@Jean-Pierre Llabrés
C’est vrai qu’il manque le point d’interrogation à la fin du titre qui aurait été plus éclairant de mon intention.
@Clocel
J’ai un accord de reprise avec Agoravox qui remonte à assez longtemps : quand ils aiment ce que j’ai écrit chez moi, ils le repostent ici.
@popov
Oui, mais non.
Oui, parce que les solidarités intergénérationnelles pouvaient plus facilement s’exprimer et parce que la présence permanente de 2 à 3 générations sous le même toit maintenait assez constant le besoin de surface des familles à travers le temps.
Non, parce que le prix à payer l’était essentiellement par les femmes qui faisaient tenir l’édifice par leur travail gratuit et permanent et par leur totale absence de choix. Ainsi, si la maltraitance s’exerçait sur elles, elles n’avaient aucune ressource pour s’échapper.
Par ailleurs, ce modèle impliquait de très faibles mobilités sociales et géographiques, les gens ayant tendance à passer toute leur vie dans quelques dizaines de kilomètres carrés.
Rien dans notre mode de vie actuel ne permet de perpétuer ce modèle. La mobilité rendue nécessaire par l’éducation et le travail a même tendance à menacer la famille nucléaire, déchirée sous des injonctions contradictoires. Les logements, rares, chers et exigus interdisent la solidarité intergénérationnelle et la mobilité sociale et professionnelle réduit l’attachement, y compris au sein même des couples.
En fait nos modes de vie sont de moins en moins compatibles avec le fonctionnement familial, ce qui provoque de fortes tensions et frustrations.
@Sparker
Si l’on en juge par les affaires de violence, viol et maltraitance, il semblerait en effet que la famille ne soit pas franchement le meilleur endroit où élever un enfant.
@popov
Effectivement, la frontière est très floue entre les deux, surtout chez les humains, mais pas seulement. Plus la capacité à communiquer avec les congénères est étendue (ce qui est franchement assez inné), plus les comportements seront transmis entre les membres de l’espèce, ce qui est de l’ordre de l’acquis et qui forme le début d’une culture.
Langage + adaptabilité au milieu = culture.
C’est ainsi que les fameux macaques du Japon se sont transmis le fait de laver les patates douces dans l’eau salée de la mer : c’est une vieille femelle qui avait trouvé l’astuce et surtout que ça donnait un bien meilleur gout aux patates : depuis, cette tradition se transmet de génération en génération.
Chez l’humain, il est déjà facile de voir à quel point nous sommes l’espèce la plus nidicole de la planète : le temps d’éducation des jeunes est très long. À contrario, les espèces nidifuges (quand le jeune se débrouille très vite par ses propres moyens, voire quand il n’est pas du tout éduqué par les membres de son espèce) dépendent bien plus sévèrement des instincts pour la survie des individus et donc du groupe.
Donc oui, l’allaitement est une condition biologique des mammifères, mais chez nous, c’est un peu plus compliqué que ça. Même si le nouveau né a un instinct de reptation vers la poitrine de sa mère (comportement qui s’éteint très rapidement sans stimulation) dans les premières minutes, il n’est, de toute manière, physiologiquement incapable d’accéder seul à la nourriture comme les chiots, par exemple. Et sans un apprentissage assez soutenu des gestes, positions, attitudes nécessaires à la bonne qualité de l’allaitement par la jeune mère, l’allaitement naturel dysfonctionne très rapidement chez nous.
