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Accueil du site > Tribune Libre > Suez-GDF : un parfum de scandale autour d’1,25 milliard (...)

Suez-GDF : un parfum de scandale autour d’1,25 milliard d’euros

Victime d’un litige privé avec une filiale d’Albert Frère, Jean-Marie Kuhn, un entrepreneur français, mène une enquête minutieuse qui lui fait lever un lièvre politico-financier hors du commun. « D’ordinaire, en matière de corruption, « ils » sont plus malins », commente un expert... LA SUITE D’UN ARTICLE PUBLIE SUR AGORAVOX

Enigmes belges et


mystères français...

Le 21 janvier dernier, RELATIO révélait quelques informations (non démenties depuis) qui ont jeté troubles et embarras dans quelques milieux financiers, judiciaires et politiques. Au moins 1,25 milliard d’euro d’argent public français aurait servi à enrichir le milliardaire belge Albert Frère !

Comment ? Les fils n’étaient pas tous démêlés... Pourquoi ? Seule une enquête officielle pourrait le dire...

Mais les questions posées méritaient des réponses qui ne sont pas venues, en dépit des démarches effectuées au plus haut niveau de l’ÉÉtat par le plaignant... qui a vu sa plainte rejetée à la vitesse grand V d’une façon pour le moins troublante.

Ne voulant pas tomber dans les pièges de la médiatisation, refusant d’être instrumentalisé politiquement, d’abord soucieux de régler ses propres affaires, l’entrepreneur français à l’origine de ces découvertes (bien malgré lui) voulait conserver l’anonymat et tenter « d’épargner à la France un nouveau scandale ».

Mais, « trop c’est trop » : il a parlé, à visage découvert. Sous l’œil d’une caméra. En présence de témoins. En exclusivité pour RELATIO. Et il a ouvert ses volumineux dossiers. « D’ordinaire, en matière de corruption, ils sont plus habiles », commente un expert qui a étudié à fond ce dossier...

L’homme n’a rien ni d’un « faiseur » ni d’un provocateur ni d’un contestataire ni d’un anarchiste. Il gère ses affaires avec le souci d’être en accord avec son éthique de vie et se lance volontiers dans des aventures entreprenariales conformes à ses idéaux. Il aime la vie simple. Et il se veut un citoyen conscient de ses devoirs et soucieux de servir au mieux les intérêts de son pays.

C’est sans doute d’ailleurs parce qu’il n’est pas de la race des « cannibales » (de plus en plus nombreux en cette ère de l’hypercapitalisme financier) qu’il s’est fait escroquer dans une tractation commerciale où le « meilleur » est celui qui sait le mieux jouer... avec les règles du jeu.

Quand la franchise, l’honnêteté, la bonne foi deviennent des handicaps, salut les dégâts ! La morale et les appels à la moralisation sont plus des thèmes de prédication politique que des principes d’action...

Mais lui, Jean-Marie Kuhn, 52 ans, c’est au nom de la morale et pour réparer le préjudice dont il a été victime qu’il a mis en place une veille des affaires d’Albert Frère et qu’il a été conduit à jouer (si l’on peut dire) aux détectives...

Plongée dans un décor d’affaires « en or », avec des personnages « renommés », des jeux subtils du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », des intrigues, des dessous de tables. Avec aussi des enseignes célèbres : Groupe Albert Frère, Quick, Eiffage, Suez, Gaz de France, Caisse des dépôts et consignations... Avec encore quelques-uns de ces apparentements terribles entre « affaires » et « politique » qui contribuent plus que tout peut-être à décrédibiliser nos démocraties européennes.

Cela vaudra peut-être un jour un livre : un thriller politico-financier... dont la fin n’est pas encore écrite !

Quand la police des capitaux et la « justice financière » seront aussi bien équipées que la « police scientifique » et sauront rendre visibles ce que cachent les sociétés écrans, les filiales bidons, les secrets bancaires, les paradis fiscaux, les manipulations informatiques, de nouvelles séries des Experts vont faire grimper l’audimat...

En attendant, voici une ITW de ce héros bien malgré lui d’un épisode étonnant et détonnant : « L’énigme belge de la fusion Suez-GDF ». Avec une bonne dose de mystères français.

Daniel RIOT

ITW RELATIO

« À Bercy, on m’a suggéré de porter plainte : cette affaire est extrêmement grave »

RELATIO : Vous êtes qui exactement, Jean-Marie Kuhn ?

Jean-Marie KUHN : Je suis dans les affaires. Immobilières et autres. En cela, je suis un entrepreneur qui participe à la vie économique et sociale du pays et je tente de concilier mes intérêts personnels, mes idées, mes aspirations et ce que je crois être l’intérêt commun. En l’occurrence, et sachez que cela me coûte de le dire, je suis une victime de pratiques que je trouve scandaleuses.

-Votre dossier impressionne, par son volume et par ce qu’il contient.

À l’origine, tout part d’un litige privé...

-Oui. À l’origine de l’affaire, il y a la signature d’une convention entre la société GIB et moi-même. GIB est une société belge, qui appartient aujourd’hui, principalement au groupe Albert Frère. Et cette société a signé une convention au terme de laquelle, elle devait réparer un préjudice me concernant. Cette convention a été signée en l’an 2000 et n’a jamais été honorée. Selon mes avocats, cette convention, en fait, n’avait été signée que pour obtenir le retrait de ma plainte au pénal en Belgique.

-Votre litige se montait à combien ?

- À 22,5 millions d’euros. Un manque à gagner à la suite de malversations dans une affaire de reprise de sociétés. C’est parce qu’ils ont reconnu ce manque à gagner que les dirigeants de GIB ont voulu eux-mêmes réparer ces « dégâts » par cette convention. Personnellement, j’ai fait confiance. Pourquoi aurais-je dû me méfier ? J’avais affaire à des gens crédibles...

-Pourquoi n’avez-vous pas réglé ces litiges devant les chambres de commerce par les circuits normaux ?

