• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Les commentaires de sasapame



  • sasapame sasapame 18 mai 2016 18:36

    Et voilà comment toutes les utopies socialistes finissent toujours.

    Des qu’un gouvernement à peine socialiste, et surtout souverainiste, se pointe dans un pays, les oligarques de ce pays s’entendent avec l’empire pour organiser la famine du peuple, suite à quoi les folamour, les Spartacus vous disent : voyez, le socialisme finit toujours par la famine.

    Et c’est à se demander s’ils ne sont pas débiles au point de s’imaginer qu’ils ont là la démonstration de leur théories.

    Ils bouffent n’importe quelle propagande. Quand les caillera du 93 et de Vaulx-en-Velin ont cramé quelques centaines de bagnoles, les média des ricains leur disaient que c’était la guerre civile en France.

    Certes, 99,9% des gens en France comme aux US ne savent pas qu’on ne croise pas plus de chiens, de chats et de rats dans Caracas que dans Paris. Il n’y a guère que sur la photo qu’on trouve un chien - manifestement pas affamé, et qu’aucun des nombreux humains en arrière plan n’a l’air de convoiter... Le maire de Caracas, soit dit en passant, était mouillé dans la tentative de coup d’État de 2014 (ou de 2013, j’ai arrêter de compter, c’est tous les ans).

    Quand le gouvernement en question, même s’il respecte la constitution, finit par craquer et fout en taule un putchiste, réquisitionne un média mouillé dans un véritable crime de haute trahison, on dira que c’est un affreux dictateur, et vive la liberté de la presse. Surtout celle de dire n’importe quoi en trahissant la moindre obligation du journaliste et en vendant son cul au plus offrant.

    Si nos ultralibéraux boutonneux d’Agoravox n’ont pas honte d’aligner de telles certitudes après 40 ans d’ultralibéralisme ô combien réussi, et d’UE, d’OTAN, c’est que depuis leur naissance ils ne risquent pas de voir un régime affameur de peuple être emmerdé par l’empire. Une mention spéciale à Encabane qui doit avoir 15 ou 16 ans pour avoir l’idée de mettre nos misères sur le « socialisme » de Hollande... Ne pas gerber.

    Cette problématique est archi-connue depuis de lustres, raison pour laquelle ça fait 150 ans que les gens que ça intéresse s’acharnent à disserter sur une problématique qu’ils jugent fondamentale et qu’ils appellent : le socialisme dans un seul pays. Ils ont bien compris, c’est pas dur, qu’entourés de parvenus croyant avoir découvert la poudre, dans le genre de notre auteur, quiconque tenterait d’instaurer un régime socialiste dans un seul pays va très vite avoir les chiens de chasse de l’empire au cul. Les bénévoles, en particulier les pires.



  • sasapame sasapame 18 mai 2016 12:13

    Coquille : 100 millions de dollars par an (pas milliards), bien sûr.



  • sasapame sasapame 18 mai 2016 12:00

     @Spartacus,

    « quand un article dérange » il ne se prend pas une note de 2/5 - assez logiquement, la note ne cesse de baisser laissons le temps fait son travail.

    Vous devriez faire un peu d’effort pour cacher au lecteur combien vous vous foutez de lui. Car même un flemmard prétentieux devrait pouvoir reconnaître qu’un indice de misère qui classe la France et l’Indonésie au même rang, le Salvador et le Luxembourg au même rang, ou encore la Roumanie comme un pays plus riche que la France, quatrième pays le plus riche d’Europe, n’est pas simplement perfectible mais simplement n’importe quoi. Au passage, les gens ayant juste un peu plus de discernement que vous auront compris tous seuls qu’il y a Bloomberg pour les masses et Bloomberg pour les initiés - c’est pas franchement le même tarif, et évidemment pas le même discours.

    Quand on n’a rien à défendre sur le fond, et surtout un gros poil dans la main, reste le catapultage d’étiquettes. Communistes, ultralibéraux, qui vous voulez : dans toutes les chapelles il y en a qui bossent comme des gros porcs et qui suivent les ordres... le plus volontairement du monde : suffit d’être un fieffé flemmard et de croire au père noël. C’est à l’évidence votre cas. C’est celui de l’immense majorité des gens que de ne pas avoir le temps, les moyens et/ou l’envie de creuser sur tant de sujets, c’est la vie. Sauf que la plupart ont la décence de ne pas faire les malins dans des tribunes.

    Tout le monde ne vient pas non plus sur Agoravox. Flemmards ou pas, on peut raisonnablement penser que les intéressés y cherchent des infos et débats de qualité. D’où votre sale note.

    « systématisez et mettez en doute les sources »

    Que nenni, je les vérifie. Et comme ça tombe mal pour vous, vous ne répondez rien... sinon que je « mets en doute les sources ». Prenez-vous à ce point vos lecteurs pour des idiots ?

    Trouver la source de votre propre propos sur les « 73% de pauvres », analyser, traduire, restituer, rien que ce but m’a pris 1h30. Ne me remerciez pas... Maintenant vous avez le lien, surtout n’allez pas décortiquer ça vous même.

    Droite, gauche, etc., ce n’est évidemment pas une telle distinction qui qualifie une bonne pensée, sans parler de bonne information. Il n’y a pas de bonne pensée, surtout pas en bloc. Cessez de vous ridiculiser ainsi, et au boulot.

    Qu’on soit de droite comme de gauche, ultralibéral comme communiste, on a encore le droit de prendre en compte des aspects élémentaires et décisifs, tels qu’un contexte de déstabilisation, par l’empire le plus puissant du monde, d’un pays non aligné et pété de pétrole. Naturellement, vous n’êtes jamais allé au Venezuela. Vous n’avez jamais vu la gueule du métro de Caracas, leurs routes, leurs dispensaires à 2000 m d’altitude. Vous parlez de coupures de courant comme s’il s’agissait de Madagascar. Pourtant même votre titre indique qu’avant-hier le Venezuela n’était pas encore un pays du tiers-monde... Vous pensez bien qu’il doit avoir quelques infrastructures... Or je répète : là-bas, vous faites un plein pour le prix d’un carambar. Ces coupures de courant n’ont évidemment rien à voir avec une pénurie. Ce sont des opérations de sabotage pour de stabiliser un régime, point. Dire ça ne signifie d’ailleurs pas prendre parti, à100%, à 50%, à 30% pour ou contre tel et tel pays, ce sont les rudesses ordinaires de la géopolitique. Mais vous n’irez surtout pas chercher à vérifier. Idem, par exemple, les infos de Wikileaks qui établissent que les US, Exxon, Enron, avaient saboté un projet d’assistance à Haïti pour leur fournir pour 100 milliards de dollars par an de pétrole à 40% du prix de marché.

    Et quand l’économie se spécialise, fort logiquement, dans les technologies du pétrole, vous comptez le personnel en question comme autant de fonctionnaires, et vous vous moquez de la dépendance du pays en biens de nécessité, comme si cela était une politique socialiste. Naturellement, on n’a jamais vu, dans aucun pays, des gens organiser des pénuries pour faire flamber les prix afin de se faire des couilles en or en spéculant et/ou de renverser un gouvernement. La loi du maximum était simplement une action spontanée de communistes, aucun accapareur n’a jamais affamé les foules avant ou après la Révolution. Et Goldman Sachs n’a jamais ô grand jamais affamé des gens par millions quand il a déplacé dans des « valeurs refuges » tant de dizaines de milliards d’actifs. Quand on ne sait rien, ou plutôt quand on tient à ne rien savoir...

    Je ne suis pas communiste, je ne sais d’ailleurs même pas ce que ça veut dire, mais si à vos yeux, un communiste c’est un type qui s’emmerde à vérifier et à critiquer les infos... Le coup des empreintes digitales, je vois que vous n’avez rien à répondre non plus. La queue entre les jambes, vous me donnez donc du communiste. Tiens, le FMI qui divise par deux en trois mois ses prévisions d’inflation, qu’importe, le tout est de balancer des gros chiffres bien effrayants. Que le Venezuela soit un fournisseur de pétrole majeur des USA ? Qu’importe, pas de raison de penser que ça puisse jouer, sans parler de répondre. Être contre une alliance avec des nazis ukrainiens, aussi, c’est communiste ? Et être libéral, c’est aussi ne pas s’abaisser à répondre à cette question ?... Si vous croyez, du reste, que libéral, c’est être contre tout protectionnisme, il va là encore falloir réviser sérieusement. Vous confondez sans doute laisser-faire et laisser-aller... Être libéral, pour vous, on a compris, c’est accepter qu’une grève de grands patrons sabotant l’économie, comme en 2001-2003, expulse hors du pays son président élu haut la main. Ne pouvant me résoudre à croire que mon interlocuteur est complètement débile, je suis forcé de déduire que vous êtes d’une mauvaise foi sans borne.

    Loin de moi l’idée de prétendre que je connais un peu proprement les maints aspects des basses œuvres de la géopolitique, les réalités du Venezuela. J’essaie simplement de répondre à tant de grossièretés. Je n’ai pas de chapelle sinon celle des gens qui se fixent pour objectif d’être scrupuleux. Même pour répondre à votre torchon, soit surtout pour documenter, j’ai pris quatre heures de mon temps. Évidemment, ce n’est pas pour vous faire cette aumône - il apparaît vite que la recherche d’informations sérieuses ne vous intéresse pas - mais pour contribuer à contredire cette somme de propagande grossière et grotesque.

    Socialiste, communiste, libéral, développé, sous-développé :le Venezuela souffre surtout d’une corruption structurelle, administrative et politique qui ne date évidemment pas de Chavez. N’importe quel analyste sait que même la quasi-totalité des lieutenants de Chavez lors du coup d’État, à peine installé, n’en branlaient pas une, ne faisaient strictement rien pour appliquer les réformes, que ni les flics ni aucune administration ne changent de leurs petites habitudes et manières de penser par la grâce des volontés d’un monarque, et que la plupart des acteurs se trouvent dans des petites organisations associatives de terrain. Qu’à part quelques grandes entreprises dont les activités relèvent typiquement du service public, l’économie est un vaste bordel bien plus capitaliste encore qu’ici, des mass média et des banques en allant jusqu’au revendeur de bouffe dans la rue. C’est ridicule, il n’y a qu’un affairiste fortuné qui puisse croire, en allant au Venezuela, qu’il s’agit d’un pays communiste. Ce serait drôle de vous voir ainsi classifier des systèmes aussi complexes, ambigus, en évolution très lente et incertaine, n’avait pas pour effet, à la longue et à force d’être rabâchée de partout, de nous faire gentiment fermer les yeux pendant que les US refont main basse manu militari sur ce magnifique pays.



  • sasapame sasapame 16 mai 2016 19:30

    Les achats sont rationnés par un système d’empreinte digitale pour d’acquérir la nourriture misérable réglementée pour deux semaines.

    La propagande a aussi ses limites. A force de mentir, on en arrive vite par aligner degrosses contradictions. Par exemple, à qui voulez-vous faire croire qu’un pays qui n’aurait même plus assez de pognon pour payer les fournisseurs anglais qui impriment ses billets va se faire fournir assez de machines à lecture d’empreintes digitales pour équiper la moindre supérette de quartier ?

    Dans un article déplorant que "l’administration Maduro a commencé le rationnement de l’électricité, les villes sont plongées dans l’obscurité pendant quatre heures par jour" (pour reprendre vos termes), on signalait au lecteur que cela pouvait poser un problème d’ " intoxications alimentaires de nourriture avariée" (ce sont ici encore vos mots) vu que seule la moitié des magasins seraient équipés de groupes électrogènes. Mais, donc, pas de problème pour se payer des trucs aussi utiles que des détecteurs d’empreintes digitales.

    Ou bien il s’agit d’un système papier ? Quand on ne peut pas payer les fonctionnaires plus de deux jours par semaine, vous croyez vraiment qu’ils n’auront que ça à foutre de gérer ça ? Au faut, je croyais que vous étiez contre l’excès de fonctionnaires.

