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Accueil du site > Tribune Libre > Vercingétorix, cet illustre inconnu

Vercingétorix, cet illustre inconnu

Avant de poursuivre dans mes explications de la bataille d’Alésia, il me semble indispensable de revenir sur la belle figure de Vercingétorix, cet illustre inconnu. Longtemps oublié par une élite versatile, romanisée puis francisée, le premier homme politique à avoir parlé, en Europe, de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes ne connut un début de réhabilitation qu’avec l’instauration de la République. Puis vint la consécration lorsque Napoléon III, bien que se prenant encore pour un César, érigea, sur la hauteur d’Alésia, une immense statue à la mémoire du héros malheureux.

Pourquoi cet oubli profondément injuste ?
 
On ne peut en imputer la faute à César dont les "Commentaires sur la guerre des Gaules" sont un modèle d’objectivité, apparente tout au moins. Certains historiens prétendent pourtant qu’il a grandi son adversaire pour que sa victoire en soit d’autant plus éclatante. Pour ma part, je n’ai trouvé dans les textes d’époque aucun indice qui pourrait justifier cette hypothèse. Je constate simplement qu’après sa dernière déclaration devant le conseil gaulois, aucune voix discordante ne s’éleva pour l’accuser, ni à ce moment-là, ni par la suite. Si César n’a pas dénigré son adversaire, c’est à mon sens, pour la simple raison qu’il n’y avait aucun motif crédible pour le faire.
 
On ne peut, non plus, imputer cet oubli aux Gaulois qui se sont ralliés à César puisque, d’après eux, les dieux en avaient voulu ainsi. Lorsque, drapé dans son manteau rouge de général en chef, extraordinaire de courage et d’esprit de décision, César parcourait le champ de bataille, la victoire à sa suite, il était déjà devenu le symbole d’une force et d’une culture qui ne laissèrent ni les chefs ni les paysans gaulois insensibles. Peut-être avait-il l’air d’un dieu ! Mais qu’ils aient oublié le jeune chef arverne, certainement pas ! Le Cadurque Luctérius qui était à ses côtés pendant le siège d’Alésia livra encore bataille à Uxellodunum. En l’an 21, Sacrovir souleva le pays éduen et, avant l’engagement, harangua ses troupes en rappelant l’ancienne gloire des Gaulois. En 68, nouveau soulèvement de grande ampleur. A Rome, on ironisait sur Néron et on écrivait sur les colonnes : "Les Gaulois se sont levés en l’entendant chanter."
                          
 C’est à partir de 69 que commence à s’installer en Gaule le "mythe romain" qui dure encore de nos jours. Le discours que le général romain Cérialis prononce devant l’assemblée des trois Gaules est une incroyable plaidoirie pro domo. Sa dernière phrase est sans ambigüité : "Entre l’entêtement qui vous conduira à la ruine et l’obéissance qui vous apportera la sécurité, Gaulois, choisissez !" C’est à partir de cette date que Vercingétorix tombe dans l’oubli. La chute de Jérusalem, un an après, ouvrira une nouvelle ère et fermera l’ancienne. 
 
On ne peut qu’admirer la dignité, la fermeté et l’habileté de ce discours, ainsi que la hauteur de vue de ce général romain qui arrive à nous faire oublier toute l’anarchie précédente qui régnait alors dans la conduite des affaires et qui demande tout simplement aux Gaulois de se transformer en moutons de Panurge. Sans vouloir mettre en doute, en aucune façon, la sincérité de l’orateur, il faut tout de même bien se rendre compte qu’il ne fait que réciter une leçon bien apprise dans les Commentaires de César.
 
 Un nom qui est fait pour répandre la terreur.
 
L’expression est de Florus, un auteur latin d’origine berbère, et elle en dit plus sur Vercingétorix que n’importe quel long commentaire. J’ai montré dans mon article précédent l’attachement des Gaulois à une certaine forme de démocratie. Un article qui est, ni plus ni moins, qu’une reprise de mes ouvrages écrits dans les années 80 et publiés dans les premières années de 90. Je viens de reparcourir l’ouvrage très bien documenté "Les Gaulois" de Jean-Louis Brunaux, publié en 2005, que le muséoparc propose et sur lequel je suis en accord sur de nombreux points mais aussi en désaccord sur d’autres autrement plus importants. Je mesure aujourd’hui l’énorme gâchis culturel et financier qui résulte d’une absence totale de coopération entre le latiniste, le militaire et l’archéologue qui veut faire cavalier seul. C’est le scandale d’un ministère de la Culture qui n’a pas joué le rôle de conciliateur que j’aurais voulu qu’il joue, notamment pour resituer à leurs véritables emplacements les capitales gauloises de Bibracte à Mont-Saint-Vincent et de Gergovie au Crest.
 
Ceci étant dit, il est bien évident que ce n’est pas le nom de Vercingétorix par lui-même qui répand la terreur, mais sa signification en tant que ’cognonem". Son déchiffrement était pourtant facile d’autant plus que le contexte du moment l’explique... Il existe, en effet, une différence essentielle entre César et les Gaulois : le premier est un chef qui pense sa manœuvre en solitaire et qui décide seul. Les seconds, de toute évidence, mettent au point leur manœuvre au sein d’un conseil de guerre. César, à plusieurs reprises, signale son existence (VII, 14, 15, 29, 76, 77). Il est bien là le problème car César avait des espions, non seulement sur le terrain, mais aussi au sein des conseils gaulois. Les Gaulois ont vite compris l’inadaptation en temps de guerre de leur système démocratique et l’impérieuse nécessité de donner les pleins pouvoirs à un seul. Le nom de Vercingétorix - VER CIN GETO RIX - rassemble probablement les fonctions principales de la société gauloise : le VERgobret, magistrat suprême placé à la tête de l’administration (magistratus), CIN qui évoque la chevelure flamboyante de l’aurige des monnaies gauloises (cf. Cincinnatus, l’homme aux cheveux bouclés), GETO qu’il faut transcrire en TOGE, l’homme à la toge, c’est-à-dire le sénat, et enfin le RIX, le commandant en chef des armées.
 
