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Vu d’Athènes

 

On n'en a pas fini...
 

   Cette dette qui s'éternise n'a pas fini de faire parler d'elle, malgré les dénégations, et de constituer une pierre d'achoppement au coeur de l'UE. Mais pas seulement.

  Ou plutôt ce sont les conditions dans lesquelles le pays de Socrate fut sommé de faire une cruelle cure d'amaigrissement, jusqu'à mettre sa santé en péril pour longtemps et à compromettre tout rétablissement.

  Essentiellement pour sauver les banques.

   On parle parfois d'amélioration, au niveau du tourisme par exemple. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt.

  Enfin, des experts de l'OCDE et de nombreux économistes ont donné de la voix pour une politique radicalement nouvelle vis à vis d'Athènes, installée dans un diabolique cercle vicieux. Puis ce furent des responsables du FMI qui montèrent au créneau pour avertir Bruxelles et surtout Berlin de ses "erreurs" sur la question grecque.

  Plus récemment, c'est nouveau, c'est enfin la  Cour des comptes européenne qui met les pieds dans le plat, en dénonçant l'absurdité et l'incohérence des plans de réforme successifs, qui n'ont finalement eu comme but principal que d'affaiblir un peu plus le pays et de le rendre pour longtemps incapable d'autonomie et de saine gestion financières.Tour ça essentiellement pour rassurer les marchés financiers.

  Certaines des conséquences de cet aveuglement sont bien connues, notamment l'effondrement d'un système de santé digne de ce nom, comme en témoigne le témoignage d'un observateur sur le terrain.

 Celui-ci évoque ce qu'est devenu l'état sanitaire du pays pour les très nombreuses personnes devenues pratiquement sans ressources. Une situation tragique d'abandon.

       “Chez vous, c'est comme en Irak, ailleurs, de telles mesures d’austérité auraient causé l’effondrement absolu de la société” ont-ils déclaré après avoir visité nos hôpitaux ainsi que nos dispensaires solidaires et de la dernière chance pour les non-assurés, ces derniers représentent pratiquement un tiers de la population de notre pays ensoleillé.  Nos visiteurs ont ainsi aperçu nos cancéreux qui vendent leurs derniers biens pour ainsi pouvoir faire face au coût de leur incertaine thérapie, nos amputés aux diabètes qui ne sont plus pris en change, les abandons des bébés dans les maternités ; néanmoins aussi, une certaine solidarité et surtout ce (dernier ?) héroïsme des médecins alors indéniable..." 

    Ce ne sera pas l'embellie touristique qui va changer les choses.  Le problème est plus politique qu'économique.

  La potion est mortelle. Même au FMI on a fini par s'en rendre compte...


  (*) Les trois plans de sauvetage européens menés depuis 2010 sont un échec patent, selon le rapport de la Cour des comptes européennes, publié le 16 novembre (lire ici). Alors que le troisième plan est censé s’achever à la mi-2018, la Grèce sort dans un état de délabrement économique sans précédent : son PIB a diminué de 30 %, sa dette publique a pris des allures stratosphériques, dépassant les 180 % du PIB, les banques grecques ne sont pas en état de prêter et d’assurer le financement de l’économie. Le seul objectif clair que s’était fixé la Commission européenne – permettre à Athènes de retrouver un accès au marché financier – semble ne pas pouvoir être atteint. « Ces programmes ont permis de promouvoir les réformes et d'éviter un défaut de la Grèce. Mais la capacité du pays à se financer intégralement sur les marchés reste un défi », souligne Baudilio Tomé Muguruza, membre de la Cour des comptes européenne responsable du rapport.

   En soi, ce rapport ne vient que confirmer les multiples alertes et mises en garde faites par nombre d’économistes et observateurs. Tout au long de la crise grecque et plus encore au moment du troisième plan de sauvetage en juillet 2015, ils n’ont cessé de dénoncer l’irréalisme et le dogmatisme économiques qui prévalaient parmi les « experts » et les responsables politiques européens, et qui ne pouvaient conduire, selon eux, qu’à un échec. Nous y sommes. 110 milliards d’euros de financement ont été accordés à Athènes en 2010, 172 milliards lui ont été à nouveau prêtés en 2012, 86 milliards à nouveau – mais 36 milliards seulement ont été effectivement déboursés à ce jour – en 2015… pourtant sa situation économique et financière est toujours intenable....


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9 réactions à cet article    


  • francois 21 novembre 2017 08:47

    L’Allemagne n’a toujours pas fait le bilan de son passé. Le 4éme Reich est en place et l’Europe est devenu un protectorat germain.