    Il suffit, du reste, d’aller faire un tour sur l’autoroute bouchonnée des abords de Caracas pour mesurer la débilité de cette idée : une immense quantité de gens du barrio (favellas), entre les voies, gagne sa maigre pitance en revendant des fruits, des boissons, etc. S’ils devaient s’en tenir au quota de bouffe d’une famille, ils n’auraient plus que le vol pour survivre. Le barrio, ce sont de l’ordre de 5 millions de gens sur les montagnes tout autour de Caracas. Plus sérieusement, cette simple image montre à quel point le gouvernement contrôle la distribution de la bouffe, et la petite économie en général.

    Quand ça arrange l’ultralibéral, le libre-échangiste déboutonné, il déclame du Ricardo (qui était, soit-dit en passant, contre la planche à billet des banques privées) pour nous vanter « l’avantage comparatif » et hurle à l’idée d’un quelconque protectionnisme ; quand ça l’arrange, il blâme un gouvernement d’avoir tué son pays par le socialisme : il a trop laissé faire, laissé passer, échangeant pétrole contre nourriture... Que des zozos pareils parlent d’une réforme agraire qui n’a jamais fait que traîner des pieds (contre la volonté de Chavez), mettons, mais un peu de cohérence, encore des incohérences qui puent la propagande impériale.

    Et donc, l’un des pays les plus riches en pétrole de la planète, où vous faites un plein pour le prix d’un carambar, ne peut pas assurer sa production d’électricité. Si par malheur c’était vrai, Chavez se serait finalement fait niquer par l’empire au moins deux fois (la seconde sera évidemment le machin qui lui a filé son cancer foudroyant) : il a gobé comme un gros con la fable du réchauffement climatique... Faut dire que le gauchiste, le gauchiste tout particulièrement, ça en bouffe des couleuvres.

    La crise actuelle du Venezuela a deux explications principales.
    L’une est la dépendance du pays au pétrole, l’autre est le socialisme.

    La crise actuelle du Venezuela a deux explications principales.
    L’une est que les USA dépendent grandement de son pétrole, l’autre est que le FMI qu’ils dirigent ne tolère pas le contrôle des changes et le financement monétaire.

     Dans les années 70, les politiques libérales économiques mises en œuvre permettent au Venezuela de croître plus rapidement que tout autre pays dans le monde comme une sorte de Chine de son temps. A cette époque c’est le pays le plus évolué de l’Amérique Latine. L’interventionnisme d’état aura tout bousillé.

    1973-Choc pétrolier mondial provoqué par l’OPEP, le pays a le plus haut revenu par habitant d’Amérique du Sud. Le niveau de vie approche les pays d’Europe. 1974-Le candidat Perez, promet le bonheur au peuple avec un programme de nationalisation du pétrole. Il sera élu. 1976-Le président Perez nationalise la production de pétrole en accrochant le pays à la dépendance à la rente pétrolière.

    Faudrait savoir, c’est le libéralisme ou le pétrole qui a enrichi le pays dans les années 1970 ?

    1989-Avec la fin de la guerre du golfe et la baisse des revenus du pétrole, le second mandat de Perez sera une catastrophe économique et sociale. Le » Caracazo « une série de manifestations, d’émeutes engendrera 3000 morts. 1992 : le colonel Hugo Chávez et d’autres officiers de l’armée organisent un coup d’Etat en Février et un autre en Novembre. Une centaine de morts. 1998 : Les électeurs de la classe moyenne, veulent une « remise en ordre du pays » et une « main forte » pour lutter contre la criminalité. Déçus par une crise économique qui s’enlise, provoquée par une baisse des prix du pétrole, ils élisent Chavez comme président.

    On croyait que ça allait mieux avant Chavez. On croyait que les gens n’en voulaient pas. Quant à Perez, sous le coup d’un mandat d’arrêt, il s’est réfugié à Miami avec les millions qu’il a détournés. Comme quoi les USA l’aimaient bien, ils ont refusé de l’extrader.

    1999 : Chavez modifie la constitution pour avoir le contrôle de l’économie, et le droit d’ingérence dans les libertés et le secteur privé. 49 lois liberticides donnent au gouvernement le contrôle total, la libre entreprise n’existe plus. La justice devient politisée.

    Les gens ont ratifié haut la main sa constitution, si ça ne vous dérange pas. Quelles lois liberticides ? Contre la liberté de s’accaparer une grande entreprise de service public ?

    2001 : [...]  2002 : l’empire n’y était pour rien, là encore.

    2003 : Après une grève de deux mois qui ne parvient pas à expulser Chávez du pays, le président impose le contrôle des changes, encore maintenu aujourd’hui.
    Depuis 13 ans, les Vénézuéliens n’ont pas eu un marché légal des changes.

    Un détail : c’était un lock-out - i.e. une grève patronale.

    Au fait, je croyais que vous étiez contre les grèves (cf. votre blog).

    Le contrôle des changes, mesure protectionniste élémentaire, n’a rien d’une horrible anomalie dans l’histoire. Il a existé en France jusqu’en 1981, après quoi il a été aboli par la même gauche qui a désindexé les salaires, libéralisé la finance à tout va et vendu nos carcasses à l’UE.

    « expulser Chavez du pays », rien de moins... La prochaine fois, quand vous repompez des sources aussi « partisanes » dans le registre de la violation du b-a-ba du droit international, relisez vous avant de poster, c’est pas très discret, là.

    D’ailleurs, ça ira. Je vais arrêter là avec ce tissus de propagande grossière, j’ai donné.



  • sasapame sasapame 16 mai 2016 17:54

    (suite)

    Les années d’avant 2010 (année où je suis allé au Venezuela et où j’en ai discuté avec un copain vénézuélien qui vit à Caracas), l’inflation était typiquement à 30 à 40% par an. Rien de très problématique pour autant, même s’il est certain que ça crée des fluctuations de pouvoir d’achat selon les personnes et les biens et services. Dans une économie qui, intérieurement, n’est que marginalement administrée. Évidemment. Par exemple, un étudiant peut emprunter à moins que 0% pour s’acheter un ordinateur portable. Par contre, les vacances sur la côte sont devenues largement inaccessibles aux classes moyennes. Le gasoil à la pompe coûtait l’équivalent d’un centime de francs au taux de change au noir, soit à l’époque environ 3 centimes de francs au taux de change officiel. Mais même à Caracas l’eau du robinet n’est pas potable - elle ne l’a jamais été. Ils ont des transports en commun tout à fait abordables et commodes vu le pays, mais des policiers et bien d’autres fonctionnaires largement corrompus, situation sans rapport avec le « bolivarisme ». Ça coûte bien moins cher d’acheter que de louer, à Caracas. La bouffe n’est pas donnée, deux fois plus chère qu’en France, sans parler de l’eau en bouteille. Mais à la cambrousse on trouve des mangues terribles à un franc le kilo. Les prix changent, vite, mais les salaires suivent.

    Tout ça est certes très compliqué à suivre, à détailler, à comprendre, mais ce n’est pas en brassant quelques indices faits pour des spéculateurs et journalistes occidentaux qu’on peut décrire les choses. Un gars voulait m’échanger Chavez contre Sarko... A part ça, les gens là-bas croient encore en un avenir, pas comme ici. Du reste, surtout en contexte électoral, il n’y a rien de surprenant à ce qu’une opposition copine de l’empire raconte n’importe quoi, monte n’importe quelle affaire en mayonnaise et distorde les choses, contre une (ex-)majorité décidée à assurer d’abord la souveraineté du pays. Mais les atlantistes qui commentent ne vont pas vous expliquer qu’ils le sont et qu’il n’est donc pas dans leur intérêt de s’emmerder à enquêter proprement ; que la propagande leur suffit parce qu’elle leur convient. Je dis ça sans méchanceté et encore moins par un quelconque militantisme ; je dis simplement une évidence, qu’il est facile de tolérer sa propre flemme et sa propre suffisance des lors que le récit ne dérange pas nos convictions et notre vision du monde.

    La situation est vouée à se dégrader davantage : le FMI prévoit une chute du PIB de 8% en 2016 après deux années consécutives de déclin (4% en 2014 et 10% en 2015).

    Selon les chiffres mêmes du FMI, sauf pour ceux qui les distordent, la baisse de PIB en 2015 (en fait mesurée entre la fin du 3eme trimestre 2014 et la fin du 3eme trimestre de 2015) était de 4.5% et non de 10%. (11)

    2004 : Chávez fait voter un référendum binaire qui ratifie son mandat, bien que l’opposition affirme que le vote a été truqué. Les observateurs internationaux septiques n’ont pas étés invités à observer cette élection.

    En règle très générale, un référendum est binaire... Ce serait mieux d’avoir 36 choix, et même et surtout de laisser chacun choisir ses propres questions, mais c’est con, ça pose quelques difficultés pratiques.

    Jimmy Carter a déclaré que les élections au Venezuela, sous Chavez, étaient les plus démocratiques qu’il ait jamais vues, bien loin devant le cas des USA.

    Septiques, septiques... Ici, les amateurs de fosses vont serrer la paluche aux nazis ukrainiens qui servent l’avant-poste contre la Russie de Poutine. La majorité des observateurs étaient d’Amérique du Sud, oui. Vous croyez qu’Hollande ou Sarkozy, ou la plupart des députés, sénateurs de droite comme de gauche, en France, voudraient qu’on leur impose des observateurs russes, iraniens ?

    Electricité rationnée, pire qu’en Afrique, pillages, pénuries de masse, rationnements….

    J’ai fait la queue durant deux heures à Caracas, et je suis reparti bredouille : c’était pour un concert, c’était gratuit. Grande salle, chouette ambiance. Subventionnée, je suppose.

    L’auteur me pardonnera de n’avoir aucune confiance dans ses sources. Comme je l’ai montré, même pour des choses vérifiables depuis son salon, c’était très mensonger. Pour ces « détails pratiques » et leur éventuel enrobage, je tacherai de demander à mon copain Vénézuélien, je m’attends à tout. Vu le niveau de propagande qu’on nous sert pour tous les pays non alliés, il est extrêmement facile de nous faire avaler n’importe quoi.

    Soit notre auteur est atteint d’un grave fanatisme ultralibéral, soit il repompe n’importe quelle info de seconde main sans rien chercher à vérifier. Mais je gage que c’est les deux à la fois. Au bilan, quoi qu’il en soit, cet exercice de propagande n’a rien à envier à ses équivalents staliniens. Au fait : Spartacus, t’as pas confondu avec Sabine ?

    Il faut dire qu’avec le Venezuela, c’est facile, car très peu de Français (encore moins de gringos de la mère patrie) s’y rendent. Ce pays n’existe même pas dans les catalogues des agences de voyage.

    (1) http://www.capital.fr/bourse/actualites/l-agence-de-presse-financiere-bloomberg-au-caeur-d-un-scandale-842598

    (2) http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-05-15/china-april-slowdown-shows-debt-addiction-will-be-tough-to-shake

    (3) http://www.bbc.com/news/world-latin-america-34983467

    (4) https://www.washingtonpost.com/world/the_americas/study-poverty-in-venezuela-at-73-percent-of-households/2015/11/20/234046f6-8fe8-11e5-934c-a369c80822c2_story.html

    (5) Vous retrouverez vite cette page, j’ai la flemme, je l’ai déjà ouverte et fermée dix fois...

    (6) http://www.rectorado.usb.ve/vida/node/58

    (7) http://www.rectorado.usb.ve/vida/sites/default/files/2015_pobreza_misiones. pdf

    (8) http://www.bloomberg.com/news/articles/2016-01-22/imf-sees-venezuela-inflation-rocketing-to-720-percent-in-2016

    (9) http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/bsweb/graph.asp?idbank=000455743&date_debut=1990&date_fin=2016

    (10) https://fr.wikipedia.org/wiki/Baisse_du_prix_du_p%C3%A9trole_de_2014-2016

    (11) http://venezuelanalysis.com/analysis/11840



  • sasapame sasapame 16 mai 2016 17:41

    Le Venezuela [...] figure maintenant à la première place de l’indice de misère établi par l’agence d’analyse économique Bloomberg.