-Cette convention n’ayant pas été mise en œuvre, je me suis d’abord rapproché d’un actionnaire de référence, à savoir BNP Paribas qui, en 2002, l’a étudiée et a procédé aux investigations qui s’imposaient. Et là, coup de tonnerre, BNP a pris deux décisions spectaculaires. La première, celle de ne pas donner suite à ma demande et la deuxième, celle de sortir de GIB. Ce qui fut fait sans tarder et la participation a été cédée au groupe Albert Frère qui était déjà largement présent dans le capital de GIB au moment des faits, et représenté au Conseil d’administration par Gérald Frère, fils d’Albert Frère. En se désolidarisant ainsi des comportements du groupe Albert Frère, les juristes de BNP PARIBAS m’ont écrit « comprendre que la Justice est par ailleurs saisie ». C’est dire la gravité des faits aux yeux de BNP PARIBAS...

-Vous avez donc saisi la Chambre de commerce internationale qui était désignée comme instance d’arbitrage dans la convention, je suppose ?

-La démarche auprès de BNP Paribas n’ayant abouti qu’à me conforter dans le bien-fondé de ma demande, se posait alors le problème de faire exécuter ladite convention par voie judiciaire. Je voulais saisir la Chambre de commerce internationale, mais vous connaissez la lenteur, la lourdeur et le coût de ce type de procédures. J’ai préféré poursuivre encore un peu sur la voie de la recherche d’un arrangement à l’amiable. Je suis un homme de bon sens, d’abord. Et, au moment où j’allais le faire et dans le cadre de la constitution du dossier, j’ai eu connaissance d’agissements extrêmement troublants du groupe Albert Frère dans d’autres affaires.

-Quelles affaires ? Et comment avez-vous eu les informations dont vous faites état ?

-Quelles affaires ? Celle notamment qui fait la une des médias économiques aujourd’hui, je veux parler de SUEZ et GDF... Comment en suis-je arrivé là ? En essayant de comprendre pourquoi mon litige avec Albert Frère, important pour moi, mais relativement léger pour le groupe belge, restait ainsi sans solution, en l’air. Aux États-Unis, j’aurais fait appel à un cabinet d’avocats qui emploient des détectives. En France, si vous voulez comprendre ce qu’il vous arrive, il faut parfois jouer soi-même les détectives, pratiquer ces investigations forcément longues et difficiles, tenter de décrypter des choses qui vous dépassent. J’ai passé deux ans, 2003 et 2004, à tenter de comprendre. À démêler des fils. À trouver des pièces d’un puzzle à reconstituer... Ce n’est pas faute d’avoir multiplié les interventions, mais on m’a toujours promis des choses qui ne sont jamais venues. Et dans ce qu’il faut bien appeler mon « enquête », je me suis intéressé de plus en plus près aux activités d’Albert Frère en France. Des activités qui se sont étonnement étoffées et multipliées, puisqu’il est devenu présent dans des affaires telles que Eiffage, Suez, GDF, Quick, etc. Tout naturellement, je me suis dit : « mais lorsque l’on ne tient pas parole dans un dossier, pour un montant aussi faible pour Albert Frère, comment veut-on ou peut-on se comporter convenablement dans des affaires nettement plus importantes, avec des sommes en jeu autrement plus impressionnantes ? » Je me suis dit aussi : « pourquoi moi, aurais-je été la seule victime d’Albert Frère ? » Logique, non ?

-Et ce que vous dites avoir découvert dépasse l’entendement.

-Que l’État, par le biais de la Caisse Des dépôts et consignations, ait déposé, dans la corbeille du groupe Albert Frère 1,25 milliard d’euros, comme un cadeau, a de quoi intriguer, interpeller et scandaliser le citoyen que je suis, oui.

-Vous êtes arrivé à cette somme comment ?

-Le groupe Albert Frère et la CDC ont acquis, en même temps, des actions dans Eiffage et la CDC a repris neuf mois plus tard la participation d’Albert Frère pour 398 millions d’euros dégageant une plus-value de 91 millions d’euros pour Albert Frère.

-C’est le genre d’opérations courantes, non ?

-La CDC aurait pu renforcer sa participation dès le départ, et économiser ainsi 91 millions d’euros... C’est vérifiable.

-Pourquoi un tel « cadeau », à votre avis ?

-À part pour enrichir Albert Frère aux frais du contribuable, je ne vois aucune autre raison... Mais il ne s’agit-là que d’une opération parmi d’autres... Je crois que nous vivons une époque difficile, et ce qui se passe au niveau du pouvoir d’achat, du chômage, des inégalités, de la faiblesse de la croissance et la dureté de la vie, font qu’aujourd’hui, plus que jamais, de telles pratiques ne devraient plus avoir cours. Mais le plus troublant est à venir...

-C’est-à-dire ?

-Parlons de Quick, cette chaîne de restauration rapide qu’Albert Frère a cédée en novembre 2006, à la CDC pour le prix de 850 millions d’euros. Or Quick ne correspond pas aux critères d’investissements de la CDC tels qu’ils ont été précisés par ses dirigeants lors de leur audition devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale le 24 janvier 2007... C’est d’ailleurs là encore une affaire de bon sens : chacun comprendra que le rôle de la Caisse de dépôt, n’est pas avec l’argent du contribuable, d’acheter une société de restauration rapide qui avait un actionnaire, qui n’était pas en péril et dont les emplois n’étaient pas menacés.

-Et qu’a rapporté Quick à Albert Frère ?

-Une trésorerie importante et un Taux de rendement interne de 237 %, dissimulé sous une présentation plus acceptable en l’affichant à 60 % en taux annuel composé...

-Je ne comprends pas tout dans ces « dissimulation », mais visiblement, ce peut être juteux, la restauration rapide...

-Effectivement, encore des cadeaux. Et j’imagine mal la Caisse de dépôt débourser cet argent de son propre chef, sans l’ordre ou l’aval de l’autorité politique.

-C’est là que vous glissez sur un autre terrain dangereux, celui des affaires et de la politique...

-Ce n’est pas moi qui glisse sur ce terrain-là... Moi j’en reste aux faits, aux constats et aux « coïncidences » et je ne crois pas au hasard. L’année 2006 a donc été particulièrement faste pour Albert Frère qui a su faire débourser en décembre 1,25 milliard d’euros par la CDC. Et c’est sur cette trésorerie qui lui est apportée par la CDC qu’il va pouvoir bâtir une prospérité longue, certaine et sans risque. Et, d’ailleurs, il ne perd pas de temps puisque, dès janvier 2007, le groupe Albert Frère renforce sa participation dans Suez pour détenir 13,4 % des droits de vote. Coût de l’opération : 798 millions d’euros. Avec de jolies perspectives de gains au terme de la fusion annoncée avec GDF...

