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Accueil du site > Tribune Libre > Un Grenelle contre la connerie, pour un développement intelligent

Un Grenelle contre la connerie, pour un développement intelligent

Parmi les maux qui menacent l’Europe, l’un s’avère furtif, caché, disséminé, travesti souvent sous la figure du bon sens populaire mais à long terme, il risque de conduire les sociétés vers leur chute. Ce mal, c’est la connerie humaine, un fléau plus dévastateur que la finance et le climat réunis. La connerie crée de l’entropie positive sans espoir de la détourner en harmonie organisée. La connerie, c’est de la déperdition, du gaspillage, du temps et surtout de l’argent perdu. Il est urgent d’organiser, sous l’égide de quelques philosophes et autres libres penseurs, le Grenelle de la connerie, un état des lieux sur les bêtises qui ont été commises et risquent de l’être encore si rien n’est fait. Le protocole de Kyoto limite le rejet des gaz à effet de serre. C’est une idiotie. Signons le protocole contre les Idiots, pour faire cesser ce tournant stupide pris par les sociétés. Un tournant qui bien évidemment, fait gagner de l’argent aux uns, en contrepartie des pertes et autres gaspillages financés par les contribuables. La Cour des comptes dénonce les gaspillages publics tangibles, évidents, comme des salaires perçus sans travail effectué, ou des salles de sports qui ne sont pas utilisées. Mais d’autres dépenses inutiles sont avérées si on les ramène au ressort qui les a produites, la bêtise, souvent associée à des lubies idéologiques, notamment les principes de précaution ou du développement durable. Ensuite, il y a les conneries qui façonnent la bêtise citoyenne, font perdre du temps, rendent stupides, participent à l’édification d’une société sous culturelle, où des ânes de cirque emplissent leurs poches tandis que d’authentiques artistes et inventeurs sont mis sur la touche. C’est cela la connerie contre laquelle un Grenelle doit s’opposer.

La connerie diffuse dans le système de la santé a coûté presque un milliard d’euro lorsqu’il fut question de vacciner les Français contre une grippe moins sévère que les années passées. Ces faits ont été établis par diverses commissions. Mais ce que l’on ignore, c’est le coût pour les soins palliatifs accordés au porte-avion Clemenceau qui aurait dû finir dépecé en Inde et qui, à cause de quelques arguties écologistes, fut rapatrié aux frais du contribuable. La suite est grotesque. Il fallut draguer une rivière anglaise pour l’accueillir afin qu’il soit démantelé, non sans avoir été gratté auparavant pour ôter les débris organiques et autres mollusques accrochés. Ce qui laisse penser qu’un tel bâtiment pourrait servir de récif artificiel. Justement, c’est ce qu’on décidé les autorités américaines lorsqu’elles ont coulé au large de la Floride le Oriskany, un beau joujou plus long que le Clemenceau. Du reste, les autorités de New York font de même en coulant des centaines de rames de métro au large de Manhattan, pour le plus grand plaisir des poissons. La connerie nous coûte cher. Derniers exemple en date, les lycées répondant au protocole de Kyoto dont la spécificité est de consommer zéro énergie fossile et même produire de l’électricité, comme le futur lycée de Bègles concocté par les bureaucrates du Conseil régional d’Aquitaine, pour satisfaire les lobbys verts et les lubies écologistes du coin. Un « lycée Kyoto », dont le coût sera de 60 millions d’euros, c’est-à-dire 3 à 4 fois le prix d’un lycée standard. Les promoteurs de ce projet arguent que le surcoût sera amorti du fil du temps. Difficile à avaler sachant que le chauffage d’un lycée coûte 50 000 euros l’an. Faites le calcul sur trente ans, période de référence car à cette échéance, les panneaux solaires risquent d’être morts et promis au remplacement. Cela dit, avec un baril de pétrole à 2000 dollars, l’investissement pourrait être rentable. C’est un argument qu’il faut oser, mais comme l’énonce la fameuse réplique d’Audiard, les cons ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnaît ! On ne résistera pas à ironiser sur l’indice de carbone mentionné sur un banal paquet de pâtes. Comme si cette donnée avait une quelconque utilité, surtout que dans les cercles oligarchiques, les jets privés sont utilisés pour transporter une demi-douzaine d’happy few afin de leur éviter les tracas des salles d’embarquement et les séjours dans les terminaux. Après, on va culpabiliser le clampin moyen en lui affichant quelle quantité de gaz carbonique il rejette en osant ouvrir un paquet de biscottes ! La connerie, c’est aussi faire payer aux mutuelles des lunettes griffées pour bobos alors que des tas de gosses pauvres n’ont pas de quoi se payer des verres de correction. La connerie, n’est-ce pas la moitié du temps de présence consacrée par le personnel hospitalier à remplir des formulaires pour tout consigner, juste pour se prémunir d’un éventuel procès intenté pour une erreur médicale ?