Je ne veux pas reprendre ici le long raisonnement qui m’a conduit incidemment à cette interprétation mais seulement certains points.
 
Le mot TOGE aux syllabes parfois inversées en GETO se retrouve dans d’autres cognonem gaulois, que ce soit dans les textes ou sur les monnaies (TOGIRIX, ORGETORIX, CINGETORIX lequel n’était donc pas Vergobret).
 
Le suffixe RIX évoque évidemment dans sa racine le mot REX qui signifie le roi. Ce rapprochement se trouve confirmé dans les textes et les monnaies par le nom du frère de Divitiac, orthographié parfois DUMNORIX ou DUBNOREX, ce que j’ai traduit par "roi de la voie Dubis ou roi de la Dheune" (voyez mes ouvrages ou autres articles). Cela signifie que le sens que les Gaulois donnaient à leur suffixe RIX était beaucoup plus synonyme de "maitre" d’un lieu ou d’autres choses et que cela n’allait pas plus loin... sauf lorsque César écrit au sujet du chef arverne "Rex ab suis appellatur", il est appelé roi par les siens. Et là, c’est beaucoup plus sérieux. Constatons toutefois que Vercingétorix n’a pas accompli ce qui ne fut, de la part des siens, qu’un voeu. Et lorsque, plus tard, Marc Antoine posa sur la tête de César la couronne royale, le vainqueur d’Alésia l’enleva, lui aussi, de sa tête.
 
Terrible par la taille, ses armes et son courage.
 
L’expression est, là encore, de Florus. Terrible par la taille mais aussi véritable colosse que laissent deviner la forte encolure et le visage massif de son image monétaire. Visage d’une beauté apollinienne qui explique en partie l’emprise psychologique qu’il exerçait sur les foules. Mais cette emprise psychologique que signale Florus et d’autres auteurs s’explique encore mieux par un talent d’orateur acquis dans sa jeunesse à l’enseignement d’un rhéteur disciple de Démosthène. (Alors que Marseille était célèbre par ses écoles dans tout le monde méditerranéen, bien avant la naissance de Vercingétorix, qu’on ne vienne pas me dire que le druide suprême de la Gaule n’avait pas les moyens de se payer un rhéteur pour éduquer ses enfants). Et ces cheveux bouclés formant casque, qui confirme mon interprétation de CIN, ne serait-ce pas une évocation des rayons du soleil et, par conséquent, un signe religieux voire messianique ? Bien sûr que je refuse l’hypothèse du Vercingétorix décharné de la monnaie d’Hostilius Saserna. Cette image, de même que celle de la femme à la chevelure défaite, n’est qu’une caricature de la Gaule et du Gaulois avec son bouclier et son collier.
 
Terrible par la taille mais aussi par ses armes. Vercingétorix portait-il un casque, un casque savamment décoré ? Pas sûr ! En l’an 21, Sacrovir combattait tête nue. Epée, bouclier, certainement. Arc, carquois de flèches, poignard, peut-être. Plutôt que par une cuirasse était-il protégé de la tête aux pieds par une cotte de mailles comme je l’interprète sur les monnaies de l’Eduen Dumnorix, je le pense. En outre, mêlés à cet harnachement de fer, des habits de somptueuses étoffes devaient impressionner le peuple. Et je ne n’évoque pas le harnachement de son cheval.
 
Terrible par son courage mais aussi par sa valeur militaire, ne lui faisons pas l’injure de n’avoir appris l’art de la guerre qu’au contact des Romains. On a dit qu’il avait appris d’eux la tactique de la terre brulée, une façon de combattre vieille comme le monde ! Allons donc ! Au IVème siècle avant J.C., le Grec Enée le Tacticien en parlait déjà.
 
Origine, enfance et jeunesse de Vercingétorix.
 
Son origine. Vercingétorix était fils de Celtil qui fut druide suprême de la Gaule, donc issu de la plus grande famille arverne qui, avec d’autres grandes familles arvernes, habitait sur le haut lieu de la capitale. Strabon confirme sa naissance à Gergovie (Le Crest et non pas Merdogne, ni Corent). Très important d’habiter sur le haut lieu ! En pays éduen, César prend bien soin de préciser que le prétendant à la succession de Divitiac, Eporédorix, était "summo loco natus", né du lieu suprême (Bibracte) et de la maison la plus puissante. De même, Vercingétorix n’est pas issu de la Gaule profonde. Probablement s’inscrit-il dans une filiation coloniale remontant à Héraclès, cet Héraclès (colons d’origine phénicienne comme les fondateurs de Carthage) qui, selon Diodore de Sicile, épousa la fille d’un roi qui allait devenir la Gaule... et les Celtes. Ah ! qu’ils ont la vie dure, ces vieux mythes qui nous font venir les Celtes du Centre-Europe !
 
Sa jeunesse. Pour moi, aucun mystère ! L’éducation de Vercingétorix a été consacrée, certes, à l’acquisition des connaissances de son temps, mais aussi et surtout, à l’art oratoire et au métier des armes. Il est même possible que l’enseignement donné, au IV ème siècle, par les écoles moenniennes de la cité éduenne en soit un prolongement. Ces écoles enseignaient aux enfants de la "nobilitas", à la fois l’administration et l’art de bien parler.
 
