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Accueil du site > Tribune Libre > The neverending story, l’histoire sans fin et la dialectique du (...)

The neverending story, l’histoire sans fin et la dialectique du mal

"Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas", aurait dit Malraux.

La phrase serait apocryphe mais cela ne change rien à l’affaire.

Pensait-il aussi, le locuteur qui soit-il à la religion de l’argent ?

Par ces temps de canicule où depuis quelques jours le sommeil persiste à me fuir, j’ai eu l’idée un peu saugrenue et que l’on ne trouvera à juste titre prétentieuse de céder au désir un peu vain de faire partager quelques considérations qui ne sont pas existentielles mais qui en tout cas me préoccupent et ébranlent mes certitudes.

Mais je me garderai bien de me laisser entraîner dans le piège de la métaphysique pour ne pas indisposer le lecteur assez courageux pour me suivre.

On dirait bien que tout s’écroule autour de nous, la folie meurtrière jusque là réservée aux émules de Clausewitz poussant des petits soldats sur des tables d’état-major dans des recherche de stratégie victorieuse gagne les humbles et transforme le café du commerce en théâtre d’opérations. Œil pou œil, dent pour dent, c’est fou la régression qui s’opère dans les esprits, encouragée par les sottes déclarations de ceux qui ont été élus pour conduire la nation.

Mais laissons là ces contingences qui n’ont plus rien à voir avec le populisme mais nous ramènent au tribalisme d’un lointain antan, ce n’est que l’écume d’un grand désorde.
Préoccupons-nous plutôt de la fracture sociale qui envoie ses zébrures tous azimuts, opposant ceux qui devraient être unis et rassemblant ceux que leurs intérêts opposent.

Les paradis artificiels ne sont pas seulement ceux qu'entendait Baudelaire qui trouvent leur origine dans les psychotropes de toute nature, légalisés ou pas, ce sont aussi ces leurres que l'on donne à ronger au peuple à grand renfort de tambours et trompettes : un Macron essaye de lui vendre un habillage soi-disant moderniste des vieilles formes d'exploitation du passé et, si l’on en croit les sondages, ça marche

En des temps sinon immémoriaux du moins anciens, à la fin des années 70, Jean-Jacques Servan-Schreiber, directeur de l’Express labellisé JJSS, avait développé une tentative similaire empreinte d’une américanisation poussée des techniques de communication ; il atteignit une grande notoriété dans l’opinion – grâce au battage médiatique auquel le journal dont il était le fondateur participa pleinement – et sembla un temps se forger un destin national comme président du parti radical.

Brillant orateur mais piètre stratège, il ne fut finalement qu’une comète que Chirac en pleine ascension abattit en plein vol .

Sans aucun doute, JJSS n’était-il pas tout-à-fait inconsistant, mais trop de paillettes avaient fait oublier le contenu.

L’époque a changé et il serait hasardeux de prédire semblable mésaventure à Macron : l’histoire ne se répète pas même si elle a tendance à bégayer : les préjugés nazis reviennent, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait des autres (saluts empressés à Baudelaire) qui ont changé de haines mais conservent l’abjection.

Ce qui était insolite dans la France pompidolienne ne l’est plus aujourd’hui, l’américanisation des esprits a fait son œuvre et ce réformisme – puisqu’il est convenu de l’appeler ainsi – qui a rendu ses couleurs à un retour au passé séduit cette partie de la population qui s'imagine du côté du manche et à l'abri des conséquences du détricotage des garde-fous installés de haute lutte. D’autres lâchent la proie pour l'ombre avec l'illusoire "enrichissez-vous" donné en pâture à leurs attentes par les brigands devenus banquiers ou bien ils sont meurtris dans leur dignité pour leur incapacité congénitale à faire fructifier le patrimoine qu'ils n'ont pas.

L’empressement que d’aucuns mettront à récupérer le carnage niçois et à faire assaut de vilenies pour se condamner mutuellement atteste la déchéance civique de ceux qui se croient dépositaires de la citoyenneté et qui ne sont que les fossoyeurs de l’esprit citoyen.
On en savait capables de tout et ils atteignent le pire que tout : on s’épargnera les mentions spéciales tant le florilège est abondant. Ils n’en mourront sans doute pas tous mais tous sont frappés même ceux qui nous avaient habitué à de la retenue.

On comprend mieux avec une telle engeance le cynisme des possédants se faufilant dans les lacunes des législations pour les tourner à leur avantage et raboter au maximum leur contribution à la solidarité nationale, on mesure également où se situerait les vraies réformes nécessaires.

Ceux qui la portent sont, las ! bien incapables de la populariser. Ils sont, eux aussi, victimes du syndrome du passé, un autre, certes plus sympathique, mais, contrairement à Macron, ils ne parviennent pas à lui donner un habillage moderne : ils ont cru à Syriza et ont dû déchanter, ils ont bâti des châteaux en Espagne sur Podemos qui marque le pas. Ils cherchent désespérément la clef mais tous ceux sur qui ils fondent leurs espoirs les déçoivent.

