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Les commentaires de Bérenger



  • Bérenger 8 septembre 2007 22:15

    Je crois que la question ne se pose pas de savoir laquelle, des successives municipalités que Nice a connues depuis les années 60, était la pire, ni quelle mafia est préférable à quelle autre. Le fait est que depuis le milieu des années 70 il se passe à Nice des choses qui ne se passent pas à Nantes, à Lille ou à Strasbourg ; que Nice est en proie à une crise qui va bien au-delà de la salade niçoise que j’évoquais ; qu’il y règne un climat des plus malsains, où une xénophobie disons sélective (on n’a rien contre l’étranger tant qu’il dispose de gros moyens) le dispute à un délire identitaire qui va jusqu’à la revendication de séparatisme ; que Nice a beau s’étendre, s’équiper, s’étoffer, on y vit toujours aussi mal, on y circule encore plus mal, les loyers y sont exorbitants et le degré d’insécurité y sévit à la mesure de l’étendue de la fracture sociale, qui tient ici de l’amputation ; qu’il vaut mieux, à Nice, habiter Cimiez ou le Mont Boron que Saint Roch, Saint Augustin, l’Ariane, Las Planas, Pasteur, Bon-Voyage, quartiers dits populaires où les conditions de vie ne cessent de se dégrader, et ce n’est pas une ligne de tramway qui y changera quelque chose ; il y a à Nice des problèmes d’emploi, de logement étudiant, d’intégration, de chômage, de coût des transports en commun, et ce n’est pas négligeable, d’accès à la culture. Nice est une ville très chère où les jeunes ménages répugnent à s’installer, où les actifs ne trouvent pas à se loger, où les fonctionnaires refusent des mutations. Nice est une ville en overdose identitaire mais en panne d’avenir. Les affaires ne sont certes que la partie visible du malaise niçois, mais le malaise niçois a à voir avec les affaires, et les affaires avec la vie politique locale. Elles y sont intimement liées.



  • Bérenger 8 septembre 2007 10:59

    Christian Estrosi me semble le mieux placé, en sa double qualité d’héritier en ligne directe du médecinisme (n’est-il pas le poulain attitré de « Jacquou » ?) et de bon copain de Sarko (je ne suis pas sûr qu’il y ait réciprocité, mais bon !). Et puis on n’imagine guère les petites mafias locales favoriser d’autre candidature que celle-là, qui ne peut pas leur faire beaucoup d’ombre.

    Comparé à Jacques Peyrat, figure vieillissante, sans charisme et exclusivement autochtone, Christian Estrosi fait figure d’homme neuf. Même s’il n’est pas si neuf que ça. Même si ses mains tendues au FN, lors de législatives problématiques, au début des années 90, sont encore dans toutes les mémoires critiques. Disons pour résumer qu’Estrosi, figure typique de la vie politique en région PACA, a réussi à s’imposer dans la capitale et au sein même d’un gouvernement en place (même s’il n’y occupe qu’un strapontin de complaisance), et que cela suffit à lui garantir quelque avenir à la tête de la municipalité niçoise. Peyrat ne peut plus remplir ce rôle. Passé la rive droite du Var, Peyrat n’est qu’un vague notable niçois transfuge du FN, béquille vermoulue du médecinisme Old School.

