Mazarin :
Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on
va en prison. Mais l’État…, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter
l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États
font ça.
Colbert : Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de
l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts
imaginables ?
Mazarin : On en
crée d’autres.
Colbert : Nous
ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
Mazarin : Oui, c’est impossible.
Colbert : Alors, les riches ?
Mazarin : Les riches, non plus. Ils ne
dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de
pauvres
Colbert :
Alors, comment fait-on ?
Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage (comme un pot de chambre
sous le derrière d’un malade) ! il y a quantité de gens qui sont entre les
deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être
riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer,
encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils
travaillent pour compenser… c’est un réservoir inépuisable.
Extrait du « Diable Rouge » : c’était il y a 4 siècles