Pour le Chat et autres singes (aveugles, sourds mais pas muets (hélas)), une analyse du problème
Juste le début :
Du baron Haussmann à
M. Nicolas Sarkozy
Logement social, une
pénurie entretenue
Avec la fin de la trêve hivernale des
expulsions, le 15 mars, la question du logement est revenue au cœur du
débat public. Face à ceux qui réclament une intervention de l’Etat pour
garantir ce bien de première nécessité, les conservateurs d’hier et
d’aujourd’hui préfèrent laisser jouer le marché. Locataires aidés ou petits propriétaires endettés ? De
la Restauration au récent projet de loi de la ministre du logement,
Mme Christine Boutin, c’est la tension qui structure l’histoire de
l’habitat social en France.
Par Olivier Vilain
« Rendre possible l’accès à la propriété pour tous »,
notamment par le développement du crédit hypothécaire. C’est la réponse
proposée, en septembre 2006, par M. Nicolas Sarkozy, à une crise du
logement qui est loin de se résumer aux cent cinquante mille sans-logis complaisamment filmés chaque
hiver. Loyers et traites représentent près de 25 % de la dépense des ménages, contre 12,5 % à la fin des années 1980. Un couple de salariés modestes avec deux enfants, gagnant chacun
1 500 euros par mois, doit dépenser près d’un quart de ses revenus pour
se loger dans le parc social et
jusqu’au double dans le parc privé (1). «
Le discours dominant identifie la crise du logement à la baisse des prix de l’immobilier. Il n’y a rien de
plus faux : la vraie crise a lieu lorsque les prix sont à la hausse
», grince un fonctionnaire du ministère du logement. Sous une
forme ou une autre (exiguïté, logement indécent, divers impayés...) dix
millions cent mille Français en 2008, contre neuf millions trois cent
mille en 2007, sont touchés.
Cette situation ne résulte pas de la simple confrontation entre
l’offre et la demande. Comme le soulignait le sociologue Pierre
Bourdieu, « l’Etat contribue de manière déterminante à faire le
marché immobilier, notamment à travers le contrôle qu’il exerce sur le
marché du sol et les formes de l’aide qu’il apporte à l’achat ou à la
location (2) ».
Or les pouvoirs publics ont laissé s’effondrer la production
d’habitations, générant une pénurie évaluée à un million de logements, dont quatre cent mille pour la
seule Ile-de-France. Il y sort de
terre rarement plus de quarante mille constructions
par an depuis 1992, soit autant
qu’en Bretagne, une région pourtant quatre fois moins peuplée. En outre,
les démolitions de logements sociaux ne cessent de se multiplier,
aggravant encore le déséquilibre.
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