Le souci, c’est que la transmission de ces savoirs se faisait « naturellement » dans le cercle étroit de la famille et des voisines qui venaient toutes soutenir la jeune accouchée jusqu’aux relevailles, alors que notre mode de vie, en éclatant les structures familiales à la seule notion de foyer mononucléaire (plus de tribu, juste les reproducteurs et leur progéniture, autant dire, moins de transmission, précisément), la transmission des savoirs « naturels » ne se fait plus que par le biais des institutions et des professionnels… qui sont actuellement caractérisés par la recherche de la rentabilité. Qui n’ont donc pas le temps de procéder à la transmission des comportements nécessaires, ce qui induit un très fort taux d’échec des allaitements « naturels » pendant la période critique des deux premiers mois…
Pour en savoir plus : http://www.ethologie.info/Etho-logique/Etho1.php
@howahkan
Oui, chacun est persuadé d’être meilleur que tous les autres et donc d’avoir le droit à plus que les autres. Mais je ne pense pas que cette vision du monde soit « naturelle » ou inhérente à l’être humain, c’est là une idéologie suintante qui nous est inculquée en permanence, à commencer à l’école où il est nettement moins important d’avoir du plaisir à apprendre qu’à utiliser ces savoirs pour dominer les autres et en recevoir félicitations et récompenses.
@La Voix De Ton Maître « L’autre question qui en découle : pourquoi Obama n’as pas fait ce qu’il a promis ? »
Sur mon blog, un partage qui m’a semblé très éclairant sur ce que je voulais exprimer. Ce n’est pas un texte récent, mais il est d’une pertinence folle :
@egos
J’adore ce morceau : je l’ai d’ailleurs écouté en boucle en rédigeant…
Banzaï !
@legrind
C’est fait depuis 10 ans.
Bisous !
@LOKERINO
Merci d’apporter de l’eau à mon moulin. Car ce que vous racontez confirme l’aspect structuraliste des dysfonctionnements de l’entreprise.
L’excuse est toujours : « bouh, ne généralisez pas sur quelques brebis galeuses, la majorité des patrons se comporte bien ».
Sauf que voilà, les Prudhommes peinent à régler tous les conflits et que l’on découvre in fine, que « brute de droite » ou « bisounours de gauche », au final, la fonction crée le comportement.
Y a-t-il une malédiction planquée dans les fauteuils managériaux ? Que nenni (et loin de nous les superstitions) : il y a juste qu’on ne devrait jamais, jamais donner du pouvoir à un humain sur un autre humain, parce que — tôt ou tard — il sera tenté de s’en servir.
Tête du client ? Plus envie de négocier ? Conviction profonde d’être plus intelligent tout seul que les 20 gus réunis en face ? Qu’importe : la structure hiérarchique de l’entreprise, le lien de subordination, non seulement autorisent le dirigisme et l’arbitraire, mais l’encouragent carrément et bien fort (voire surhumain) celui qui résiste à l’appel de l’autoritarisme.
@Fifi Brind_acier
Tout à fait d’accord avec ton analyse.
Étonnant, non ?
@papakill
C’est très exactement ce qui est arrivé à ma fille : même sport, même « combat ». Si ce n’est pas pour la compet’, ne viens pas.
@tf1Groupie
Bon, admettons gentiment qu’il y a 1 dopé pour 100 honnêtes.
Quel est LE principe de la compétition sportive ? Gagner.
Donc qu’est-ce qui se passe dans votre exemple ?
Le dopé gagne. Il a les sponsors, le pognon et la médaille.
Que font les autre sportifs ?
Ils vont se doper, parce que l’essentiel, c’est de gagner.
On peut dire que le dopage c’est vilain, mais le mieux dopé gagne. Donc, on se dope.
Et sans dopage, comment faire du spectacle et continuer à faire tomber les records ?
Parce que c’est bien ça qui se cache derrière le candide : « repousser les limites ».
Donc, ça ne peut pas marche, le mythe d’un sport plein de pognon en enjeu avec que des types honnêtes qui sont juste portés par l’esprit du geste. Parce qu’il y a compétition et sanction.
Sinon, je vois bien la différence parce que je pratique (très logiquement) un sport sans compétition.
Mais comme le fric pourrit tout, les équipementiers sont en train de se tirer la bourre, de vouloir créer des événements, avec donc envie d’avoir des figures emblématiques, donc des champions, donc des gagnants, donc compétition et donc, à la marge, on sent arriver les emmerdes dans un sport basé sur la confiance et la coopération.
@tf1Groupie
Tous ceux qui sont au sommet vous le diront : la façon la plus efficace d’y arriver est encore de s’y faire héliporter.