Une question profonde mais pas métaphysique surgit alors. Quels champs méritent d’être ciblés par le Grenelle contre la connerie ? Si celle question se pose, c’est que la connerie est logée dans les moindres recoins des actions individuelles et collectives. Nous ne disposons pas de philosophie de la connerie, ni de traité de connologie. Il ne faut pas tomber dans l’excès inverse en risquant une tyrannie de l’intelligence qui en fin de compte est une belle connerie. Chacun est libre d’engager sa propre connerie, d’agir stupidement, tant qu’il ne menace pas autrui. Il faut même tolérer un peu de connerie et puis si ça peut faire fonctionner la croissance, pourquoi pas. Lutter contre la connerie est tout aussi difficile que limiter le rejet des gaz à effet de serre mais c’est bien plus utile car l’essentiel est de léguer aux générations futures un monde vivable, autrement dit un monde pénétré d’un minimum de raison et d’intelligence. Le Grenelle contre la connerie plaide pour un développement intelligent des sociétés. Les politiques sont invités à signer des engagements pour 2012 afin qu’ils luttent contre la bêtise. Sans doute faudra-t-il associer les responsables médiatiques car les grandes chaînes sont les espaces où se propagent avec le plus d’intensité les bêtises. Combien de petites phrases stupides, de scoops inutiles, de potins mondains, sont véhiculés par les journalistes ? La télé rend bête, surtout les JT. L’information est stupide au point de générer des peurs et des inquiétudes, des névroses et même des psychoses, en mettant en avant les accidents, les faits crapuleux, les drames personnels. Et après, il faut dépêcher des cellules psychologiques pour réparer les dégâts. Sans compter ces shows où des célébrités ânonnent forces banalités et lieux communs. Mais n’est-ce pas le propre de la paresse intellectuelle que de se complaire dans la bêtise parce que c’est plus évident et parfois un peu drôle. Le système capitaliste ne supporte pas que l’on soit paresseux face au travail mais il encourage la paresse intellectuelle et c’est cela le drame du monde qui nous attend. Aussi, il est temps que le Grenelle contre la connerie soit organisé en haut lieu. Sous le patronage posthume de Michel Audiard, Pierre Desproges et Coluche.


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11 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 25 février 2011 08:20

    il y a de vrai question a se poser ...car le bonheur n’est pas forcement lié a la consommation...

    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/03/de-quoi-avons-nous-besoin/


    • roro46 25 février 2011 16:37

      Je vous plussoie, gil.


    • ricoxy ricoxy 25 février 2011 11:17

      Grenelle de la connerie ? Le Canard enchaîné parlait, lui, du « Musée de la Connerie », où étaient recensés les principaux traits de génie de nozélites.