-Toutes ces mécaniques comptables se résument mal en un entretien. Nous publierons un dossier en annexe par souci d’information en laissant bien sûr le soin aux experts de juger de la justesse de vos additions, multiplications et pourcentages... Ce qui me semble important, c’est le pourquoi de cette attention portée à Albert Frère, de ces « cadeaux ». Si je vous suis, je suis amené à penser que l’État a apporté tout cet argent afin qu’Albert Frère se renforce dans Suez et devienne incontournable...

-Les faits parlent d’eux-mêmes...

- La CDC est sous la tutelle du ministère de l’Économie et des Finances. L’avez-vous contacté ?

-. Bien entendu, je me suis rapproché de Bercy. Du temps de Thierry Breton et de Christine Lagarde. Thierry Breton était ministre lorsque ces opérations ont été conclues et Christine Lagarde est la ministre de la concrétisation de la fusion GDF-Suez pour laquelle les décrets nécessaires viennent d’être publiés en décembre 2007.

-Vous oubliez un autre ministre des Finances qui peut être au moins indirectement concerné : Nicolas Sarkozy qui, alors qu’il était ministre de l’Économie et des Finances en 2004 a ouvert le capital de GDF et a pris l’engagement - non tenu d’ailleurs - de maintenir la participation de l’État dans GDF à un minimum de 70 %.

-Vous avez raison. Cette décision a été le point de départ du processus de fusion Suez-GDF. On peut remarquer aussi sans en tirer aucune conclusion que Nicolas Sarkozy était présent à toutes les étapes cruciales du processus : ouverture du capital de GDF lorsqu’il était aux Finances en 2004, vote de la fusion en 2006 lorsqu’il était président de l’UMP, et arbitrage en faveur d’Albert Frère en 2007 en tant que chef de l’État...

-L’avez-vous informé, contacté, questionné, consulté directement ?

-J’ai informé M. Nicolas Sarkozy de mes constats et de mes interrogations légitimes à de multiples reprises. Lorsqu’il était candidat à la présidence, quand il a été élu, mais pas encore investi et depuis qu’il est en fonction.

-Comment l’avez-vous informé depuis qu’il est à l’Élysée ?

-Par l’ensemble de ses conseillers, dont les plus proches et les plus influents  : Guaino, Guéant, Martinon, Mignon... À part des entretiens téléphoniques où l’on me promettait une audience jamais venue, la seule réponse écrite date du 19 juillet 2007.

-J’ai vu que vous aviez alerté l’Élysée d’une façon ou d’une autre 109 fois, vous êtes un obsessionnel des mails, des dossiers, des coups de fil à répétition... ?

-Non, si j’ai des obsessions, ce ne sont pas celles-là. Je me serais bien passé de tout ça. Mais vous avez raison de le souligner, 109 interventions ont été faites pour alerter l’Élysée. Comme réponses écrites, j’ai une réponse plus surprenante que d’autres. Celle d’Emmanuelle Mignon, directrice du cabinet de Nicolas Sarkozy, qui m’a opposé une fin de non-recevoir extrêmement sèche, dans un mail, qu’elle m’a adressé le 19 juillet 2007, alors que deux jours avant il « était question que j’aie une audience « dans les délais les plus brefs ».

-Oui, mais qu’est-ce qu’elle avait d’étonnant cette réponse, cette fin de non-recevoir ? Ce n’est pas de la compétence du président de la République de s’occuper des affaires d’Albert Frère et des vôtres...

-Non, ce n’est pas de sa compétence, mais le rôle de l’État n’est pas non plus d’enrichir un milliardaire avec des fonds publics... Au moins, sa réponse constitue-t-elle une preuve que l’Élysée n’ignore rien, absolument rien des faits que j’énonce...

-Considérez-vous que le président a été directement et incontestablement informé ? L’absence de réponse à vos requêtes et messages n’est pas forcément la preuve d’une loi non écrite du silence. Les entourages sont d’abord des filtres...

- On peut tout de même penser et même espérer que la directrice de cabinet engage le président... Cependant, conscient des filtres, j’ai porté le dossier à la connaissance de Me Thierry Herzog, l’avocat personnel de Nicolas Sarkozy, et également de Me Arnaud Claude associé au cabinet d’avocats « Nicolas Sarkozy - Arnaud Claude ». Alors que je les ai informés à quatre mois d’intervalle, ils m’ont fait la même réponse écrite « n’ont pas vocation à... ». Pourtant ces deux cabinets sont spécialisés dans les affaires financières. Thierry Herzog est l’avocat de Nicolas Sarkozy notamment dans l’affaire Clearstream, affaire financière emblématique s’il en est, et le cabinet de Nicolas Sarkozy traite aussi d’affaires financières...

- Et l’Hôtel Matignon, dans ces affaires ?

-Deux périodes à Matignon : celle de Dominique de Villepin qui a saisi la Chancellerie. Nous en avons parlé.

- Et celle de François Fillon...

-Je l’ai informé personnellement par courrier UPS le 18 mai 2007. Il a chargé un conseiller de ce dossier. Le 4 juin 2007 était une journée à marquer d’une pierre blanche.

-Pourquoi ?

- Trois appels de Matignon : le premier à 9 h 31 pour me proposer une audience de 30 mn pour le 6 juin à 18 heures, un second appel à 10 h 44 pour proposer d’avancer le rendez-vous à 17 heures afin de disposer de 90 mn, et un troisième et dernier appel à 12 h 32 pour annuler le rendez-vous aux motifs que ce créneau serait occupé par le Premier ministre, et préciser qu’une nouvelle date serait fixée au lendemain des élections législatives.

- Qui est ce conseiller ? Quelles sont ses fonctions ?

-Antoine Gosset-Grainville, directeur - adjoint du cabinet de François Fillon. Il vient, du privé et était avocat - associé et chef du bureau de Bruxelles du cabinet d’avocats Gide. Il se trouve que Gide, qui a été mon conseil au début du litige avec le groupe Albert Frère, est devenu depuis le conseil habituel d’Albert Frère, ce qui n’a pas du tout empêché Christine Lagarde d’en faire le conseil de l’Etat pour la fusion...

-Après cette annulation de l’audience, avez-vous baissé les bras ?

