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Accueil du site > Tribune Libre > Une brève histoire du temps

Une brève histoire du temps

A l’échelle des planètes, à l’horloge des univers, la durée d’une vie terrestre correspond à un millième de seconde ou à des années lumière à la montre de l’éternité, comment savoir… Quelle importance, car dès l’instant ou nous sommes nés, dès les premiers hurlements, le temps nous prend dans ses bras et nous donne son baiser de Judas. La commedia dell’arte a dressé son chapiteau et le marathon de la vie peut ainsi commencer. Comme la plume de Forrest, nous serons portés et chahutés par les tourbillons et les bourrasques du temps jusqu’à la terre, jusqu’à la poussière.

Le temps, cette absence de substance, cette irréelle matière, cette illusion mathématique dont nous avons fait l’impératif de nos vies. C’est du sable, c’est du vent, il glisse entre nos doigts, c’est la respiration d’Eole qui déshabille l’arbre de ses feuilles. C’est un menteur impertinent qui nous invite au néant. La nature dans son chaos est parfaite, ainsi l’a voulu son créateur, il est donc inutile d’attendre l’imperfection d’un grain de mica pour bloquer le sablier de Saturne, il faut faire avec. Stérile de se démener contre les jours, les heures et les secondes qui s’écoulent, qui s’écroulent modifiant doucement mais inexorablement le mirage de ce que l’on a cru être, de ce que nous sommes. Pensez à ce temps qu’en folie on dépense, comme il se moque de nous, nous échappe et nous fuit. La sensualité de sa courbure dans l’espace nous fascine, nous attire, nous hypnotise mais ne vous y fiez pas, ce n’est qu’un stratagème, une ruse pour égarer la science, une imposture.

Nous luttons contre les années en nous regroupant en société, clan ou couple. L’homme se tourne vers la femme, prend refuge dans ses bras et, à parfois trop l’aimer jusqu’à l’obsession, comme bateau ivre sombre en elle croyant oublier ainsi la fuite des jours. Son ventre sera le rempart chimérique qui se fanera face au mythe du temps. Les enfants qu’elle aura portés, manqueront son apparence et les nuits d’insomnies y graveront l’aberration des horloges qui s’emballent. A peine sorti de l’œuf, on est pressé de grandir, on appuie sur l’accélérateur en vain jusqu’au jour ou, on se surprend à chercher la pédale de frein, pour rien. Que pèsent nos rêves d’éternité, nos espoirs de vie éternelle face aux mensonges des heures aux simulacres des secondes. Ce ne sont pas les étapes qui nous usent, elles ne sont que sursis, mais leurs intervalles et leurs hallucinantes impostures temporelles qui soldent notre avenir. 

Les printemps comme les hivers creusent leurs sillons dans les âmes, entaillent et flétrissent les plus beaux visages, éreintent les plus ardents, fatiguent et courbent les corps, offensent l’arrondi d’une hanche, le galbe d’un sein. Nous figeons les canons de la beauté sur des affiches à parfum alors que l’original se flétrit dans un coin. Une armée de rides conquiert les figures les plus belles en y gravant son masque de désolation que la plastique d’une chirurgie esthétique trompeuse ne peut camoufler. Narcisse a capitulé en abandonnant sa vanité dans le reflet des saisons et Dorian Gray a brulé son portrait. Le temps, fantasmatique compagnon que nous avons créé pour apprendre à compter celui qui nous est donné, nous invite en pointant nos erreurs et notre médiocrité à plus de réserve, de simplicité. Eclairant nos faiblesses, il nous guide vers plus de retenue, de sagesse. L’apprentissage de la vérité repose sur son mensonge.

Ce farceur, en nous allouant des parcelles de lui-même, nous fait croire que plus on se cultive et moins on devient légume, paradoxe bidon issu de ce mystificateur patenté. En effet, plus il nous donne de lui même et plus on apprend. Mais que nous permet-il d’apprendre à part prendre conscience de l’immensité sidérale de notre ignorance et, en cadeau le malaise grandissant qui accompagne l’acquisition d’un savoir que l’on prend pour acquit et qui grandit avec le doute. Qui accroit son savoir accroit sa souffrance, j’ai la faiblesse de le croire. De toutes les certitudes cumulées, il n’en reste plus qu’une seule en finalité, celle de n’en avoir aucune, sinon peut-être, que le temps n’existant pas, il nous ment forcément... 

Vous l’aurez compris, la durée n’est qu’un leurre, un mythe, périodes et dates que duperies. Pour que nous n’abandonnions pas, la vie rythme nos espérances à coup d’utopie, de croyance, l’agrémentant au besoin de mirages. Dans un écran de fumée, elle nous fabrique une ambiance, des songes, nous propose en vitrine d’hypothétiques avenirs mais, ces subterfuges ne sont qu’une fiction parce que les époques et les siècles appartiennent au pays des chimères, à une terre de cendre. Méfiez vous de ces cycles et de leurs temporalités car, à bien y réfléchir, l’homme est sans âge et le temps est une prison dont nous avons jeté la clef.