      • dupont dupont 25 février 2011 11:36

        S’il faut traiter tous les cons on risque de manquer de vaccins. En plus faut prévoir les piqûres de rappel. Tout ça va coûter bien plus cher que la grippe (à la con) et ça reste fortement aléatoire question prévention ou guérison.
        Le plus simple c’est de faire de la connerie la norme officielle, certains s’y emploient et sont en passe de réussir.


        • dupont dupont 25 février 2011 13:35

          Juste pour la route, une petite dernière info (à la c..). Les journalistes et spécialistes nous informent, l’air fort marri, que l’armée américaine commandera ses 179 ravitailleurs à Boeing et non à EADS. Tout cela pour nous faire gober que le marché international est libre et non faussé.
          Entre nous, pour que les USA, laissent tomber des dizaines de milliers d’emplois sur plusieurs années, il faudrait vraiment être C..
          Eux ont donc éviter l’écueil. Mais ne désespérons pas, quand l’UE aura besoin de changer ses 10 avions environ, il n’est pas dit qu’elle ne les commandera pas à Boeing au motif qu’EADS n’a pas l’expérience de son concurrent.

           


        • Kalki Kalki 25 février 2011 13:56

          Connerie ou incompétence, manque de capacité cognitive et d’intelligence et de savoir ? (non pas de culture ou du diplome fils a papa acheté )

          Connerie ou manque d’empathie, manque d’humanité

          Connerie ou tyrannie ?

          Voila 3 points, la compétence, la capacité d’empathie, la présence de folie tyrannique

          alors il y a des nouveaux test pour l’intelligence ( que l’on utilise pour les intelligence artificielles ) et qui sensé mesuré un peu tout ca

          et la tyrannie se mesure sur les actes, et doit être régulé, directement, en concéquence des actes

          voila ce que je propose pour avoir la citoyenneté ou décider

          et il y a pas de difference entre politique public, et politique au sein du megamonde entreprise

          grande jonction


          • Kalki Kalki 25 février 2011 14:01

            M. L. Prosser n’était, comme on dit, qu’un homme. En d’autres termes, c’était une forme de vie bipède, fondée sur le cycle du carbone, et descendant du singe. Plus précisément, l’homme avait la quarantaine, de l’embonpoint, l’air minable et il travaillait pour la municipalité. Chose curieuse, quoiqu’il l’ignorât, c’était également un authentique descendant en ligne directe de Gengis Khan – par la branche mâle, même si la succession des générations et des croisements raciaux avait brouillé ses gènes au point qu’il ne présentait aucun trait mongoloïde et ne gardait pour seul vestige de son formidable ancêtre qu’une taille nettement rebondie et un certain penchant pour les petites toques de fourrure.

            Il n’avait rien d’un fier guerrier : en fait, c’était un homme énervé et soucieux. Et, aujourd’hui, il était particulièrement énervé et soucieux car quelque chose clochait sérieusement dans son boulot – lequel consistait à veiller à ce que la maison d’Arthur Dent eût bien débarrassé le plancher d’ici le soir.


          • Kalki Kalki 25 février 2011 14:10

            fonder la prochaine économie sur le carbone, c’est avoir le droit de vie ou de mort sur tous les humains, directement et indirectement

            on ne crachera jamais assez sur nos petits bonapartes de maire de gauche et encore plus de droite, ou tout autre élue : car finalements ces incompétents continuent dans leur incompétence
             

            1) on ne reconnait ni ses erreurs passés, ni ses erreurs présentes : alors comment construisez vous une solution future ? De l’isolation pour produire de l’énergie ? Des taxes, des impots pour créer de la richesse ? S’en prendre a tout a chacun d’en bas pour produire plus ?

            C’est une très paradoxale ... ce qu’on cherche, on n’en veut pas ( la croissance )

            C’est une chose qu’on ne dis pas ; chuteu

            2) on suit les usa , en coloré francais : les demis solutions écologique, pour ne pas rendre libre et construire des chaine de dépendance dans la société qui n’en a que le nom : c’est le meilleur moyen de fourrer la france encore plus bas

            bravo ...

            applaudissons la connerie , gagne


          • joletaxi 25 février 2011 15:10

            Billet rafraîchissant, ce qui n’est peut-être pas indiqué en ces temps de réchauffement climatique qui provoque des hivers de m...


