Ritournelles et pratiques d’un autre âge
L’IFPI (International Federation of the Phonographic
Industry), organisme international chargé de faire respecter les droits
d’auteurs de l’industrie phonographique dans le monde, qui fédère les majors du
disque, en guerre depuis la fin des années 1990 contre les pirates, les voleurs
du musique, relance une attaque : 8000 nouvelles plaintes déposées dans
dix-sept pays (ce qui donne à ce jour 13 000 actions engagées hors des Etats-Unis) :
de nouvelles cibles, comme le Brésil (visé pour avoir accumulé, selon l’IFPI,
plus d’un milliard de téléchargements illégaux en 2005, dans un contexte où les
revenus des ventes de musique depuis 2000 ont baissé de moitié), le Mexique,
John Kennedy, représentant de l’IFPI, a utilisé dans sa
communication des techniques de persuasion : citation d’exemple (telle
mère en Argentine Argentine « qui a demandé à son fils
de vendre sa voiture pour lui rembourser les frais de l’accord à l’amiable
qu’elle avait signé », dont
on tire une moralité : « L’argent que ces internautes ont à verser, dans le cadre d’actions en
justice, aurait pu être dépensé dans bien d’autres choses », pour
finir par la résolution du problème : « Plus de 3 millions de titres sont disponibles
auprès de 400 sites à travers le monde, notamment via des plates-formes pour
téléphones mobiles. » Il reste à compléter l’effort de persuasion en
montrant qu’en Angleterre, 60 % des personnes qui arrêtent le P2P le font par
peur des virus, comme 46 % des Japonais qui font le même choix.
La situation économique de la musique est-elle alarmante ? Au premier
semestre 2006, les ventes mondiales de musique ont baissé de 4 %, soit un
manque à gagner de 13,7 milliards de dollars. Ce qui est observé en premier
lieu, c’est la baisse des ventes de supports physiques, les CD surtout.
Le téléchargement légal progresse : il représente aujourd’hui 11 % des
ventes totales de musique (5,5 % en décembre 2005). Les ventes de musique
numérique ont progressé de 106 % au cours du premier semestre 2006 par rapport
au même semestre de l’année dernière. Aux Etats-Unis, ce marché représente 18 %
des ventes totales de musique. En Corée du Sud, 51 %, au Japon 11 %, en Italie 9
%, en Angleterre 8 %...
Recourir à une des 350 plates-formes pour choisir parmi les trois millions de titres vendus, ce n’est pas nécessairement renoncer au CD « historique » : au Japon, on enregistre aussi une augmentation de 12 % des ventes de CD, et 5 % de plus également en Corée du Sud. Les internautes amateurs de musique sont demandeurs de supports variés et innovants. Il serait utile que la politique commerciale de l’IFPI soit elle aussi variée et innovante.
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