    Promoteurs véreux, accointances avec le Milieu, disparitions mystérieuses de témoins génants, règlements de comptes travestis ou non en accidents, corruption, backchich, tribulations maçonniques, abus de biens sociaux, délits d’initiés, procès s’enlisant sur des lustres, nominations de complaisance à la tête de juridictions locales, chantiers calamiteux, projets pharaoniques s’effondrant comme des châteaux de cartes après avoir coûté des milliards aux contribuables, bétonnage sauvage, tout un littoral transformé en chapelet de verrues. Affaire après magouille, la salade niçoise n’a cessé de s’aigrir, jusqu’à devenir un baquet de vomi. Ce qui prêtait (presque) à rire du temps de Jacques Médecin (car le personnage avait du charisme et de l’humour, c’était un populiste avisé doublé d’un séducteur de foules) est devenu franchement sombre et pathétique sous Peyrat, qui n’a jamais eu besoin de faire l’effort de paraître aimable pour s’attirer les voix qu’il convoitait. C’est ainsi que Nice n’a cessé de régresser au stade de jungle. De bas en haut, à tous les niveaux, taxis, voirie, police nationale comme municipale, justice, administrations locales, à Nice tout est gangrène. Et le fameux procureur Montgolfier, dépêché sur les lieux au milieu des années 90 avec une réelle envie de régler le problème que Nice pose à la République, n’a rien pu changer à cet état de fait. Nice est une enclave sicilienne coincée entre la Ligurie et la France. Nice est une machine à produire de la magouille, qui fonctionne de manière autonome et opaque hors les lois de la République française. Nice a son bulletin officiel, « Nice-Matin », et sa voix officielle, qui est l’antenne locale de France 3, où il n’est question que de rendre compte de ce dont on est tenu de rendre compte lorsqu’on est l’organe officiel d’une enclave sous dictature. Presse unique, voix unique, à l’exception peut-être d’une ou deux feuilles un brin critiques et au tirage confidentiel, mais le pluralisme de l’information locale n’est pas la principale préoccupation d’une population qui, dans son ensemble, ne semble guère se soucier de ce que les choses puissent un jour changer, de ce que le vent puisse enfin tourner dans la bonne direction. Le bon Niçois, le vrai Niçois, le vieux Niçois de souche a adulé une génération durant un voyou en qui il voyait sa figure tutélaire. Aujourd’hui, Nice est mise au ban de la société française. Seule une mise sous tutelle européenne, si ce type de mesure existait, pourrait sauver le devenir de cette ville pourrie à l’os. Mais le le bon Niçois, le vrai Niçois, le vieux Niçois de souche « s’en bat les couilles ». Il vit dans le souvenir de son « Jacquou », qu’il réélirait haut la main s’il venait à ressusciter.

    Un niçois repenti.



  • Bérenger 7 septembre 2007 11:26

    Questions en vrac que je me pose, et vous pose par la même occasion... sans me faire la moindre illusion quant aux réponses qu’elles appellent :

    - Peut-on affirmer que tel show-man dont chacun sait qu’il est apparenté à une dynastie familiale régnant sur les casinos français, ne doive ses engagements (payés à hauteur de centaines de milliers d’euros) sur des radios et télés privées, et comme tête d’affiche à de ponctuels spectacles donnés dans les meilleures salles parisiennes, à ses seuls (et discutables) talents de comique ?

    - Peut-on prétendre qu’une journaliste de télévision dont le père est député UMP ne doit son poste qu’à ses seules compétences ?

    - Est-il démocratiquement décent qu’un vice-président du Conseil général d’un département du Sud-est de la France, par ailleurs maire de sa commune et président autoproclamé de plusieurs syndicats d’économie mixte touchant notamment à la récolte des ordures et à la distribution de l’eau, est-il décent, disais-je, que cette personnalité, installée là où elle est depuis une foultitude de mandats - et dont le bilan pourrait se résumer par ces deux mots : bétonnage et copinages - jouisse d’un logement de fonction (qu’elle n’habite pas) et d’une 607 de fonction également (véhicule imposant et polluant qui lui sert à ses déplacements, y compris personnels), quand une bonne moitié de ses administrés peine à trouver à se loger ?

    - Y a t-il seulement une démocratie française ? Sachant que nos élites politique, économique, intellectuelle, sont toutes issues des mêmes milieux, que la majorité de nos artistes sont des filles et fils-de leurs papa-maman déjà installés dans un entre-soi réputé très fermé, que les décideurs de nos chaînes de télévision et de radio sont nommés par le pouvoir en place, que les journalistes employés par ces chaînes font partie des happy fews d’éminentes personnalités politiques, quant ils n’en sont pas carrément les conjoints ? Sachant qu’une personnalité politique française, à quelque niveau que ce soit, et quelles que soient ses compétences avérées, son bilan personnel, son parcours judiciaire quelquefois, est assuré de sévir dix, vingt, trente ou quarante ans, voire plus, jouissant de tous les privilèges que prévoit notre Constitution en termes financier, d’immunité judiciaire, et de bénéfices en nature, pour autant qu’il dispose d’un électorat ? Et indépendamment de la qualification de cet électorat à pressentir ce qui va ou non dans le sens de l’intérêt général ?

    - Les multiples problèmes que semblent nous poser les politiciens de ce pays tiennent-ils à leur carriérisme, à leur clientélisme, à leur appartenance à une indéboulonnable artistocratie d’Etat, ou à l’absence bienséante (et stratégique) d’une remise en cause de la validité de l’élection au suffrage universel ? La démocratie consiste t-elle à donner à n’importe quel abruti le droit de décider de ce qui est valable ou pas pour l’ensemble de la population ?

