« Ça commence aujourd’hui » restera un témoignage
pour les historiens et les générations qui suivront sur ce qui s’est passé et a
été vécu à certains endroits et à certains moments dans et autour de notre
école primaire à la fin du siècle dernier. C’est un film profondément dérangeant
si on le prend au sérieux.
Il y a dans ce film qui est avant tout un témoignage inspiré
de très près de la réalité une vibration vitale qui le traverse et une justice
rendue aux anonymes qui comptent autant que chacun dans la vie de notre pays. Qui
témoigne aussi d’une très grande inquiétude et d’un appel au secours qui n’ont
pas été entendus. Qui ne s’est pas fait sans mal vis-à-vis des autorités de l’Institution.
Pour mémoire, le coscénariste (instituteur qui a inspiré l’histoire) de ce film
a été également coscénariste de Holy Lola.
Pourquoi ce film est-il passé en dessous des radars de la
sensibilité et de la compréhension de beaucoup notamment parmi ceux qui
façonnent ce que l’on appelle l’opinion dans un pays où assez spontanément des
avis et des analyses bien arrêtés sur l’école fusent régulièrement ?
Je vois un lien entre ce film et celui de Jean-Paul Le
Chanois, « L’Ecole Buissonnière » de 1949 qui témoigne aussi de ce qui
se noue à l’école de l’avenir d’une société au-delà du moralisme naïf qu’on
peut y avoir en s’y arrêtant.
Comment par ailleurs ne pas être fiers, reconnaissants et
contents d’avoir des cinéastes de l’envergure de Tavernier. Puissance et éclectisme des
sujets et de leur mise en scène, de l’incarnation des personnages par les
acteurs, des dialogues et de tout ce qui donne chair à un film. Un savoir
encyclopédique aussi qui nous rend plus conscient et curieux. Sacré bonhomme.