-Evidemment non. J’ai fait délivrer une sommation interpellative par exploit d’huissier à Antoine Gosset-Grainville le 29 juin 2007 et, depuis cette date, j’ai adressé neuf courriels à François Fillon, treize à Sylvie Fourmont qui est chef de son secrétariat particulier, onze à Antoine Gosset-Grainville, et trois aux conseillers suivants : Maryvonne Caillibotte, Franck Robine et Myriam Levy...

- Avec quelles réponses à la clé ?

- Trois entretiens téléphoniques avec Sylvie Fourmont qui me promet une réponse ou une audience à bref délai, depuis... juillet 2007 !

- L’article 40 du Code de procédure pénale stipule qu’une personne détentrice de l’autorité publique doit porter immédiatement à la connaissance du procureur des faits délictuels et lui fournisse tous les éléments en sa possession. Il semble qu’il s’agisse de faits suffisamment troublants. Quelqu’un a-t-il saisi la justice ou vous a incité à le faire ?

- Oui, M. Dominique de Villepin, alors qu’il était Premier ministre, a saisi la Chancellerie dès le 19 avril 2007. M. Alain Juppé par son chef de cabinet, m’a conseillé de porter ce dossier à la justice. La Chancellerie m’a promis une réponse rapide. Mais le changement de gouvernement a interrompu la célérité et peut-être la sérénité, car mon dossier a été perdu, après un nouvel envoi et de multiples interventions j’ai enfin obtenu une réponse le 23 juillet 2007, sachant que les réponses téléphoniques ne cachaient ni la gravité des faits ni l’embarras à me répondre par écrit.

- Que dit cette réponse ?

- Elle considère qu’il s’agit d’une affaire privée et occulte totalement la partie publique pour laquelle Matignon l’avait pourtant saisie.

- Et Bercy ?

- Thierry Breton n’avait jamais daigné me répondre et, là encore, on me faisait des promesses d’audience quotidiennes jamais tenues... Mais il a pris soin de se dédouaner en déclarant le 6 octobre 2007, alors qu’il était auditionné au Sénat dans le cadre de l’affaire EADS, avoir appris la cession de Quick par la presse et non par la CDC... Christine Lagarde, elle, a désigné l’un de ses conseillers qui a travaillé pendant quatre mois sur le dossier. Mme Lagarde m’a appelé personnellement le 17 septembre 2007.

- Résultat ?

- En date du 5 décembre 2007, lors d’une réunion au ministère des Finances, il m’a été fortement conseillé de déposer une plainte, en me précisant que le haut niveau des personnalités impliquées ne devait pas me décourager mais, bien au contraire, était une circonstance particulièrement aggravante.

- Vous me dites là que c’est le ministère qui vous a conseillé de porter plainte ! Comment expliquez-vous que le ministère des Finances n’ait pas déposé plainte lui-même ?

- Je l’ignore, mais on peut penser qu’il n’a pas été autorisé à le faire... Hiérarchie oblige... Etrange, en effet.

- Je ne connais pas bien le fonctionnement interne du ministère des Finances, mais permettez-moi d’être surpris... Cela mérite des explications un peu plus détaillées, même si, je le comprendrais, vous ne voulez pas mettre en cause des gens qui en l’occurrence semblent avoir très bien fait leur travail.

- Mme Lagarde a délégué un conseiller nommé Philippe Logak, avec qui j’ai travaillé pendant quatre mois. Nous avons échangé quantité d’informations, sous formes de mails, de dossiers et d’échanges téléphoniques. Durant ces quatre mois, M. Logak m’a tenu au courant des différentes étapes. Ainsi, une enquête approfondie a été confiée à la direction juridique. Cette enquête a duré six semaines et, au vu de ses conclusions, la direction financière a été saisie par Mme Lagarde. Aux termes de ces deux rapports et de ses investigations, M. Logak s’est assuré, par un appel téléphonique du 14 novembre 2007 au soir, que je ne porterai pas plainte et que je n’exigerai pas du Minefi qu’il porte lui-même plainte. J’ai rassuré M. Logak sur ces points et il me disait en référer à Mme Lagarde et revenir vers moi sous quinzaine, le temps de trouver la solution amiable à mon problème.

- Évidemment, vous avez acquiescé, puisque votre but n’est pas de jouer les Zorro, mais d’obtenir finalement votre dû.

- Bien sûr. Et, effectivement, le 26 novembre, M. Logak m’a appelé pour me dire avec enthousiasme que Mme Lagarde avait désigné Mme Nicole Planchon pour m’arranger au mieux dans cette affaire. Et M. Logak m’a présenté Mme Planchon comme une personne particulièrement importante à deux titres :

1) dans la hiérarchie du Minefi, elle est directrice du droit privé à la direction des affaires juridiques, ce qui est un poste extrêmement important ;

2) elle est aussi magistrate de formation et saisit donc, mieux que quiconque, ce qui se passe dans ce dossier

Un rendez-vous a été fixé au 5 décembre 2007, à 10 heures, au Minefi. Mme Planchon, à ma grande surprise, n’avait qu’une connaissance sommaire du dossier. Je lui ai fourni quelques explications et, après une demi-heure d’entretien, elle m’a dit, en substance : « M. Kuhn, ce dossier est tellement grave, ce n’est pas parce que des personnes haut placées sont impliquées d’une manière directe ou indirecte, qu’il s’agit à mes yeux d’une circonstance atténuante. Bien au contraire, c’est une circonstance aggravante. Je vous incite vivement à déposer une plainte, sans tarder ».

- C’est à la suite de cet entretien que vous avez déposé une plainte « contre X, contre le groupe Albert Frère et autres », avec une déclinaison collatérale, qui inévitablement rejaillit sur l’inertie de certains hommes politiques.

- J’étais abasourdi par cet entretien et j’en ai immédiatement informé M. Logak qui paraissait sincèrement surpris. Je lui ai également fait part de mon étonnement que Mme Planchon n’était pas en possession de l’intégralité de mon épais dossier, mais seulement de quelques éléments qui tenaient dans une petite chemise. Rien ne correspondait avec ce que m’avait dit M. Logak. Il m’avait assuré, le 26 novembre, que le dossier était déjà entre les mains de Mme Planchon et que le complément qui se trouvait encore dans son bureau lui parviendrait dans la journée. M. Logak a conclu notre entretien téléphonique en me disant qu’il ne comprenait pas, que tout était pourtant clair avec Mme Lagarde, qu’il était désolé et qu’il reviendrait vers moi. Nous avons ensuite eu plusieurs échanges qui montraient son embarras devant ce changement de ligne et il a fini par m’avouer que la position de Mme Planchon était devenue celle, officielle, du ministère des Finances. Fort de ces informations, j’ai donc déposé une plainte le 24 décembre 2007, en période de vacances judiciaires. J’avais, auparavant, pris soin de porter le projet de plainte à la connaissance de l’Elysée, de la Chancellerie, de Matignon et bien entendu de Bercy. C’est cette plainte qui a été classée sans suite le 11 janvier 2008 au motif d’être « insuffisamment caractérisée ».