    - Revendiquer une réforme du suffrage universel, postuler une substitution du « droit de vote » par un « permis de voter » sanctionné par un examen de culture générale et assorti d’une limite d’âge, cela ressortirait-il d’une atteinte à la démocratie ou d’une volonté exprimée de voir moderniser celle-ci ?



  • Bérenger 7 septembre 2007 10:29

    Sur le terrain des idées, tout devrait être permis. L’opinion de chacun est le carburant du débat, le support qui autorise celui-ci en est le véhicule. A la seule condition que ledit véhicule soit agi par un moteur.

    Je ne suis pas sûr, après un mois de pratique d’Agoravox, que ce support se distingue beaucoup de la plupart des fora existants. J’apprécie que les sujets évoqués le soient par des auteurs ès-qualité, c’est très enrichissant pour qui considère l’Internet comme un outil de culture. Mais au niveau des commentaires, à part se tirer la bourre à l’infini sur les sujets qui fâchent (c’est à dire qui touchent à la problématique de la crise sociétale française, aux dysfonctionnements de la société française, à tous les antagonismes, réels ou fantasmés, qui conspirent au climat de guerre civile larvée où nous vivons dans ce pays), je ne vois guère où peut nous mener ce projet.

    L’échange d’idées, le débat citoyen, la démocratie directe n’ont de sens que comme prélmiminaire à l’action. Autrement ce ne sont que des mots qu’on aligne, sans changer quoi que ce soit à ce que l’on prétendra dénoncer. Nous pouvons par exemple consacrer des milliers de pages de débat à la crise de l’emploi, mais si parmi les commentateurs sensibilisés à ce problème il ne se trouve pas un employeur pour embaucher un chômeur, je ne vois pas l’intérêt. De même, à quoi bon débattre comme nous l’avons fait ces dernières semaines autour de la lamentable affaire d’Argenteuil sans que cela débouche sur une action en justice intentée contre M. Molthron, ni même sur une proposition collective de pétition réclamant la démission de cet élu ?

    Ce dont nous souffrons le plus dans ce pays c’est de cette tendance bien française à la palabre, qui est une façon de faire l’économie de l’action. Nous nous plaignons de tout et du reste mais nous sommes incapables de nous entendre pour mettre en place un groupe de pression, boycotter tel ou tel produit, infléchir des volontés politiques défaillantes, venir à bout collectivement de ce que, tout aussi collectivement, nous jugeons inacceptable.

    Cela explique peut-être la solide réputation de raleurs que nous cultivons. Le ralage n’étant jamais que l’expression d’une impuissance.



  • Bérenger 6 septembre 2007 21:07

    Et moi je ne regarde plus la télé depuis 1886.



  • Bérenger 6 septembre 2007 21:06

    Et moi je ne regarde plus la télé depuis 1886.



  • Bérenger 6 septembre 2007 10:08

    Dans bien des cas (Marseille, Nice, Montpellier, Cannes) les Municipales sont affaire de fief et d’accointances intéressées. Caciques patoisans, vieilles familles locales, micro-pouvoirs à pérenniser, phénomènes accrus par l’intercommunalité, quand on pouvait penser il y a quelques années que ce système viendrait bouleverser la donne.

    Je ne vis pas une grande ville, je vois ce qui se passe dans nos villages, chez moi, où d’aucune iront voter pour le copain en place ou qui a décidé de monter une liste, par peur de lui déplaire ou par souci d’obtenir le permis de construire qu’ils convoitent. J’en sais aussi, plus critiques et plus jeunes, qui se demandent si cela vaut le coup d’élire un maire, sachant combien les décisions importantes, notamment aux plans fiscal et des charges communales, sont désormais prises dans le cadre de l’intercommunalité, et que l’électeur d’un maire n’a pas de prise sur l’élection d’un président de communauté de communes...



  • Bérenger 6 septembre 2007 09:45

    Je déplore comme vous la banalisation des calamités et le relativisme généralisé. Je déplore en outre la pellicule jalonnée de tueries et d’autopsies sanglantes, l’imagerie morbide véhiculée par le death-metal, le CAC40, le gansta’rap, l’essor des SUV et le socialisme dégénéré. Comme je déplore le retour en grâce de la répression justifiée par la vieille morale bourgeoise.