    Vous savez à quoi correspond, sans rire, l’ « indice de misère » selon la vision de cette bande d’escrocs ? A l’addition du taux d’inflation et du taux de chômage... accessoirement projetés pour l’année suivante (1). Même un exécrable étudiant en première année de « sciences économiques » n’aurait pas l’idée de faire un usage aussi fanatique des dérivations ultralibérales de la courbe de Phillips... Non seulement cet indice ne prend en compte aucune donnée réelle de pauvreté, de santé, etc mais ils n’ont même pas pondéré les deux machins qu’ils ajoutent. Ainsi, même si les salaires suivent ou dépassent l’inflation, et même si les allocations chômage offrent une sécurité royale, bref, même si une dévaluation est compensée par une forte redistribution, vous pouvez être le pays le plus « miséreux » du monde. Même avec 0% de chômage, ça marche. Un rapide coup d’œil au classement mondial selon cet indice totalement débile (qui ne s’adresse qu’à des gens qui cherchent des conseils pour spéculer) suffit pour vérifier qu’il est sans aucun rapport avec la vraie misère. Un seul exemple, au hasard : le Salvador (notoirement sous tutelle US) est aux côtes-à-côtes avec le Luxembourg pas très loin du top des pays au top, et l’Indonésie colle la France, plus largement la zone euro (où l’Italie fait pire) pas très loin du fin fond de la misère... pour les banquiers. (1)

    Passons sur le fait que cette boutique spécialisée dans le conseil en délit d’initié plus ou moins légal - capable d’espionner les plus grands comptes pour refiler des infos choisies à ses requins de clients (2), elle facture 20 000 dollars l’an ses prestations - appartient à 88% à un magnat ashkénaze classé 8e fortune mondiale (ancien maire de NYC, qui s’est porté candidat à la présidentielle US 2016 avant de s’en retirer pour ne pas compromettre le succès du front tout-sauf-Trump).

    Une étude réalisée par trois centres académiques vénézuéliens signale que 73% des foyers vivent au-dessous du seuil de pauvreté, alors que leur proportion était de 44% en 1998, année où le Chavisme prit le pouvoir.

    On aurait aimé avoir une source directe. Et un tant soit peu sérieuse, cette fois. Quels sont ces « trois centres académiques », et où est le rapport en question ? On aura quand même tôt fait de trouver cet article de la BBC (3) qui, bien qu’il n’indique pas non plus la source primaire, nous dit : "Une étude récente par trois universités vénézuéliennes suggère que la pauvreté a déjà augmenté massivement. L’étude suggère qu’à présent 73% de la population vit dans la pauvreté - contre 27% en 2013".

    Évidemment, même en s’en tenant à ces sources douteuses, on peut constater que l’auteur a royalement effacé le long intermède, pourtant notoire, de très forte diminution de la pauvreté (de l’avis de la banque mondiale, on était passé sous la barre des 25%). Sinon, curieusement, l’article ne parle pas explicitement de « seuil de pauvreté » au sens conventionnel mais d’on ne sait quelle mesure. Par ailleurs, il dit que l’étude "suggère que..." et le peu qu’il en dit laisse fortement penser qu’il pourrait s’agir de mesures dérivées sinon de simples projections. Enfin, la phrase suivante de l’article note que le gouvernement a écarté cette étude et a indiqué que non seulement la pauvreté n’a pas augmenté mais que l’extrême pauvreté avait chuté en 2015. Bref, tout ce qu’on sait c’est qu’on ne sait rien.

    L’article du Washington Post (4) qui signalait cette étude n’est plus accessible. C’est balo. Au passage, l’article de The Economist maintes fois cité dans cette opération de propagande, article selon lequel Maduro, dit-on, reconnaissait lui-même un « état d’urgence économique », les liens nous mènent aussi vers une page vide, et on ne saura pas, faute de précision, si c’est un lien mort ou si c’est seulement parce que c’est under paywall. (5)

    Après un minimum d’enquête, il s’agissait d’un rapport (mouture 2015) dit Encuesta sobre Condiciones de Vida en Venezuela (ENCOVI) (6). Ou plus exactement, du premier volume, intitulé Pobreza y Misones (7), de ce qui n’est qu’une vulgaire présentation Powerpoint vraisemblablement relue par personne (et assessoirement commandée par on ne sait qui), magistral « volume » de 21 pages en gros titres moins la déco, signé d’une seule personne : Luis Pedro España N. IIES-UCAB (Institut d’Investigations Economiques et Sociales de l’Université Catholique Andrés Bello). Le résultat époustouflant y est exposé sur la planche 5 : 73% de ménages pauvres en 2015, contre 48% en 2014, soit une augmentation fulgurante de 53% en un an. Mais aussi une pauvreté extrême (des ménages) à 49.9% en 2015 contre 23.6% en 2014, soit plus qu’un doublement en un an... La planche suivante montre les années précédentes. Pour l’année 2013, on avait respectivement environ 34% et 13%.

    Confronté à un tel scoop, n’importe quel journaliste digne de ce nom ira éplucher un minimum la méthodologie. Pour savoir ce qui est mesuré au juste, et si la méthode de mesure n’a pas changé entre 2013 et 2014. Tu parles. Mais l’auteur dit lui-même que tout ça, c’est la faute au gouvernement, parce qu’il ne publie pas d’indice officiel d’inflation du prix des produits à la consommation, mais aussi que la structure des prix au Venezuela est complètement distordue, que le marché noir ceci, etc. de sorte que les universitaires, aux fins de discussions académiques, se voient dans la nécessité d’établir leurs propres indices. Ce qu’on peut en retenir, en tout cas, c’est qu’on ne compare pas les mêmes choses et que, surtout, on ne parle pas d’une pauvreté mesurée en réalité mais d’extrapolations faites à partir d’indices de prix affreusement difficiles à établir.

    Et que le rôle d’un bon gouvernement n’est pas de faire le bonheur de sa population mais celui des universitaires, des journalistes, des spéculateurs et autres gratte-papier d’Agoravox qui veulent s’en tenir à mesurer les faits en restant dans un bureau, tout en prétendant s’inquiéter des réalités du terrain et des conséquences pratiques des politiques. Pour commencer, évidemment qu’il y a un énorme marché noir là bas, une myriade d’agents qui y vendent de toutes sortes de produits, de nécessité ou non, et ce n’est pas nouveau, pas plus que ne l’es le marché noir de l’argent, sur lequel le taux de change diffère complètement du taux de change officiel. L’économie est largement privée, et surtout très anarchique, et pour autant amplement contrôlée par de gros bonnets bien ricains dans l’âme. C’est sûr que ça ne rend pas la vie facile aux économétristes d’ampithéatre ou de cabinet. Quant aux journalistes occidentaux, ils nous « amusent » en nous racontant que l’économie du Venezuela est socialiste... et que c’est le gouvernement qui assure l’approvisionnement de la bouffe ou son rationnement.

    L’inflation a atteint 275% en 2015 et s’achemine vers 720% pour l’année en cours.

    Là encore, l’auteur ne semble pas trop embarrassé de mélanger les réalités et les projections, en tous cas pas d’aller chercher les infos brutes. Cette information, qui était également le fait de l’agence Bloomberg (8), indiquait une prévision pour la fin 2015 annoncée par un membre du FMI. Quant à 2016, l’agence Bloomberg elle-même tablait sur une inflation 4 fois moindre que celle prévue par ce membre du FMI. En se basant, pour ce faire, sur une moyenne d’avis de grands experts sans doute très d’accord entre eux... Les prédictions économiques, c’est pas facile, surtout quand elles concernent l’avenir. D’ailleurs, un trimestre plus tard, le FMI lui-même revoyait ces prédictions respectivement à 159% et 200% (voir note (3)).

    N’importe qui sait que l’affaire, en l’espèce, dépend grandement des cours du pétrole. Pas difficile de voir d’où vient l’emballement inflationniste qui s’est produit depuis l’été 2014 (9). Certes, l’inflation était déjà passé de 20% à 60% entre 2012 et 2014. Mais la production de pétrole nord-américaine a flambé depuis 2011 avec le pétrole de « schiste » (10). Or je crois me souvenir que le Venezuela est le deuxième fournisseur de pétrole des USA.

    (à suivre)



  • sasapame sasapame 4 août 2012 09:40

    Le Politburo de Wikipedia...

    Il n’y a qu’à voir, par exemple, leurs pages si révérencieuses sur les institutions européennes ou — plus proche de ce sujet, scientifique — les âneries qu’ils débitent en récitant la messe du réchauffement climatique... Un merveilleux scientisme, comme on commence à le voir dans d’autres pays, mais en France il ne se passe à peu près rien — un grand merci en passant à l’auteur de ce site pédagogique : http://www.pensee-unique.fr/

    Mais pour avoir déjà beaucoup donné sur ces deux sujets, et sur celui du totalitarisme en général, je crains fort que ce Politburo, comme tous les autres, ne soit composé de personne ou presque qui cherche à manipuler les autres. Ces saletés obscurantistes et tyranniques sont affreusement naturelles...



  • sasapame sasapame 4 août 2012 09:16

    @ Traroth, Stanh,

    je suis bien d’accord avec Perlseb pour y insister : la résonance peut contenir un potentiel gigantesque.

    Oui, c’est l’énergie cinétique des pas de la troupe qui aura apporté l’énergie de déformation nécessaire pour casser le pont. Il n’y a aucun doute à avoir là-dessus. Mais le drame en question s’est produit précisément parce que l’énergie de déformation s’est concentrée sur une zone très réduite de la structure, raison pour laquelle elle a pu être localement si élevée qu’on y a dépassé les niveaux de contraintes tolérables. Or cette concentration ne dépend pas du nombre de soldats (leur masse reste dérisoire au regard de celle du pont), elle dépend purement de la fréquence.

    Sauf à tomber sur un mode, la troupe ne risquait pas de faire monter la contrainte locale à un niveau un tant soit peu comparable aux limites du matériau. Certes, la contrainte locale (la réponse) sera proportionnelle au nombre de soldats (l’amplitude de l’excitation en effort imposé), mais l’effet de concentration lié à la résonance est bien plus décisif ici. C’est, en un mot, ce qui fournit un potentiel gigantesque, tandis que le nombre de soldats n’est qu’un vulgaire facteur multiplicateur.

    Il faut bien insister, ici, sur la distinction local-global. Car la résonance est toujours un phénomène global, tandis que la déformation critique est localisée. Par ailleurs, si on considère le pont dans son ensemble, on pourrait croire à une contradiction car un mode vibratoire est justement une configuration qui minimise l’énergie de déformation (donc qui maximise l’énergie cinétique). Oui, mais au total, pas au plan local.

    Moi qui ne suis ni physicien ni chimiste, voilà ce que je comprends de l’idée de vouloir mettre en résonance un cristal renfermant certains atomes visés : c’est bien une affaire de concentration des effets : il s’agirait d’obtenir localement — en un ou quelques points — une pression gigantesque. Et à partir du moment ou ce « localement » signifie un volume infime, je ne vois pas de raison de douter a priori que l’apport d’énergie nécessaire soit techniquement infaisable.

    Ensuite, je suppose qu’il s’agit de compter sur une réaction en chaine. Comme dans tous les autres cas évoqués, exemple Chamonix et la dynamite.

    Si votre objection consiste à dire qu’on ne crée pas d’énergie à partir du néant, très bien. Mais d’un autre côté, si on vise la fusion, froide ou chaude, c’est bien pour pouvoir récupérer plus d’énergie qu’on en apporte SOI-MÊME au système. On voit donc bien là, déjà, qu’il faut faire plus de distinctions, sans quoi on ne risque pas de s’entendre sur ce qui est possible ou non. Or je crois que vous n’êtes pas assez clairs (vous non plus).

    Quand on exploite les énergies fossiles, sauf à être un fanatique vert qui tourne en rond, on ne calcule pas le rendement en comptant, au dénominateur, l’énergie qu’il a fallu fournir, initialement, pour obtenir les nappes de pétrole... Je mets du bois dans mon poêle (après l’avoir fait venir et l’avoir redéplacé, certes), j’apporte une étincelle et... Dans chaque cas, on met à profit un potentiel énorme déjà contenu dans certains systèmes lorsqu’ils sont dans certaines configurations. L’énergie qu’il aura fallu fournir, auparavant, pour obtenir ces systèmes et ces configurations, c’est une autre affaire. Que je sache, l’homme n’a pas eu à créer d’abord le soleil et les planètes pour avoir le droit de faire griller sa bidoche ensuite. Or une étincelle c’est un apport d’énergie dérisoire, ce qui n’empêche pas qu’on puisse, avec, provoquer un incendie sur des millions d’hectares.