- Un classement TGV. Avez-vous été entendu par la justice ?

- Non. L’un de mes conseils, Me Catherine Braun, avocat à la Cour, m’a fait part du classement le 11 janvier 2008. Ce classement - effectué en quatre jours, la rentrée judiciaire ayant eu lieu le 7 janvier ! -, ouvre la voie à de nouvelles actions judiciaires notamment au dépôt de plaintes avec constitution de partie civile en France et/ou en Belgique.

- Et maintenant ?

- Le 29 janvier 2008, j’ai écrit une dernière fois au président, sans réponse à ce jour. Et j’ai demandé audience à Christine Lagarde, car il est important pour mes avocats d’avoir communication du rapport d’enquête de la direction juridique et de la direction financière du Minefi. Une réponse m’avait été promise sous deux-trois jours. A chacun de mes appels, on me dit que la demande est sur son bureau, qu’elle ne l’a pas encore signée, etc. C’est la politique de l’autruche. Aussi réfléchissons-nous aux actions à entreprendre, car il est bien évident qu’un certain nombre de magistrats ont vu ce dossier aussi bien au Minefi qu’à la Chancellerie et la gravité des faits ne leur a pas échappé. J’ai même consulté un professeur spécialiste en droit pénal des affaires, professeur émérite s’il en est, qui a eu cette remarque lapidaire, après avoir longuement étudié le dossier, en me disant : « d’ordinaire, en matière de corruption, "ils" sont plus malins ». Et, là, voyez-vous M. Riot, j’étais surpris car, comme me disait un ami député, nous pensions que depuis longtemps la France était débarrassée du problème de la corruption.

- « Corruption ? Le mot est fort. « Pacte de Corruption » ? C’est encore plus fort. Et vous mettez sinon Sarkozy du moins l’Elysée en cause. Une accusation grave... Vous savez, qu’en parlant devant nos caméras et nos micros, devant nous, vous prenez le risque d’être poursuivi devant les tribunaux pour diffamation, atteinte à la dignité du président de la République et quelques autres « fariboles », comme dirait la ministre de l’Economie...

- Je n’accuse personne. Et je ne jette aucune suspicion sur quiconque. M. Sarkozy a raison lorsqu’il dit qu’il faut savoir défendre ses idées et garder un certain sens de l’éthique et de la morale. Au nom de ce sens de l’éthique et de la morale, je prends ce risque. J’attache beaucoup d’importance à la présomption d’innocence, donc loin de moi, toute idée d’accuser quelqu’un ou de suspecter quelqu’un. « Pacte de corruption » ? C’est le nom qui convient, selon moi. La justice en délibérera s’il le faut. Je n’accuse M. Sarkozy de rien. Aujourd’hui, je veux simplement dire que M. Nicolas Sarkozy a été informé par une multitude d’interventions, c’est-à-dire des envois par porteur, des mails, une sommation interpellative, adressée à Matignon et une autre adressée à un directeur de cabinet.

- Certains esprits pourraient même voir dans les silences de l’Elysée et de nombreuses personnalités non une protection du président mais une occasion de le déstabiliser un peu plus à un moment difficile pour lui à plus d’un titre...

-Que chacun voit ce qu’il veut y voir. Là n’est pas mon problème. Je réagis tel un homme floué. J’ai tout fait pour avertir les autorités concernées sans jamais privilégier une exploitation politicienne, car la France vaut mieux que cela. J’ai aussi fait montre d’une patience qui d’ailleurs nuit considérablement à ma vie professionnelle et personnelle. Je ne suis pas un Don Quichotte. Et je vous le redis je suis victime et non procureur.

- Vous allez continuer à alerter les politiques. Est-ce que vous avez saisi aussi les députés, qui font partie de l’amical de la lutte anti-corruption par exemple, « Transparency international » ou d’autres..

-Je considère l’information largement suffisante : 2 sommations interpellatives, 424 courriels, 31 courriers, soit un total de 457 interventions, qui ont donné lieu à 16 réponses écrites et à un classement sans suite. Je ne parle pas de la multitude d’entretiens téléphoniques qui ont donné lieu, pour certains, à des confidences édifiantes... On peut quand même dire que ce dossier, qui est maintenant un dossier complet et étoffé, se heurte à une inertie politique qui pose vraiment un problème et bien des questions. J’ai réellement travaillé d’une manière très dense et les faits ont été avérés, recoupés, vérifiés... Et comme je ne voulais pas que ce dossier pollue les échéances électorales, j’ai accepté, à la demande de certains élus UMP, de laisser passer la présidentielle puis les législatives. J’ai renoncé à faire valoir et prévaloir mes intérêts privés au bénéfice de l’intérêt supérieur de la nation. Et, au fur et à mesure que les mois ont passé, le dossier s’est étoffé, s’est aggravé et un certain nombre de complicités passives, pour ne pas dire plus, se sont révélées au grand jour. Aujourd’hui, on me suggère « attendez les "municipales" ». Et après quoi d’autre ? Non... Je suis devenu impatient, chacun peut le comprendre.

- Qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur en ce moment : c’est de récupérer l’argent que vous avez perdu ou que justice soit faite sur un plan général ?

