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Un festival sous haute surveillance

La musique de Jazz ne doit pas adoucir les mœurs …

Qu'il fait bon se sentir en sécurité dans notre bonne ville de Cenabum. Ici, on ne badine pas avec la rigueur qui sied aux nations qui marchent au pas. Le délégué municipal à la sécurité, fort d'une mémorable déculottée lors des dernières législatives, montre à tous ces oublieux, ces dangereux électeurs insouciants que lui, malgré l'ingratitude des foules, continue de veiller au grain comme aucun !

Le festival de jazz est pour lui l'occasion de démontrer ses thèses, d'appliquer à la lettre des préceptes forts en matière de sécurité, de continuer à défendre le discours sécuritaire auquel le peuple de France a tourné le dos sans prendre se rendre compte de l'inconséquence d'une telle attitude. Notre homme, contre navrants et madrés, tient sa ligne d'une main de fer dans une gante de discours.

L'espace dans lequel se déroule cette sulfureuse manifestation a beau être parfaitement clos et bien facile à garder avec trois entrées parfaitement repérées, il a souhaité faire feu de tous bois pour mettre en place une armée de vigiles, gens au physique incontestable et à la mine si peu avenante que rares sont les aventureux qui se risqueraient à venir s'y piquer !

Il a fait preuve à l'occasion d'une ouverture d'esprit que nous ne lui connaissions guère. L'homme jusqu'alors, regardaient l'étranger ou la personne d'origines exotiques d'un œil sourcilleux pour le moins. Nous saluons cette reconversion au respect des différences. Voilà que même notre cher délégué à la sécurité avance sur les chemins heureux de la tolérance !

Cependant, il est encore bien loin du but. Il a donné à son armada nombreuse, à sa troupe musclée des directives implacables, des consignes inexorables, des principes intangibles et des allures de vigiles. L'accès à la musique passe par un contrôle strict et ce que je vous narre se mit en place déjà lors de la partie gratuite et ouverte à tous de cette belle manifestation en plein air.

Des barrières multiples endiguent le flot des spectateurs potentiels qui ont à subir fouille et contrôle à la mine. Le sourire et la bonne humeur ne sont à l'occasion pas recommandés. Les molosses sont sourcilleux et d'humeur aussi maussade que le temps. Gare à celui qui ne passe pas au bon endroit, il se fera vertement remettre à sa place.

Pire encore, alors que le ciel en cette fin juin fut quelques fois chagrin, nos hommes confisquèrent les parapluies pourtant si utiles en ces soirées pluvieuses. Mais la prudence impose de mettre à l'abri ces armes potentielles, ces engins qui peuvent dissimuler des intentions sournoises quitte à laisser se mouiller leurs propriétaires.

L'affaire était cocasse, elle tourna en ce dernier soir de gratuité, à la plus belle farce qu'on puisse voir dans un festival de musique. La horde sauvage, la Jazz bande sécuritaire confisqua à l'entrée de ce Campo-Santo d'étranges engins et de mystérieuses sacoches. La prudence est la mère de toutes les sagesses, ils agirent au nom du principe de précaution qui sied merveilleusement bien à celui qui leur donne des ordres.

Confisquer les instruments de musique, voilà sage action dont on ne mesure pas la portée future. Ainsi délestés de ces objets fort bruyants, on limite les nuisances des festivaliers pour un voisinage qui peut finir par être excédé par ce vacarme nocturne.. On fait aussi d'une pierre deux coups en dissuadant le public potentiel, vaste foule hétéroclite, de venir assister à ce qui ne peut avoir lieu.

Si d'aucuns trouvent encore la note salée, nous constatons que cette petite vingtaine de gardiens de l'ordre et de la tranquillité joue une partition parfaitement réglée de marche martiale ! Nous ne pouvons qu'applaudir à leur zèle et à leur efficacité. La ville est bien gardée, le festival surveillé et les importuns écartés. Pas de canards mouillés en notre bonne cité !

Musicalement sien.


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2 réactions à cet article    


  • louviellas louviellas 28 juin 2012 16:41

    @ L’auteur

    Je préfère penser que vos concitoyens ont fait preuve de de beaucoup de sang froid plutôt que d’imaginer toute une foule morte de trouille devant une petite vingtaine de gorilles.

    Plus au Sud, dans des contrées où la populace mélomane a le sang chaud et la feria dans la peau, les Julots de votre revanchard sécuritaire auraient fini en accordéons, quitte à ce que Léon et ses copains terminent leur concert de baston au violon.

    Oui, je sais, d’habitude, dans le folklore, Jules est au violon et Léon à l’accordéon.

    Il n’empêche que je compatis sincèrement à votre déception d’avoir subi une telle atteinte à la liberté culturelle par le fait d’un seul seul despote.


    • C'est Nabum C’est Nabum 28 juin 2012 18:06

      louviellas


      Ne lui faisons pas l’honneur de la traiter de despote. L’homme est misérable, il veut se faire voir, souhaite que l’on parle de lui et je crois adore qu’on en dise du mal.

      Alors oubliant le pauvre homme, ne flattons pas son égo. Regrettons simplement que la culture ait besoin de cerbères. Vivre à Orléans est vraiment très pénible !

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