    Action-réaction ? Oui, si l’énorme rocher situé au-dessus de ma maison en vient un jour à la rayer de la carte, je suis sûr qu’elle aura appuyé aussi fort sur le rocher que le rocher lui aura appuyé dessus... Mais ça ne signifie en rien qu’il aura fallu commencer par appliquer un effort du même ordre pour faire glisser le rocher (quant à l’énergie cinétique que ce dernier aura acquise avant l’impact, elle viendra entièrement du dénivelé, évidemment).

    L’erreur que vous commettez ici est de raisonner en statique. Du reste, vous oubliez l’idée de réaction en chaîne, de concentration d’effet, de levier, ... Qui vous dit qu’il est interdit d’envisager d’exploiter un potentiel au premier stade du procédé ? En réalité, il ne s’agit évidemment pas de produire directement un effort un tant soit peu comparable à l’effort qui sépare deux atomes chargés positivement. Ensuite, l’approche statique ne convient pas car il ne s’agit pas de comparer la force des pas des soldats à l’effort qu’il faudrait fournir, EN STATIQUE, pour casser le pont. La différence (le ratio) est bien trop élevée. Non, il s’agit de trouver et d’exploiter un système et une configuration qui fournisse l’effet de levier et la concentration des effets.



  • sasapame sasapame 2 août 2012 16:52

    Je souhaite vous signaler ce récent article de Jacques Sapir, qui démontre de manière toujours plus remarquable (et synthétique) que l’euro est condamné :

    <url>http://postjorion.wordpress.com/2012/08/02/253-jacques-sapir-sauver-leuro/&lt ;/url&gt ;



  • sasapame sasapame 24 juin 2012 12:18

    Vers le début du message précédent, j’écrivais : « [...] au-delà de l’aspect institutionnel ressort l’idée de justice. Et on peut se demander si cela est nécessairement inclus dans le principe d’une monnaie unique. Je répondrais que oui, [...] » Je voulais parler ici de monnaie commune, bien sûr.



  • sasapame sasapame 24 juin 2012 10:04

    Merci à vous.

    Cela ne vous étonnera pas si je dis : ce sont deux excellentes questions que vous posez. ;)

    Je commence par la deuxième. Et je crois que ça finira pas mal de répondre à la première.

    Pour le principe d’une monnaie commune, tout d’abord, je conseille vivement de lire la présentation qui en est faite ici : http://www.chomage-et-monnaie.org/2010/02/fiche-n%C2%B0-13-une-monnaie-commune-comment-ca-marche/

    La monnaie commune est véritablement l’instrument adapté à une (bonne) organisation internationale, autrement dit à un système fondé sur la coopération de nations souveraines. Tandis que la monnaie unique, qui n’a rien à voir, ne peut fonctionner qu’au sein d’un État. Pour marquer la différence, je voudrais noter simplement quelques aspects essentiels.

    Sur le plan opérationnel, je vois deux points absolument décisifs. D’abord, dans le cas d’une monnaie commune, le problème ne se pose pas de savoir comment (par quel miracle) contrôler une agence supranationale qui aura le pouvoir de créer de la monnaie ex nihilo, pour la bonne raison que ce pouvoir n’existe pas. En effet, la monnaie commune n’est créée qu’en contrepartie de la mobilisation de monnaies nationales qui son bloquées en vis-à-vis. Autrement dit, aucune agence supranationale souveraine ne peut augmenter la masse monétaire de son propre chef ; la monnaie commune n’est qu’un instrument d’échange, et la masse monétaire en monnaie commune n’est que le reflet d’une somme de monnaies créées par les États.

    Ensuite, la question est de savoir comment assurer à la fois une bonne orientation du crédit et un équilibre juste entre la création des monnaies par chacun des États. Autrement dit, comment combiner la souveraineté de chacune des nations et un ordre international équitable ?

    Avant de parler du procédé, je fais une remarque sur le fond. Parler de la finalité sociale d’une institution, c’est sans doute, bien sûr, le meilleur moyen d’inciter les gens intéressants à se mêler d’institutions... Vous ne manquerez pas de remarquer, dans la présentation citée, qu’au-delà de l’aspect institutionnel ressort l’idée de justice. Et on peut se demander si cela est nécessairement inclus dans le principe d’une monnaie unique. Je répondrais que oui, et je voudrais au moins esquisser une bonne base d’explication à cela. Au premier degré, il ne peut s’agir que de viser une forme d’équité entre les États mais au-delà, naturellement, il devrait s’agir de poursuivre un but de justice sociale. Entre les deux, comment poser le problème ? Ça peut paraître un peu bourrin, peut-être... mais disons qu’il s’agira d’orienter la monnaie vers les activités productives. Mais avant même de passer à cette échelon, quel principe d’orientation au plan international ?

    L’un des plus célèbres projets de monnaie unique est probablement celui du Bankor de Keynes. Et on doit faire remarquer que l’un de ses fondements essentiels est également celui de ce qui devait être l’Organisation Internationale du Commerce (projet conçu à la même époque, et qui fut également saboté) : l’équilibre de la balance des paiements.

    On redécouvre assez bien ce problème actuellement, en particulier avec la zone euro, quand on voit la politique « non coopérative » de l’Allemagne, qui consiste, pour un pays, à exporter beaucoup plus qu’il n’importe. Or, sur quoi reposent ces comportements « non coopératifs » sinon sur la tendance à moins rémunérer le travail pour mieux rémunérer les rentiers ? Voilà, en somme, pour ce qui est d’appréhender le mécanisme du côté de sa finalité.

    Comme il est expliqué dans le lien cité, donc, l’idée est d’édicter une « règle d’or » qui consiste à faire en sorte que, si un pays exporte trop, l’avantage financier qu’il en retirera sera automatiquement annulé et le produit redistribué aux autres. Ce qui permet à la fois un rééquilibrage et une dissuasion des comportements « non coopératifs ».

    Revenons-en au mécanisme, pour pointer un deuxième aspect fondamental. J’ai conscience qu’il faut du temps et de la patience pour se mêler sérieusement d’institutions, aussi je souhaite marquer un repère en soulignant que nous en revenons là à un aspect central de l’analyse que j’ai faite dans mon texte. Souvenez-vous du passage allant de la Lozère à l’Allemagne et à la Grèce.

    Il est essentiel de noter que, dans ce schéma d’une monnaie commune, il ne s’agit surtout pas de réunir chaque année autour d’une table les gouvernements des différents États pour décider si on va procéder à des compensations, combien, pour qui, et par quel mécanisme. Non ! Comme j’ai tâché de le démontrer dans mon texte, on aurait forcément là une situation tyrannique, qui implique que la règle sera celle de l’arbitraire, que les gros États l’imposeront aux petits et, surtout, qu’elle sera décidée par les puissances privées du moment, au bénéfice d’aucun des peuples ainsi « représentés ».

    Non, justement, la « règle d’or » en question est fixée une bonne fois pour toutes et n’est surtout pas révisable chaque année. Sinon, on se doute bien que les gros États, sous la pression de grosses puissances privées, quelles qu’elles soient, vont tout remettre en cause quand ces dernières le voudront. Mais pardonnez-moi d’insister, une fois de plus : c’est très exactement ce schéma qui caractérise un État, par opposition à un foutoir soi-disant « régulé » par un machin supranational : le fait que les « représentants » de la Lozère et ceux du département du Rhône ne peuvent pas eux-mêmes décider de remodeler quand ils veulent la constitution française...

    Une fois que vous avez compris ça (enfin, si je me trompe, qu’on me le démontre...), pensez-vous franchement qu’il me faille revenir sur la première de vos deux questions ? Arrivé à ce stade, il me semble évident qu’on peut déjà conclure : une monnaie unique ne peut tout bonnement pas tenir dans le cadre d’une confédération. Je m’appliquerais volontiers à reprendre quelques aspects car, même si la démonstration me paraît rigoureuse, les « non économistes » auront peut-être manqué un ou deux jalons, de sorte qu’ils penseront ne pas pouvoir boucler eux-mêmes l’équation. Mais d’une part, si l’on veut des démonstrations économiques, elles abondent et, même si je pense les avoir plutôt bien assimilées, je ne suis pas le mieux placé, bien sûr, pour les exposer en repartant d’une feuille blanche ; d’autre part, faut-il être économiste pour comprendre que la monnaie est une institution dans toute sa splendeur et qu’elle est donc entièrement déterminée par des conditions politiques ?

    C’est pourquoi j’ai préféré me restreindre, s’agissant d’aspects économiques, à un seul aspect et à un exemple simple, en partant de l’idée de la balance extérieure de la Lozère vis-à-vis du département du Rhône. Car n’importe qui peut comprendre ça. Vous parler ensuite de « chocs asymétrique », pourquoi pas, mais mieux vaut partir de l’idée qu’il y aura toujours, nécessairement, déséquilibre comptable (sauf à vouloir une uniformisation et une organisation terrifiante des comportements humains), puisque une monnaie unique signifie référentiel comptable commun, ce qui n’est pas du tout le problème, et d’en conclure qu’il doit nécessairement y avoir des transferts financiers entre « régions » pour que ce système tienne. Des transferts qui doivent être des dons / compensations et non pas, bien sûr, des prêts, et qui doivent se faire de manière automatique vu des « régions » concernées.

    Je voudrais quand même évoquer deux ensembles de chiffres pour que le lecteur, au besoin, puisse s’assurer de l’importance et du caractère chronique des transferts financiers eu jeu.

    D’abord, si vous prenez n’importe lequel des État fédéraux de la planète, vous pouvez constater que la part du budget public qui se situe au plan fédéral, comparée à celle qui est gérée par les États fédérés, Provinces, Cantons, Länders, etc. varie de 2/3 - 1/3 à 55% - 45%. Bref, le budget commun est énorme. Or il n’est pas besoin d’être économiste ni matheux pour en conclure que les transferts financiers entre « régions » sont proportionnels à la part commune du budget.

    Ensuite, et il semble que ces graphiques vous montrent instantanément que le problème de l’euro n’est pas du tout dû à un trop grand écart des niveaux de vie (moyens) entre les pays concernés (étendre l’euro à l’UE dans son ensemble accroitrait certes fortement le besoin de redistribution, mais ne nous égarons pas), je vous invite à visionner cette petite série de graphiques de mon cru : http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=929981PIBparhabitantUEetzonevsUSAvsCanadavsFrancevsAllemagne2.jpg

    Au premier degré, on pourra évidemment conclure qu’il faudrait accroître considérablement le budget européen. Avec un tel raisonnement « apolitique », on en arrive à prescrire des « euro-bonds »... ou même à vouloir confier une planche à billet soi-disant « publique » à la BCE. Mais toute la question est bien sûr de savoir comment contrôler les pouvoirs qui vont « gérer » ce budget et cette arme monétaire considérables. Bref, elle est purement politique et institutionnelle, et pour cela la technique économique ne nous est d’aucun secours.

    Voilà, je m’arrête là pour le moment, disposé à revenir sur cette question si vous aviez des interrogations sur tel ou tel aspect.



  • sasapame sasapame 24 juin 2012 07:42

    Oui, la Fed, 1913, la Banque centrale « des USA » propriété d’un cartel de banques privées. Et oui, contrairement à ce qu’on entend dire un peu partout, le grand pillage mondial associé au régime du dollar n’est donc aucunement lié au fait que le gouvernement étasunien disposerait d’une planche à billet, il provient uniquement du monopole du dollar. Quant à l’empire en question, il est évidemment sous la direction d’une clique privée — c’est d’ailleurs un pléonasme.

    Mais s’agissant du pouvoir des « banquiers », comme toujours, l’affaire qui est grosse est à la fois aussi simple que ça et bien plus compliquée.