- Quand vous êtes un petit entrepreneur et qu’il vous manque une telle somme pendant autant de temps, naturellement vous souhaitez qu’un jour réparation soit faite. Vous ne pouvez imaginer à quel point j’ai été freiné dans mes projets et les dommages collatéraux sont nombreux, importants et indélébiles. Je veux donc récupérer mon dû et mon honneur et je remuerai ciel et terre pour y arriver. Ma détermination est totale et comparable à celle de M. Sarkozy dans l’affaire Clearstream, qui ne lui a pourtant pas coûté d’argent et qui ne l’a pas empêché de devenir président. Je n’ai ni haine ni amertume contre quiconque. Deux personnes ont le pouvoir de faire réparer immédiatement mon préjudice : Albert Frère, en tant que patron de son groupe, et le président de la République qui peut et doit intervenir auprès d’Albert Frère pour que celui qui est devenu incontournable grâce aux fonds publics ne traîne pas plus longtemps de telles casseroles liées à un capitalisme immoral que notre président, M. Nicolas Sarkozy, dit vouloir assainir. »

(ITW recueillie par Daniel Riot et Sandrine Kauffer et texte des réponses relu par l’interviewé et l’un de ses conseils)

L’AFFAIRE SUR RELATIO

>>>UN PARFUM DE SCANDALE :

>>>VERS DE NOUVELLES PLAINTES DEPOSEES


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16 réactions à cet article    


  • goc goc 18 février 2008 10:53

    decidement apres la legion d’honneur a Demarais pour avoir eu comme merite d’etre l’ami du nabot !!, voila qu’apparait le copain du copain

    ( http://www.rue89.com/rue-des-erables/sarkozy-decore-desmarais-son-riche-et-discret-ami-canadien )

     

    aura-t-on droit a un nouveau scandal financier ou bien assiterons-nous au silence radio habituel de la presse, des que ca sent le pourri


    • Daniel RIOT Daniel RIOT 18 février 2008 11:13

      Bonne question...Pour l’instant , je dois dire que je suis un peu surpris par le manque de curiosité de mes confrères. Il est vrai que ce type de dossiers exige de l’investigation, donc du temps. Et du courage face aux pouvoirs en place. Mais j’ai confiance dans la presse de mon pays...et dans la presse belge. Elle n’est pas que de validation...ou de pipolisation. Ce dossier constitue un beau test en tous cas.Surtout dans le contexte actuel, entre démision des juges financiers aux mains coupées et valse-hésitation sur la dépénalisation du droit des affaires sur fond l’énigmes politico-financières. Et de déficits publics. Dans l’affaire de la Société générale, au moins, les deniers publics, ne sont pas en jeu....


      • Forest Ent Forest Ent 18 février 2008 11:35

        Intéressant. L’idée serait que la CDC aurait racheté cher des investissements de GBL pour permettre à Suez de racheter GdF ? Ce n’est pas aberrant. C’est difficile à prouver aussi.

        Ca montre en tout cas que le mélange politique/business n’est pas trop sain. Albert Frère est associé en affaires avec Paul Desmarais, à part égales dans Suez et presque dans Total, à l’origine avec Fina et Electrabel. Albert Frère est également associé de Bernard Arnault dans quelques fonds de placement. Et Paul Desmarais et Bernard Arnault sont des amis intimes de Nicolas Sarkozy, qui ne s’en cache d’ailleurs pas.

        Normalement, ce genre de plainte a droit à un enterrement de première classe.

        Je ne peux pas m’empêcher de comparer la justice allemande, qui vient de faire du James Bond pour retrouver de l’évasion fiscale au Lichtenstein, et ce qui est arrivé chez nous à Denis Robert et à l’affaire Clearstream, la vraie.

        Enfin, tant qu’on vend des bananes ...


        • maggie maggie 18 février 2008 14:52

          Voilà une affaire qui a coup sûr mérite bien plus d’attention que les pseudo-polémiques lancées par le chef de l’Etat. Quand je vois à quel point les gens ici ont du mal à trouver un logement décent et que l’état distribue aux grands patrons des milliards comme on donne des bonbons à des bambins... Après l’affaire Estrosi, les inombrables magouilles de Haut-de-Seine et cette affaire-ci, on comprend mieux que le président préfère cultiver les polémiques stériles sur la Shoa.

          Mais comme beaucoup, j’ai peu d’espoir de voir la justice se pencher concrétement sur cette affaire. Merci en tout cas de nous informer sur les pratiques de ce milieu.He oui , nous, simples citoyens, sommes culpabilisés quand nous sommes au chômage ou quand notre arrêt maladie dure un peu trop longtemps aux yeux de certains alors que d’autres amassent les deniers de l’état sans scrupules.


          • alberto alberto 18 février 2008 14:59

            Très interessant, monsieur Riot, votre interview de ce monsieur Kuhn !

            Cela donne un petit apperçu de ce qui se trame en coulisse, loin du regard de la justice et des citoyens...

            Depuis le début, cette privatisation de GDF sent le pâté...et la grosse galette pour ceux qui sont autorisés à s’assoir à la table de jeu de poker menteur.

            Ainsi que le fait remarquer Forest, notons l’écart de comportement entre ce qui se passe en Allemagne après la découverte du pot aux roses de l’évasion fiscale et la technique d’étouffement et de lassitude opérée par nos gouvernants : avec en fond de décord la fameuse dépénalisation (en cours ? ) du droit des affaires !

            A voir le harcèlement dont est victime Denis Robert, c’est à se demander si madame Kuhn ne ferait pas mieux de soucrire une bonne assurance vie...

            Bien à vous.


            • brieli67 18 février 2008 20:51

              trop compliqué le dossier que vous portez !

              faites nous des schémas une vidéo ..... du compréhensible et appelez un chat un chat

              http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=35185

              Argo a su très bien nous expliquer de ce qu il retournait avec la Sogénal et son trader

              faites donc appel à lui ! D’autant que notre "spécialisse" ingénieur des sciences économiques et des média trouve intérêts à votre interview.

               

              quant au marketing de la Légion d’honneur

              http://cojimar.superforum.fr/les-tribulations-de-notre-hyperactif-f22/legion-d-honneur-t2854.htm

               


              • logic 18 février 2008 21:02

                Encore une fois de plus une "merde" qui prouve les dysfonctionnements de nos services publics ou assimilés

                le plus grave c’est que vous ayez le temps de palabrer alors qu’il serait préférable que vous dépensiez vos énergies à analyser et à dénoncer les causes de ces dysfonctionnements qui n’ont d’autre conséquence que de plomber et démotiver les citoyens honnêtes

                 Ah il est vrai que j’avais oublié qu’il y a la race supérieure d’en haut qui "devise" puis il y a les conards d’en bas qui s’enfoncent parce qu’ils ont à bosser pour eux et pour les abrutis qui devisent

                 Vive la France son coq et surtout son tas de fumier sans laquel elle ne sait plus vivre


                • chris11 18 février 2008 22:06

                  La caisse des dépots a toujours été le bras armé de la magouille financiere gouvernementale en france . Ca n’est pas nouveau mais il semble dans ce cas que la ligne jaune ait été franchie .