    Mais pas plus que moi vous n’avez prise sur ce que nous pouvons déplorer, vous, moi, et le reste de l’humanité encore un peu pensante. On peut s’en lamenter à perte de salive, c’est un état de fait et d’après moi, le meilleur moyen d’y réagir individuellement c’est par l’humour, ce grand absent du siècle.

    Desproges, Coluche, Fellini, Boris Vian ou San Antonio, aujourd’hui, seraient irrémédiablement censurés. Des gens comme Pierre Dac, Guy Bedos, Gainsbourg, Jean Yanne ou même Fernand Raynaud seraient montrés du doigt par les z’associations pour ce qui serait qualifié dans leur propos d’allusions racistes, xénophobes, homophobes, antisémites, sexistes ou je ne sais quoi. A ce train-là, vous allez voir que les z’associations voleront bientôt au secours du beauf, du tuning, des footeux, des politiciens, de la Dacia Logan... et des z’associations, dont on n’aura même plus le droit de tourner en dérision leur tendance compulsive à tenir des réunions pour se donner l’illusion de l’activisme.

    Ce foutu respect téléguidé de l’Autre à la mords-moi-le-noeud, empreint de moraline judéo-chrétienne et sous-tendu d’avidité d’un argent facilement récupéré par la grâce d’une justice en mal de réhabilitation, n’a jamais empêché un viol, un meurtre, une agression raciale, un génocide, une élection foireuse de se commettre. Le refoulé trouve toujours son chemin, et lorsqu’il resurgit, c’est bien souvent dans le crépitement des Kalaschnikov. Alors, de grâce, laissons-nous aller à sacrifier toute chose à l’autel de l’humour, quel que soit cet humour. Les mots ne sont que des mots. Lacan et les verbeux du Sens, ceux qui voient en l’usage des mots la trahison des maux comme leur traduction plus ou moins détournée, ceux-là sont à l’image des inquisiteurs de jadis, pour qui il n’était qu’une vérité assortie d’une morale, et que celles-ci se devaient d’être unanimement partagées.

    Je suis pour que l’on se foute de tout, et éperdument.

    Et n’oublions pas, pour paraphraser certain humoriste, que nombre de gens sérieux sont morts très sérieusement.



  • Bérenger 6 septembre 2007 08:09

    Le tag renoue avec la peinture rupestre, le graff avec la fresque, à Pigalle on se rejoue « West Side Story », à Argenteuil on réinvente la solution finale, l’Elysée donne dans le thatchérien, et il n’y a pas si longtemps Ségolène Royal se prenait pour l’Immaculée Conception, quelque part sur la Grande Muraille. Cela fait belle lurette que tout un chacun - les meilleurs comme les plus insignifiants - pratique la politique de la pompe, fût-ce sous les fallacieux prétextes du clin d’oeil ou de l’hommage.

    Nougaro, dans l’un de ses derniers albums, « s’inspirait » largement du « Theme from Mannix » de Lalo Schifrin. Gainsbourg pompait sur Brahms, qui lui-même pompait sur Beethoven. Plus près de nous, la technique de l’échantillonnage, ou sampling, particulièrement utilisée dans le rap, a permis de remettre au goût du jour de vieux standards de la pop et de la soul, et par la même occasion, d’éviter les oubliettes à leurs auteurs légitimes.

    Avez-vous remarqué que le remix va jusqu’à sévir dans le domaine du design automobile ? Voilà que resurgissent, sous des formes à peine actualisées, les classiques des années 60-70, Fiat 500, Volkswagen Beetle, Thunderbird, Ford Mustang, Austin Mini, Chevy Camaro. Et lorsqu’une marque de prestige souhaite donner du caractère à un nouveau modèle, c’est vers le style des Jaguar XJ6-12 des années 70 que ses designers s’en vont trouver leur inspiration : Buick Park Avenue, Lincoln Town Car, la dernière Mercedes, les actuelles Rover. Idem en architecture, où on a longtemps copié sur les modèles antique, gothique, classique, baroque, quitte à inventer de nouvelles appellations telles que néo-classique, rococo, Arts-Déco, Art Nouveau (et dès que l’on s’efforce d’innover, tout le monde trouve ça moche).

    En littérature, peut-être faudrait-il essayer de faire la distinction entre plagiat et standardisation du mode de vie. L’écrivain est témoin de son temps, et le nôtre est peu fertile en objets d’inspiration épique. Par les temps qui courent on tourne toujours plus ou moins autour de la fesse, des histoires de thunes, d’un goût prononcé du destroy. En outre, la plupart des écrivains connus et reconnus pratiquent les mêmes milieux, dont ils sont d’ailleurs issus. Et sachant qu’on ne parle bien que de ce que l’on connaît...