Obnubilé par Chronos, l’être dans sa transparence sombre dans une spirale éthérée ou règne Hypnos qui le guide vers des envies, des besoins jamais assouvis et qui pour finir, de part sa gémellité, le laissera à l’huis du logis de son frère Thanatos. Une fois l’Achérons traversé, nous rirons du temps passé qui n’a jamais existé…

Le « Bip Bip » matinal de mon coyote de réveil me ramène du pays des songes. Que le lecteur veuille bien m’excuser pour cette digression chronométrique et chronométrée sur le parcours monotone d’une paire d’aiguilles folles dans leur cadran prison mais, il est déjà six heures. Mon rêve débile sombre peu à peu dans les oubliettes de ma mémoire avec mes bonnes résolutions nocturnes sur le temps qui, ce matin me presse en me bousculant jusqu’au turbin. Débrouille toi comme tu pourras m’a dis la nature en me poussant à la vie…

« Ainsi va le monde ici-bas.  

Le temps emporte sur son aile et le printemps et l’hirondelle,
et la vie et les jours perdus, tout s’en va comme la fumée,
l’espérance et la renommée, et moi qui vous ai tant aimée,
et toi qui ne t’en souviens plus ! » 

Alfred de Musset


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18 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 15 septembre 2015 15:04
    Une brève histoire du tempsDéjà écrite par Stephen Hawking...


    • Gabriel Gabriel 15 septembre 2015 16:38

      @Jean-Pierre Llabrés

      Stephen Hawking a écrit un livre qui s’intitule : « Une brève histoire du temps  : Du big bang aux trous noirs ». Il y expose, dans un langage simple et accessible, les plus récents développements de l’astrophysique concernant la nature du temps et du monde. Retraçant les grandes théories du cosmos, de Galilée et Newton à Einstein et Poincaré, racontant les ultimes découvertes de l’espace, expliquant la nature des trous noirs, il propose ensuite de relever le plus grand défi de la science moderne : la recherche d’une théorie unitaire combinant et unifiant la relativité générale et la mécanique quantique.

      Mon article, quand à lui, n’est qu’une petite balade sans prétention, délirante sur le temps qu’on se fabrique, qui passe et qui finalement, n’est que pure invention humaine nécessaire pour fixer sa condition dans l’espace. 


    •  C BARRATIER C BARRATIER 15 septembre 2015 15:59

      Pas inquiétant du tout, cela fait partie de l’harmonie de l’univers
      En table des news :

      Sens de la vie, sens de l’univers

       

      http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=59


      • Gabriel Gabriel 15 septembre 2015 16:42

        @C BARRATIER

        Vous avez raison, rien d’inquiétant d’ailleurs, s’inquiétons d’une illusion mathématique ? A la rigueur, on se prend la tête pour la résoudre mais, ce n’est qu’un jeu de l’esprit…


      • Mmarvinbear Mmarvinbear 15 septembre 2015 20:43

        De toutes les dimensions, le temps est la plus simple, la plus fascinante, la plus irrévocable.


        Simple, parce que contrairement à l’espace qui nécessite 3 coordonnées, le temps en a besoin d’une seule.

        Fascinante car on ne peut pas la maîtriser. On est porté par le temps comme on peut être porté par une voiture.

        Sauf que personne ne conduit son temps. C’est lui qui nous conduit.

        Irrévocable car on est conduit vers une seule dimension. L’avenir. Pas de frein, pas d’accélérateur accessible. Et a la fin la mort. Chronos sert Thanatos.

        Mais on en a déjà tellement appris.

        On sait que si le temps va toujours dans un sens, c’est à une vitesse qui dépend de la déformation de l’espace. 

        Le temps mesuré à la surface de la Terre et 100 km plus haut n’est pas le même. Même si la différence est insignifiante.

        Plus un objet est massif, et plus le temps s’y écoule lentement. Pareil pour un objet en mouvement. Passé une certaine vitesse on entre en temps relatif : le temps dans le bolide en mouvement est différent du temps d’un point fixe. Voyagez dans un vaisseau qui file à 99,99 % de la vitesse de la lumière.

        Restez y cent de vos années. A l’extérieur, quand le vaisseau s’arrêtera, mille ans se seront écoulés à peu près. C’est, pour le moment, la seule machine à voyager dans le temps « disponible ».

        Le trou noir étant l’objet le plus massif connu, en toute logique, le temps ne s’y écoule plus en son centre.

        On peut extrapoler et penser que si un objet plus massif existait, le temps y serait inversé par rapport au nôtre.

        Cela laisse à penser.

        • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 08:00

          @Mmarvinbear
          En effet, il y a de quoi creuser et passer des nuits blanches à chercher l’origine et le sens de cette équation invisible. Merci de votre passage et de vos commentaires.


