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Transfert ou partage technologique, une solution franco-chinoise

Cinq entrepreneurs franco-chinois prennent la plume pour défendre une autre idée des transferts technologiques.

Qu’il s’agisse d’Airbus ou d’équipements nucléaires, les transferts technologiques avec la Chine soulèvent des craintes. Certains évoquent une déperdition de valeur ajoutée. D’autres suggèrent de murer les frontières. Pourtant tout comme la recherche et l’innovation, le transfert technologique participe de la compétitivité d’une entreprise. Forte des interactions croissantes des connaissances, aujourd’hui, la durée de vie d’une technique se raccourcit. Inexorablement mouvant, tout procédé s’améliore, s’étoffe. Dès lors la vente d’une technologie éprouvée se conçoit comme une étape naturelle, nullement dramatique. De surcroît, rentable ! En 2003, la balance des paiements technologiques de la France affichait un excédent de 870 millions d’euros. Déjà la Chine est la première source de transferts technologiques pour l’Union européenne. Enfin, les transferts ouvrent la voie à de nouveaux marchés. Au cours des dix premiers mois 2006, la Chine a signé en totalité 8692 contrats de transferts technologiques pour un montant de 18,74 milliards. A la clef, l’accès à un marché dont les consommateurs de produits et de services devraient atteindre 700 millions d’ici 2015. Cependant des entreprises usent de cette arme pour diminuer leurs coûts, notamment leur charge salariale. Beaucoup s’y prêtent sur fond de défaillance technologique. Faute d’un pari volontaire sur l’innovation, maîtrisant imparfaitement leur destin, elles délocalisent technologie et activités dans l’espoir de se maintenir. De ce même pas, elles exportent aussi des problèmes environnementaux, jouant sur une supposée bienveillance du pays d’accueil. Calcul aléatoire ! Non seulement elles s’étiolent mais elles bousculent aussi leurs sous-traitants, obligés à leur tour de trancher dans le vif. De fil en aiguille, le démembrement s’annonce. Dans le sillage, des licenciements.

Dans le contexte franco-chinois, existe-t-il une alternative à cette situation ? En France, recherche et innovation technologique demeure un axe prioritaire comme en témoignent les pôles compétitivité. Cependant deux ombres au tableau. Les liens entre le monde de recherche et l’entreprise sont souvent marqués par la défiance. De fait, beaucoup de chercheurs éprouvent des difficultés à s’arrimer à un projet entrepreneurial, ils ne sont pas mieux entendus par les grands groupes ! Qui plus est, pour passer de l’idée au projet, toute innovation nécessite du temps, des essais. Cette exigence est souvent contrariée par l’absence de moyens et une réglementation par trop contraignante. Du coup, en France, beaucoup de chercheurs disposent de savoirs qu’ils ne peuvent pas mettre en oeuvre.

Longtemps considéré comme l’atelier du monde, la Chine est désormais l’un de ses laboratoires. Plus de 52 zones de développement de haute technologie, 700 centres R&D et 55 000 start-up s’y déploient. La R&D atteint désormais 1,34 % du PIB, la part des entreprises chinoises étant en forte augmentation. Déjà, en 2004, la Chine est devenue le premier exportateur mondial d’équipements sur le marché des technologies. Outre son taux de croissance, l’affirmation de la puissance technologique de la Chine repose aussi sur l’existence de grands projets à rentabilité non immédiate. Dans ce cadre, la contrainte comptable est plus lâche, le canevas expérimental plus étendu, les axes de recherche plus variés. Cependant, dans certains secteurs, les retards technologiques pèsent. Ne s’y trompant pas, les autorités chinoises encouragent leurs étudiants à rejoindre les universités et grandes écoles occidentales.