  • Bérenger 6 septembre 2007 07:06

    On ne décide pas d’être cool, on est cool ou on est speed, stoned, destroy, blaireau, no-lifer (ou thanatoïde). C’est une affaire de distance et d’humour à l’égard de tout ce que la multitude prend au sérieux. Rien ne saurait être véritablement pris au sérieux si on est cool, excepté, peut-être, une Lincoln Continental Mark IV, un instrumental lounge de Barry White, un lever de soleil sur le Luberon.

    C’est le désir de quêter le nonchalamment beau dans un esprit de pure flânerie. C’est un dandysme qui se passe du regard d’autrui, une sophistique qui a peu à voir, à mon sens, avec la rusticité calculée du baba ou la désinvolture agressive du rocker. En même temps, ce n’est pas le Carpe Diem de l’hédoniste. L’instant, c’est déjà du temporel, et la coolitude c’est vivre hors du temps et de l’espace communément partagés.



  • Bérenger 6 septembre 2007 06:41

    Ouais mais bon, Aurélien, votre point de vue est respectable, mais quelque peu poussé à l’absurde. Si l’on vous suivait, on considèrerait que Charlie Chaplin portait atteinte à l’image des vagabonds, et que King Kong était une apologie de la zoophilie ; il n’y aurait ni humour juif ni humour noir ni « Cage aux Folles » ni parodie d’aucune sorte, et je ne crois pas que la cause des autistes ait beaucoup à gagner à ce genre de réserve gentiment empreinte de moraline.

    Il y a quelques années, à la place d’« autiste » l’auteur de cet article aurait peut-être employé le terme aussi évocateur de « demeuré » ou « idiot de village », sans chercher pour autant à blesser l’entourage des oligophrènes. « Autiste » correspond à une évolution du langage, disons une actualisation des métaphores. C’est du langage courant, et si je puis me permettre, c’est vous qui y voyez une arrière-pensée. Keep cool, Man !

    Pour moi, cet article est rafraîchissant, jolie tranche de vie à l’heure du premier café. Et j’en remercie l’auteur.



  • Bérenger 6 septembre 2007 06:17

    Il y a aussi ce sketch grolandais, pas mal du tout :

    http://fr.youtube.com/watch?v=SwiuHclahVk



  • Bérenger 5 septembre 2007 22:16

    Cela dit, les stars de l’écriture, si elles sont des stars c’est qu’elles ont un public à qui on a su vendre, ou plutôt qui s’est laissé vendre, ce qu’elles ont éventuellement de lisible à proposer. C’est comme en musique : la soupe se vend mieux, question d’emballage, que le mets surfin...

    Vous dites que 80 000 personnes écrivent plus ou moins bien en France. D’où tenez vous pareille statistique ? Ensuite, ces 80 000 quidams, ils écrivent quoi, où, et qui les lit ?

    Le novice qui part à l’assaut du Grand Public... Pardonnez-moi, mais là vous donnez un brin dans le cliché parisien. Pour avoir côtoyé pas mal de jeunes auteurs du temps où j’en étais un moi-même, je peux vous assurer qu’aucun d’entre nous n’était dupe, ni de ce qu’il valait au regard des géants du siècle dont les oeuvres nous fascinaient, ni de ce qui se tramait dans le monde merveilleux des z’éditeurs. Nous nous savions promis à la confidentialité, talentueux ou pas, parce que nous étions des petits provinciaux sans grade, de modestes fils de gens de peu qui savaient pertinemment que pour publier chez un éditeur, un vrai de vrai, de ceux qui vous transforment un tapuscrit photocopié à l’arrache en produit commercial qui rapporte de la thune et du suivi, eh bien il valait mieux détenir un carnet d’adresses rebondi comme un portefeuille de bourgeois. Ou tricher effrontément, comme l’avait fait Ravalec, selon la légende, au moyen d’un faux à l’en-tête d’une huile de la télé...