"Mon ennemi, c’est la finance", avait scandé Hollande dans un grand élan de lyrisme électoral.

La finance reste l’ennemie du peuple mais le héraut présidentiel est enroué et ne parvient plus à exprimer que les sons de la complaisance.

Le fameux pari de Pascal faciliterait bien les choses : il élimine le risque (surtout celui qui émane de la réflexion) et le pénitent fait en somme des placements pour l'au-delà en prières, il se promène dans le réel avec pour affirmer ses convictions un masque de carême.

Naguère et c'est encore le cas sous d'autres cieux, la religion ouvrait la perspective du Paradis ou de la sérénité post mortem et appelait à la résignation ou du moins à faire preuve de patience devant l'accumulation des injustices quand elle n’allait pas jusqu’à sanctifier les épreuves de la vie : un esprit rationnel a du mal à comprendre les "Alahou Akbar" qui accompagnent à la fois les victimes des pires atrocités et ceux qui en sont les auteurs.

La mythologie du chemin de croix chez les Chrétiens, la sacralisation du martyre chez les Musulmans ! Les religions sont doloristes et façonnent dès le plus jeune âge les mentalités à la soumission, à une destinée voulue par Dieu.

D’autres personnes pourtant peu réceptives aux dogmes s’inclinent, elles aussi, devant les effets de la providence et baissent les bras devant le cours de la vie, serait-ce une forme de résilience ?

Les affaires du monde qui est surtout le monde des bonnes affaires reposent sur la résignation de ceux qui ne sont pas conviés à en partager les délices sur cette terre. Rendez-vous donc dans l’au-delà où fleurissent les félicités promises aux misérables : on ne peut pas dire que les affaires ne sont pas florissantes dans un monde où les inégalités augmentent de manière exponentielle.

Pourtant on dirait bien parfois qu’il se résigne de moins en moins, le pauvre hère, il lui arrive de manifester bruyamment, trop bruyamment aux chastes oreilles des arbitres des élégances qui préfèrent les souffrances intérieures et le silence des cimetières.

Malheureusement ses revendications se colorent parfois de rancœur mal dirigée et prennent parfois des chemins singuliers qui l'écartent de l'essentiel pour focaliser sa grogne à côté de la cible.

D’autres lâchent la proie pour l'ombre avec l'illusoire "enrichissez-vous" donné en pâture à leurs attentes par les brigands devenus banquiers quand ils ne sont pas meurtris dans leur dignité par leur incapacité congénitale à faire fructifier le patrimoine qu'ils n'ont pas.

Et moi, je n’ai toujours pas trouvé le sommeil.

Pour la paix on attendra...


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5 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 20 juillet 2016 16:21

    Les gens haïssent les banquiers et adorent Macron : allez comprendre !

    Les hommes de pouvoir veulent gagner des batailles. Pas un ne songe à gagner la paix. C’est pas dans leurs gènes.


    • Jean 21 juillet 2016 12:29

      @Taverne
      vous rêvez, les « gens » détestent macron, allez au bistrot


    • invino invino 20 juillet 2016 17:47

      Belle réflexion, Elliot. Mais j’espère qu’après un sommeil réparateur vous cultiverez des pensées plus offensives. Nul paradis terrestre en vue ; que ça ne nous empêche pas de batailler.
      Pour la stratégie, rendez-vous dans l’arrière-salle du Café du Commerce.


      • dezabuse (---.---.44.91) 21 juillet 2016 11:08

        cette partie de la population qui s’imagine du côté du manche et à l’abri des conséquences du détricotage des garde-fous installés de haute lutte.

        ben oui , le 49.3 a encore frappé
         le zapping maladif du monde ’moderne’, l’instrumentalisation de l’émotion aidant, c’est dans l’indifférence générale des média et même des forums tels Avox, que ça va passer !

        ’La loi travail devrait être définitivement adoptée à l’issue de la lecture définitive, si aucune motion de censure n’est déposée avant jeudi 16h30.’ ?

         chiche ?  smiley)
         Plus que quelques heures pour que se produise un miracle : que ceux qui ont pouvoir de censure nous démontrent qu’ils ne font pas qu’abuser de statuts inutiles à la botte d’une vaste mascarade illusionniste et cynique !


        • gogoRat gogoRat 21 juillet 2016 11:19

          “ L’empressement que d’aucuns mettront à récupérer le carnage niçois et à faire assaut de vilenies pour se condamner mutuellement atteste la déchéance civique de ceux qui se croient dépositaires de la citoyenneté et qui ne sont que les fossoyeurs de l’esprit citoyen.”

           Bien tourné ! merci (pour cette phrase. - Quant au reste, permettez-moi, tout en étant compréhensif, de garder un angle de vue plus réservé et plus circonspect dans ses déductions )

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