Déstabilisée en France, s’affirmant en Chine, la recherche s’impose désormais à l’échelle mondiale. Mieux vaut s’accorder sur une démarche commune. Ainsi, ne pourrait-on pas favoriser le rapprochement entre universités et centres de recherche français et chinois ? Nullement en décapitant la recherche française mais plutôt en lui offrant les moyens de s’exprimer pas seulement sur des planches d’essais mais en grandeur nature. En ouvrant aussi la porte à tous les créateurs, en leur donnant la chance de valoriser leur savoir au sein d’équipes communes. Les compétences s’agrégeraient pour configurer de nouveaux produits et expertises. De surcroît, cette orientation donnerait naissance à des entreprises par essaimage pour commercialiser les technologies mises au point. Au lieu de parler de transferts technologiques, il s’agirait de « partage technologique ». Les brevets qui en seraient issus seraient à la disposition de chaque pays. Cette méthode présente l’avantage de regrouper les énergies autrement que sous la forme d’un pillage de compétences. Pourquoi ne pas susciter de telles actions dans le secteur des énergies renouvelables et des marchés de l’environnement où la demande est importante ? Si d’aventure une telle initiative était engagée, les co-créations de nouvelles technologies devraient déboucher dans chaque pays sur de l’emploi, ce qui constitue le leitmotiv de toute ambition ! L’histoire nous enseigne que l’essor des civilisations s’épanouit dans le cadre des échanges. Au lieu de nourrir les peurs, de jouer chacun isolément, apportons ensemble une réponse constructive !

* François de la Chevalerie (Paneurochina & IR & amiante), Jacques Humbert (Techmé), Jiarong Wei (Asefica / ECCE), Wang Zhong (China Messengers), Xavier Qiu (Assoges)


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4 réactions à cet article    


  • contre bobo (---.---.213.99) 16 janvier 2007 17:01

    « Si d’aventure une telle initiative était engagée, les co-créations de nouvelles technologies devraient déboucher dans chaque pays sur de l’emploi, ce qui constitue le leitmotiv de toute ambition »

    On peut aussi gagner au loto !


    • Ar Brezonneg (---.---.161.44) 17 janvier 2007 12:25

      On peut jouer aussi au poker avec des tricheurs....


      • Karine Demauras 18 janvier 2007 11:13

        Avant de vouloir faire des projets technologiques avec la Chine, il y a déjà beaucoup à faire en France et en Europe. L’argent est là, il suffit de le demander. Par contre valoriser la recherche publique reste encore un vrai problème ; la rencontre avec le monde de l’entreprise est encore trop souvent une difficulté.

        Pour jouer avec les Chinois il faut jouer à armes égales, ne sont-il pas en train de créer une nouvelle forme de brevet genre « réingenering » pour pouvoir légaliser le sport national Chinois du Copier Coller !!!! Aujourd’hui lors que l’on fait l’objet d’une fraude à la propriété industrielle cela se solutionne généralement par la vente d’un accord de licence...

        Je suis d’accord pour qu’une entreprise française à + forte raison une PME ne doit pas délocaliser n’importe quoi en Chine. Maintenant compte tenu que les entreprises françaises sont loin de maîtriser leur propriété intellectuelle, ce serait criminel que d’encourager qui que ce soit du public ou du privé de se rapprocher des Chinois dans l’Etat actuel des choses.

        Je n’ai rien contre la mondialisation, mais à population de masse, je réponds production de masse. Pour le high tech ils se débrouillent très bien par eux même maintenant. Ce sera bientôt à nous de les suivre si on ne rentre pas dans une dynamique de valorisation des résultats de nos chercheurs qui sont les meilleurs dans de nombreux domaines et avec les moyens qu’on leur donne !!!


        • ZeusIrae (---.---.209.130) 23 janvier 2007 10:37

          Cette article est d’une naïveté assez touchante. D’abord,malgré un effort de recherche consequent,la chine reste encore en retard,votre projet serait donc un contrat desequilibré puisque c’est la France qui donnerait plus et le réequilibrage ne se fera pas avant plusieurs années(à supposer meme que les chinois ne jette pas l’accord à la poubelle une fois qu’il ne sera plus utile).

          Enfin,le plus important,il ne prend pas en compte les consequences politiques d’un tel accord .Celui rapprocherais l’industrie d’armement française des chinois,leur donnant acces à des technologie sophistiqué et contribuant donc à accelerer l’evolution politique de l’Asie en faveur de la Chine.Je suis certain que les democratie de la region apprecieront:Japon,Corée du Sud,Taiwan......et surtout USA.

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