    De fait, aucun d’entre nous n’a fait carrière. Et aucun d’entre nous n’a connu le crash que vous décrivez. Chacun a publié ce qu’il a pu comme il l’a pu, et peut-être que la finalité n’était pas de venir se montrer à la télé, des demi-lunettes sur le bout du nez, avec des airs polis de toutous savants. En tout cas, notre but n’était sûrement pas ne nous laisser prendre pour des bleus par des gens que nous tenions pour un ramassis de cuistres avisés. Car tout ce que vous dénoncez, les uns et les autres, du milieu éditorial, tout ça on le dénonçait déjà il y a vingt-cinq ans ! Une certaine Anne Gaillard en faisait d’ailleurs ses choux gras sur France-Inter (la fameuse affaire du manuscrit adressé à je ne sais combien d’éditeurs sous des noms bidons, manuscrit à chaque fois recalé, et qui n’était rien moins qu’une oeuvre majeure de Rimbaud)... pendant que Paula Jacques, sur la même antenne, le dimanche après-midi, faisait défiler ses petits copains aux tourments nombrillistes, qu’elle présentait immanquablement comme de grands z’auteurs. Ben voyons ! Tous émargeaient chez Galligrasseuil, le Cherche-Midi, La Table Ronde, Plon et consort, comme d’ailleurs les lauréats de la plupart des prix littéraires, Livre-Inter compris.

    J’écrivais, nous écrivions, certains d’entre nous écrivent toujours, mais ce qui nous distinguait des masos qui s’évertuent à vouloir séduire les Majors du Livre et leur valetaille sortie de HEC, c’est que nous avions en commun un certain respect de l’écriture, de ce que nous écrivions, et de la chose écrite en général. Je n’ai pas dit de la chose publiée... à quoi se résument bien des bouquins, par les temps qui courent.



  • Bérenger 5 septembre 2007 19:06

    Bizarre, bizarre ! Je constate que notre débat se trouve amputé de plusieurs commentaires ! S’agit-il d’un bug ? De censure ? Plus sérieusement, notre ami Idyllique serait-il membre de la CIA ?



  • Bérenger 4 septembre 2007 17:12

    Je ne vois qu’une solution : instaurer le mandat unique et non renouvelable à chaque niveau de l’exécutif. Tout le reste n’est que baratin.



  • Bérenger 4 septembre 2007 17:08

    Merci de l’info. J’ai essayé le truc. Fabuleux. Je vais voir si ça marche aussi dans l’espace. Il est bon de s’évader de temps en temps des contingences terrestres...



  • Bérenger 4 septembre 2007 09:47

    Ecrire n’est pas un métier, non ! C’est un sport passionnant, un jeu de rôles jouissif, une passion peut-être, encore que la passion suppose une part de souffrance, et pour qui aime vraiment écrire des petites histoires marrantes, ce que je fais ponctuellement, c’est surtout de plaisir qu’il s’agit, j’oserais même parler d’une griserie voisine de celle de l’alpiniste s’expliquant avec un surplomb, ou du motard lancé à 200 sur une Nationale.

    J’ai publié deux micro-éds chez un petit éditeur provincial, moyens réduits, distribution restreinte à deux ou trois librairies. Cette aventure m’a valu de rencontrer toutes sortes de gens passionnants parmi mes lecteurs, et de me faire ma petite idée, au travers des séances de signatures et des salons auxquels j’ai pris part, sur ce milieu littéraire dont je me suis vite rendu compte que je n’avais rien de valable à en attendre, en ce que sa conception de l’écriture se situait à des milliards d’années-lumière de la mienne. Egos surdimensionnés, comptables compulsifs, pique-assiettes stylés, mondains d’occasion et autres bobos distillateurs de lieux communs, soixante-huitards bedonnants et faux Gavroches, fils de pube et fils-de tout court, libraires blasés et revuistes prétentiards... Tout ce joli monde poudré, parfumé, laqué, relifté, griffé, se prenait terriblement au sérieux et je voyais ça comme un grand cirque de dupes où l’artisanat consistant à raconter des histoires n’a pas plus sa place que le lecteur, en bout de course. Le lecteur et ce qu’il attend du bouquin qu’il aura payé relativement cher, toujours trop cher à mon goût, au regard de son contenu, le plus souvent consensuel, ronronnant, ou stratégiquement dépravé, opuscules d’une centaine de pages en police de 14 adornés ou pas du rituel bandeau-pour-faire-vendre, quelle qu’en soit l’appellation. Produits de l’actuel paysage littéraire franco-français. Littérature d’instituteurs et chroniques de la marge dorée.

