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Accueil du site > Tribune Libre > Vivre dans un système sans frottement

Vivre dans un système sans frottement

En tant qu’occidentaux, nous baignons dans une société en recherche permanente d’égalité et de justice sociale et certains individus (les « Social Justice Warriors » pour reprendre un terme devenu péjoratif aux US) en font même le but de leur vie. On ne peut qu’être a-priori favorable à cette approche mais cette focalisation permanente sur la moindre iniquité, injustice ou détresse nous fait perdre de vue l’essentiel à savoir que, malgré ses imperfections, notre système est incroyablement ouvert à l’échelle du monde et de l’Histoire.

Si vous avez eu l’occasion d’aller vivre dans d’autres pays moins développés, ceux dans lesquels vit la majorité de la population mondiale, vous constaterez qu’il n’y a rien de facile quand on veut s’élever vers le haut.

Quand vous vivez dans cette partie du monde, vous êtes contraint par votre ethnie, votre caste, votre clan, votre sexe. Ceux qui se plaignent du racisme ou du machisme en France ne l’ont jamais vécu dans un pays où votre couleur, votre sexe, votre religion ou votre sexualité vous fait vivre sous la menace permanente de voir votre vie ou votre intégrité attaquées pour ce seul motif. La capacité de résilience développée par certaines populations face à cette épée de Damoclès est tout simplement incroyable et très très loin de ce dont nous, occidentaux, sommes capables. Etre chrétien ou chiite au Pakistan est un acte permanent de courage et d’espoir insensé. Ces populations subissent une pression permanente et, parfois, des attaques terribles qui plongeraient la plupart d’entre nous dans les abysses de la dépression la plus profonde et pourtant elles continuent de se lever le matin, de vivre, d’espérer, de faire des enfants et de célébrer leurs croyances.

Quand vous vivez dans cette partie du monde, vous êtes contraint par le système éducatif qui n’est pas accessible à tous car, dans beaucoup de régions dans le monde, le travail des enfants au sein du foyer est indispensable à sa survie. Et je ne parle pas des enfants qui travaillent comme des esclaves dans des usines ou des ateliers.

Quand vous vivez dans cette partie du monde, vous êtes contraint par le système bancaire, faiblement développé sinon inexistant qui ne financera ni vos achats ni vos projets professionnels. Dans le meilleur des cas, vous aurez accès à des dispositifs de micro-crédits qui constituent certes un progrès mais qui sont très loin des standards que nous connaissons.

Quand vous vivez dans cette partie du monde, vous êtes contraint par l’absence d’information disponible alors même que nous baignons dedans, au point de l’oublier et même de nous en plaindre.

Sans même parler de ceux qui luttent pour ne pas mourir de faim ou de soif, vous êtes aussi contraint par l’état des infrastructures : moyens de communication, route, eau, santé, etc. Rien n’est facile ni immédiat comme ça peut l’être dans notre société moderne.

Quand vous vivez dans cette partie du monde, vous êtes contraint par l’absence de sécurité qui vous oblige à dépenser une part importante de votre énergie à protéger votre existence et celle de votre famille. Tous ceux qui ont vécu dans ce genre de région le savent : l’insécurité nourrit la pauvreté et non l’inverse. L’idéologie du déterminisme social dont nous sommes tellement friands en France n’est absolument pas partagée dans les pays qui touchent du doigt cette réalité.

Dans un livre étonnant sur le fond comme sur la forme (« Comme je parle  »), le blogueur Aldo Sterone raconte comment l’émergence d’une délinquance endémique dans l’Algérie des années 90 a fini par pourrir la vie des villes et des villages, comment la population, excédée par l’absence de réaction du parti au pouvoir, a fini par voter en masse pour un parti extrémiste (le FIS) et comment tout ça a conduit à une guerre civile atroce qui a duré 10 ans. Toute ressemblance avec une situation existante en France serait purement fortuite.

Ceux qui ont la chance de voyager dans ces pays où les standards de développement sont loin des nôtres seront frappés par la joie de vivre, l’espérance (souvent d’origine religieuse), l’optimisme, la résilience des populations qui les habitent, même quand il s’agit de minorités qui vivent sous une pression permanente. C’est le genre de chose qui vous rend vraiment accroc à l’humanitaire et à la vie d’expatrié.

Ces populations nous font réaliser qu’une grosse part de nos soi-disant problèmes occidentaux de justice sociale sont inventés de toute pièce par des gens qui consacrent leur vie à charger des moulins et à maintenir sous respiration artificielle des injustices qui ont quasiment disparues. Leur valeur ajoutée au progrès social n’est certes pas nulle mais elle est infinitésimale à l’échelle de la planète quand on voit où sont les vrais combats à mener (avec beaucoup plus de risques certes, ceci expliquant cela).