Son enfance. Pourquoi son enfance n’aurait-elle pas été heureuse ? A l’image de celle de l’Arverne Avitus qui vécut au Vème siècle, dans un autre contexte.
 
Il n’était pas sevré qu’il marchait dans la neige en flocons.
Il brisait la glace pour s’amuser et courait dans la gelée blanche.
Ce furent les muses qui formèrent sa naissante intelligence,
Et ta voix tonna à son oreille dans la langue de Cicéron.

Il étudia les faits d’armes de tes grands chefs passés.
Il raisonnait sur les batailles et dans les livres, il apprenait
La tactique des combats et la façon de mener les guerres.
Avitus possède à la fois la bravoure et la science militaire.

Une louve, un jour, surgit et l’attaqua.
Mais le jeune garçon saisissant un rocher
Lui fracassa le crâne d’un seul coup de son bras.

La chasse n’a pour Avitus plus aucun secret.
Il dresse les oiseaux et force le sanglier.
C’est ainsi qu’un enfant se transforme en guerrier.
 
 (Sidoïne Apollinaire, poème VII, traduction E. Mourey).
 
Ceci se passait à Gergovie, sur la hauteur du Crest, et certainement pas dans la campagne, dans une maison de torchis, au milieu des poules et des cochons.
 
E. Mourey.
 
 

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42 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 29 juin 2009 10:41

    un article très interessant sur ce résistant des temps anciens ; merci


    • ZEN ZEN 29 juin 2009 12:08

      Intéressant, Mr Mourey

      Attention, Le Chat, à ne pas retomber dans le vieux mythes
      J’ai encore à la maison un vieux Lavisse des années 20, où l’image de V. fait sourire
      Lavisse , qui demandait aux instituteurs de son temps, dans une circulaire, de parler des « héros » de notre histoire, « même enrobés de légende » (sic)

      "C’est la Troisième République, surtout, qui instrumentalise Vercingétorix en insistant sur son rôle héroïque de résistant à l’envahisseur et symbole de ce qui fait l’essence française. Cette propagande est destinée à exalter le patriotisme des Français en exacerbant le sentiment de revanche après la défaite de 1870 contre l’Allemagne fraîchement unifiée derrière la Prusse. L’image du patriote gaulois qui se lève contre l’envahisseur est magnifiée par les manuels scolaires, dont le Lavisse : « La Gaule fut conquise par les Romains, malgré la vaillante défense du Gaulois Vercingétorix qui est le premier héros de notre histoire »[60]. Cette vision de l’histoire est reprise par le célèbre Tour de France par deux enfants de G. Bruno, paru en 1877, et imprimé à 7 millions d’exemplaires dans les trente années suivantes, qui dans un chapitre faisait dialoguer le jeune Alsacien avec un écolier d’Auvergne :

      « Laquelle voudriez-vous avoir en vous, de l’âme héroïque du jeune Gaulois, défenseur de vos ancêtres, ou de l’âme ambitieuse et insensible du conquérant romain ?

      - Oh ! s’écria Julien tout ému de sa lecture, je n’hésiterais pas, j’aimerais encore mieux souffrir tout ce qu’a souffert Vercingétorix que d’être cruel comme César. »

      Ce n’est qu’avec Camille Jullian qui publie, en 1901, son ouvrage Vercingétorix que se constitue enfin l’image moderne de Vercingétorix. Comme l’a dit Albert Grenier, son successeur au Collège de France : « Cherchant Vercingétorix, Jullian a trouvé la Gaule ». Elle a depuis été constamment précisée, même si l’on a vu que les éléments précis sur sa vie reposent encore essentiellement sur la lecture critique du texte éminemment politique de César.Aujourd’hui, loin des circonstances historiques qui ont motivé sa promotion en héros national, la figure de Vercingétorix reste un des puissants symboles de l’identité nationale française en s’inspirant de la tradition historiographique antérieure fossilisée dans les mémoires. Sans doute plus que le reste, l’incertitude qui règne sur la connaissance de nos origines entretient la part de mythe qu’elle recèle["

      (dixit Wiki)


      • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 13:38

        @ Zen

        C’est bien là l’erreur dans laquelle il ne faut pas retomber, ni dans un sens ou dans l’autre. Cette manie de distribuer les bons points et les mauvais, et encore aujourd’hui chez nos grands historiens alors que l’important est d’essayer de comprendre en faisant l’effort de se remettre dans le contexte et dans l’esprit des Anciens. Dans ma scolarité, j’ai eu des professeurs amoureux de l’histoire de Rome mais aussi de celle de la Grèce. Entre Athènes et Sparte, je ne me souviens pas qu’ils aient jamais dénigré cette histoire et ceux qui en furent les acteurs, bien au contraire. Il n’y a pas non plus à choisir entre César et Vercingétorix mais à essayer de comprendre la vérité de l’un comme celle de l’autre.


      • Emmanuel Aguéra LeManu 29 juin 2009 13:05

        Alors... Alise-Ste-Reine ou Chaux-des-Crotenay ?
        On n’avance pas !


        • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 13:40

          On avancera le jour où les médias s’arrêteront de dire n’importe quoi.


        • Massaliote 29 juin 2009 15:12

          Article très intéressant, merci.


          • finael finael 29 juin 2009 15:22

            Sans vouloir vous vexer, mais Vercingétorix ne s’appelait probablement pas ainsi. Tout simplement parce que chez les gaulois, les patronymes ne se terminaient pas en « rix » mais plutôt en « natos » ou « genos ».

