu d’exil sur sa terre, que sera le mythe de l’Etat que vous imaginez ?

              « Un mythe d’avenir est préférable selon moi à des mythologies du passé et du repli sur soi. Chez les Américains, et aujourd’hui chez les Européens aussi, ce qui justifie l’existence d’une nation, c’est la promesse d’une société ouverte, avancée et opulente. Les matériaux israéliens existent, mais il faut leur ajouter, par exemple, des fêtes rassemblant tous les Israéliens. Réduire quelque peu les jours de commémoration et ajouter des journées consacrées à l’avenir. Mais même aussi, par exemple, ajouter une heure pour commémorer la "Nakba", entre le Jour du Souvenir et la Journée de l’Indépendance. »

              Shlomo Sand est né en 1946 à Linz (Autriche) et a vécu les deux premières années de sa vie dans les camps de réfugiés juifs en Allemagne. En 1948, ses parents émigrent en Israël, où il a grandi. Il finit ses études supérieures en histoire, entamées à l’université de Tel-Aviv, à l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris. Depuis 1985, il enseigne l’histoire de l’Europe contemporaine à l’université de Tel-Aviv. Il a notamment publié en français : « L’Illusion du politique. Georges Sorel et le débat intellectuel 1900 » (La Découverte, 1984), « Georges Sorel en son temps », avec J. Julliard (Seuil, 1985), « Le XXe siècle à l’écran » (Seuil, 2004). « Les mots et la terre. Les intellectuels en Israël » (Fayard, 2006)
              Publication originale Haaretz, traduit de l’hébreu par Michel Ghys pour Protection Palestine

              Vendredi 25 Juillet 2008



              Comprenez la portée d’une telle théorie,sous l’influence des romantique allemands du début du siecle,l’intelligentia juive ashkénaze,sous la direction de Herlz (qui d’ailleurs n’avait pas circoncis son fils et a eu pour projet de convertir tous les juifs au christianisme),ont crée de toute piece cette unité historico-spatio-génétiquo-religieuse en ce sionisme,

              voila les liens vidéos de herlz l’antisémite,ou du moins entrant dans ce concept taillé sur mesure de ces juifs qui ont la haine des juifs,concept existant uniquement pour les juifs !!!!!

              en tout cas le documentaireest édifiant,une fois de plus la vérité est ailleurs !!!!!!



              http://www.dailymotion.com/elliass/video/x2iqjd_le-sionnisme-la-verite-part1_news

              http://www.dailymotion.com/elliass/video/x2k2mm_sionisme-laverite-part-2


              à regarder d’urgence

            • abelard 2 août 2008 14:11

              @ Fonzibrain,

              Il est en train de se passer quelque chose, n’en avez vous pas l’impression ?

              A l’occasion de « l’affaire Siné » les masque sont tombés ; le clan des donneurs de leçons, des grands imprécateurs du supermarché médiatique, s’est ridiculisé. Laurent Mouchard-dit-Joffrin s’est atomisé tout seul en évoquant dans une tribune imbécile les manes d’une « race juive » qu’on croyait morte avec l’effondrement du troisième Reich et la fin des théories racialistes. Parallèlement un « philosophe Franco », pour le moins mal inspiré, a tenté de profiter de l’aubaine pour égratigner Alain Badiou... Le pauvre garçon a reçu en retour deux cinglantes « leçons de logique » délicieuses d’ironie et de mordant qui l’ont ramené face à sa médiocrité. Il se dépense depuis en « nota bene » et autres rectificatifs additionnel à sa chronique qui ne font que révéler la fange intellectuelle dans laquelle il puise ses arguments.

              Pour couronner le tout un quarteron « d’intellectuels » stipendiés, pour la plupart sangsues de plateaux télé ou appointés des cercles de pouvoir s’est aventuré à signer une pétition pour soutenir Val, le malheureux patron hérault de toute la classe politico-médiatico-financière, contre le méchant Siné, employé viré omme un malpropre sans cause réelle ni sérieuse. Il ne fait pas bon vieillir, mais Robert Badinter aurait mérité une autre fin.

              Il faut le constater, le sortilège a perdu de son pouvoir : « antisémite » ne suffit plus à faire taire les critiques de l’hégémonie impériale.

              Seuls les lecteurs du « Monde Diplomatique » et les curieux surfant sur internet savent que Shlomo Sand existe et que le livre qu’il a fait paraître fait débat en Israël. Le spectateur télévisuel ou le lecteur de presse « mainstream » n’en saura rien. C’est qu’en effet l’affaire est d’importance. Il ne s’agit rien moins que de ravaler l’histoire sioniste officielle au rang de mythe fondateur, ramener la légende de « l’exode des juifs » au niveau du « Ring des Nibelungen » ou de « l’Iliade et l’Odyssée » : de jolies histoires dénuées de toute réalité historique.

              Les conséquences en sont immenses et lucidement abordées par Sand lui même dans son entretien. Une fois le nationalisme sioniste mythologique mis à bas, les yeux de nos contemporains ne peuvent que se déssiller. De la même façon que la chute du nationalisme pan-germanique a permis l’éclosion d’une nation allemande ouverte et tournée vers l’avenir, la destruction du sionisme « génétique » permettra enfin à Israël de prendre toute sa place dans le concert des nations mondiales. Ce nouvel Etat, qui ne sera plus seulement « juif » pourra enfin se rendre compte qu’il n’est pas une extension de l’Europe et des Etats-Unis, mais un pays du proche Orient avec ses propres problématiques et un immense rôle à jouer en développant des rapports pacifiés avec ses voisins.

              Les masques tombent, les promoteurs de haine s’enterrent tout seuls, les croyances mortifères s’écroulent...

              Quelque chose est en train de changer.


            • W.Best fonzibrain 3 août 2008 10:57

              à abelard
              j’espere que tu as raison.


              • W.Best fonzibrain 3 août 2008 16:45

                à abelard
                personnellemnt ,je pense que la systematisation d’accusation pour antisémitisme démontre l’état de stress des forces sionistes en france,commme je le disais plus haut,ces gens sont intelligent,ils savent très bien au fond d’eux même qu israél est celui qui attaque et tue,et le seul moyen pour eux est de lier simple blague ou crtique réelle,normale en démocratie et les véritable actes antisémites d’ailleurs condamnable comme tout racisme.

                j’ai m^me peur que cela préfigure une attaque contre l’iran
                il ne faut oublier que cette attaque est certaine
                les hebreux ont un paradigme simplissime EUX OU NOUS

                ils ne tolereront jamais un iran nucléaire qui les poussera à faire la paix avec tout le monde,et ils vont donc empecher les iranniens d’y parvenir,CELA EST SURE


                • DJ.PESSOA DJ.PESSOA 5 août 2008 11:26

                  Article bien conçu, agréable à lire.

                  L’affaire Siné-Val est tout de même un gros feuilleton pour une petite histoire ! Oui Monsieur Val est apparu encore plus antipathique à ses détracteurs. D’ailleurs je leur conseille d’aller là : jesigne.fr/demissiondephilippeval plutôt que de s’échiner à le traquer sur le web pour le couvrir des mêmes gentillesses qu’il a l’habitude de proférer...

                  Cordialement .

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