    Aujourd’hui je continue à écrire pour moi, pas de publications ni de blogs. Je pratique mon sport favori, point barre. Et je lis comme j’ai toujours lu, comme j’ai toujours aimé lire, affamé que je suis d’une littérature qui a de la consistance, d’histoires qui nous mènent loin, pondues par des vécus tourmentés, minimum trois cents pages en police de dix, pas de limite pour le max, les pavés insoulevables sont les bienvenus. Et cette littérature-là, actuellement elle se fabrique Outre-Atlantique, allez savoir pourquoi. Don DeLillo, Douglas Kennedy, Paul Auster, Jim Harrisson, Rick Moody, Thomas Pynchon, héritiers en droite ligne des Henry Miller, Brautigan, Bukowski et John Fante. Ici on n’a que les produits culturels de notre chère exception du même nom à se mettre sous la dent. Des Houellebecq, des Nothomb, des Frédéric Mitterrand, et quelques autres de ces no-lifers issus du milieu des affaires, qui se collent devant un traitement de texte comme ils nous pondront, demain, un film mis en scène par leurs soins et produit par leurs bons copains, après-demain un disque chanté par leurs soins et produit par leurs bons copains, et d’ici vingt ans des croûtes badigeonnées par leurs soins et vendues très chères dans les galeries tenues par leurs bons copains.

    Du grand art, quoi !



  • Bérenger 4 septembre 2007 08:00

    @ Aurélien : Sur la libre entreprise, je suis 100% pour (eh oui, Idyllique, je ne suis pas un coco, navré ! Au-delà d’un comptoir de PMU il y a le réel, et le réel c’est la complexité, aspect qui échappe totalement aux trolls de votre acabit. Au fait, dites-nous comment il se fait qu’à l’heure du taf, vous êtes là à nous pomper l’air avec vos divagations de bas étage ?!)

    Sur la libre entreprise, donc, Aurélien. 100% pour, et sur le RMI... au risque de vous surprendre, 100% contre.

    Revenu minimun, cela veut dire contente-toi de ça. On a ajouté « d’Insertion » pour faire bon poids bonne mesure, ne pas mécontenter l’électorat libéral de l’époque tout en sachant que ce serait impossible à mettre en place, insérer ceux qui en ont le plus besoin. Il fallait pour cela se donner des moyens qu’on n’avait pas envie de se donner. Les pauvres ça n’a jamais été un marché très porteur, politiquement parlant. Les pauvres ça sert à faire vendre des disques et à peaufiner l’image « humaniste » de quelques personnalités du show-biz. L’électorat ne se projettera jamais dans la figure de l’exclu, du pauvre, de l’ouvrier, et cela explique en grande partie l’insuccès de la gauche de la gauche à chaque scrutin. Le « parler juste » de cette gauche-là séduit, mais pas la mise en place d’une société au service des plus faibles, vu que même dans la merde la plus glauque on aime à se dire qu’on est au-dessus de ça.

    Quand Rocard a lancé le RMI en 86, c’était plus dans un souci de garantir la paix sociale que de venir en aide au peuple nécessiteux. Le volet insertion était là pour la forme. Une pure politesse technocratique. Une convenance morale, disons. Pas étonnant que les mesurettes de types CES, CRE, CIE, RMA, citées dans une autre de mes interventions, se soient soldées par un échec total. Le RSA de Martin Hirsch, excellente idée au départ, se voit singulièrement amputé par rapport au projet de 2005. C’est dire à quel destin il est promis. Une machine à brasser de la paperasse qui va produire quoi ? Un millier, ou un peu plus, de petits boulots dits aidés, autrement dit des postes de sous-fonctionnaires subventionnés par les collectivités locales. Rien qui tienne la route. Rien qui soit de nature à impliquer véritablement ceux qui sont en demande d’une véritable insertion à plein temps, intégrant formation qualifiante et embauche sous contrat CDI, et ceux qui, parmi les employeurs potentiels, PME, PMI, sont en demande de personnels qu’ils ont tant de mal à recruter, que ce soit pour des questions de qualification ou de charges.