            « Rix » en gaulois signifiait « chef »

            Vercingétorix peut en fait se traduire par : « Ver kenn kedo right » : « le grand chef des tribus » en gaélique, langue restée la plus proche du gaulois.

            Quant à son père Celtill (nom transmis par César), cela ressemble plus à « le Celte ».

            Source : « Laissez parler les noms » de Jean-Louis Beaucarnot.


            • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 20:48

              @ Finael

              Si je cite wikipedia, qui ne fait que reprendre la thèse officielle du collège de France, c’est pour bien montrer au lecteur que mon article est à l’opposé et qu’il lui appartient, à ce lecteur, d’user de sa raison et de faire son choix.

              Vous faites appel à Jean-Louis Beaucarnot qui propose une autre explication du nom de Vercingétorix. Je remarque que cet auteur prend bien soin de ne pas toujours être catégorique et qu’il se réserve toujours la possibilité de corriger ses interprétations. Je ne doute pas qu’il le fera s’il prend connaissance de mon article. Cela n’enlève rien à l’intérêt de ses recherches. Je me suis, moi aussi, intéressé à la généalogie, à l’origine des noms de famille, à leur histoire et à l’histoire des terroirs. C’est une autre approche de l’histoire profonde qui en vaut bien d’autres.

              En revanche, je suis très circonspect sur les rapprochements qu’on est tenté de faire avec le gaélique et les traditions irlandaises et davantage partisan d’une origine ancienne des patois locaux.


            • finael finael 30 juin 2009 00:45

              Vous remarquerez que je prends AUSSI bien soin de n’être pas trop catégorique. La seule chose certaine, c’est que nous n’y étions pas !

              Pour ce qui est des langues pré-celtiques, on en retrouve des traces dans les toponymes : les noms de lieux, qui sont probablement les plus anciens noms que l’on puisse trouver. Mais les noms d’objets ou de personnes sont généralement beaucoup plus récents. « vous ne croyez pas que l’on puisse rapprocher le gaélique du gaulois », c’est votre droit mais en fait vous ne pouvez pas prouver d’étymologie plus convaincante.

              Beaucoup d’historiens penchent pour retrouver dans les Basques (les Vascons) les dernières traces des occupants antérieurs aux celtes. C’est assez amusant car c’est la thèse qui était défendue par Camille Julian dans son « Histoire de la Gaule », qui date des premières années du XXème siècle.


            • Antenor Antenor 30 juin 2009 12:10

              On accorde peut-être encore trop d’importance au terme « Rix » même en le rabaissant au rang de simple chef de guerre. Chez les Latins le « Rex » est un très grand titre mais il n’est pas évident du tout que le « Rix » gaulois en soit dérivé. Les deux peuvent avoir évolué dans des sens légèrement différents depuis une vieille racine commune.

              Le ’rix’ gaulois peut donc être un simple nom commun et non un titre spécifique. Dans la Guerre de Gaules, on croise beaucoup de chefs gaulois qui ne portent pas le suffixe « rix » dans leur nom.

              De même, le « Ver » de Vercingétorix ne fait forcément référence au titre de Vergobret mais évoque de manière général quelquechose d’élevé. 

              Verdunum : la haute montagne/forteresse

              La cité gauloise aurait alors seulement deux personnages à sa tête : le Princeps et le Vergobret.


            • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 16:37

              Wikipedia propose l’explication suivante :

              Aujourd’hui, il est communément admis ce que les philologues ont décrit depuis longtemps[réf. nécessaire] : Vercingétorix est un nom propre formé comme un titre honorifique composé de Ver- (à prononcer « ouèr ») qui est une forme de superlatif, -cingeto- (à prononcer « kinnguéto ») faisant référence à la figure du guerrier et le suffixe -rix, soit « roi » en vieux celtique). Le suffixe -rix est présent dans de nombreux noms gaulois : dans ses Commentaires, César mentionne deux Cingétorix[17]. On peut donc le considérer comme un nom propre et le traduire comme « le très grand roi des guerriers »[18].

              Et voit Vercingétorix dans la monnaie du Gaulois hirsute et le dieu Apollon dans la monnaie de Vercingétorix.

              C’est actuellement la thèse officielle, celle qu’on enseigne.


              • finael finael 29 juin 2009 19:35

                Je ne pense pas que Wikipedia soit la meilleure source dans des domaines relativement pointus.

                Comme je ne pense pas que le suffixe « rix » (en fait rikt phonétiquement) soit plausible en tant que patronyme ou « nom propre » comme vous dites : les gaulois n’avaient pas la notion de patronyme. C’était plutôt comme quand on disait « le Jacques » pour nommer une personne. Et puis un jour il a fallu préciser : le Jacques « du pont », c’est ainsi que son apparu nos patronymes.

                Vous citez votre source : « Commentarii De Bello Gallico », il y est important pour César de nommer son adversaire par son titre honorifique de « grand roi », mais cela ne donne pas son nom réel pour autant.

                Donc le « on peut le considérer comme » n’est pas recevable pour un historien. Je vous signale quand même que Jean Louis Beaucarnot reste LE spécialiste français de l’histoire des noms.


              • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 17:21

                @ italiasempre

                @ Antenor

                Vercingétorix, cet illustre inconnu.


                • Antenor Antenor 29 juin 2009 17:34

                  Bonjour

                  « sauf lorsque César écrit au sujet du chef arverne »Rex ab suis appellatur« , il est appelé roi par les siens. Et là, c’est beaucoup plus sérieux »

                  Il a peut-être cumulé la charge de Rix et de Premier Druide des Arvernes. Dans le discours que Lisc tient à César (1-16) , on sent que le Vergobret ne peut pas grand chose face au Rix ( Dumnorix) et au Premier Druide (Divitiac) surtout quand les deux sont frères...