            Aussi loin que je puisse me souvenir,les quelques exemples que vous donnez, et dieu(il me reconnaîtra) sait si la liste est non limitative ne sont que des redites de choses qui se sont passées.
            C’est tout à fait étonnant que sans cesse ne reviennent les mêmes « conneries ».
            Plus surprenant:il ne faut même pas faire preuve d’imagination pour y remédier,il suffit de regarder si nos voisins ne font pas mieux !

            En ce sens,je suis désespéré.Il n’y a donc pas de « penseurs » dans notre société ?
            Leur combat,si on peut appeler cela combat,est complètement déconnecté de nos réalités.
            Quel intérêt à débattre des bienfaits de la révolution cubaine, ou des séquelles de la colonisation ?
            Jamais je n’ai entendu la moindre amorce de réforme de notre organisation sociétale.

            Le plus flagrant c’est la justice.
            Si l’élévation d’un peuple se mesure à la façon dont la justice est rendue, pauvres de nous.
            Et l’on voit bien que les magistrats n’ont aucune envie, et ne voient d’ailleurs aucune raison, d’avoir une réflexion sur une réforme de fond.

            Il n’y a pas un pays où la connerie(je parle de notre petite entité de base de l’Europe) n’a été poussée aussi loin.Curieusement, nous passons mieux que les autres au travers de la crise.
            La nature n’aurait-elle pas une propension à la connerie ?

            • srobyl srobyl 25 février 2011 15:11

              Excellent, Bernard Dugué !
              Vous avez dû utiliser un langage approprié aux cons, car il me semble avoir tout compris..
              Un exemple de connerie venant au secours de la connerie : au « Paris-Dakar » précédent, épreuve ô combien risquée, réservée aux baroudeurs de haut vol, mais qui ont quand même la trouille de se faire raquetter dans le Sahel, on a signalé une initiative audacieuse, apte à préserver notre chère planète : des motos roulaient au biocarburant ! On respire...De quoi en effet nous faire considérer l’avenir avec sérénité...
              En tous cas, on avale des couleuvres !


              • herbe herbe 25 février 2011 19:47

                Ah le ton de l’article me fait à nouveau penser à Gilles Chatelet et son « vivre et penser comme des porcs » :

                http://carfree.free.fr/index.php/2009/02/18/vivre-et-penser-comme-des-porcs/

                extrait du lien ci dessus :

                "L’auteur se penche sur la sottise universelle.
                La notre, bipèdes. Comment nous sommes réduit à passé notre petite vie furtive à s’enrubanner d’honneurs puérils, de s’uniformiser dans la bouffe, la dorme, le boire, la baise faut que tout soit du même emballage, avec le même gout, la même couleur, le même préservatif.
                C’est notre seule richesse, notre idéal. Et puis on se politiquement correct, on humanitarise, on se scandalise, on civilisationnise, on libéralise, on s’américanise, on fait le monde à notre image… bref on enchie la vie des autres.
                Mais quel bonheur ! Un complexe d’armé qu’on fait ! Ça nous distingue des autres. L’uniforme reste notre rêve secret. Alors, on achète des bagnoles (meilleure que celle du voisin, quand même) qui se ressemblent toutes, on brosse les mêmes dames, on achète les mêmes maisons dans des lotissements de concentration, avec piscine, tennis et miradors. On s’encule stoïque emporté dans les abimes de notre prétention, nos illusions. Il prône une dialectique ; antithèse de nos superficialités.
                Un seul reproche… c’est d’avoir rabaissé le porc à notre image."

                on pourrait dire maintenant plutôt que de rabaisser le porc : vivre et penser comme des cons ...

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