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Accueil du site > Tribune Libre > Un samedi soir au Teknival

Un samedi soir au Teknival

Ce teknival organisé à Toul-Rosières en Meurthe-et-Moselle rassemble pour l’instant jusqu’à 30.000 personnes, mais n’a pas le succès escompté. Petite description de ma soirée d’hier et des réflexions que cela m’a inspiré.

Mon expérience des festivals est plutôt reggae-rock que musiques électroniques, ayant été quelquefois programmé avec mes groupes. Quand j’ai appris (le jour même) par France-Info que le Teknival se déroulait cette année à 5 km de la maison parentale, j’ai décidé d’aller voir ça de mes propres oreilles...

Organisation exemplaire, qu’ils disaient. Effectivement, il suffit de suivre les indications des gendarmes, tous d’excellente humeur, pour arriver sur place, même pour trouver ma place de parking. Le mairesse de Saizerais, petit village à coté, avait envoyé cette semaine aux habitants un plan avec le lieu, les routes barrées, etc pour minimiser la gêne. Je n’avais jamais vu des policiers aussi sympas, me gratifiant même d’un "rentrez bien !" au moment de partir.

Le lieu est impressionnant, 80 hectares, du son dans tous les sens et des lumières flashy, on croirait Disneyland la nuit. Deux heures pour faire le tour, chercher un mix à notre goût, et récupérer des bouchons pour nos oreilles. Première impression : il n’y a pas grand monde finalement mais une quantité impressionnante de boutiques de vêtements, CDs, bières et sandwichs, bonbons (!). On trouve également très facilement toutes sortes de stupéfiants, les policiers sont loin d’avoir tout pris. Première déception : la musique n’est vraiment pas terrible et plutôt uniformisée. Néanmoins, l’ambiance est vraiment sympa et bon enfant, et le froid humide n’arrête personne, contrairement aux mélanges bières/herbe/cachetons qui laisse des corps allongés un peu partout. Nous finirons quand même par trouver une bonne session vers 4h (alors qu’il doit y avoir au bas mot 60 sound systems, la plupart avec une dizaine de jeunes qui font l’amour aux baffles), on se défoule avec une centaine de personnes, sensation d’appartenance fraternelle.

Le public est bigarré, composé des habitués (je me dis), des plaques d’immatriculation d’un peu partout mais en fait surtout du coin. En effet, on trouve aussi bien les jeunes des villages, les habitués des discothèques un peu "beauf" de par ici, des lycéens, des punks un peu perdus, et visiblement bon nombre de touristes comme moi qui vivent leur premier "tekos". Pas vraiment ceux que je pensais trouver.

Finalement, on décollera vers 6h, il fait jour et on s’ennuie un peu (faut dire qu’on n’a rien pris...). Le lendemain, je me dis que c’est l’occasion d’écrire mon premier article à soumettre pour Agoravox. Je compte décrire le labyrinthe de voitures, tentes, échafaudages, feux de bois qui rendent l’atmosphère typique. Je compte parler de l’ambiance et recommander cette expérience qui vaut quand même la peine, surtout quand il faut faire 20 minutes de voiture. Consciencieux, je fais le tour des articles et commentaires que je trouve sur Internet, et là j’ai une révélation.

Il y a de moins en moins de monde sur les teknivals "officiels", les vrais bons sound systems boycottent l’évènement (ce qui me rassure, quand même...), les vrais teufeurs aussi, ils s’organisent leur propre "teknival des Insoumis" à Clastres dans l’Aisne. (voir article http://www.iden-mag.com/soiree-10328.html) Ils se plaignent du manque d’authenticité de qu’ils surnomment le Sarkoval (du nom de celui qui a donné un cadre légal à ces manifestations), du nombre de personnes trop important et revendiquent leur capacité à s’auto-gérer et d’être d’authentiques lieux de cultures alternatives : musiques, danses, art graphique, vidéos, art de rue etc.

A Toul-Rosières, rien de tout cela : une poignée de projections et circulez, y’a rien à voir. Effectivement, cela ressemble plus à une tentative de récupération qu’à un mouvement culturel comtemporain. C’est toujours un bon moyen pour empêcher et réprimer les teufs "illégales", en saisissant le matériel, empêchant les gens d’accéder aux sites etc. "Z’avez qu’à aller à l’officiel, les flics sont sympas et y’a même un chenil." C’est sûr.