                  La hiérarchie de la cité Gauloise semble être la suivante : d’abord le Premier Druide, ensuite le chef militaire (Rix) et enfin le Vergobret qui a l’air d’être une sorte de Premier Ministre ou de Prévôt.

                  Ironie de l’histoire, en plaçant un Vercingétorix à leur tête, les Gaulois se sont eux-mêmes psychologiquement préparés à se soumettre à un Empereur. La personnalisation du pouvoir semble être une tendance lourde de l’époque. Il n’est pas étonnant que quelques années plus tard, certains aient voulu voir un « Sauveur » en Judée/Palestine.


                  • franc 29 juin 2009 18:08

                    article intéressant où l’on sent que l’auteur est passionné par le sujet


                    • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 18:23

                      @ Antenor

                      Ce discours de Liscos est, en effet, absolument capital pour comprendre l’organisation de la société gauloise. Il est même d’une clarté aveuglante. Il n’est pas fait mention du sénat éduen de Bibracte, probablement parce que c’était une assemblée qui ne se réunissait que par convocation, comme, par exemple, quand il a fallu accueillir Vercingétorix après sa victoire de Gergovie. Nous avons donc face à face une magistrature, c’est-à-dire une administration de magistrats dont Liscos est le magistrat suprême appelé Vergobret, élu pour un an (très certainement par le sénat quand il se réunit) donc par les représentants des conseils locaux et donc par le peuple. (Je me suis souvent interrogé pour savoir si le « peuple » devait se partager, comme en Grèce, en citoyens et en non-citoyens. Je n’ai jamais trouvé une telle séparation). Et ce magistrat a droit de vie et de mort, ce qui veut dire que, légalement, c’est bien lui qui a le pouvoir absolu comme, récemment encore, le président de notre République. Comme César le fait dire à Liscos, Divitiac, le « princeps » des druides et Dumnorix, le chef de la cavalerie, donc de l’armée de métier, la troupe permanente, alias cavalier/chevalier, ne sont, comme d’autres de la « nobilitas » que des privés (privatim), ce qui signifie qu’ils ne sont pas des représentants du peuple et qu’ils n’ont donc pas de légalité.

                      La hiérarchie que vous donnez est celle que dénonce Liscos, celle qui est en cours de supplanter le pouvoir légal. C’est par son influence sur le peuple qu’une partie de la « nobilitas » éduenne entrainée par Dumnorix et en sous-main par Divitiac impose sa politique hostile à l’intrusion romaine alors que Liscos, apparemment, ne semble pas vouloir, ni la confrontation avec Rome, ni accuellir les Helvètes sur son territoire.


                      • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 18:55

                        @ Antenor

                        Et quand vous dites : on sent que le Vergobret ne peut pas grand chose face au Rix ( Dumnorix) et au Premier Druide (Divitiac) surtout quand les deux sont frères... La hiérarchie de la cité Gauloise semble être la suivante : d’abord le Premier Druide, ensuite le chef militaire (Rix) et enfin le Vergobret qui a l’air d’être une sorte de Premier Ministre ou de Prévôt.

                        Vous montrez bien quelle était la situation nouvelle à l’arrivée de César. Le personnage important avec lequel César s’entretient n’est plus le vergobret mais Divitiac.

                        La conclusion, c’est que la fameuse thèse d’une Gaule divisée entre une nobilitas et les partisans d’un retour à la monarchie ne tient pas la route. Il s’agit en fait d’une nobilitas qui veut s’emparer du pouvoir contre un Vergobret et une magistrature démocratiquement choisie (le mot « élue » est peut-être un peu fort).

                        Maintenant, si on se reporte à la situation chez les Arvernes, force est de constater que Vercingétorix joue encore la carte des conseils et défend la liberté (démocratique) et que les Romains soutiennent la partie de la nobilitas qui s’y opposent.


                      • italiasempre 29 juin 2009 21:17

                        Bonsoir,


                        Je ne crois pas que Vercingétorix joue encore la carte des conseils et défend la liberté (démocratique) 
                        Vercingétorix prit à la fois le titre de roi des Arvernes et chef de guerre des Gaulois, ce qui porte plutôt à penser que il visait pour lui la gloire que donnent les exploits militaires, la Laus Belli, et pour son peuple la Libertas, concept qui englobait toutes les réalités fiscales, politiques et juridiques.

                      • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 22:19

                        @ italiasempre

                        Bonsoir. Je ne crois pas que Vercingétorix joue encore la carte des conseils

                        Je pense que si. L’affaire de Bourges est un indice très sérieux car si la ville n’a pas été évacuée, c’est contre l’avis de Vercingétorix. Et c’est après l’affaire de Bourges que Vercingétorix s’est engagé à faire de toute la Gaule un seul conseil. Nous sommes toujours dans le type de société ancienne telle que je l’ai expliqué en retraduisant le texte de César. En revanche, je vous accorde le fait que si Vercingétorix a su imposer son autorité avant la bataille de Gergovie, c’est en nommant lui-même les membres du conseil, je cite un extrait de mes ouvrages  : Lorsqu’on lui annonça que les armées romaines avaient franchi la Loire, il eut aussitôt la crainte que le conseil se réunisse et que la majorité de ses membres l’oblige à engager le combat en rase campagne alors qu’il estimait, à juste raison, n’avoir aucune chance de vaincre des armées romaines disposées en lignes de bataille. Il a fait lever le camp précipitamment et à marches forcées, il a conduit ses troupes à Gergovie sans divulguer la nouvelle. Arrivé à Gergovie, c’est lui-même qui a choisi les membres de son conseil pour en faire son docile instrument.... le texte souligné est de César.


