« I’m not There », les sept vies de Bob Dylan

Où est Dylan ? I’m not There. Titre du dernier opus du cinéaste Todd Haynes qui, ce faisant, pose la question : qui est Bob Dylan ?

Prophète narquois ? Dada au pays des cow-boys ? Petit juif provincial tombé si tôt dans melting pot yankee qu’il a réinventé l’Amérique à lui tout seul ?

Poète errant et erratique ? Eclectique et électrique ? Dada au pays des cow-boys ? Génie baladin rimbaldien : « Je est un autre » = « I’m not there ».

Clochard. Imposteur, peut-être. Mais nous en réclamons sans fin de ces imposteurs pourvu que la rime soit riche et branchée sur l’électricité. Bob Dylan, alias Robert Zimmerman, tu n’es jamais là où on t’attend, mais on t’attend toujours, car on ne sait jamais. « Les gens peuvent tout savoir de moi à travers mes chansons - s’ils savent où regarder ».

Dylan, aujourd’hui, sur les écrans, décliné en sept facettes par Todd Haynes réalisateur du magnifique Loin du paradis, vrai-faux mélo prenant sa source dans les années 50, implosant les codes de l’époque et de l’Amérique (le bon mari homo, la femme blanche amoureuse de l’homme noir). Dylan, lui, ne fera que ça, faire imploser l’Amérique.

Avec I’m not There, Todd Haynes fragmente Dylan en sept morceaux. « Plutôt que de reconstituer une hypothétique trajectoire linéaire, Todd Haynes, a éclaté l’icône des années 1960 dans un portrait tourbillonnant, entièrement nourri de l’imaginaire de l’artiste, et de la manière dont il s’est lui-même mis en scène au long de sa vie », rapporte Le Monde.

On assiste aux métamorphoses de Dylan, porté par des acteurs au sommet de leur art. Christian Bale, Richard Gere, Heath Ledger, Ben Wishaw, Marcus Carl Franklin Cate Blanchet (prix d’interprétation à Venise pour ce rôle).

Une merveille. Pas besoin de connaître Dylan pour voir et apprécier ce film. Il suffit juste de l’aimer. D’avoir envie de l’aimer.

Crédit photo : Allposters