Vouloir identitaire, aboulie générale et égarements intellectuels
"Nous vous invitons à donner votre définition, vos valeurs, votre vision de l’avenir« (Éric Besson lançant le »Grand débat identité nationale")
La Marseillaise, surtout, m’est toujours indispensable. Et pourtant je ne peux plus la chanter telle qu’elle est, avec aussi sa symbolique sanguinaire, sa persistante répétition confusionniste associant comme une évidence, comme une fatalité, la violence à la révolution. Je tiens beaucoup à mon hymne national mais je veux qu’on le pacifie. Je crois très fort à la possibilité d’améliorer et d’actualiser les symboles.
Et pourtant ce ne sont pas les symboles qui me préoccupent le plus, c’est l’aboulie générale. Je reprends la formule d’un récent propos de Dalil Boubakeur… qui l’a utilisée très hypocritement pour regretter qu’ "on" ait "laissé beaucoup filer le problème du fondamentalisme". Hypocritement, parce que le recteur de la mosquée de Paris a non seulement lui-même "laissé filer" le fondamentalisme musulman, mais parce qu’il l’a aussi très clairement soutenu lors de l’affaire des caricatures danoises. Il fut de ceux qui ont fait un procès à Charlie Hebdo quand le journal eut reproduit les dessins symbolisant la violence islamique. Hypocritement, aussi, parce que le "regret" de l’aboulie était, dans le propos du responsable religieux, une forme de soutien indirect à la présence du voile islamique en France.
L’aboulie me paraît bien présente mais celle que relève Monsieur Boubakeur n’est qu’une partie et, surtout, qu’une conséquence de l’aboulie nationale de l’époque, celle d’un non-vouloir identitaire, celle d’un rejet des valeurs acquises, celle d’un laisser-faire et d’un "tout se vaut", celle d’un nouvel amour de la "table rase", bien pire encore que dans sa formulation internationale et prolétarienne d’hier. Une forme particulière de la malfaisante aboulie me paraît être dans l’acceptation d’une "identité européenne" fondée sur l’économisme, sur l’adhésion à la "concurrence libre et non faussée" qui fait aujourd’hui tant de mal dans le monde entier, et qui rend nulles et sans espoir les meilleures résolutions solennellement proclamées (pour "sauver la planète", pour "réduire les inégalités"…). En France, cette grave erreur historique se double d’un officiel mépris pour ceux, majoritaires, qui n’en ont pas voulu.
Jusqu’à ce jour l’économisme a toujours réussi a imposer sa loi, mais ce qu’on appelle encore aujourd’hui la Gauche avait toujours refusé de l’accepter. Une bonne partie de ses membres, dorénavant, milite pour qu’on s’y soumette.
Il me semble qu’il y a pourtant bien pire encore : parmi ceux qui refusent toujours cette démission/trahison, bien peu résistent à l’autre démission dominante, celle du "laisser-détruire", voire de la négation des valeurs acquises par les démocrates, les républicains, les laïques, les militants des droits et devoirs humains, de l’égalité de tous devant la loi et la justice, du respect et de la protection du bien commun et des services publics, de l’enseignement public et de la protection sociale, de l’égalité de la femme et de l’homme, du libre choix des préférences sexuelles, de la liberté d’expression pour tous… valeurs acquises au prix, bien souvent, de très coûteux sacrifices. Des intellectuels prennent même un très voyant plaisir à dévaloriser ces acquis : pour eux, s’ils ont conduit à une fierté nationale c’est qu’ils n’étaient pas bons. Parce qu’ils n’ont pas été acquis partout ailleurs c’est même, nous disent ces destructeurs du sens, qu’ils étaient mauvais. Vouloir les protéger est même affirmé, dans leur discours de joueurs bien souvent nantis, le signe d’un très honteux état d’esprit. "Proche du fascisme", disent les plus écoeurants d’entre eux.
Parce qu’elles n’ont pas été réalisées totalement (loin s’en faut, c’est sûr) la liberté, l’égalité, la fraternité - je préfèrerais la solidarité, au sens plus politique et plus contraignant - devraient désormais, pour nos intellos gâtés, être rayées de notre identité nationale. Comme la volonté de pacifier les religions et de les confiner dans l’espace privé. Parce que la religion qui, chez nous, majoritaire mais déclinante, fut aussi violente et fit obstacle aux acquis précités il faudrait ouvrir largement la voie à celle, l’islam, qui est aujourd’hui la plus violente et la plus menaçante. Les mots nation, respect, ordre, valeur, morale, spiritualité devraient, selon nos égarés démissionnaires être bannis de notre vocabulaire. Ils seraient devenus "des mots d’extrême droite".
Ces démissionnaires-là sont les préférés des médias. C’est que bon nombre de journalistes, puissants ou pas dans le système économico-médiatico-politique en font manifestement partie. Comme bon nombre de philosophes et de sociologues, de psychologues, de politologues, de "spécialistes" de toutes sortes de la parole et de la pensée. Mépriser les plus nobles acquis de leur pays est le jeu intellectuel de ces journalistes et, selon eux, ce jeu devrait être pris pour garantie de la seule valeur qui mérite encore d’être vraiment défendue, affirmée précieuse et chérie par eux : leur liberté de critique, leur indépendance d’esprit.
Parmi tous ces démissionnaires, les plus confus - ou/et les plus malhonnêtes - voudraient faire passer l’islamophobie pour du racisme. Je tiens la violence islamique, chaque jour confirmée partout dans le monde, constamment revendiquée comme moyen de le conquérir pour le soumettre à la volonté du Dieu coranique, pour l’une des deux plus graves menaces des temps présents, l’autre étant l’adhésion massive à l’économisme. Il est donc sain selon moi, décision de bon sens, signe d’amour pour ses enfants et de considération pour tous les autres qui nous suivront, d’être islamophobe, et malhonnête de vouloir faire la confusion avec le racisme.
Et c’est sur un comportement gouvernemental face à la menace islamique que je voudrais terminer mon plaidoyer pour la réhabilitation de la belle identité nationale. Quand fut envisagée la création d’un Conseil Français du Culte Musulman on fit lucidement remarquer qu’un préalable était l’acceptation, par ceux qui en seraient membres, du droit pour tous de changer de religion. Ils refusèrent. On céda à leur refus et on créa tout de même le CFCM, avec des organisations et des individus qui, par ce refus, avaient manifesté leur claire adhésion à la barbarie islamique. On leur fit confiance pour ne jamais la mettre en application, pour ne pas, chez nous, lapider, égorger, poignarder, pendre comme on le fait encore ailleurs ceux qui se rendent "coupables" de quitter l’islam, dont ceux des très nombreux "musulmans" qui n’ont jamais choisi de l’être. Un gouvernement osa trouver cela suffisant, mettant ainsi le pays qu’il dirige sous la domination effective des nouveaux monstres religieux. Les pires renoncements ont très logiquement suivi dans tous les secteurs d’activité de la société française, et l’islam n’est déjà plus seulement une menace, il est déjà très avancé dans la destruction des meilleurs acquis de la démocratie, de la République et de sa laïcité.
L’aboulie générale et la lâcheté gouvernementale annulent en ce moment, dans les faits, nos plus précieux acquis nationaux. Il n’est cependant jamais trop tard pour revenir sur une lâche décision.
La lâcheté, c’est cette "valeur-là", celle-là surtout, que je ne voudrais pas voir intégrée à notre identité nationale.
Pierre Régnier (ancien secrétaire national du syndicat CFDT de la radio-télévision de service public)
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