    Tout d’abord, la Fed, c’était tout sauf une première. La Banque « d’Angleterre », fondée en 1694, fut privée depuis le début et nationalisée seulement après la 2e guerre mondiale. Bien plus tard, la Banque « de France », créée en 1800 : même topo. Nationalisée seulement à la Libération (après avoir été d’abord réquisitionnée par Pétain au service des nazis). Pour une liste incroyable des méfaits inouïs de cette « institution » dans les décennies précédentes, voir Le choix de la défaite, d’A. Lacroix-Riz.

    Entre temps, le premier institut d’émission étasunien, mis en place en 1791, était déjà privé... Plusieurs décennies plus tard, contraint par la guerre, le Congrès se décide et parvient à émettre sa propre monnaie. Ces billets encore surnommés Greenbacks auront court bien plus longtemps que ceux de la Fed (les « Redbacks ») mais auront finalement été émis en très faible quantité en comparaison.

    Ensuite, a-t-on pour autant ôté aux banques (de dépôts) privées le pouvoir de créer « notre » monnaie ? Que nenni ! Elles continueront d’en créer l’essentiel. Avant le tournant des années 1970 où tous les États — compris la Grande Bretagne et les États-Unis (depuis 1979 pour ces derniers) — s’interdisent de bénéficier de la moindre once de la monnaie créée. Pour nous, on connait la suite depuis Maastricht : le verrou est doublé avec le passage au plan « européen ».

    S’agissant des USA, il y a plusieurs phases. D’abord, entre 1913 et 1928 (de mémoire), la Fed est autorisée à acheter des bons du Trésor sur le « marché primaire ». Autrement dit, l’État (le gouvernement fédéral) peut créer une partie de la monnaie. Après quoi on restreint les achats au marché secondaire  : comme pour nous actuellement, les bons du Trésor ne peuvent plus être achetés directement par la Banque centrale (sinon, elle passe son temps à en acheter aux banques, c’est la contrepartie la plus classique, courante, car la plus « secure », de leur « refinancement »). Autrement dit, l’État se contraint à ne pouvoir emprunter qu’aux « marchés financiers » (au passage, c’est un terme idéologiquement très marqué, car en réalité ils n’ont rien de comparable aux marchés ordinaires et, contrairement à eux, sont toujours inutiles, en plus d’être nuisibles). Pour en revenir aux USA, pour financer l’effort de guerre, lors de la seconde guerre mondiale, ils se remettent à autoriser la « monétisation directe de la dette publique » — encore un terme idéologiquement fort marqué (comme si la norme devait être que la monnaie soit créée par le privée et non par l’État...) — en se disant qu’ils arrêteront au plus vite. Mais la date sera reportée maintes fois, jusqu’en 1979.

    L’oligarchie financière qui règne depuis était alors parvenue à s’imposer sur tous les pays « occidentaux » après avoir, on le sait, obtenu que le monopole du dollar se fasse total, grâce à la désindexation définitive de 1971. Le but principal de cette interdiction stricte de la création monétaire publique étant de créer de toutes pièces des marchés « obligataires » internationaux — en clair, bien sûr : un cartel international de banquiers — qui imposeraient leurs diktats à tous les États, donc à tous. Une situation formalisée par la « refonte » des statuts du FMI issue des Accords de la Jamaïque de 1976.

    Cet épisode 1971-1979 marque un virage nettement plus notable, à mes yeux, que celui de 1913. Car une fois encore, la norme historique sera entre 0% et quelques % de la monnaie créée par et pour les pouvoirs publics, et tout le « reste » par et pour le privé. La seule exception, à ma connaissance : la France durant les quelques années qui suivent la Libération. Et encore, on n’en sait rien. Des on-dit. On aurait non seulement séparé les banques d’affaires et les banques de dépôt, mais également fait de la Banque de France le prêteur en 1er ressort". Ce qui supposait, techniquement, de séparer aussi les activités de dépôt et de prêt. Mais alors que la trace est assez claire pour les USA, et un peu aussi pour la Grande-Bretagne, je n’ai jamais pu retrouver les textes et les chiffres pour la France d’après guerre. Quoiqu’il en soit, ça n’a pas pu durer très longtemps. La libéralisation bancaire reviendra vite.

    En Grande-Bretagne, l’affaire est un peu plus subtile. Ceci avant comme après l’introduction de la « 3e phase », autrement dit de l’euro. En un mot, ce pays reste souverain, au sens où il ne s’est pas lié les mains par des traités, côté régime monétaire, mais ça ne dit aucunement que le peuple y soit souverain... La preuve : il prolonge « souverainement » sa très longue tradition consistant à ne jamais monétiser directement sauf, manifestement, en cas d’absolue nécessité et sous contrôle scrupuleux de la finance. Un signe, à mes yeux, que ce pays a longtemps été et demeure étroitement contrôlé par la haute finance. La City n’est-elle pas, de très loin, le plus grand paradis fiscal du monde (s’y trouvent les portes donnant sur 50% des places off-shore de la planète) ?

    En fait, on pourrait encore remonter bien plus loin dans l’histoire et tirer un constat assez similaire quant au contrôle de la création monétaire, même si la nature des monnaies ayant changé, l’analyse requiert d’autres approches techniques.

    Et au bilan, si on schématise à peine, la triste vérité, c’est que les rares fois, dans l’histoire, que des pouvoirs publics se sont résolus à reprendre une part du pouvoir de création monétaire et le contrôle du crédit, c’est lorsqu’il était déjà trop tard et que l’on sombrait soit dans la guerre soit dans une révolution. Des phases dans lesquels le pouvoir n’est assurément pas démocratique, ne peut l’être un tant soit pu... jusqu’à nouvel ordre. A ce stade, on peut dire que la monnaie et, au-delà, le régime, en étaient d’une manière ou d’une autre arrivés au point de s’effondrer.

    Pourquoi cette triste situation et un tel acharnement à la reproduire ? C’est pourtant simple à comprendre, et je crois que le plus important est de comprendre ça : regardez tous les autres domaines que le pouvoir monétaire, et voyez comme les sociétés humaines, sauf exceptions rares et rarement durables, ont été loin de savoir les contrôler un peu démocratiquement. Or le pouvoir associé au monopole de la création monétaire étant évidemment une arme considérable. Et on se doute qu’il est devenu potentiellement bien plus considérable encore depuis que la monnaie ne fut plus composée de métaux précieux. Ce qui est une très bonne chose en soi, car cela allait permettre enfin la possibilité de produire des choses sans être arrêtés par une contrainte bien artificielle et inutile, mais ce qui doublait la mise, pour ainsi dire, s’agissant du défi démocratique.

    Or, avec le développement du crédit bancaire moderne, depuis le XVIIe siècle, on s’achemine vers la révolution industrielle, et malgré un foisonnement de réflexions sur les institutions, les élites font largement un choix libéral. Celui d’un système fondé : d’une part, sur un « bien-être » des peuples qu’il s’agirait de trouver dans la multiplication des progrès techniques, une organisation du travail de plus en plus finement morcelée et une consommation de plus en plus frénétique ; d’autre part, sur une aristocratie élective. Laquelle, avec le suffrage universel, débouchera sur les partis et les autres organisations et organes de masse. Tandis que se développaient en parallèle des entreprises toujours plus grosses, dotées de toujours plus de droits, ou encore les Bourses. Autant de leviers qui allaient amener une concentration de pouvoirs de plus en plus phénoménale — n’a-t-on pas là, déjà, presque tous les ingrédients de l’horreur totalitaire ?

    Pour en revenir à l’arme monétaire, qu’a-t-on fait ? Nos élites ont simplement abandonné d’avance l’idée d’essayer de la mettre sous contrôle public, et ont préféré la refourguer au « marché », en croisant sans doute les doigts pour que, côté privé, ce pouvoir reste au moins partagé entre plus de mains différentes qui, avec la concurrence... Voilà.

    Oui, ne vous y trompez pas : les banques, ce n’est personne. Nos monnaies sont créées par les banques privées, mais qui bénéficie de ce régime et, par ailleurs, qui décide de la création monétaire ? Les bénéficiaires sont ni plus ni moins les épargnants, hauteur de leur fortune. Quand aux décideurs, ce sont ni plus ni moins ceux qui demandent un crédit. Les entreprises, pour l’essentiel (qui sont structurellement emprunteuses pour la bonne raison qu’elle doivent payer salaires, locaux et matériel avant de pouvoir vendre leur production). Bref.

    Mais à l’heure où le régime se met à craquer de toutes parts, il faut veiller à ne pas se tromper de cible. En l’occurrence, l’ennemi n’est pas les banques, et encore moins le crédit. Le problème, c’est de savoir qui contrôle la création monétaire (plus que qui en bénéficie, car on peut toujours redistribuer) et pour ça, les amis, on en revient toujours au seul vrai problème de fond : comment organiser une démocratie un peu digne de ce nom.

    Evidemment, le problème de l’euro, en particulier, est à 100% politique et se pose principalement en termes institutionnels. Si ce monstre d’euro est une monnaie faite par et pour les rentiers, c’est d’abord parce que l’UE est un système à 100% tyrannique et oligarchique. Du reste, évidemment, l’euro ne pouvait pas marcher pour la même raison qu’il demeure impossible d’établir un parlementarisme européen un peu digne de ce nom, sans parler de démocratie. Pour finir, je me permets de vous renvoyer à l’analyse que j’ai postée ici : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/nous-on-veut-pourquoi-il-faut-118812



  • sasapame sasapame 22 juin 2012 19:34

    Brave Démosthène,

    sans volonté aucune de vous offenser, c’est aussi pathétique mais bien plus confus et infiniment moins lucide que les discours de l’Athénien illustre dont vous semblez vous réclamer. L’imagineriez-vous, face à la menace de Philippe de Macédoine, haranguer les foules pour leur prêcher la paix inconditionnelle dans l’amour de son prochain, en lui faisant miroiter un pur miracle supposé sauver la démocratie ? Non, assurément... Cela, c’était par contre la stratégie courante des oligarques : vendre le peuple aux tyrans d’un empire avec qui on a signé des traités de paix fort intéressés, sans même consulter le peuple...

    Pour éviter de perdre du temps inutilement, en m’appliquant néanmoins à vous répondre, je me permets de vous adresser la réponse que j’ai faite hier, à 13h30, à Lulupipistrelle. Affirmations, direz-vous peut-être encore, mais je crois, de bonne foi, que ça donne quelques indications quant à ma position et mes intentions.

    Des affirmations. Mon analyse serait donc « partisane » ? Pourquoi ? Un partisan ne cherche pas à démontrer, il cherche à persuader. (*)

    « Les postulats mensongers imposés depuis bientôt 40 ans » : lesquels ? Du reste, je pense que ma thèse est ultra minoritaire, alors merci de m’indiquer les portes-ouvertes que j’enfonce.

    « Une concordance temporelle majeure de tous les moyens démocratiques qui auraient permis d’utiliser ce qu’il reste de démocratique au sein des institutions Européennes pour amener une réforme citoyenne. »

    Mauvaise plaisanterie. L’Union européenne n’a jamais eu, dans aucun secteur, de fonctionnement qui puisse être qualifié de constitutionnel (autrement dit elle est tyrannique sur toute la ligne), sans parler de démocratie...

    Une « réforme citoyenne » ? Mais on ne réforme que ce qui est réformable, mon cher. Quand c’est pourri depuis les premiers fondements, c’est une folie de s’attacher à pareille idée. Et c’est encore plus grave de renvoyer tout à pareille condition, dissuadant de faire autrement, lorsque nous entrons dans une crise de l’ampleur de celle qui a commencé. Bien sûr, il est plus facile de ne pas dire combien la chose est ambitieuse quand on ne détaille rien. Vous permettez, je pense avoir bien plus écrit sur la question que vous ne l’avez fait, alors je vous laisse un peu travailler.