    • Francis, agnotologue JL 21 novembre 2017 10:02

      Vous avez aimé cet article ? Vous aimerez celui-là :
       

      Le chômage, la dette, la Grèce des affaires bien rentables ! (blog de Denis Garnier)

       Extrait : ’’Lorsque les spéculateurs demandent un rendement de 10% par an aux entreprises alors que les richesses produites n’évoluent que de 1% ou 2%, la différence est forcément prélevée sur le restant produit. C’est pourquoi, sans changement radical du système actuel, les politiques qui se succèdent au pouvoir depuis plus de 40 ans maintenant continueront de contenir le chômage dans la fourchette des 8% à 10% car c’est vraiment une affaire trop rentable.’’


      • ZEN ZEN 21 novembre 2017 10:17

        @JL


        Bonjour, 
        Merci pour ce lien que je suis en train d’analyser.


      • velosolex velosolex 21 novembre 2017 13:56

        Bonjour. Je suis toujours très ambigu à propos de la Grèce, car des erreurs et un aveuglement patent sans parler d’une certaine roublardise. Alors oui, si l’on ne peut nier qu’il y a des victimes parmi les grecs de la situation, peut on dire que la Grèce est en tant que telle victime ?...Dire qu’elle a triché impunément pendant des années est très mal reçu, vous passez tout de suite pour un capitaliste pur jus...Rien de plus facile pour vous faire honte, que de montrer des pauvres sans soins, à l’estomac vide....On n’évitera soigneusement les villas sur les hauteurs d’Athènes, de montrer les happy few grecs ne payant pas d’impôts, le clergé idem, premier investisseur immobilier du pays...Au début de tout cela, on trouve des commerçants avisés, les grecs, qui n’ont rien à apprendre de personne ce qu’est le bluff, les montages économiques, les placements judicieux, les délocalisations.

         Onasis en effet, après guerre, fut le fer de lance de la mondialisation sauvage, ruinant les marines nationales, avec des équipages sous payés, naviguant sur des tankers pourris. Une évidence, la grèce n’aurait jamais du rentrer dans l’europe. Elle le réussit matoisement grâce à des achats militaires, et de bons amis, type Giscard d’estaing, qui mirent tout sur la note à payer plus tard, toujours plus tard...Deuxième importateur au monde d’armes pour une population égale à celle de la Bretagne....Même le grec de base fermait les yeux quand les salaires s’envolaient dans les années 2000, la grèce étant le pays alors du miracle économique bidouillé...Que dire de la façon dont Merkel fut caricature comme une nazi dans ce pays en quête de bouc émissaire, et forcément innocent de ses errements parfois nationalistes...Je suis pour autant très critique à l’encontre du capitaliste, et si je critique l’europe, je reste européen. Alors vous dis je comment peut on tirer des bords dans tous les sens, en n’épousant pas la pensée dominante, noir et blanc. Sois vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous, m’entend je dire. 