Et il ne faut pas ensuite hésiter à tirer à vue sur tous les gros naïfs qui pensent arriver au même résultat en grimpant à la corde à nœuds depuis le sous-sol…
Cela dit, la compétition sur les marchepieds du bas est très utile : pendant que les piétons s’y entretuent pour un degré de mieux, ils sont trop occupés pour grimper réellement et voir le ballet des hélicos au sommet !
@Aristide
Je n’ai pas une vision essentialiste, mais une vision structuraliste : les organisations, dans leur fonctionnement, favorisent et sanctionnent les comportements de ceux qui sont plongés dedans.
Dans une société où la valeur ultime est la capacité à entasser de l’argent sans autre considération annexe, les comportements prédateurs sont récompensés et encouragés : les agents ont donc lourdement tendance à les adopter.
Manque Linux à votre raisonnement et le fait qu’aux débuts de l’informatique, il y avait un foisonnement d’OS, hélas souvent portés par des gens sans roublardise commerciale.
@rocla+
Je suis une gueuse, je peux donc en parler.
Dans la vraie vie, je suis toujours espantée par le nombre incroyable d’incapables qui se maintiennent en place, leur capacité de survie étant fortement corrélée à leur absolu manque de scrupules.
@njama
Ou le fait qu’il ne faut pas confondre compétition et émulation…
@tf1Groupie
Ce n’est pas comme si le monde du sport était gangrené par la corruption ou le dopage, hein ?
@Aristide
Le mythe du « selfmade man » est lui aussi très rigolo a décortiquer par les faits.
Reprenons le bon vieux Billou qui, nous raconte-t-on, a bâti son empire du fond du garage de ses parents. Le coup des 3 gus dans un garage est un mythe très connu du storytelling, un peu comme Messier et ses chaussettes ou même Léa Seydoux qui a cru pouvoir raconter sans rire qu’elle avait fait « l’école de la vie » . En gros, on a des gens qui ont généralement disposé depuis leur tendre enfance de ressources non négligeables, que ce soit en termes de possibilités éducatives, de réseau et de subventions familiaux, de confort matériel, en gros de moyens assez importants apportés par des milieux favorisés et qui te racontent ensuite qu’ils se sont fait tout seuls.
Dans les faits, on n’a pas 1% de gosses d’ouvriers ou de SMICards dans les chambres parlementaires, ils sont infiniment peu par rapport à leurs effectifs à pouvoir accéder à des diplômes favorisant l’ascension sociale, à des métiers valorisés, à des postes à responsabilités. Les quelques uns qui y parviennent au prix d’efforts totalement démesurés sont plus souvent issus de la classe moyenne qui appuie sur la modestie pour tenter de créer l’exemple.
Dans les faits, tout le talent du monde peine à contrebalancer les effets dévastateurs de n’être pas né au bon endroit et au bon moment. Et dès le départ, les conditions de vie ne sont que des obstacles à l’expression de quelque capacité que ce soit.
Là aussi, les données sur les structures sociales sont terriblement loquaces quant au caractère déterminant de l’héritage, du milieu, de l’argent dans la trajectoire des personnes.
Et c’est pour pour cela que les classes dominantes passent leur temps à créer des récits sur la méritocratie, sur les gens qui se font tous seuls, l’égalité des chances et toutes ces légendes qui n’ont d’autres objectifs que de légitimer leur domination sana partage et de détourner la masse des perdants du bonneteau d’une bien plus légitime remise en question du fonctionnement global de la machine à transmettre entre soi et à exclure tous les autres.
Après, bien sûr qu’il y a quelques gueux qui arrivent… mais rarement à des positions clés, et rarement de manière indéboulonnable : « obéis, sois notre idiot utile (voire notre bras armé) ou nous te renvoyons dans la fange dont tu as cru pouvoir t’extraire par ses seuls mérites. »
Le surdéterminisme de ta classe sociale d’origine dans la trajectoire des personnes est l’un des faits sociaux les mieux documentés de notre époque.
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