    « Dommage que vous ne soyez pas à même de comprendre pourquoi et comment il ne faut pas se désunir, mais au contraire renforcer les liens qui nous unissent, même si ces liens doivent être intégralement revus et corrigés afin de remplacer les dictats ’ économiques ’ par une harmonie sociale et fiscale, doublée d’un protectionnisme à l’échelle de l’union dissuadant toute forme de financiarisation/ spéculation, tout en incitant les investissements productifs. »

    Je connais ces prêches, j’ai donné. Je pourrais vous parler des paradis fiscaux, dont le plus gros du monde, de loin, qui se trouvent au sein de l’UE. Vous rappeler que les volumes d’échanges mais aussi les déséquilibres commerciaux concernent avant tout l’intérieur de la zone euro et de l’UE, et rappeler parallèlement que si cette UE est une machine de guerre (économique), soit un truc délibérément fait pour empêcher l’union, ce n’est pas par hasard : autrement dit, il y a un tas de forces qui concourent encore et toujours pour lui conserver ce rôle. J’en passe : il n’y a encore rien, pas le moindre début d’ouverture.

    Je préfère faire valoir que sans un parlementarisme européen digne de ce nom, ce qui suppose déjà en soi une ré-vo-lu-tion, au plein sens du terme, rien de tout ça ne marchera. Affirmation, direz-vous ? Je ne pourrai que vous mettre au défi de vous appliquer à démontrer plus que je ne l’ai fait. Et plus encore, parce que l’on trouve encore moins de monde pour y réfléchir un peu sérieusement, je préfère analyser les conditions qui font qu’un ensemble institutionnel peut ou non fonctionner, et naître pour commencer.

    Puisque la finance et les multinationales tirent DEJA d’immenses avantage de ce machin et puisqu’ils en contrôlent DEJA les principaux décideurs, chose inévitable après des décennies qu’on a laissé ces institutions hors de tout contrôle, il est évident qu’ils ne vont pas laisser les gouvernements laisser les peuples faire tous ces nécessaires bouleversements qui mènent à l’État fédéral... — encore une fois, cela supposerait carrément de renvoyer chez eux les gouvernements, rien de moins, et encore une fois la monnaie unique et, par ailleurs, toutes ces belles réformes que vous invoquez, ça ne peut pas marcher autrement que sur une telle base. Les référendums interdits ou violés, les eurocrates et les banquiers parachutés en Grèce et en Italie, ça n’est encore rien. Voyez d’ailleurs : dans ce dernier traité, Lisbonne, qui ne change presque rien à ce qui existait déjà, ils ont même pris soin de glisser une clause permettant d’aller « communautairement » casser la figure — que dis-je, tuer et torturer au besoin — à ceux sur l’action desquels votre projet miraculeux s’appuie.

    Vous achevez sur l’idée complètement antidémocratique d’appuyer le tout « par une institution publique Européenne indépendante chargée de la création des richesses nécessaire au financement des institutions publiques... » Bon, vous confondez la monnaie, c’est-à-dire du papier et des bits informatiques, avec des richesses, passons. Mais quel niveau d’amateurisme ou d’inconscience faut-il pour vouloir inclure une institution indépendante dans un système supposé un peu démocratique ? Démosthène... franchement. Montesquieu n’était pas démocrate, mais tout de même... La séparation des pouvoirs, c’est le contraire de leur indépendance. Pardonnez-moi mais une telle confusion, c’est effrayant.

    (*) Du reste, je me réclame volontiers des Athéniens contemporains de Démosthène : je me crois démocrate et à ce titre je suis contre les partis politiques, quels qu’ils soient, et j’aspire à une démocratie un peu digne de ce nom, laquelle ne peut tout bonnement pas découler d’un régime électif.



  • sasapame sasapame 22 juin 2012 16:50

    « Heureusement pour les détenteurs de d’obligations d’état [les pauvres...] il existe des garde-fous face à la faillite d’un état. [...] »

    « [...] 1- Les obligations d’états grecs sont détenus par ...les Grecs eux-même[s] et en particulier leurs banques (plus de 50% de la dette nationale grecque) qu’il faudra re-capitaliser. Si Athènes annule ses 340 milliards d’euros de dette, cela ne correspond en fait qu’à 170 milliards de gagné pour le pays [...] »

    La belle affaire ! S’il s’agit de trouver les compensations encore nécessaires, c’est une affaire de redistribution interne (« les Grecs » en général, ça cache des riches, des pauvres, des oisifs, des actifs, des spéculateurs, des qui suent pour eux, etc.).. Qu’est-ce qui vous dit que le défaut ne portera pas carrément sur 80% du capital restant dû, soit la part portée par des très riches, Grecs ou étrangers, avec étalement de 10%, celle de catégories plus modestes de détenteurs, grecs comme étrangers ? 50% Vous êtes bien optimiste... je veux dire pessimiste ! Seriez vous de ceux qui s’imaginent que le capital de ces montagnes de dettes — privées, surtout, et publiques moins — que ce système absurde et injuste a engendrées sera un tant soit peu remboursé ? Rassurez-vous, ce capital, vous pouvez l’oublier. Et c’est tant mieux. Ce système fondé sur une création monétaire privée — en partie, puis même à 100% aujourd’hui et pour nous — est non seulement injuste mais explosif. Lisez donc le 100% money de Irvin Fisher.

    « [...] 3- [le fait que la »faillite« d’un pays l’amènerait à se] retrouver sur une liste [noire]. 11 ans après sa faillite, l’argentine n’est toujours pas revenu sur les marchés financiers. »

    La belle affaire ! Vous ne l’avez pas compris, il semble : ce n’est pas du tout un problème qu’un pays n’accède plus aux marchés financier, au contraire. Les marchés financiers non seulement sont des choses dangereuses mais ne servent à rien (et par nature, n’ont absolument rien à voir avec des marchés ordinaires, qui eux peuvent avoir une utilité). S’il s’agit d’obtenir de la monnaie d’usage national, la monnaie, il suffit d’en créer — ce n’est pas évidemment pas un remède miracle, qu’il s’agirait d’employer n’importe comment, mais ce n’est en tous cas pas pas une contrainte en soi. Seulement faut-il justement sortir de l’euro pour ce faire. S’il s’agit d’obtenir des devises, soit on les achète avec la monnaie que la banque centrale créée, soit on exporte des biens et services réels, ce qui suppose évidemment une politique de crédit favorable à l’investissement, donc encore une affaire de création monétaire bien encadrée par une volonté politique.

    « [...] 2- La Grèce étant membre d’un ensemble politique et économique (UE) et monétaire (Euroland) , il est bien évident que sa faillite aurait des conséquences non seulement sur ses partenaires européens mais dans le monde entier avec des situations de faillite pour de nombreuses banques. Il existe donc une grosse pression de l’ensemble des pays européen pour qu’elle ne commette pas un acte »irréparable« . »

    Fichtre... Non, c’est un leurre, et en tous cas certainement pas un garde-fou. Pourvu qu’ils ne tombe pas dans le panneau et tienne bon, le pays qui fait défaut n’a pas de crainte à avoir de ce côté. De toutes manières, qu’est-ce que le FMI, le Club de Rome, les États occidentaux ont à lui proposer pour éponger sa dette, sinon de l’endetter plus encore ?...

    « 4-Sortir de l’euro [...] Description : Si on considère que la zone euro n’est pas une zone monétaire optimale et que c’est pour cette raison que certains pays connaissent une crise de la dette, le bon sens demande de sortir de la zone euro. »

    Il aurait fallu n’y point entrer, déjà...

    Il ne peut quitter l’euro sans sortir de l’UE ? La belle affaire. Tant mieux. De toutes manières, les tares de l’euro, qui les cumulent toutes, tiennent en grande partie au cadre de l’UE. Libre circulation totale des capitaux, dumping fiscal et porte grande ouverte vers les paradis fiscaux libre échange forcené, services publics démantelés, inflation bridée, ... — la liste est très longue — et plus que tout, impossible contrôle démocratique sur quelque instrument européen que ce soit. Et d’ailleurs, le pays concerné peut toujours, même, en cas d’urgence, en prendre et en laisser des traités, et désobéir, même en imprimant des euros pour son compte... Une chose est sûre : contrairement à tout ce qu’on entend dire d’autorisé, les blocages contre une violation des traités européens ne viennent pas du tout du niveau européen, ils sont dans les constitutions et les juridictions nationales. Et ça, c’est plus solide, mais ça peut sauter comme c’est venu, avec un bout de papier, et encore plus vite et pourtant tout aussi constitutionnellement en cas d’urgence — or nous arrivons, nous y sommes déjà, même ; y a qu’à.« 

     »Le pays qui quitte la zone euro retrouv[e] la maitrise de sa politique monétaire (change, taux d’intérêt...) pour le meilleur et pour le pire. Ce pays pourrait en particulier procéder à des dévaluation compétitive ou faire baisser les salaires et les pension en ne compensant pas une inflation élevée.« 

    Quelle idée ! Il serait évidemment bien mieux avisé d’augmenter les salaires ! En parallèle, bien sûr, il aurait sans doute intérêt monétiser directement et massivement pour financer de grands travaux, dont certains bien planifiés... brrr ;) — en prenant auparavant, cela va sans dire, d’autres mesures en rupture avec la lettre ou l’esprit des règles UE : notamment réinstaurer le contrôle des changes, l’échelle mobile des salaires, etc., avant d’augmenter très fortement les impôts sur les hauts revenus... et de faire tout un tas de choses utiles comme organiser la faillite des bourses, avant de racheter ses anciens services publics pour quatre sous, autrement dit à juste prix après tant de pillage.

     »[...] Contrairement à ce qui est souvent écrit un pays qui quitterait l’euro ne pourrait pas convertir ses obligations émises en euros vers une nouvelle monnaie et rembourser en monnaie de singe, car aucune clause de ce type n’est présente dans ce type de contrat. Quand la France est passée à l’euro, les bon du trésor ont été converti en euro car le franc français n’existait plus, mais si demain la France quitte la zone euro, l’euro continuera d’exister et la France tenue de rembourser dans cette monnaie. En dévaluant sa nouvelle monnaie de 50% par rapport à l’euro un pays ne divise pas sa dette publique par deux.« 

    Curieux de parler de »monnaie de singe« pour une monnaie portant réellement la signature d’un État-nation quand on voit que l’euro, monnaie par ailleurs moribonde, est la monnaie liée à un système parfaitement hors-sol (un gros bout de ce machin nommé UE) et qu’elle est à 93% émise par les banques, à 100% émise sur demande privée (les deux vont logiquement de pair)... Pardonnez moi de pensez que ça en dit long des présupposés et préjugés de l’auteur. ;)

    A part çà, la belle affaire, là encore. D’abord, ça peut se compenser entièrement par un défaut de paiement. Quand vous faites défaut, ça veut dire, de fait : c’est ça ou m... vous prenez ce qu’on vous propose, et si vous n’êtes pas contents c’est la même chose, ou même rien ! Ensuite, vous l’avez suggéré vous même avec l’idée de l’huile d’olive : en définitive, une dette extérieure se règle non avec du papier mais par la fourniture de biens et services réels ; or un pays ne peut fournir que ce qu’il peut produire. Justement, s’il s’agit de produire, ce n’est pas avec des devises étrangères qu’on finance l’investissement / l’emploi dans son pays, mais avec sa monnaie (d’usage) national(e), et pourvu justement qu’on refonde une politique du crédit et une fiscalité favorables à la production, on peut. Après, les devises, ça s’échange. Enfin, un pays sortant de l’euro peut toujours garder de côté les euros qu’il détient (au sens où la banque centrale est tenue de ne pas »compenser« en réduisant d’autant la base monétaire en monnaie nationale) et les consacrer en priorité à effacer sa dette, même si c’est pour la transférer aussitôt en monnaie nationale via des emprunts forcés aux banques ou à la banque centrale. On en arrive alors au même, pourvu qu’on passe un peu par les bords, mais rien de méchant. Vous êtes de ceux qui vous laissent enfumer avec la technique car ils prennent la technique comme une fatalité qui empêcherait de faire des choix politiques.