                  La CDC est en tout cas un matelas suffisamment épais pour que toutes les bestioles malfaisantes y trouvent refuge . Au frais du contribuable , cela va de soi .....


                  • snoopy86 18 février 2008 23:37

                    @ Daniel Riot

                    Cette interview nous laisse un peu sur notre faim, car on n’y apprend pas grand-chose sur le fond du dossier, et certains éléments restent trés flous, notamment le détail de ces fameux 1,25 milliards d’euros...

                    Qu’Albert Frère, dont le nez et l’habileté en tant que financier sont connus depuis fort longtemps ne perde pas d’argent quand il fait des allez-retour sur ses participations n’a rien de surprenant en soi...

                    Si M. Kuhn n’a rien d’autre à nous montrer, il n’est pas surprenant non plus que les politiques l’aient poliment éconduit...

                    Par ailleurs se présenter en "petit entrepreneur" avec un litige de 22,5 millions d’euros me semble un peu abusif.

                    J’espère simplement que vous ne vous êtes pas laisser abuser et que ce monsieur vous a montré des choses plus solides.

                     


                    • stephanemot stephanemot 19 février 2008 03:32

                      Bravo Daniel pour cette interview d’une limpidité remarquable.

                      Voilà du journalisme citoyen comme on l’aime, comme ce pays en a besoin. C’est comme ça que des dossiers touchy finissent par percer et aboutir dans un pays comme la Corée du Sud, où la corruption atteint pourtant des sommets.

                      Au-delà des amitiés avec Albert Frère (ou, plus proche de Sarko, Paul Desmarais), les acteurs seront un jour ou l’autre condamnés à s’expliquer sur les pressions exercées au nom du pouvoir.

                       


                      • chanygoldy chanygoldy 20 février 2008 19:46

                        Enfin, je me languissais de connaitre les dessous de cette affaire, merci Monsieur RIOT. Effectivement tout cela sent le souffre. Comment se fait-il que la CDC qui est censé garantir les deniers des pauvres citoyens que nous sommes, pourquoi donc cette dernière n’a t elle pas investi directement dans SUEZ au moins pour préserver demain les salariés de GDF.

                        J’ai vu dans la presse que Nicolas SARKOZY avait décoré de la grande croix de la légion d’honneur Monsieur Paul DESMARAIS père, et dans les propos tenus par notre Président, on sait aujourd’hui que ce sont ses amis financiers qui ont mis en place la stratégie pour lui permettre d’accéder au poste suprême. Il faut rester lucide on ne peut indefiniment se promener dans un jet privé ou sur un superbe yatch sans un jour accepter de renvoyer l’ascenceur. Votre entrepreneur lorrain a du y laisser tout son patrimoine et je déduis que les 22 millions d’euros correspondent à tout ce qu’il a perdu depuis une décennie.

                        Que dire devant tout cela, sinon être profondémment indigné, mais il est vrai aussi que nous avons compris, Monsieur SARKOZY élu Président, n’a retenu qu’une chose ; c’est qu’il est en fait devenu Président du CAC 40, et de quelques magnats étrangers, il a toujours claironné qu’il était pour l’Europe alors qu’il enrichisse un belge et un canadien doit lui paraître non seulement normal mais totalement évident, il pourra toujours argué qu’il a une véritable reconnaissance pour ceux qui l’ont porté au pouvoir.

                        Merci Monsieur Riot pour votre courage et peut être aurons nous plus de précisions

                        Chanygoldy

                         


                        • Daniel RIOT Daniel RIOT 20 février 2008 21:02
                          Désolé pour ceux qui trouvent le dossier "trop compliqué" : ce type d’article nécessite des efforts dans lécriture et la lecture. Franchement sidéré que l’on puisse considérer que je prends des leceurs pour des "cons". A celui qui pense que je me suis fait "avoir" et que cette affaire se résume à une histoire de "plus value", je dois dire que la naïveté après quatre décennies de journalisme serait une vraie vertu.... Merci à ceux qui ont le temps de lire ce texte qui effectivement soulève des questions auxquels ceux les "acteurs" peuvent répondre. Dernier épisode de cette "affaire" ;La Lettre ouverte au Président Sarkozy publiée ce soir sur relatio.fr

                           

                            Politique et affaires : Le chef de l’Etat s’expliquera-t-il sur le "scandale du 1,25 millirds d’ €" en marge de la fusion SUEZ-GDF
                          La suite des révélations de RELATIO


                          Lettre ouverte

                           

                           

                          à SARKOZY

                           

                          Nouvel épisode dans le scandale du 1, 25 milliard d’€ d’argent public dont aurait bénéficié le groupe Albert FRERE :Face au silence qui entoure les révélations de RELATIO et à l’absence de réponse à ses messages adressés à l’Elysée, Jean- Marie Kuhn  a adressé  une lettre ouverte au Président de la République que nous publions ici en intégralité.


                           

                          Monsieur le Président de la République,

                           

                          Lors de la remise de la Grand’Croix de la légion d’honneur à Monsieur Paul DESMARAIS, vous avez déclaré :

                           

                          " Si je suis aujourd’hui président, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et à la fidélité de Paul DESMARAIS. " " Un homme m’a invité au Québec dans sa famille. Nous marchions de longues heures en forêt, et il me disait : il faut que tu t’accroches, tu vas y arriver, il faut que nous bâtissions une stratégie pour toi. "

                           

                          Ainsi donc, de votre propre aveu, vous devez votre élection à la stratégie de Monsieur  Paul DESMARAIS dans laquelle l’affaire CLEARSTREAM a été déterminante.

                           

                          CDC, QUICK, EIFFAGE, SUEZ, GDF ainsi que cette décoration rarissime réservée à nos véritables héros sont des contreparties nombreuses et importantes, qu’on en juge :

                           > le Groupe FRERE-DESMARAIS a réussi à faire débourser à la Caisse des Dépôts et Consignations 1,25 Milliard € à la fin de l’année 2006 au travers d’opérations troublantes, et encore le mot est vraiment faible,

                            > janvier 2007, le Groupe FRERE-DESMARAIS est ainsi en mesure de payer 798 Millions € pour se renforcer dans SUEZ au point d’être devenu incontournable en détenant 13,4% des droits de vote,

                            >la fusion SUEZ-GDF fera de Messieurs FRERE et DESMARAIS les grands gagnants aussi bien en termes d’argent que de pouvoir ; j’estime en effet à plus de 20 Milliards € le total des gains à l’horizon de cinq années. 20 Milliards € que se partageront deux milliardaires étrangers pendant votre quinquennat ! 