Je sais que cet article ne plaira pas à tout le monde mais, d’accord ou pas d’accord, retenez au moins que ceux qui vous poussent à vous lamenter sur votre sort, à vous faire croire que vous êtes victime de telle discrimination ou de telle injustice ne servent que leurs intérêts et leur idéologie. Votre échec est leur réussite.

Mon épouse qui est d’origine algérienne ne serait jamais devenue ingénieur à Airbus si elle avait écouté tous ces enseignants bien-pensants qui voulaient la convaincre de s’orienter vers une filière professionnelle en dépit de ses excellents résultats scolaires. Ils étaient convaincus de lui rendre service car dans leur vision, c’est le mieux qu’elle pouvait attendre d’une société prétendument discriminatoire qui ne lui laisserait aucune chance en tant que femme et arabe. Non seulement Airbus l’a recruté mais cette société a aussi toujours encouragé son ascension, ne tenant compte que de ses seuls mérites, comme le font beaucoup sinon la plupart des recruteurs en France.

La société dans laquelle nous vivons est certes imparfaite et elle le restera. Mais les forces de frottement y sont incroyablement faibles à l’échelle de l’Histoire et du monde. A conditions égales d’éducation, de couleur et de sexe, des millions de gens sont prêts à prouver qu’ils exploseraient tout s’ils avaient la chance de vivre dans un environnement aussi favorable. Et nombre d’entre eux sont même décidés à risquer leur vie pour offrir cette chance à leurs enfants. Si la seule chose que vous sachiez faire est de pleurnicher sur de prétendues discriminations, soyez donc gentil de leur libérer la place.

Tahiti Bob


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7 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 27 février 2017 10:07

    Les bonnes questions :

    A qui ces pays doivent leur sous-développement ?

    Qui les maintient la tête sous l’eau ?

    D’où vient « notre prospérité » ?

    Quant à la ségrégation, de race, d’origine, de sexe, de niveau social en France, je vous invite à y regarder de plus près...


    • Phalanx Phalanx 27 février 2017 23:57

      @Clocel

      La France est probablement le pays le moins raciste de l’histoire de l’humanité. Mais quand on veut tuer son chien ...

    • Clocel Clocel 28 février 2017 12:20

      @Phalanx

      De l’histoire de l’humanité, c’est peut-être exagéré...

      Ce que je vous concède volontiers, c’est que la France est (était ?) sûrement le pays le plus accueillant pour les étrangers, surtout pour ceux en délicatesse politique avec leurs pays d’origines.

      C’est un fils d’immigré de la deuxième génération qui vous le dit ! Merci aux français !

      Maintenant, c’est un domaine où je ne souhaite me mesurer la bite avec les voisins.

      Nous avons encore des progrès à faire dans l’intégration, en commençant sans doute par fermer les vannes de l’immigration sauvage, qui nous fait renier les valeurs par lesquelles nous nous sommes effectivement distingués.

      Le tout en restant ferme sur nos principes,

      J’ai vécu dans le Sud de l’Espagne, j’ai pu voir de mes yeux la sauvagerie du racisme ordinaire, qui est là-bas, une institution.

      Je n’ai jamais vu pareil comportement en France, et, j’aimerai que ça dure...


    • Ouam (Paria statutaire non vacciné) Ouam 27 février 2017 17:59

      @L’auteur :
      Oulala j’ai l’impression que avec le début de ton article...
      Toute la dioxa bien pensante va te tomber sur le poil...
      J’espere juste me tromper, et je suis d’accord avec une bonne partie de ton article,
      enfin un article positif qui milite contre le misérabilisme intellectuel (genre : c’est les autres....etc...)


      • Abou Antoun Abou Antoun 27 février 2017 18:32

        quil n’y a rien de facile quand on veut s’élever vers le haut.
        C’est sûr que c’est beaucoup plus simple de s’élever vers le bas.


        • Ouam (Paria statutaire non vacciné) Ouam 27 février 2017 23:38

          @Abou Antoun
          le haut et le bas n’est qu’une notion toute relative


        • Phalanx Phalanx 27 février 2017 23:55

          Cette obsession pour l’égalité (la justice, la culpabilité, l’espoir, l’amour etc ...) est du à notre héritage Chrétien.


          Il est désormais utiliser pour détruire les sociétés chrétiennes.

          Chesterton parlait des « valeurs chrétiennes devenues folles ». Un gauchiste est un chrétien fanatique.

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