                      • italiasempre 29 juin 2009 22:43

                        Je ne crois pas que Bourges ait été epargné contre l’avis de Vercingetorix. Quand la question de bruler ou pas Burges c’est posé, V. y était favorable effectivement, mais les habitants de la ville le supplierent de changer d’avis en plaidant que celle-ci était facile à défendre, située en hauteur et entourée de marecages et rivieres...la pitié est chez un militaire mauvaise conseillère, et Vercingetorix commit la faute à ne pas commetre.


                        Le reste parait très plausible en effet. 

                      • italiasempre 29 juin 2009 23:17

                        Une derniere petite remarque sur votre article, au demeurant très bon : on ne peut passer sous silence le fait que V. ait fait partie de l’entourage de Cesar.

                        Il avait appris à ses côté la tactique des Romains : il sut organiser sa propre armée, il choisit la cavalerie comme clé de voute parce qu’il savait que la cavalerie est l’arme du mouvement, il fit fabriquer des armes à grande vitesse et en donnant des delais imperatif de livraison, il sut ressembler ses hommes en leur donnant, entre autre choses évidemment, un ordre de marche - jusqu’alors chez les Gaulois c’était plutôt un desordre de marche- ; bref, Vercingetorix crea une armée solide et disciplinée, nouvauté absolue chez les Gaulois. 



                      • Emile Mourey Emile Mourey 30 juin 2009 06:59

                        @ italiasempre

                        Vous reprenez la thèse de Christian Goudineau, professeur au collège de France, qui pense que Vercingétorix a servi, au début de la guerre des Gaules, sous les ordres de César, qu’il se serait lié d’amitié avec lui, qu’il y aurait appris l’art de la guerre et qu’il aurait même couché dans la même tente que le Romain. Tout cela, c’est du roman-photo.Cette série d’hypothèses ne repose sur aucun fondement. Certes, le texte de Dion Cassius peut laisser supposer que César refuse sa pitié à un ancien ami. Mais ce n’est pas ainsi qu’il faut comprendre. Dans une scène aussi médiatique que fut la reddition de Vercingétorix, César ne se serait jamais abaissé à un mesquin règlement de compte personnel. En réalité, l’amitié de César, c’est l’amitié de Rome, c’est l’alliance que la cité de Rome a conclue avec la cité arverne après la défaite de Bituit en 121 av. J.C. et que Vercingétorix a rompue.

                        Quant au reste de votre propos, la réponse se trouve dans mon article mais il est vrai qu’il a fallu à Vercingétorix reformer une armée aux nouvelles méthodes de combat.


                      • italiasempre 30 juin 2009 10:49

                        Oh non mr Mourey, je ne partage en rien les thèses de Christian Goudineau, vous ne serez pas étonné d’ailleurs. 

                        Au fait il est beaucoup plus probable que V. fut l’otage de Cesar, ce qui ne l’empêcha pas d’apprendre la tactique des Romains, bien au contraire.

                      • Emile Mourey Emile Mourey 30 juin 2009 11:28

                        Otage de César ? Je ne le pense pas. D’une part, il aurait fallu que Vercingétorix ou sa famille ait déjà perdu une bataille contre lui, d’autre part, si cela avait été, César l’aurait dit dans ses commentaires, ce qu’il spécifie toujours dans d’autres cas.


                      • italiasempre 30 juin 2009 11:59

                        Vous savez aussi bien que moi que avoir des otages encourageait à l’époque le soutien« indéfectible » smiley des alliés, - en 56 Cesar a protégé Celtil, on se doute bien que ce n’était pas seulement par sympathie- et c’est peut-être dans ce cadre là qu’il faut voir la captivité de V., ce procédé a d’ailleurs été utilisé par Vercengetorix lui-même par la suite : lorsqu’il rallia à lui les Senons, les Parisiens, les Lemovices etc. il exigea, selon la coutume, des otages qui lui servirons de garants.

                         


                      • Antenor Antenor 29 juin 2009 21:28

                        @ Emile

                        Une Gaule diviséé entre nobilitas et « royalistes » ? Cela paraît en effet aberrant. S’il y a des adeptes du pouvoir personnel, c’est bien chez les aristocrates qu’il faut les chercher.

                        Il se peut que la répartition des rôles entre Druides, Rix et Vergobret soit très ancienne. Lisc n’ a pas l’air d’apprécier Dumnorix et Divitiac mais sa demande de soutien à César n’en fait pas forcément un pro-romain. Peut-être que Lisc appartient à une famille d’aristocrates qui jalousent la situation des deux frères et souhaitent se servir de César pour les renverser.

                        Pour ce qui est de « l’élection » de Vercingétorix, je suppose qu’une fois chassé de Gergovie par son oncle, il a dû battre le rappel de tous les anciens compagnons d’armes de son père et qu’on a dû voter à « épée levée ».


                        • Antenor Antenor 29 juin 2009 21:35

                          Quelle différence entre les « nobles cavaliers » gaulois et les patriciens romains ?


                        • italiasempre 29 juin 2009 21:37

                          Bonsoir Antenor,


                          Pourquoi l’idée d’une Gaule divisée entre aristocratiques et royalistes vous parait aberrante ?