        • Robert GIL Robert GIL 15 septembre 2015 22:58

          voila une petite vidéo qui raconte notre évolution en 2 minutes ... n’oubliez pas de mettre le son, ça dechire !
          .
          voir : NOTRE HISTOIRE EN DEUX MINUTES …


          • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 07:55

            @Robert GIL
            Merci pour la video, j’espère que nous deviendrons assez sage pour en modifier le scénario de fin. 


          • Le p’tit Charles 16 septembre 2015 08:30
            Le temps est le péché de l’humanité...
            Vanité de l’homme qui se regarde dans une montre...


            • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 09:10

              @Le p’tit Charles
              Le temps, est ce péché ou conséquence ? Quoi qu’il en soit, c’est un animal sauvage, invisible mais organisé que l’on ne peut apprivoiser... 


            • Le p’tit Charles 16 septembre 2015 09:47

              @Gabriel...Le temps ne peut être organisé...il change tout le temps..existe t il seulement..j’en doute personnellement... !


            • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 09:56

              @Le p’tit Charles
              Finalement, prenons le en l’ignorant cela nous évitera de lui courir après... Merci de votre lecture.


            • Francis, agnotologue JL 16 septembre 2015 11:09

              Le Temps n’existe pas en soi : il y a une infinités de temps, par opposition à l’instantanéité, et qui correspondent aux transformations de l’énergie. Bien sûr, on peut choisir des référentiels, et qui valent ce qu’ils valent, vu que la vitesse de transfert de l’information n’est pas infinie.


              • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 11:44

                @JL

                Le Temps n’existe pas en soi : Dans notre univers c’est une dimension au même titre que la hauteur, la longueur et la largeur (qui en fin de compte, ne sont qu’une seule et même dimension variant selon la direction dans laquelle on oriente la mesure. C’est l’orientation de la mesure qui définira donc l’appellation de la dimension), excepté pour la dimension temps qui n’est pas mesurable dans l’espace. Qu’en pensez-vous ? 


              • Francis, agnotologue JL 16 septembre 2015 14:16

                @Gabriel

                selon moi, le temps n’est un paramètre que dans les équations mathématiques. Ce n’est pas une dimension au sens où l’on ne peut pas s’y déplacer.

              • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 15:09

                @JL
                Je vous répondrais que je suis d’accord avec vous mais avec un bémol cependant, c’est qu’il en est de même pour les autres dimensions qui ne sont aussi que des paramètres de typologie différente car, si vous supprimez la dimension de temps, les autres dimensions n’ont aucune existence propre mais cela, c’est un autre débat. Merci de cet échange.


              • soi même 16 septembre 2015 12:29

                Le temps est une attraction terrestre, dites moi comment définir 4,57 milliards d’années de l’existence du soleil à lors à sa naissance, il n’existait pas et c’est bien par lui que l’on calcule une année terrestre.

                Sachant que le temps terrestre est liée à sont inclinaison de son axe et comme son axe terrestre à plusieurs fois changer de position avec plus inversions des pôles , donc c’est 4,57 milliards d’années de l’existence du soleil, est une vérité scientifique, où un bobard qui est devenue vérité ?

                En même temps, qu’elle sagesse renferme notre cosmos, faite le calcul du nombre de battement de cœur sur 24 heures et une comparaison avec une année Platonicienne, vous aurez l’agréable surprise de resté sans voie ..... ! 


                • Gabriel Gabriel 16 septembre 2015 14:01

                  @soi même

                  Le bon résultat d’une équation mathématique est basé sur une suite d’erreurs ou, si vous le préférez, sur une suite de constantes que l’on a pris pour juste à l’instant du calcul mais qui peuvent s’avérée erronée suite à des découvertes plus récentes. Prenons la découverte de la relativité simple de 1905, puis celle générale de 1915 jusqu’à la relativité complexe 1977 (Psychophysique), puis maintenant la théorie des cordes avec les multi univers. Je ne suis qu’un modeste lecteur curieux et je ne saurais vous expliquer dans le détail les différences fondamentales que ces découvertes impliquent. Certes, lorsque l’on regarde sa montre ou l’âge de capitaine on se base sur une quantification mathématique des changements, des mouvements, des évolutions. Cette base mathématique a été fabriquée de toute pièce pour appréhender l’évolution physique dans notre monde mais, quand est-il dans d’autres systèmes, hors de notre monde, sachant que la vitesse combinée à l’éloignement peut amplifier ou pratiquement annihiler ce phénomène jusqu’à l’escamoter. Bon, ceci dit, ne perdez pas de vu que ce petit article n’est que l’éphémère songe d’un agoravoxien qui couchant ses pensées sur le papier n’ont  que l’importance qu’on veut bien leur donner… Merci pour votre intéressante parenthèse. 

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