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4 réactions à cet article    


  • Leekid 2 mai 2007 14:27

    Et bien, je suis étonné de voir ici un article sur le « Festival des cultures alternatives ». L’article est neutre mais relativement court et objectif. Je comprends ton désarroi concernant la diversité musicale. C’est d’ailleurs un point qui me heurte. Pour ma part je n’ai jamais compris que dans un mouvement qui se dit libre (et qui de fait, a réussi à s’octroyer pas mal de libertés) la diversité musicale soit tellement étriquée. Que dans le cadre d’une organisation légale, avec des gens qui payent une entrée, et qui s’attendent à trouver un style précis, la musique soit réstreinte, je peux le comprendre. Mais dans ce genre de festival, où les sounds systems n’ont pas cette pression-là, je comprends pas...Mais évidemment, il est plus facile de se brosser l’égo dans le sens du poil en donnant au public ce qu’il a envie d’entendre, en se masturbant sur ses ovations. Personnellement, et là c’est le dj que je suis qui s’exprime, j’ai toujours eu la démarche inverse. A savoir, heurter le public avec une musique non formatée, et par ce biais l’éduquer (excusez si ça peut paraître prétentieux) et l’ouvrir à d’autres choses. Je ne fréquente plus ce genre d’évènements en France depuis 2003 (mon dernier teknival français devait être celui de Marigny, j’en ai fait pas mal d’autres depuis, mais ailleurs en Europe...). Pour avoir commencé à fréquenter ce genre d’évènements avant 2000, je peux vous dire que ça a pas mal changé. Bon, je vais pas ressortir le couplet/refrain « C’était mieux avant ». Mais quand même. A cette époque flottait une vraie atmosphère de rebellion et de D.I.Y. (Do It Yourself). Désormais, depuis que ça a été politisé et pris en charge par l’état, ca rime plus à rien. Assistanat et consumérisme, voilà ce qu’il en reste... Bref, on est bien loin des T.A.Z., ces Temporary Autonomous Zones théorisées par Hakim Bey (pour ceux que ça interesse, tapez ’TAZ’ ou ’Hakim Bey’, son essai sur le sujet est disponible gratuitement sur le net, et ne concerne d’ailleurs pas (loin de là) que les rassemblements festifs spontanés). Dans tous les cas, nombreux sont ceux - surtout les plus agés - qui ont compris que c’était pas dans un festival sponsorisé par l’état qu’ils allaient trouver une certaine autonomie vis à vis de l’art mercantile. Ces gens, dont je suis, c’est au fond des bois et en petit comité autogéré que vous les trouverez. Où encore, sur le net, via les nombreuses webradio, qui permettent encore - pour l’instant - à la culture musicale alternative de s’exprimer. Mais pour en revenir au sujet précis de l’article, à savoir le teknival de Toul-Rosière, qu’il n’y ait eu ’que’ 30000 personnes n’est pas un mal. Ca change de la foire du trône façon Chambley. Par chance cette année, le 1er gros évenement de ce genre a eu lieu entre les deux tours des élections présidentielles, du coup, les médias ayant d’autre chats à fouetter n’en ont pas fait leurs choux gras. Ce qui explique sans doute la faible affluence de cette année. Enfin...faible affluence, c’est tout relatif. Car a l’époque ou les teknivals n’étaient pas sponsorisés par TF1 et l’état, l’affluence moyenne se situait plutôt entre 10000 et 20000 personnes. Et à cette époque là, se retrouvait un vrai microcosme impliqué, pas une masse de touristes en mal de sensations fortes qui, pour trouver le lieu de la fête allument leur télé et attendent le JT pour savoir où se trouve le fameux ’teknival’. Mais tout n’est pas mort, en veut pour preuve, le ’teknival des insoumis’ que tu as évoqué dans ton article. Cet évènement n’a certes pas eu le succès du ’légal’, mais montre bien qu’un certain nombre de gens dans ce milieu ne sont pas dupes et essayent de rattrapper le coup en organisant de vraies T.A.Z. à l’ancienne. Que l’on ne s’y trompe pas, ce mouvement teknoïde est capable de véhiculer un message subversif. C’est même un des rares à avoir su le faire ces 15 dernières années. Mais la médiatisation à outrance à eu la peau du truc. Heureusement, à l’image des T.A.Z., si ce mouvement disparaît, se meurt, c’est pour mieux renaître ailleurs.


    • zets zets 3 mai 2007 10:24

      Merci Leekid pour ton commentaire très intéressant, qui éclaire un peu plus ma lanterne.

      Au plaisir de te croiser au fond d’un bois... smiley


    • LE CHAT LE CHAT 2 mai 2007 17:13

      bienvenue à un nouveau matou écrivain ; moi je suis nostalgique des années hard rock et pour les chats , il y a cats scratch fever de ted Nuggent smiley


      • Gasty Gasty 2 mai 2007 21:24

        Miaou de bienvenue !

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