     »La dernière trouvaille : Faire sortir l’Allemagne. Cette idée saugrenue [...] Et comme l’Allemagne est selon beaucoup d’économistes la grande bénéficiaire de la mise en place de l’euro, on l’imagine très mal sortir de son propre chef.« 

    Au demeurant fort logique, et pourtant erreur de logique basique : vous raisonnez comme si le système euro était immuable dans ses orientations, alors qu’il est justement entrain de vaciller et sera forcé à changer fondamentalement ou à disparaître. Autrement dit, l’Allemagne sera poussée à sortir de l’euro précisément quand les autres pays de la zone, contraints et forcés, en arriveront à des extrémités faisant de l’euro autre chose, de fait, voire quelque chose menaçant de sortir de tout contrôle. Comme une monétisation massive, anarchique et non concertée... en euros. Quant à l’éventualité que le statu quo se prolonge encore quelques années, elle conduira l’Allemagne à y passer à la suite des autres, du fait que la pompe à exportation s’éteindra, trop rapidement. »

    « Cette solution [fédérale] est bien sûr surtout défendue par les pays qui connaissent de graves problèmes budgétaires (Grèce, Portugal, Espagne, Italie et par l’Irlande, sauf en ce qui concerne une politique fiscale commune car elle ne souhaite pas modifier sa politique fiscale très favorable aux entreprises) et par ceux où siègent les organes dirigeants de l’UE et qui voient toujours d’un bon œil la création d’une nouvelle agence [sur] leur sol (Belgique et Luxembourg). »

    Vous sortez ça d’où ? Un pays, ça n’est personne. Il y a — bien sûr — des pour et des contre dans chaque pays. Mais il y a — surtout — une majorité très large de gens jamais consultés...

    Par ailleurs, je suis placé pour savoir qu’une infime minorité de gens comprend ce qu’est véritablement le fédéralisme.

    Pour cause : ça consiste d’abord et surtout à supprimer tout cumul de fonctions entre le niveau national et le niveau « continental ». Autrement dit, à ce que les gouvernements nationaux (et les parlements nationaux) rentrent purement et simplement chez eux...
     
    « [...] Les parlements nationaux sont tous très jaloux de leurs prérogatives, et le vote du budget est l’acte le plus important dans la vie d’un parlementaire, si l’UE dispose d’un droit de véto sur ce vote, les parlements deviendraient des chambres d’enregistrement et on pourrait même se poser la question de leur existence. »

    Vaste confusion. Qui vous démontre bien, surtout, qu’en réalité, non seulement l’UE n’a rien de fédéral mais n’est pas du tout en passe de le devenir ! Un État fédéral brasserait, dans son champ de compétences bien séparé, un énorme budget, supérieur même à celui des États fédérés, et n’aurait pas du tout besoin de se substituer, dans le vote du budget, aux parlements nationaux car eux, ne s’occuperaient aucunement d’affaires fédérales... Par ailleurs, les parlements nationaux européens sont déjà devenues — de leur propre gré, contrairement aux intentions que vous leur prêtez — des chambres d’enregistrement dès lors que l’UE a une compétence dans un domaine, ceci justement à cause de cette même confusion complète des pouvoirs liés au fait que les agences de l’UE sont toutes entièrement, même si c’est indirectement, sous contrôle des gouvernements nationaux. Une situation aberrante, et forcément tyrannique.

    Que vous soyez fédéraliste, ou croyez l’être, c’est votre droit, mais vous gagneriez vous même à être au clair sur ces « détails », et pour ne pas illusionner le lecteur, il serait bon d’y rentrer.

    Or une chose est assez évidente, pour moi, et me semble suffisante pour oublier entièrement cette option fédérale qui n’a jamais été qu’un leurre (qu’on le déplore ou non) : les gouvernements nationaux ne voudrons pas perdre la haute main sur le machin, et ça change tout. Je veux dire : les gouvernements effectifs, au sens très large mais réaliste (voir ma mention précédente sur la bonne volonté européiste des parlements). En d’autres termes, toutes les puissances privées qui, au présent, bénéficient ou veulent bénéficier de la situation tyrannique que leur offre un système à la fois supranational et statutairement placé sous contrôle des États / de leurs gouvernements, de leurs cabinets, lutteront naturellement contre une évolution fédérale digne de ce nom. Un détail...

    ... qui devient fort dérangeant car évidemment, si la mutation fédérale n’est pas possible (*) (à court terme), reste une sortir pure et simple de l’euro. Et de l’UE si nécessaire... ou plutôt si possible.

    (*) Je vous renvoie logiquement à l’article que je viens de poster sur ce thème : http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/nous-on-veut-pourquoi-il-faut-118812



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 21:14

    Une chose est sûre : non, « nous » ne faisons pas l’Europe. D’abord, parce que le peuple, au singulier ou au pluriel, n’a jamais eu son mot à dire en pratique dans cette construction monstrueuse (on peut le déplorer jusqu’à en crever de douleur ou de honte, mais il n’est pas difficile de le voir). Ensuite, parce que l’Union européenne non seulement n’est pas l’Europe mais comme je l’exprime en conclusion, elle ne le sera jamais, malheureusement, et constitue même un formidable obstacle à la construction d’une Europe politique digne de ce nom.

    Du reste, je m’abstiendrai de dire le peu que je crois savoir des soi-disant « pères fondateurs » de ce machin qui, depuis le départ, s’est fait passer pour l’Europe que « nous » voulions. Même si je peux difficilement m’abstenir de conseiller la lecture de bouquins comme Europe, la trahison des élites, de R.-M. Jennar ou Le choix de la défaite de A. Lacroix-Riz (une association un peu incongrue, peut-être... mais disons : le premier pour le passé proche, le second pour les origines).



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 21:00

    @ tf1Goupie,

    je ne pense pas que vous soyez de mauvaise foi, je crois plutôt que vous n’avez lu de mon texte que l’introduction. A ce sujet, le choix était sans doute malheureux, même si je disais justement ne pas focaliser sur cela, mais j’accorde bien peu d’importance aux affaires de complot, et moins encore en matière européenne. En cette matière en particulier, je reconnais l’importance ultra-dominante du rôle d’acteurs parfaitement visibles, et aussi celle des peuples.

    Mais justement : opposez une moitié de fédéralistes et une moitié de souverainistes, conscients ou non, pour les uns et les autres (c’est un schéma, mais admettons), et vous voyez que le compromis naturel est précisément la confédération — autrement dit, une Europe qui accumule beaucoup de pouvoirs mais qui reste sous contrôle direct ou indirect des gouvernements nationaux —, soit ce système dont j’ai voulu démontrer ici qu’il ne marche pas...

    Si j’ai un peu la prétention de transmettre (et non d’inventer, bien sûr) quelques éclairages, c’est justement parce que nous avons bien assez de repères pour juger de ce que nous avons sous les yeux. En particulier, pour conclure sans aucun risque de se tromper que l’euro n’est pas un système viable jusque à nouvel ordre.

    La question ne s’est d’ailleurs jamais posée en ces termes pour les économistes un peu sérieux, même s’il a fallu du temps à beaucoup d’entre eux pour l’admettre, à cause de certain « pari » européiste dont il est question en introduction. Et encore, souvent en langage obscur. Mais qu’ils s’appellent Delors ou Giscard, Allais ou St-Étienne à droite, Gréau, Sapir ou Stiglitz au centre, Généreux, Lordon, Orléan, Plion ou Harribey à gauche (désolé pour le listing mais la liste est longue et le jeu à vrai dire peu utile), ils savaient tous que l’euro ne pouvait pas marcher dans le contexte. La seule question a été de savoir si on serait capable de créer les conditions politiques pour qu’un tel instrument devienne viable. Il y a ceux qui ont fait ce pari, par amour de l’idée d’Europe en général, et les autres. Bref, l’économie ne fait pas de miracles et le problème de l’euro est à 100% politique.

    Du reste, il n’existe aucun exemple, dans l’histoire, d’union monétaire qui ait pu tenir hors du cadre d’un État — mais je pense qu’il est plus instructif de (re)démontrer pourquoi. Notamment parce que beaucoup de gens se laissent avoir avec l’illusion que l’UE est un projet unique dans l’histoire, alors que l’histoire a connu bien d’autres constructions impériales, y compris européennes, dont le caractère "hors sol" les a condamné à subir les mêmes problèmes.

    Sans être économiste, j’ai beaucoup travaillé sur les institutions en général, celles de l’UE tout particulièrement, et aussi longtemps sur les questions monétaires. Si les compétences techniques que j’ai acquises m’ont servi à quelque chose ici, c’est avant tout pour comprendre que le problème de l’euro est entièrement politique.

    J’ai produit ailleurs d’autres critiques de l’euro, plus « économicistes ». Il y a d’autres manières de démontrer que ce système est intenable. En particulier si l’on considère que, dans ce régime, 100% de la monnaie est créée par le circuit privé et que le régime de l’UE dans son ensemble a interdit ou rendu impraticable tous les mécanismes qui permettaient, indirectement ou indirectement, l’indispensable redistribution, non seulement pour palier aux injustices que cela provoque mais pour éviter les crises économiques qu’un tel fondement ne peut que provoquer s’il n’est pas compensé. Tout cela est archi connu et très simple à comprendre.

    Mais le problème de ces démonstrations économiques, c’est qu’elles peuvent toujours conclure en disant : soit, ce n’est pas viable au présent, ça saute aux yeux, mais ça peut le devenir... si on fait l’Europe fédérale (je traduis). C’est pourquoi il est bien plus important de s’atteler à ce boulot qui occupe bien moins de monde — il y a malheureusement bien moins de monde qui réfléchi aux institutions que de gens qui se mèlent d’économie —, analyser comment cette condition peut être remplie, et si l’on peut décemment espérer qu’elle le soit. Ma réponse est : clairement non (tout aussi clairement que l’économie montre la non viabilité de l’euro au présent).

    Ainsi on en revient toujours au même problème : que l’on veuille mettre un terme au dumping fiscal, développer des services publics européens, mettre en place un mécanisme de compensations financières indispensable dans le cas d’une monnaie unique, que l’on veuille demander à la BCE de mettre de la monnaie à disposition des pouvoirs publics, que l’on veuille lui fixer une politique extérieure de change décente, que l’on veuille réguler la tendance folle à la compétition et au libre-échange, ou encore se mettre à l’abri des paradis fiscaux, la résolution du problème se heurte toujours à un problème institutionnel : nous sommes à des années lumières de disposer d’un parlementarisme européen digne de ce nom, donc tous les mécanismes nécessaires sont parfaitement incontrôlables démocratiquement. On les laissera donc, soit à des agences européennes incontrôlées et donc inévitablement à la merci des grandes puissances privées, soit aux gouvernements des États membres — et l’objet premier de mon texte était de démontrer que, dans ce second cas, ça ne peut pas marcher (non plus).



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 18:52

    @ Relladyant

    oui, j’ai vu quelques unes de ses conférences. J’ai un peu discuté avec lui il y a quelques mois à Lyon. C’était avec un de mes amis et anciens camarades, qui bosse aujourd’hui avec vous. J’ai aussi posté quelques trucs messages sur des fils animés par des gens de l’UPR. L’un d’eux concernaient le tirage au sort et, ma foi, enterrait plutôt joliment le système fondé sur le suffrage universel et ses instruments, les organisations de masses, partis compris. L’une des quelques raisons pour lesquelles vous ne me verrez pas chez « vous »... Et puis, on ne peut pas être sur tous les fronts et d’ailleurs, en ce qui me concerne, après 8 ans de politique intensive je m’offre quelques temps de répit un peu mérité pour m’occuper de moi, de ma famille et de mon lieu de vie. ;) Bref, merci mais non merci... et bon courage. ;)

    Au passage, transmettez-lui donc ça de ma part :

    [Plutôt OK] sur le fond mais vous vous trompez sur la question de la clause de sortie de l’UE (article 50 TUE) qui a été introduite par le traité de Lisbonne.

    Tout d’abord, bien évidemment, un « État membre » pouvait toujours quitter l’UE avant le traité de Lisbonne, pour la simple raison que tout traité (accord passé entre États souverains, par définition), ne vaut que tant que chacune des parties l’approuve et peut être dénoncé à tout moment par l’une des parties. Autrement dit, le 50-1 TUE n’apporte absolument rien car il est parfaitement superflu.

    L’innovation irait dans le sens contraire, en réalité : il s’agit bien plutôt de soumettre un retrait de l’UE à des conditionnalités !