                           

                          A chacune des étapes importantes du processus c’est vous qui déteniez le pouvoir :

                           

                          -en 2004 en tant que Ministre de l’Economie et des Finances vous ouvrez le capital de GDF tout en vous engageant à ce que l’Etat ne descende jamais en dessous de 70%,

                           

                          -en août 2006, après avoir fait mine de ne pas soutenir la fusion vous effectuez un revirement spectaculaire en faisant voter la fusion par le groupe UMP que vous présidez,

                           

                          -fin 2006, lorsque la CDC débourse 1,25 Milliard € pour le Groupe FRERE-DESMARAIS, vous êtes le n° 2 du Gouvernement, Président du parti majoritaire, et votre influence est telle qu’évidemment ces opérations n’auraient jamais pu se faire sans votre assentiment, 

                           -en août 2007, en tant que Chef de l’Etat, vous arbitrez en faveur du Groupe FRERE-DESMARAIS, en présentant les conditions comme avantageuses pour l’Etat grâce à la sortie du pôle environnement dont on apprendra plus tard qu’il a été promis à …Albert FRERE,

                           -en décembre 2007, vous publiez les deux décrets nécessaires à la fusion, alors que le Ministère de l’Economie venait de  m’inciter -le 5 décembre- à porter plainte après quatre mois d’enquête confiée à sa direction juridique et financière. Cette plainte a été classée en quatre jours à peine, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles procédures qui démontreront le lien entre toutes ces affaires.

                           Le véritable barrage que vous avez érigé à l’Elysée, à Matignon, à la Chancellerie et au Minefi  m’ont bien fait comprendre que la moralisation du capitalisme et la défense des victimes ne sont que des slogans chez vous. 

                          Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de mes sentiments distingués.

                          Jean-Marie KUHN


                          • Christoff_M Christoff_M 22 février 2008 12:17

                             mr breton a signé le meme genre de rachat de EADS au plus mauvais moment permettant aux dirigeants corrompus de vendre leurs actions surcotées....

                            mr Bouton a fait de meme en vendant avant la chute des cours de soc géné.....

                            Décidément depuis Clearstream la délinquance en col blanc ne manque pas d’air chez nous mais quand on le dit, la moitié des français qui sont encore des veaux ne croient pas à l’énormité qui se passe sous leurs yeux !!


                            • Thierry LEITZ 22 février 2008 13:13

                              Surprise !

                              Le monde est petit. J’ai travaillé pour JM Kuhn, en stage d’abord, puis 3 mois dans un de ses magasins "JMK Electronic" en 1985-86.

                              JM Kuhn était un homme d’affaire affable, commerçant ayant réussi par son ambition, travailleur efficace et organisé, tenace et opportuniste.

                              Je retrouve toutes ses qualités dans cette affaire dont l’importance doit le surprendre lui-même. Mais quand l’honneur et l’argent sont conjointement retirés à un homme de sa trempe, c’est légitime qu’il s’acharne ainsi dans sa défense. Je lui adresse ma sympathie et mes plus vifs encouragements !

                              C’est d’autant plus remarquable que, d’un point de vue idéologique, Mr Kuhn est "traditionnellement" favorable aux idées de droite avec ses valeurs cardinales de travail, mérite, risque assumé.

                              Or à travers ses mésaventures capitalistiques il nous fait découvrir en haut lieu -grâce à sa persévérance hors du commun- une réalité inverse des valeurs professées : combines, réseaux, pièges et enrichissement sans cause sur le dos des contribuables aussi nombreux qu’anonymes.

                              Le risque pour tous, le gain pour moi semble être la recette idéale pour s’enrichir à haut niveau.

                              D’ailleurs, le parcours d’Albert Frère (voir sur Wikipédia) est révélateur de cette méthode.

                              La CDC apparaît de plus en plus pour ce qu’en font les puissants : la bonne poire qui fait jouir tant à l’aller qu’au retour. Exit sa mission de service rendus aux épargnants qui en ont fait et font la solidité.

                              Je souhaite que JM Kuhn puisse récupérer son dû avec intérêts et tacler au passage tous ces cuistres serviles -et jusqu’à son chef- d’un Etat qui trahi chaque jour un peu plus sa mission d’intérêt général.

                              JMK, le citoyen lucide est avec toi ! Courage, vérité, justice. Et merci à D. Riot et S. Kauffer.

                              Thierry LEITZ, alsacien héliotropisé dans le 04

                               


                              • chanygoldy chanygoldy 13 mars 2008 17:51

                                Bonjour Thierry

                                Cela ferait très plaisir à Jean Marie que vous laissiez vos coordonnées à Daniel RIOT, afin que JM puisse entrer en contact avec vous.

                                A très bientôt

                                Chanygoldy


                              • chanygoldy chanygoldy 22 février 2008 15:59

                                La lettre ouverte de Monsieur KUHN à Nicolas SARKOZY n’est pas relayée par les grands médias. Doit-on y voir la main mise du Président sur le 4ème pouvoir que représente la presse.

                                Monsieur RIOT, seriez vous le seul qui ait suffisamment de courage pour publier cette lettre. Je suppose que Monsieur KUHN n’a pas reçu de réponse. Il faudrait quand même que nos politiques cessent de nous prendre pour des imbéciles. En fait, ils ne répondent que lorsqu’ils sont interpellés par des journaux tels Libé ou Le Canard.......

                                Bon il faut se résigner mais je me demande vraiment pourquoi les journalistes ne font pas leur métier comme il se doit, et dans le cas où ils acceptent la pression du pouvoir en place, méritent - t- ils encore le vocable de "journaliste" ...... ?

                                A mon avis, Nicolas SARKOZY et tous ses amis ont raison de demeurer sereins, car la presse étant aux mains des nantis, ils continueront sans crainte à transformer nos grandes entreprises en vaches à lait, le petit peuple ne leur suffit plus... Pauvre France que ce pays dirigé par un homme qui ne respecte que les plus riches....

                                Ceci dit, Monsieur RIOT j’admire votre persévérance et souhaitez bonne chance à JMK.

                                Chanygoldy

                                 

                                 

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