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Accueil du site > Tribune Libre > Sur les « réfugiés climatiques »

Sur les « réfugiés climatiques »

Prodige de la climatomancie : les guerres ne sont désormais rien plus que des drames collectifs secondaires. Pour exister médiatiquement, mieux vaut être un « réfugié climatique ».

L’info se retrouve aussi bien sur Le Monde que sur Libération et Le Figaro : en 2013, il y aurait eu trois fois plus de réfugiés « climatiques » que de réfugiés de guerre.

Et vous, les vilains climatosceptiques, continuez à regarder ailleurs alors que la maison brûle ? N’avez-vous donc pas de cœur, ou seriez-vous d’incurables négationnistes ?

Bien que ce soit probablement inutile au vu de la belle unanimité médiatique qui rassemble médias de tous bords politiques, essayons rapidement de faire la part des choses.

Tout d’abord, parler de « réfugiés climatiques » est incorrect selon la façon même dont la climatologie définit son objet. C’est là une distinction fondamentale, que les carbocentristes aiment d’ailleurs bien rappeler quand ça les arrange : le climat n’est pas la météo. Le premier concerne les évolutions à long terme, la seconde les tendances ponctuelles. Les réfugiés de 2013 pour cause de catastrophes naturelles sont donc des réfugiés météorologiques, le terme dût-il sonner moins bien aux oreilles de ceux pour qui le mot « climat » est associé aux grandioses catastrophes prophétisées par le GIEC (là où le mot « météo » évoque plutôt un présentateur télé qui commente les prévisions du lendemain). Il est vrai que lorsqu’il s’agit de culpabiliser les foules, le « climat », qui désigne désormais la main coupable de l’homme, est toujours plus vendeur que la « météo », plus généralement associée aux « caprices de la nature » dans les représentations communes.

Revenons aux réfugiés, dont le sort tragique mérite mieux qu’une instrumentalisation partisane. Leur regrettable croissance n’a pas besoin des alarmes du GIEC pour s’expliquer, mais de causes sociétales beaucoup plus banales (comme étudiées par exemple dans cet article) : l’urbanisation dans les zones à risque et l’accroissement démographique augmentent mécaniquement le nombre de tués par catastrophes naturelles, surtout lorsque, comme dans le cas des typhons, les populations concernées font partie de pays insuffisamment développés (les Philippines, notamment).

À l’heure actuelle, il n’y a pas de hausse statistiquement perceptible des événements météorologiques extrêmes (même si, en revanche, il y a une hausse visible dans l’importance que les médias leur accordent). Nous n’avons de toute façon aucune manière d’estimer cette évolution statistique à la bonne échelle : qui donc saurait mesurer la fréquence des cyclones ou des sécheresses au XVIIIè siècle ? Quand bien même y aurait-il eu davantage de catastrophes naturelles ces dernières années, comment les relier à l’évolution « anthropique » du climat puisque la température globale, matrice originelle de notre « changement climatique », est stable depuis près de vingt ans ? Autant de questions que les grands médias ont une fois de plus choisi d’ignorer, au profit de la servile campagne de communication qui accompagne la tenue du prochain sommet sur le climat.

Mais il y a plus grave : en se trompant ainsi sur les véritables causes des drames issus des catastrophes naturelles, l’on retarde d’autant la recherche de solutions efficaces. Pour limiter le nombre de réfugiés des catastrophes naturelles, il ne sert à rien d’inciter les gens à limiter leurs émissions de CO2 en prenant leur vélo au lieu de leur voiture. Il est beaucoup plus efficace d’agir à l’aide de digues bien entretenues, de plans d’occupation des sols qui évitent les constructions en zones inondables, ou encore de réseaux d’information et d’évacuation des populations lors d’une menace. Tout temps, tout effort, tout argent et toute matière grise consacré à la réduction du satanique CO2 et du « sauvetage du climat » est autant de temps, d’effort, d’argent et de matière grise en moins pour la mise en place de vraies solutions.


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9 réactions à cet article    


  • Nicolas_M bibou1324 18 septembre 2014 13:35

    « il n’y a pas de hausse statistiquement perceptible des événements météorologiques extrêmes »


    Faux. Allez voir cet article, basé sur cette étude. Le nombre de typhons croit chaque année depuis 1970. En parfaite corrélation avec les données du réchauffement global. Idem pour les canicules, pluies intenses, ouragans.

    Bon, votre article partant d’une affirmation fausse, tout le reste ne peut être que contre-vérités.

    Troquer sa voiture contre un vélo ne peut pas faire de mal, ça évitera peut être un des 7 millions de morts que vous causez avec votre engin du diable. Ah oui, ces 7 millions de morts là, c’est prouvé, par compte, qu’ils sont directement imputables à la pollution de l’air. N’essayez pas de vous déculpabiliser avec vos articles à la noix, prendre la voiture est réellement un acte criminel. Pour le réchauffement, ce n’est pas prouvé. Pour le bébé asthmatique de votre voisin, par compte, c’est une certitude.