    C’est classique, d’inclure dans un traité des clauses « transitoires » régissant la phase de sortie (et d’abrogation). Donc on pourrait considérer que cet article a été inclus justement pour éviter les déboires qu’une sortie « anarchique » pourraient causer à d’autres « États membres ». En fait, il s’agit surtout d’éviter la paralysie de l’UE elle-même. Ceci ne serait-ce que parce qu’en attendant qu’un nouveau traité soit signé entre les "États membres" restant, les règles de calcul de la majorité qualifiée, de participation au capital de la BCE, etc. ne valent plus.

    Mais n’allons surtout pas imaginer que ça a été fait dans l’intérêt de l’État sortant...

    En effet, le 50-2 stipule que [si un « État membre » a signifié son intension de quitter l’UE] "l’Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait [...]. Cet accord est négocié conformément à l’article [218-3 TFUE]. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen."

    En clair : il faudra négocier la sortie et, dans ce cadre l’UE continuera à édicter ses règles, selon ses propres règles de fonctionnement. A minima, ça veut dire ceci : auparavant, un « État membre » pouvait sortir à tout moment de l’UE, et ceci sans devoir négocier selon des procédures fixées a priori et par d’autres, et que désormais, une sortie de l’UE doit se faire en négociant et, notamment, en prévenant à l’avance.

    L’article 218-3 TFUE ? En clair, et en court : il s’agit de dire que les engagements internationaux en matière de commerce, que les « États membres » ont pris notamment à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce)... via l’UE (qui s’en charge elle-même depuis 1999), et bien l’UE se chargera elle-même de les renégocier au nom de l’État qui souhaite quitter l’UE... Qu’est-ce que ça cache ? Qu’est-ce que ça fait là ? En tous cas, l’UE et, surtout, toutes les puissances privées et/ou étrangères dont elle se fait le bras armé, auront nettement de quoi jouer la montre du côté des barrières douanières et autres barrières « non tarifaires ».

    Pour ce qui est de prévenir à l’avance, songez, en particulier, à la question de l’effet de surprise pour une sortie de l’euro, laquelle sera à coup sûr synonyme de défaut de paiement, avec son lot de panique bancaire, de spéculation, de risque de fuite des capitaux, etc. et de dévaluation. Bref, il est clair que ce soi-disant progrès apporté par l’article 50 sera un boulet, au point qu’il faudra justement de violer quand on sortira de l’euro, sauf à être complètement irresponsable !

    Attendez ! Le troisième alinéa nous dit, en clair, que si l’UE et l’État sortant ne s’entendent pas, les traités UE continueront de s’imposer à ce dernier pendant 2 ans. Une paille.

    J’arrête là. A chacun d’imaginer les subtiles stratégies que certaines puissances pourront tirer de cet article que M. Asselineau (et d’autres valeureux souverainistes) continuent, complètement à tort, de considérer comme un progrès... Je me contente de soulever ces observations qui, je crois, méritent d’être signalées.



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 18:24

    "l’auteur s’interroge légitimement afin de connaitre les raisons pour lesquelles M. Généreux, éminent économiste par ailleurs, membre du bureau politique du FdG et proche de J.L. Mélenchon, fait semblant de méconnaitre ce qui vient d’être rappelé alors qu’il le sait tout autant que moi.« 

    C’est encore plus »sioux« que ça, comme je l’ai écrit dans le chapeau :

    - d’un côté, M. Généreux écrit lui-même (dans ce bouquin) qu’aucune des conditions nécessaires à cette union monétaire n’est réuni et que ça va rester le cas jusqu’à nouvel ordre ;

    - de l’autre côté, il assume (en l’attribuant vaguement à »la gauche de l’époque« ) le fait d’avoir fait ce »pari«  : les (peuples) européens allaient ramasser, chômage, salaires en baisse, privatisations, moins disant fiscal, etc. mais pour cette même raison, ils seraient poussés à [se révolter et à devoir d’unir pour] prendre en main [en fait, créer de toutes pièces...] les »instruments politiques" qui vont avec [ces instruments techniques établis au plan européen]. Bref, en français courant, c’est du pari de bâtisseur d’empire. J’appelle aussi ça du délire mondialiste version trotskyste. Peu importe, ça veut dire ce que ça veut dire : on fait des choix en admettant que les autres en bavent car ça sera vâchement bien... dans mille ans... et si possible avant (dans quelques années, quand la double pensée tourne bien). En attendant, l’Europe über alles, oui.

    Autres contradictions apparentes :

    - il reconnaît même que l’UE (du moins, telle qu’elle aurait été « instrumentalisé » après l’Acte unique, croit-il) a servi aux classes dirigeantes pour imposer aux nations européennes ce que d’autres gouvernements avaient imposé ailleurs, que ce soient chez les anglo-saxons déjà bien imbibés de libéralisme ou dans des États « autoritaires » (*). Il développe également sur le thème de l’instrument en toc, montrant bien qu’il s’agit là d’institutions dont le pouvoir ne tient qu’à la volonté de ceux qui les ont mis en place, etc. ;

    - mais il continue à espérer et à prôner ouvertement « l’intégration », qu’il distingue clairement de l’internationalisme (lequel suppose par définition une coopération de nations) et encore, par exemple, il prend à peine de pincettes pour associer la volonté de sortir de l’euro au nationalisme (croyant solder ça par un bout de note de bas de page en toute fin de livre).

    Encore une fois, et pour être plus précis, c’est Généreux que j’ai choisi, bien qu’ils soient si nombreux, précisément parce que j’apprécie par ailleurs ce type tant pour ses qualités de réflexion et de pédagogie que pour ses penchants politiques. Mais cette mention étant faite, je laisserai de côté les questions de « coloration politique », souhaitant discuter de ce qui me paraît être admissible « à gauche comme à droite », et, plus encore, les aspects éventuellement troubles, ne souhaitant me prononcer que sur ce que je connais / comprend...

    (*) Page 52. Vrai, il semble éviter d’avoir à dire directement « peuples » ou « nations » au pluriel, pour les « pays » européens.... Si je m’en tiens à leurs derniers écrit, J.-L. Mélanchon dit laisser de côté (enfin, quoique péniblement et avec tellement de si, au final...) l’utopie du fédéralisme européen et ne parle pas de peuple européen au singulier, sinon pour évoquer son « pari » raté de 1992 (une erreur encore mal assumée, surtout qu’avec le PCF à la direction devenue si mondialiste, ils ont trop besoin l’un de l’autre). Je dis ça, je ne suis pas là pour défendre un tel ou un tel et je m’en tiens à ce qu’ils disent.



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 17:14

    Darius, vous n’avez pas compris un truc :

    - oui, une banque, y compris les banques de dépôt, doit toujours mobiliser 100 d’épargnes quand elle a émis 100 d’encours de crédits, mais

    - non, une banque ne prête pas des dépôts. 0% de ce qu’elle prête (pour la banques de dépôts) sont des dépôts, même. 100% des crédits qu’elle fait, c’est de la monnaie scripturale qu’elle crée. Ensuite elle se « couvre » avec des dépôts, tout bonnement pour assurer son bilan financier, assurant à la fois ses ratios de liquidité et de fonds propres ;

    - le dilemme apparent provient de ce que Julien a rappelé : les épargnes avec lesquels chacune des banques se couvrent proviennent eux-mêmes de crédits bancaires. C’est le multiplicateur de crédit. C’est ainsi que les banques de dépôt créent la monnaie (en quasi-totalité), ceci en dépit du fait que chacune d’elle, prêtant 100, se « couvre » nécessairement avec 100 d’épargnes...

    ... des épargnes (8% en capital au minimum, dépôts à terme, obligations émises par la banque, actifs immobiliers, emprunts ponctuels à d’autres banques, ...) qu’elles doivent évidemment rémunérer pour pouvoir les mobiliser. Car « les banques », si on pense à ceux qui captent les intérêts dans ce système mafieux, absurde, explosif (voir I. Fisher) et plus accessoirement injuste et anticonstitutionnel, ça n’est personne, ce sont tous ceux à qui elles versent intérêts (de 50% à 80% du pillage, selon comment on compte) ou dividendes (de 10 à 15% du gâteau) (avec plus-values, surtout, pour les gros bonnets), ou encore des salariés qui, en France, gagnent en moyenne 50% de plus que dans les autres secteurs (mais n’oublions surtout pas les inégalités de salaire au sein de chaque entreprise...). Du reste, évidemment, sauf à être inconscient, vive le crédit, donc vive les banques... qu’on aura fortement re-socialisées.



  • sasapame sasapame 21 juin 2012 16:50

    @ Stéphanie, c’est-à-dire à l’UPR de M. Asselineau,

    ce n’est pas moi qui dirai le contraire sur le fond, mais vous vous trompez sur la question de la clause de sortie de l’UE (article 50 TUE) qui a été introduite par le traité de Lisbonne.

    Tout d’abord, bien évidemment, un « État membre » pouvait toujours quitter l’UE avant le traité de Lisbonne, pour la simple raison que tout traité (accord passé entre États souverains, par définition), ne vaut que tant que chacune des parties l’approuve et peut être dénoncé à tout moment par l’une des parties. Autrement dit, le 50-1 TUE n’apporte absolument rien car il est parfaitement superflu.

    L’innovation irait dans le sens contraire, en réalité : il s’agit bien plutôt de soumettre un retrait de l’UE à des conditionnalités !

    C’est classique, d’inclure dans un traité des clauses « transitoires » régissant la phase de sortie (et d’abrogation). Donc on pourrait considérer que cet article a été inclus justement pour éviter les déboires qu’une sortie « anarchique » pourraient causer à d’autres « États membres ». En fait, il s’agit surtout d’éviter la paralysie de l’UE elle-même. Ceci ne serait-ce que parce qu’en attendant qu’un nouveau traité soit signé entre les "États membres" restant, les règles de calcul de la majorité qualifiée, de participation au capital de la BCE, etc. ne valent plus.

    Mais n’allons surtout pas imaginer que ça a été fait dans l’intérêt de l’État sortant...

    En effet, le 50-2 stipule que [si un « État membre » a signifié son intension de quitter l’UE] "l’Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait [...]. Cet accord est négocié conformément à l’article [218-3 TFUE]. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen."

    En clair : il faudra négocier la sortie et, dans ce cadre l’UE continuera à édicter ses règles, selon ses propres règles de fonctionnement. A minima, ça veut dire ceci : auparavant, un « État membre » pouvait sortir à tout moment de l’UE, et ceci sans devoir négocier selon des procédures fixées a priori et par d’autres, et que désormais, une sortie de l’UE doit se faire en négociant et, notamment, en prévenant à l’avance.

    L’article 218-3 TFUE ? En clair, et en court : il s’agit de dire que les engagements internationaux en matière de commerce, que les « États membres » ont pris notamment à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce)... via l’UE (qui s’en charge elle-même depuis 1999), et bien l’UE se chargera elle-même de les renégocier au nom de l’État qui souhaite quitter l’UE... Qu’est-ce que ça cache ? Qu’est-ce que ça fait là ? En tous cas, l’UE et, surtout, toutes les puissances privées et/ou étrangères dont elle se fait le bras armé, auront nettement de quoi jouer la montre du côté des barrières douanières et autres barrières « non tarifaires ».

    Pour ce qui est de prévenir à l’avance, songez, en particulier, à la question de l’effet de surprise pour une sortie de l’euro, laquelle sera à coup sûr synonyme de défaut de paiement, avec son lot de panique bancaire, de spéculation, de risque de fuite des capitaux, etc. et de dévaluation. Bref, il est clair que ce soi-disant progrès apporté par l’article 50 sera un boulet, au point qu’il faudra justement de violer quand on sortira de l’euro, sauf à être complètement irresponsable !

    Attendez ! Le troisième alinéa nous dit, en clair, que si l’UE et l’État sortant ne s’entendent pas, les traités UE continueront de s’imposer à ce dernier pendant 2 ans. Une paille.

    J’arrête là. A chacun d’imaginer les subtiles stratégies que certaines puissances pourront tirer de cet article que M. Asselineau (et d’autres valeureux souverainistes) continuent, complètement à tort, de considérer comme un progrès... Je me contente de soulever ces observations qui, je crois, méritent d’être signalées.