                        • Antenor Antenor 29 juin 2009 21:49

                          @ italiasempre

                          Bonsoir

                          Il y a bien sûr des aristocrates qui préfèrent qu’il n’y ait pas de roi et apparemment c’était même la majorité d’entre eux chez les Gaulois puisque le « Rix » n’était pas tout puissant.
                          Mais je ne vois pas qui peuvent être ces royalistes à part des aristocrates.


                          • italiasempre 29 juin 2009 22:00

                            Et bien Antenor, ces royalistes étaient en effet des aristocrates ambitieux.

                            A l’instar des tyrans grecs ou même des politiciens romains ils tenterent de rétablir la monarchie à leur profit. 
                            Point d’aberration, c’est bien dans la nature humaine..

                          • Antenor Antenor 29 juin 2009 22:39

                            Bien d’accord. L’idée d’une lutte au sein de l’aristocratie entre royalistes et « autonomistes » un peu à l’image de la Fronde est très plausible. C’est l’idée d’avoir les aristocrates face à tout le reste de la Gaule qui me paraissait bizarre.

                            A bien y réfléchir, il est possible que ce soit le titre de « princeps » que César a traduit en « royauté ». Divitiac était druide mais ce titre ne leur était peut-être pas forcément réservé. Encore est-il probable que, à l’image du Haut-Clergé de l’Ancien Régime, les druides les plus puissants étaient issus de la « nobilitas ». Et la séparation entre laïcs et clercs était sûrement beaucoup moins nette avant le Christiannisme. En fait, le titre médiéval qui s’en rapprocherait le plus ce serait « Comte-Evêque ».


                          • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 23:10

                            @ Antenor et @ italiasempre

                            Antenor écrit : Il se peut que la répartition des rôles entre Druides, Rix et Vergobret soit très ancienne.

                            Attention, c’est un peu compliqué.

                            Revenons à notre Vergobret Liscos précité. Il accuse Dumnorix (le chevalier/cavalier, chef de la cavalerie de la nobilitas) de « cupidum rerum novarum » (I,18). C’est l’expression type qu’utilise Cicéron pour accuser quelqu’un de vouloir un bouleversement politique, autrement dit une révolution. Nous sommes bien dans le contexte d’une nobilitas qui veut prendre le pouvoir au dépens du pouvoir légal du Vergobret. Mais voyons la suite pour l’après Liscos (élu par le sénat, le vergobret change tous les ans)

                            L’affaire se passe à Decize (VII,33). César doit trancher entre deux Vergobrets qui se contestent leur élection. Il y a Cotos « né d’une très, très antique famille » (c’est donc l’ancien système foncièrement démocratique) et il y a Convictolitavis que César qualifie de « florentem » qui, par opposition, ne peut se traduire que par « nouvelle vague ». Et César tranche en faveur de ce dernier en arguant de la tradition d’avoir été « creatus » par les « sacerdotes »(les prêtres). C’est évidemment une erreur de penser, comme Jean-Louis Brunaux l’écrit, que le Vergobret ait été élu par les prêtres ou les druides. Il n’a pu être élu que par le sénat. Il faut comprendre qu’il a seulement été « créé » vergobret par les prêtres, c’est-à-dire qu’il a reçu une « onction » (de même que l’empereur romain « naissait » le jour de son intronisation ; et comme cela se passait aussi chez les Juifs). Le fait que Cotos n’ait pas été « creatus » montre bien qu’il n’avait pas le soutien des prêtres et donc des druides, c’est-à-dire de la « nobilitas » alors que l’autre l’avait. Mais le plus étonnant est de constater que César s’est fait rouler dans la farine car après avoir été nommé Vergobret, Convictolitavis a soulevé le pays éduen contre lui, comme Dumnorix le voulait avant lui.


                            • Emile Mourey Emile Mourey 29 juin 2009 23:30

                              Et donc, je reviens à ma conclusion pré-citée, à savoir que la fameuse thèse d’une Gaule divisée entre une nobilitas et les partisans d’une monarchie ne tient pas la route. Il s’agit en fait d’une nobilitas qui veut s’emparer du pouvoir contre un Vergobret et une magistrature démocratiquement élus même si le mot « élu » n’est pas tout à fait exact.

                              Evidemment, je n’exclus pas l’hypothèse d’un membre issu de cette nobilitas, ou même de la plèbe, poussé par une ambition personnelle ou tout simplement porté au pouvoir par ses concitoyens. Je veux bien qu’on parle de rois mais je constate que ce sont les événements provoqués par l’intrusion de César qui les font apparaître, en particulier quand ils sont imposés par César lui-même.


                            • homosapiens homosapiens 29 juin 2009 23:17

                              résistant mon oeil, c’était une histoire de vengeance familiale.
                              Il était cruel, il a décapité le soldat qui avait brisé le vase de soissons 3 ans aprés en lui prenant son épée qu’il « trouvait sale », une fois dans sa main il a décapité le soldat.
                              Il n’a pas hésité non plus à foutre femmes et enfant dehors pendant un siége romain, les laissant crever pendant 3 semaines entre les pièges romains et ses remparts.
                              connard, il voulait venger son oncle ou son grand père,toute l’histoire de france n’est que vengeance, jalousie et course au pouvoir de quelques familles.
                              Resistant ? relis le dossier tu verras l’abruti obstiné, sanguinaire et dévoyé qu’il était.


                              • Emile Mourey Emile Mourey 30 juin 2009 11:37

                                César et Vercingétorix ne sont certainement pas des modèles d’humanité. Pour faire simple, disons qu’ils ont pourtant essayé de promouvoir des types de sociétés viables tandis que les rustres dont nous descendons, vous comme moi, éliminaient les plus faibles dont la descendance n’est plus là pour critiquer votre commentaire.