    • Benoît Rittaud Benoît Rittaud 18 septembre 2014 14:01

      1) Lisez mieux vos propres sources : même Coumou et Rahmstorf (pourtant pas réputés pour faire dans la dentelle) expliquent que, pour les typhons, « the available evidence is less conclusive, but based on observed trends and basic physical concepts it is nevertheless plausible to expect an increase. » (Les « certitudes » qu’ils affichent concernent avant tout les vagues de chaleur et les précipitations.) C’est donc équivoque pour le présent, et seulement « plausible » pour le futur. Le truc est classique lorsqu’il s’agit de prédire l’avenir sans trop se mouiller. La conclusion du blog du monde (qui, reconnaissons-le, ne fait que reprendre les éléments de langage de Coumou et Rahmstorf) est à cet égard un modèle du genre, qui vaut son pesant de cacahuètes et montre bien comment le conditionnel permet d’affirmer tout et n’importe quoi tout en se ménageant des portes de sortie.

      2) Mon article ne « part » pas de ce que vous dites, donc même si vous aviez raison sur ce point (ce qui n’est pas le cas), vous n’auriez pas démontré ce que vous prétendez.

      3) Pour ce qui est de la voiture, vous évoquez la question de la pollution, complètement différente de celle des événements climatiques extrêmes, et donc hors-sujet.


    • Nicolas_M bibou1324 18 septembre 2014 14:19

      Après, si vous n’aimez pas les études allemandes, vous pouvez aller voir l’étude de Nature, de Sciences, d’autres études ont été relayées par le NYTimes


      Vous dites que le futur est seulement « plausible » ... encore heureux, non ? Lapalisse n’aurait pas mieux dit. Mais le problème (que vous niez dans votre article), c’est que aujourd’hui, là maintenant, des populations souffrent à cause des aléas météorologiques, causés par le climat, aléas plus nombreux qu’auparavant.

      Je croyais que votre article essayait de distinguer climat et météo, alors que mon commentaire montre qu’ils sont intrinsèquement liés. Je croyais que votre article niait l’augmentation ces dernières années du nombre de catastrophes naturelles, alors que mon post montre clairement que ces catastrophes augmentant en intensité. Je croyais que votre article critiquait ceux qui prônent le retour du vélo, alors que mon post montre que ces gens là sauvent des vies.

      Dans ce cas, veuillez m’excuser, j’ai du mal lire votre article.

    • Benoît Rittaud Benoît Rittaud 18 septembre 2014 14:36

      Vous avez en effet très mal lu, ainsi que ma réponse. Deux points pour l’illustrer : 1) ce n’est pas moi qui dit que le futur est « plausible », mais Coumou et Rahmstorf, donc votre ironie tombe à plat ; 2) je n’ai pas « critiqué ceux qui prônent le retour du vélo » mais seulement ceux qui le font pour limiter le CO2.
      Vos excuses sont bien entendu acceptées.
      Vous devriez par ailleurs vous mettre à la page et ne pas vous contenter d’études publiées y a dix ans : allez donc faire un tour par exemple ici pour avoir une idée de l’évolution de l’intensité cyclonique.


    • joletaxi 19 septembre 2014 20:46

      bibou


      j’entends souvent la presse claironner que les particules fines de nos moteurs seraient la cause de millions de décès prématurés
      je n’avais jamais lu, ni l’étude ayant servi de base à ces affirmations, ni aucune critique, il s’agissait donc d’une vérité définitive.
      Je ne sais pas pourquoi, mais moi, cela a fait sonner mon BS detector, car, que je sache, on a pas remarqué de mortalité plus importante en ville, et que je sache, les habitants de HongKong ont une longévité hors du commun.
      Sur votre lien, si vous l’avez lu, on parle finalement très peu des particules de gasoil, mais d’un problème de pauvreté.
      Je vous signale que les ONG environnementales se sont opposées aux constructions de centrales charbon et de barrages dans les pays en voie de développement,au point que l’Inde a fini par prendre des mesures contre celles-ci.
      Alors, vos lamentations sur l’auto qui tue....

    • Renaud Delaporte Renaud Delaporte 18 septembre 2014 14:51

      Il est beaucoup plus efficace d’agir à l’aide de digues bien entretenues, de plans d’occupation des sols qui évitent les constructions en zones inondables, ou encore de réseaux d’information et d’évacuation des populations lors d’une menace.

      Rhôôô. Vous voulez la mort des banksters ? Et qui c’est qui va devoir payer tout ça ? Tout ce bel argent devrait plutôt être employé à redonner de la vigueur au cours du carbone.

      Faut pas dire ça aux gens .

      Répétez plutôt : Achetez dès aujourd’hui vos carbo-dollars : ce seul geste peut sauver la planète !