    Bref, on n’avance pas. Et que l’on qualifie le RMI d’aide, d’assistance ou d’assistanat, selon sa propre façon de voir les choses, le problème de fond demeure. Ce problème de fond touche à la capacité d’intégration d’un système où tout ce qui n’entre pas dans un schéma bien délimité est rejeté dans les marges. En somme, Aurélien, le RMI, et les minima sociaux en général obéissent à une logique perverse de planification administrative de la marge. On refile « sans contrepartie » de l’argent de poche à des individus majoritairement disponibles et employables, mais à qui il manque ceci ou cela pour être effectivement employés. Corriger le tir, pallier à ces manques, adapter chacun à ce qui est requis, demandé, recherché, coûterait excessivement cher dans la mesure où il faudrait faire du cas par cas, créer des structures allant dans ce sens, financer des systèmes de filières, aider à la mobilité. Un défi impossible... sauf au plan individuel. Et c’est là que nous en venons à la libre entreprise.

    La libre entreprise est l’un des fondements du capitalisme, en même temps que son moteur, sa seule vraie dynamique : donner à chacun sa chance de se réaliser selon son potentiel. Je crois que ce serait une piste intéressante, lâcher de la bride et permettre à chacun de monter son business, malheureusement on sait ce qu’il en est de la création d’entreprise dans un pays où il est déjà si compliqué de créer de l’emploi en CESU. Raffarin, en son temps, avait évoqué la création d’entreprise en deux jours, moyennant un euro, comme cela se fait depuis des lustres chez nos voisins britanniques. Mais il n’avait pas été suivi. Notre vieille bureaucratie française, qui s’applique surtout à interdire et compliquer selon une logique de traçabilité fiscale, est la pierre d’achoppement à la mise en place d’un tel système.

    La libre entreprise est selon moi la parade au RMI... Mais pas plus que le « salaire de vie », projet d’extrême-gauche visant à fournir à chacun, travaillant ou non, un revenu fixe et net d’impôt, ce dispositif n’a de chance de voir le jour, du moins dans l’immédiat. C’est à dire tant qu’on arrivera tant bien que mal à maintenir en place tout ce qui ne marche pas, en ralant parce que ça ne marche pas, et en se faisant réélire parce qu’on n’arrête pas de dire que ça ne marche pas et qu’il faudrait... que ça marche enfin.



  • Bérenger 3 septembre 2007 20:17

    Pour percevoir l’intégralité de ses prestations, l’allocataire ne doit pas dépasser un certain plafond de ressources fixé par foyer. Si l’allocataire vit avec quelqu’un qui a un revenu imposable, ce revenu sera pris en compte dans le recalcul de l’allocation, qui se trouvera ainsi amputée de tout ce qui dépasse du plafond de ressources.



  • Bérenger 3 septembre 2007 11:36

    La CAF se montre bien plus efficace lorsqu’il s’agit de dépêcher ses barbouzes au domicile de l’allocataire soupçonné de vivre avec un conjoint dissimulé. Car on ne le répètera jamais assez, et je le redis ici à l’intention de tous ceux qui s’imaginent que le sort du RMIste est enviable, que ce sont des vacances permanentes, le pied géant : les bénéficiaires de minima sociaux n’ont pas le droit de vivre en couple dès lors que leur conjoint est salarié, sans quoi on leur coupe les vivres à hauteur du revenu déclaré dudit conjoint. Les minima sociaux sont assujétis à des barèmes d’un autre âge appelés « condition de ressources », barèmes qui n’existent pas pour les allocations dites familiales, où un couple de cadres-sups perçoit le même montant d’allocs qu’un couple d’ouvriers, et ce pour le même nombre de gosses (politique nataliste oblige). En somme, la CAF s’arroge, outre le droit de violer la vie privée des bénéficiaires de minima sociaux, celui de leur interdire de vivre avec la personne de leur choix.

    Evidemment les agents de la CAF ne font qu’appliquer la loi. C’est ce qu’ils vous diront en toute bonne foi si vous les interrogez sur cet aspect disons déplaisant de leur travail, ajoutant comme pour se faire pardonner qu’ils sont de gauche, syndiqués à la CGT ou à FO, soucieux qu’ils sont de défendre les acquis de leur corporation... sans trop s’inquiéter, pourtant, de voir respecter par le législateur les droits fondamentaux de leurs ouailles plus défavorisées.

    Avez-vous remarqué, aussi, à quel point ça déstabilise ces messieurs-dames lorsque le RMIste de service ne correspond pas au cliché misérabiliste en vigueur ? Lorsque par exemple vous leur apportez la preuve que vous connaissez vos droits, textes à l’appui, et que vous seriez prêt, s’il le fallait, à en découdre devant le Tribunal administratif ? Là ils ne se braquent plus, ils font moins les malins. Ils se font tout petits. Ce qu’ils sont, au fond.