                              • maxim maxim 29 juin 2009 23:28

                                la coupe de cheveux d’enfer qu’il se paye le Vercingétorix ,je parie qu’il va chez Jean Louis David smiley smiley


                                • Augustus 30 juin 2009 03:59

                                  *déterrage de héros de la troisième république en cours*

                                  Prochaine étape, la France vue par deux enfants : Edition Dom Rom.


                                  • Antenor Antenor 30 juin 2009 23:19

                                    @ Emile

                                    « Les Gaulois ont vite compris l’inadaptation en temps de guerre de leur système démocratique et l’impérieuse nécessité de donner les pleins pouvoirs à un seul. »

                                    Ce conseil de guerre gaulois n’avait sûrement rien de démocratique dans le sens où le peuple aurait eu son mot à dire, on devait simplement y retrouver un représentant militaire de chaque cité gauloise. La majorité des troupes de César n’était pas romaine et celle de Vercingétorix n’était pas arverne mais celles du consul étaient recrutées dans des cités soumises à Rome alors que celles du « connétable » l’étaient dans des cités alliées. Le second était donc beaucoup moins libre de ses décisions et l’élaboration de chaque plan de bataille devait être précédé d’un intense marchandage.

                                    Pour revenir sur les institutions des cités gauloise, la chose fondamentale qui nous échappe, c’est la manière dont est/sont désigné(s) le(s) Princeps. S’agit-il de cette assemblée des druides évoquée par César et dont on ne sait pas trop s’il la situe à l’échelle de toute la Gaule ou juste à celle de chaque cité ? Il y a là un mystère essentiel à notre compréhension de leur organisation politique.

                                    Si on se fie au texte sur les Rèmes (II3), il y aurait apparemment plusieurs « premiers » par cité.


                                    • Emile Mourey Emile Mourey 1er juillet 2009 10:15

                                      @ Antenor

                                      Comme je l’ai expliqué dans mes commentaires précédents, la première chose à faire est de bien traduire le texte latin, d’autant plus qu’il faudrait repasser au crible les originaux. Voir si dans le langage de César, il y a une différence de sens entre consilium et concilium. Quand je parle de système démocratique et d’une certaine idée de la liberté, je ne dis pas « élu » dans le sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais « choisi ». C’est très clair en ce qui concerne la désignation du « princeps » des druides. C’est celui qui a le plus de mérite qui est choisi. Cela suppose des discussions, des tractations, mais il ne faut pas exclure une sorte de vote à épée levée. Cela devait ressembler à la façon dont, plus tard, les soldats élevaient sur le pavois un empereur, par acclamations.

                                      Pour les conseils de guerre, je n’ai jamais dit que les membres étaient des représentants du peuple. La logique me semble être plutôt une réunion des chefs militaires, sachant que les unités étaient mises sur pied par des cités et même par des pagus différents. Le temps de guerre n’est pas le temps de paix.

                                      L’erreur qu’il ne faut pas commettre est celle de Jean-Louis Brunaux qui a écrit que les Vergobrets étaient élus par les sacerdotes et donc par les druides. J’ai expliqué qu’il fallait comprendre qu’ils n’étaient qu’onctionés en quelque sorte par ceux-ci, et donc après avoir été élus par le sénat ; nous avons bien là une forme de démocratie de temps de paix qui semble remonter à une lointaine origine comme César l’écrit. Le problème, c’est la façon dont le sénat était convoqué. Le différend de Decize montre bien qu’il y a eu litige.


                                      • Emile Mourey Emile Mourey 1er juillet 2009 10:26

                                        Vous prenez l’exemple des Rèmes, mais c’est dans toutes les cités que se trouvaient des « princeps ». Si on traduit par « princes » dans le sens du Moyen-âge, on a tout faux. Ce sont des « premiers » et César explique bien que s’ils sont des « premiers », que cela soit dans les grandes familles ou qu"ils viennent de la plèbe, c’est à leur autorité naturelle, à leur rayonnement, que sais-je, qu’ils le doivent.


                                        • Antenor Antenor 1er juillet 2009 14:18

                                          « Si on traduit par « princes » dans le sens du Moyen-âge, on a tout faux. »

                                          La traduction la plus fidèle de « princeps » serait alors « sénateur » ?

                                          Et cependant, je me demande si une « factione » pourrait désigner une organisation de type féodale à l’image des baronnies et comtés du Moyen-âge. La définition qu’en donne César pourrait convenir. Et on a peut-être une vision caricaturale du système féodal médiéval quand on se figure que la noblesse faisait ce qui lui plaisait. L’obligation faite au chef de « factione » de protèger les siens rappelle beaucoup celle du seigneur médiéval.

                                          Dans les villes, une « factione » pourrait désigner une corporation d’artisans voir le « conseil municipal » lui-même mais dans les campagnes, ce serait plutôt une subdivision territoriale, un groupe de hameaux agricoles entourant un bourg artisanal, le tout sous la houlette du « baron » local. Ces « factione » de base seraient eux mêmes regroupés dans des factiones élargis et ainsi de suite jusqu’au Pagus qui serait le niveau de « factione » le plus grand.


                                        • Emile Mourey Emile Mourey 2 juillet 2009 13:19

                                          @ Antenor

                                          @ italiasempre

                                          Suis très bousculé en ce moment ; complètement débordé. Je me prépare à accueillir mes enfants, étant veuf depuis un an, et je viens d’envoyer un nouvel article à Agoravox : « Explication de la bataille d’Alésia »... paru ce jour dans la minute qui suit... bonne surprise !

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