      Edit : pendant qu’on cause de tout ça, j’y pense : faudrait pas non plus chercher des corrélations entre l’augmentation du volcanisme et le dérèglement du climat, because ça obligerait à dépenser tout plein de sous pour connaître un tout petit peu quelque chose sur le volcanisme sous-marin. Il y aurait là sans doute de quoi ruiner toute autre hypothèse de réchauffement des océans.
      Passe que, ce qui pourrait être confirmé dans les années qui vienne, c’est que les océans se réchauffent pendant que l’atmosphère refroidit.
      Allez, on doute, on doute, mais depuis quand le doute est-il un posture scientifique, hein ?


      • BA 18 septembre 2014 19:29

        Jeudi 18 septembre 2014 :

        Août 2014 a été le mois d’août le plus chaud dans le monde depuis 1880.

        Août 2014 a été le mois d’août le plus chaud sur la planète depuis le début des relevés de température en 1880, a indiqué jeudi l’Agence américaine océanographique et atmosphérique (NOAA).

        Août 2014 a également été le 38e mois d’août consécutif durant lequel la température globale terrestre a été au-dessus de la moyenne du 20e siècle, précise à la NOAA.

        Plus de 120 chefs d’Etat sont attendus à New York le 23 septembre pour participer à un sommet sur le climat organisé par les Nations unies.

        http://www.romandie.com/news/Aout-2014-a-ete-le-mois-daout-le-plus-chaud-dans-le-monde-depuis/518906.rom


        • mmbbb 18 septembre 2014 20:32

          A l’auteur vous n’avez pas besoin d’aller tres loin afin de constater les victimes des causes meteorologiques et comme vous le souligner ainsi que le dit C Alllegre Les pluies cevennolles qui viennent encore de causer des victimes pourtant deja connues des Romains puisque le Pont du gard tenait compte de ces phenomene exceptionnelle n’a pas empecher une urbanisation massive et debridee Comme la tempete Xynthia qui emporta un village pourtant construit dans une zone a risqie Et nous sommes en France pays de droit de science et de memoire et ce pays la France se laisse aller a faire n’importe quoi et la meme litanie chaque annee pour les victimes Liberation avait publie le plan d’occupation des sols de Vaison la romaine de 1960 et 1990 Grande intelligence de nos cranes d’oeuf qui trainent leur fessier sur les bancs des ecoles des hautes etudes Tout droit plus aucun meandre Du rectiligne comme leur horizon intellectuel Idem pour les pays du sud dont la croissance demographique la corruption et cet urbanisme anarchique seront la source de tant de souffrance Le genre humain est vraiment abruti. Le rechaufement climatique n est pas pour l’instant la cause de ces problemes 


          • BA 18 septembre 2014 20:54

            Jeudi 18 septembre 2014 :

            Août 2014 a été le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde. Selon des relevés effectués par une agence américaine, le mois d’août 2014 dépasse de 0,75 °C la moyenne de ceux du XXe siècle. Un record.

            Lentement mais sûrement, les records tombent en matière de hausse des températures. Même s’il est, en matière de climat, toujours hasardeux de s’intéresser à une période aussi courte, le mois d’août 2014 apparaît déjà comme exceptionnel : il a été le mois le plus chaud sur la planète depuis le début des relevés de température en 1880, indique jeudi l’Agence américaine océanographique et atmosphérique (Noaa).

            Le mois dernier, la température moyenne à la surface des océans et des terres s’est établie à 16,35 °C, soit 0,75 degré au-dessus de la moyenne du XXe siècle (15,6 degrés) et 0,04 degré au-dessus du précédent record enregistré en août 1998. La dernière fois que la température moyenne dans le monde en août a été en dessous de la moyenne remonte à 1976.

            C’est à la surface des océans que ce pic de chaleur s’est fait le plus ressentir, en s’établissant à 16,4°C (+ 0,65 °C), du jamais vu en 134 ans. À part en 1998, les continents eux non plus n’avaient jamais eu aussi chaud sur la période : la température moyenne y a atteint le mois dernier 14,8 °C (+ 0,99 °C). Ces résultats vus de France peuvent surprendre étant donné que notre mois d’août a été particulièrement maussade et surtout humide sur la majeure partie du pays. Il suffit pourtant de jeter un oeil à la carte établie par la Noaa pour constater que chez beaucoup de nos voisins et au-dessus des océans, des records de chaleur sont tombés.

            Les années de 2001 à 2013 comptent parmi les quinze plus chaudes dans le monde depuis 1880 et les trois plus chaudes dans les annales ont été 2010, 2005 et 1998, ajoute la Noaa. En moyenne, la température du globe a grimpé de 0,06 degré par décennie de 1880 à 2013, mais le rythme de l’augmentation a été beaucoup plus élevé depuis le début des années 1960 : en effet, entre 1964 et 2013 la hausse a été de 0,15 degré tous les 10 ans.

            Plus de 120 chefs d’État sont attendus à New York le 23 septembre pour participer à un sommet sur le climat organisé par les Nations unies.

            http://www.lepoint.fr/environnement/aout-2014-a-ete-le-mois-le-plus-chaud-jamais-mesure-dans-le-monde-18-09-2014-1864503_1927.php

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