        • ZEN ZEN 21 novembre 2017 14:15

          @velosolex

          Bien sûr, il faut être nuancé, notamment en faisant l’histoire de la Grèce depuis son autonomie par rapport à l’empire ottoman et du rapport particulier avec l’Etat en cette période, des ruines laissées par la 2de guerre mondiale, la terrible guerre civile qui a suivi, de la période désastreuse des colonels, etc...
          La Grèce revient de loin. Mais qui a eu l’idée de la faire entrer dans l’UE ? Giscard, avec « l’aide technique » de Goldman Sachs...
          Je vous livre ces propos : 
          .             Ce fut à l’évidence une erreur grossière, induite par une fraude qui ne l’était pas moins, d’admettre la Grèce dans la zone euro (lire ici). Ce fut très probablement une faute de l’y maintenir en 2010, la facture sociale à payer étant disproportionnée. Mais il ne s’agissait évidemment pas de « sauver la Grèce » et son peuple mais avant tout les banques européennes, notamment allemandes et françaisesLe temps, ce puissant analgésique, a-t-il changé les données du problème ? Autrement dit, la mauvaise décision d’hier peut-elle être la bonne réponse aujourd’hui et à quelles conditions ? 
          Paradoxalement, compte tenu des sacrifices supportés depuis quatre ans et des maigres résultats économiques engrangés, le niveau d’adhésion à la monnaie unique dans la population de la République hellénique (73 %) est un des plus élevés en Europe. Syriza, le parti de la « gauche radicale », dont le chef Alexis Tsipras pourrait conduire un gouvernement de coalition après les élections anticipées du 25 janvier prochain, vient de réaffirmer sa volonté de maintenir le pays dans la zone euro. Est-ce bien raisonnable ?
           D’abord, un constat. Alors que l’Irlande et le Portugal, les deux autres pays de la « périphérie de la zone euro » placés sous « intervention » au début de la crise des dettes souveraines (Chypre y tombera plus tard), ont retrouvé leur « autonomie » (avec l’appui de la BCE et sous surveillance des marchés financiers), la Grèce reste sous le régime de la Troïka UE-FMI-BCE et la levée d’écrou a été différée au-delà des prochaines élections.
           Ensuite, un rappel. Si la dette souveraine domine le débat, elle n’était pas et n’est toujours pas (nous y reviendrons) au centre de la problématique des pays « périphériques ». Leur crise était avant tout un problème de balance des comptes courants, masqué par le filet de protection étendu par l’appartenance à la monnaie unique. Sans l’euro, qui avait plongé dans une douce somnolence les « vigiles » du marché obligataire, ces pays n’auraient pas pu accumuler, dix années durant, des déficits commerciaux de l’ordre de 10 % de leur PIB, alimentés par des niveaux de consommation et d’investissements financés à bon compte en vertu du « jeu de la convergence », vers le bas, des taux d’intérêt. Accessoirement, des classes politiques irresponsables, clientélistes et corrompues n’auraient pas pu gaspiller l’argent public comme s’il n’y avait pas de lendemain.
           L’existence de la monnaie unique interdisant le recours à la dévaluation externe pour régler un problème qualifié grossièrement de « compétitivité », il fallait donc conduire une « dévaluation interne », provoquée par une baisse du coût des facteurs de production, et notamment du coût du travail. Élémentaire, mon cher Watson ! Élémentaire mais faux. Dans le cas de la Grèce, cette « stratégie » a été poussée à l’extrême sous la houlette de la Troïka. Sans produire les résultats escomptés, c’est-à-dire une amélioration visible de la performance du pays à l’export.
          « Réduire les salaires dans le secteur privé a très peu contribué à améliorer la compétitivité de l’économie grecque parce que cela n’a jamais été le vrai problème », analysait récemment l’économiste Theodore Pelagidis« Le facteur principal qui a bridé la compétitivité de l’économie privée se trouvait plutôt dans l’existence de règles dictées par la rente au service de structures d’oligopole sur les marchés de produit, de rentes étouffant la création concurrentielle et augmentant le coût de l’introduction d’innovations dans la production et les chaînes d’approvisionnement, toutes choses qui favoriseraient l’évolution d’écosystèmes productifs et le progrès de l’innovation fondée sur la recherche. »
          Et d’ajouter : « En dernière analyse, l’échec de la dévaluation interne dans l’amélioration de la performance de la Grèce à l’export résulte de l’accroissement des coûts et de l’imposition de nouveaux risques et de charges nouvelles sur l’économie productive qui ont annulé les éventuels gains de compétitivité provoqués par la baisse des coûts salariaux... »

        • velosolex velosolex 21 novembre 2017 19:23

          @ZEN
          D’autres curiosités sont à l’oeuvre au musée des horreurs européens, qui taillent des croupières aux autres pays de L’UE : L’optimisation et la dérégulation irlandaise, le cynisme des hollandais, le nationalisme Polonais premier bénéficiaire des aides et qui ne veut pas des charges, pour ne pas parler de la Hongrie fascisante...etc...Les pays d’Europe de l’est ont une façon très spéciale de remercier l’UE de leur avoir donné une autre ouverture, que celle des soviétiques.

          On se demande pourquoi on se cramponne à ce machin où chacun fait un croche pied à l’autre, et tente de lui faire les poches quand il est à terre, quand il ne triche pas, interprète, ou détourne les textes à sa façon. Les anglais font en ce moment très fort aussi en tentant de faire un coup de poker : Rester dans l’UE sans gardant un portillon qui ne s’ouvre que d’un coté. L’UE, c’est une cour de récréation où s’il y a quelques lois, elles servent au plus malins pour optimiser leurs profit. 
          Comment réformer ce machin c’est à dire le marché, avec tout ce qu’il génère. A mon avis, on gagnerait beaucoup à taxer très sérieusement le fret des marchandises : La pollution serait endiguée et l’on remettrait l’économie des territoires perdus en action. 
          Il faudrait donc un retour du politique. L’économie au service de la politique, et non le contraire. Déjà dans les années 40, il y eut un grand penseur Karl Polanyi, anthropologue et économiste, qui dénonçait le mythe du marché autorégulateur, émancipé des institutions et des sociétés. Il montra aussi que le fascisme était le produit d’une société de marché, qui avait cessé de fonctionner. 
          Karl Polanyi — Wikipédia

        • ZEN ZEN 21 novembre 2017 20:14

          @velosolex

          Il faudrait donc un retour du politique. L’économie au service de la politique, et non le contraire
          Tout est dit.


        • alberto alberto 21 novembre 2017 15:52

          Oui, et puis merci, aussi, à intransigeance de Herr Schäuble...


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